Il était une fois, dans un empire fort fort lointain…

Ah Tévinter ! On en entend parler depuis des années dans Dragon Age et nous y voilà enfin ! Dix ans ont passé depuis la fin des événements de Dragon Age : Inquisition et nous retrouvons Varric sur les traces de Solas, aussi connu sous le nom du « loup implacable ». Accompagné de votre personnage surnommé Rook, que vous aurez pu personnaliser avec un max de choix, trois classes (mage, guerrier, voleur) et une faction à parmi des noms connus de la licence (Garde des Ombres, Corbeaux Antivans, Mandataires du Voile…), vous rencontrerez en cours de route Harding, notre naine préférée de l’Inquisition, ainsi que Neve, une détective de Minrathie. Une fois Solas retrouvé, vous allez perturber son rituel visant à faire s’écrouler le Voile, au risque de voir l’univers se faire ravager par des créatures démoniaques. Rien ne se passe bien entendu comme prévu et des anciens dieux, en version viciée, vont sortir de leur prison pendant que Solas hantera vos pensées et que vous devrez rallier les différentes factions pour… sauver votre monde of course !

Je ne vous en dirai pas plus afin d’éviter tout spoil mais sachez que Veilguard est merveilleusement bien écrit, empli de références et autres clins d’œil aux titres de la licence, ainsi que de plot twists que l’on n’aurait jamais vu venir, même dans les fans fictions les plus barrées. On sera également ravi de revoir certains visages, déçu de ne pas en retrouver d’autres, et on mettra en prime la main sur des pages qui finiront dans notre bibliothèque pour nous conter les faits lointains d’une personne que vous avez rencontré, vous en tant que joueur, mais dont Rook n’aura jamais entendu parler. La nostalgie n’a donc pas complètement remporté la partie sur la logique d’un monde qui a évolué sans nous et qui n’est pas complètement auto-centré sur le Garde des Ombres de Férelden ou le Héraut de Kirkwall. Par contre, il est tout à fait logique que l’Inquisiteur (ou Inquisitrice), soit de la partie dans votre traque de celui qui fut un ami, voire plus selon vos décisions lors de la création de votre Rook.

Seul véritable regret concernant la narration : les romances sont beaucoup moins bien développées que dans les opus précédents. Je comprends que le sauvetage du monde soit sûrement plus primordial que de s’envoyer en l’air avec vos compagnons mais si Bioware nous a bien habitués à quelque chose, ce sont ses romances merveilleusement bien écrites. On pense à Alistair et sa rose au beau milieu de l’apocalypse, Morrigan et sa fragilité cachée, Garrus le romantique insoupçonné, Thane qui vous traite comme une déesse même lorsqu’il sait que sa fin est proche… Bref, on s’attendait à un peu mieux. On retrouve cependant cette gravité, cette noirceur qui semble pouvoir gagner à tout moment avec une narration au top de sa forme avant un dénouement qui ne laissera personne de de marbre. On a réellement l’impression de devoir fermer un excellent livre que l’on aurait voulu pouvoir faire durer pendant encore des dizaines de tomes et de dire au revoir à des amis que l’on connaît depuis plus de quinze ans. Un sentiment étrange mais tellement bon.

Des mécaniques qui ont évolué avec le temps…

Dragon Age Origins et 2 comprenaient des maps couloirs et des arbres de compétences plutôt costauds avec moults compétences et une team de trois compagnons vous accompagnant. Inquisition a commencé à revoir le système de combat, perdant un chouya en stratégie pour gagner en dynamisme et action, tout en nous offrant des maps ouvertes gigantesques. Pour Veilguard, Bioware semble avoir pioché des idées ici et là pour nous proposer une recette qui fonctionne plutôt bien : un action-rpg dont les mécaniques se rapprochent énormément de Mass Effect, avec deux compagnons only pour vous accompagner et des combos possibles grâce à leurs compétences. Les maps sont des couloirs ultra étendus, c’est hyper appréciable car on a une exploration des plus complète qui permet de rester focus sur nos missions sans s’égarer en partant à la recherche de milles et uns points d’intérêt sur les maps.

Les mécaniques de jeu en combat sont faciles à prendre en main et pleines de peps et d’impact. La difficulté peut-être complètement personnalisée, que vous vouliez juste profiter de l’histoire de ce Dragon Age, ou vous heurter à du défi modèle costaud, vous trouverez votre bonheur. Les quêtes sont intéressantes, il y a toujours une histoire même pour les secondaires, point de FedEx ici. Qualité de partout, direction artistique aux petits oignons, certains y voient un disneyisation, je pense qu’ils ont oublié le grotesque des engeances et ogres de DA : Origins, ou des zombies de ME, j’y vois juste une évolution qui fait du bien à l’oeil, les décors sont sublimes, les expressions faciales toujours on point, les effets en combat canons sans jamais nuire à la lisibilité globale, point de lags ou de bugs pour ma part, l’expérience fut au top de bout en bout sur PS5. Léger bémol sur l’ambiance musicale, bien qu’elle soit magnifique, on n’est tout de même loin de ce que l’on avait l’habitude d’entendre, pas de thème musical mémorable, là où le chant de Léliana ou celui de l’Inquisition résonne encore dans nos têtes même après des années. Le casting, par contre, est excellent, on a des dialogues pleins d’émotions, toujours de belle justesse, on apprécie de retrouver des voix qui nous bercent dans nos aventures depuis tout ce temps, quali on a dit.

Des polémiques full à l’ouest…

(Attention, sans être un spoiler majeur, si vous ne voulez absolument rien découvrir avant de vous lancer dans l’aventure, on se retrouve pour la conclusion un peu plus bas)

La tendance est au bashing, à la haine des autres, autant dire que l’on vit dans un monde qui a tendance à se refermer sur une vibe très moyenâgeuse et c’est effrayant. Pour ceux qui hurlent au “wokisme” je rappelle que depuis DA : Origins nous avons rencontré des personnages pan, bi, gay, lesbien, trans…il en va de même pour Mass Effect btw, c’est une des spécialités de Bioware, de faire dans l’inclusion sans venir ternir le récit.

Par contre, je dois reconnaître que la quête de Taash m’a…soulé, non pas que sa non-binarité soit un problème, mais tout faire tourner autour de ce questionnement était je pense, une erreur, il y avait tant à faire pour ce personnage, surtout que s’il y a bien un peuple qui se tamponne de ce genre de problématique, ce sont les qunaris qui raisonnent en tant que tout, qu’unité, malgré toutes les divergences qu’il peut y avoir quant aux mages, ou aux tal-vashots. Je trouve juste qu’elle méritait mieux que d’avoir la majorité de ses scénettes / dialogues tournant autour de ce questionnement d’identité alors que des dieux veulent plonger l’univers dans un joyeux chaos, surtout quand tout le monde dans le groupe l’accepte sans broncher. J’aurais préféré un dialogue, du style “Yay, super, tant que tu es épanoui.e let’s go.” et découvrir d’autres de ses facettes parce que le personnage est hyper attachant.e malgré tout.

Pareil, le fait de ne proposer que des personnages pans, nuit au côté réaliste des relations, personne ne va rencontrer sept personnes et ces sept personnes seront pansexuels. La découverte de l’homosexualité de Dorian dans Inquisition et toute son histoire de se cacher des tévinters, l’amour pour Sera des femmes et sa “haine” des hommes, Zevran qui se moque bien de votre enveloppe corporelle, Alistair et sa pudeur…tout cela offrait une véritable diversité, même si je suis ravie de pouvoir romancer n’importe quel compagnon sans avoir à jouer un personnage masculin, je trouve que cela enlève un truc, une espèce d’authenticité au regard de la facilité de vouloir satisfaire tout le monde.

Mais je le redis si pour vous ce DA est trop “woke”, c’est que vous n’avez juste jamais joué à un soft de chez Bioware ou alors que vous avez la capacité de compréhension d’un bulot, rien de traumatisant pour The Veilguard, et non le soft ne vous pousse pas à être trans pour gagner du texte ou je ne sais quelle ineptie lue sur les réseaux sociaux, c’est une simple ligne de texte, au même titre que vous pouvez en ouvrir une sur le pourquoi de vos tatouages, mais peut-être que les tatouages sont aussi très “wokes” et imposent de mauvaises pensées aux joueurs les plus jeunes – rappelons que DA btw est déconseillé au moins de 18 ans, et qu’à cet âge là on devrait être capable de comprendre que dans un monde où vivent des elfes, des nains, des dragons, il est possible aussi de rencontrer des sexualités et genre différents. Je rappelle que les Asaris sont des femelles capables de se reproduire entre elles, les Hanaris sont visiblement asexués etc…et pourtant je ne me rappelle pas avoir vu autant de scandales autour de Mass Effect. Sur ce aimez-vous les uns et les autres (ou pas) et unissez vous pour niquer du dieu elfique, c’est le message des licences de Bioware bien souvent : qu’une alliance peut tout faire basculer, que l’on avance un pas à la fois et que l’ennemi de mon ennemi est potentiellement mon allié.

Dragon Age The Veilguard : Trailer PS5