Review
Après avoir commencé notre aventure dans la Garde des Ombres pour affronter un enclin et son Archidémon en 2009, la saga Dragon Age nous a mis dans la peau de Hawke pour prendre part aux évènements qui auraient pu faire chuter Kirkwall en opposant Mages et Templiers. Ensuite, nous nous sommes retrouvés en pleine tentative de restauration du Voile tout en commandant l’Inquisition, rien que ça ! Et bien après dix ans d’attente, Bioware revient pour nous proposer le final de son épopée Action-RPG fantastique, celle qui aura marqué les gamers fans de jeux de rôle et de fantasy grâce à son lore ultra développé, immersif et cohérent ainsi que ses personnages inoubliables. Et oui, Dragono Age The Veilguard est enfin arrivé sur PlayStation 5, Xbox Series et PC le 31 octobre dernier, alors après une bonne soixantaine d’heures de jeu au compteur, je peux enfin vous proposer un test de l’aventure de Rook au sein l’Empire tévintide. Préparez vos armes, et vos sorts, on va découvrir ensemble si ce grand final vaut le coup !
Il était une fois, dans un empire fort fort lointain…
Ah Tévinter ! On en entend parler depuis des années dans Dragon Age et nous y voilà enfin ! Dix ans ont passé depuis la fin des événements de Dragon Age : Inquisition et nous retrouvons Varric sur les traces de Solas, aussi connu sous le nom du « loup implacable ». Accompagné de votre personnage surnommé Rook, que vous aurez pu personnaliser avec un max de choix, trois classes (mage, guerrier, voleur) et une faction à parmi des noms connus de la licence (Garde des Ombres, Corbeaux Antivans, Mandataires du Voile…), vous rencontrerez en cours de route Harding, notre naine préférée de l’Inquisition, ainsi que Neve, une détective de Minrathie. Une fois Solas retrouvé, vous allez perturber son rituel visant à faire s’écrouler le Voile, au risque de voir l’univers se faire ravager par des créatures démoniaques. Rien ne se passe bien entendu comme prévu et des anciens dieux, en version viciée, vont sortir de leur prison pendant que Solas hantera vos pensées et que vous devrez rallier les différentes factions pour… sauver votre monde of course !
Je ne vous en dirai pas plus afin d’éviter tout spoil mais sachez que Veilguard est merveilleusement bien écrit, empli de références et autres clins d’œil aux titres de la licence, ainsi que de plot twists que l’on n’aurait jamais vu venir, même dans les fans fictions les plus barrées. On sera également ravi de revoir certains visages, déçu de ne pas en retrouver d’autres, et on mettra en prime la main sur des pages qui finiront dans notre bibliothèque pour nous conter les faits lointains d’une personne que vous avez rencontré, vous en tant que joueur, mais dont Rook n’aura jamais entendu parler. La nostalgie n’a donc pas complètement remporté la partie sur la logique d’un monde qui a évolué sans nous et qui n’est pas complètement auto-centré sur le Garde des Ombres de Férelden ou le Héraut de Kirkwall. Par contre, il est tout à fait logique que l’Inquisiteur (ou Inquisitrice), soit de la partie dans votre traque de celui qui fut un ami, voire plus selon vos décisions lors de la création de votre Rook.
Seul véritable regret concernant la narration : les romances sont beaucoup moins bien développées que dans les opus précédents. Je comprends que le sauvetage du monde soit sûrement plus primordial que de s’envoyer en l’air avec vos compagnons mais si Bioware nous a bien habitués à quelque chose, ce sont ses romances merveilleusement bien écrites. On pense à Alistair et sa rose au beau milieu de l’apocalypse, Morrigan et sa fragilité cachée, Garrus le romantique insoupçonné, Thane qui vous traite comme une déesse même lorsqu’il sait que sa fin est proche… Bref, on s’attendait à un peu mieux. On retrouve cependant cette gravité, cette noirceur qui semble pouvoir gagner à tout moment avec une narration au top de sa forme avant un dénouement qui ne laissera personne de de marbre. On a réellement l’impression de devoir fermer un excellent livre que l’on aurait voulu pouvoir faire durer pendant encore des dizaines de tomes et de dire au revoir à des amis que l’on connaît depuis plus de quinze ans. Un sentiment étrange mais tellement bon.
Des mécaniques qui ont évolué avec le temps…
Dragon Age Origins et le volet qui a suivi comprenaient des maps de style « couloirs » et des arbres de compétences plutôt costauds avec moults skills ainsi qu’une team composée de vous même et de trois compagnons. Le troisième opuse, Inquisition, a commencé à revoir le système de combat, perdant un peu en stratégie pour y gagner en dynamisme et en action, tout en nous offrant des maps ouvertes gigantesques. Et bien pour son grand final, alias The Veilguard, Bioware semble avoir pioché des idées ici et là pour nous proposer un mix qui fonctionne plutôt bien : un Action-Rpg dont les mécaniques se rapprochent énormément de Mass Effect, avec deux compagnons seulement à vos côtés, et des combos possibles grâce à leurs compétences. Les maps sont de type « couloirs » mais ces derniers s’avèrent ultra étendus, ce qui s’avère hyper appréciable car cela génère une exploration des plus complètes permettant de rester focus sur nos missions sans s’égarer en partant à la recherche de mille et un points d’intérêt éparpillés sur la carte.
Le gameplay en combat est facile à prendre en main et plein de peps et d’impact. La difficulté peut, quant à elle, être complètement personnalisée. Que vous vouliez juste profiter de l’histoire de ce Dragon Age ou vous heurter à du sacré, vous trouverez votre bonheur. Les quêtes se montrent intéressantes et offrent toujours une histoire, même pour les secondaires ! Point de missions FedEx ici ! Qualité de partout, direction artistique aux petits oignons, et même si certains y voient un « disney-isation », je pense qu’ils ont oublié le grotesque des engeances et des ogres de DA : Origins, ou encore des zombies de Mass Effect. Moi, j’y vois juste une évolution qui fait du bien à l’oeil avec des décors sublimes, des expressions faciales toujours au point, des effets visuels canons durant les affrontements, le tout sans jamais nuire à la lisibilité de l’action.
Signalons aussi que je n’ai point rencontré de lags ou de bugs et que l’expérience fut au top de bout en bout sur PlayStation 5. Léger bémol par contre pour l’ambiance musicale qui, bien qu’elle soit magnifique au demeurant, est un peu en retrait par rapport à ce que l’on avait l’habitude d’entendre chez Bioware. Point de thème musical mémorable ici, là où le chant de Léliana ou celui de l’Inquisition résonnent encore dans nos têtes même après des années. Le casting vocal, par contre, est excellent et nous offre des dialogues pleins d’émotions et toujours justes. On apprécie assurément de retrouver des voix qui nous ont bercé durant nos précédentes aventures.
Des polémiques full à l’ouest…
(Attention, si vous ne voulez absolument rien découvrir avant de vous lancer dans l’aventure, on se retrouve après ces quelques paragraphes pour la conclusion)
Vous le savez, la tendance actuelle est au bashing, à la haine des autres et autant dire que l’on vit dans un monde qui a tendance à se refermer sur une vibe très moyenâgeuse plutôt effrayante. Pour celle et ceux qui hurlent au “wokisme” sur ce Dragon Age The Veilguard, je leur rappelle que depuis Origins nous avons rencontré des personnages pans, bi, gays, lesbiens, trans…, et il en va de même pour Mass Effect. C’est une des spécialités de Bioware : faire dans l’inclusion sans venir ternir le récit.
Par contre, je dois reconnaître ici que la quête de Taash m’a saoulée. Non pas que sa non-binarité soit un problème mais tout faire tourner autour de ce questionnement est, je pense, une erreur. Il y avait tant à faire pour ce personnage, surtout que s’il y a bien un peuple qui se tamponne de ce genre de problématique, ce sont les qunaris qui raisonnent en tant que tout, qu’unité, malgré toutes les divergences qu’il peut y avoir quant aux mages ou aux tal-vashots. Je trouve juste que Taash méritait mieux que de voir la majorité de ses scénettes/dialogues tourner autour de ce questionnement d’identité alors que des dieux veulent plonger l’univers dans un joyeux chaos, et encore plus quand tout le monde dans votre groupe accepte cette héroïne sans broncher. J’aurais largement préféré un dialogue du style “Yay, super, tant que tu es épanouie, let’s go” et découvrir d’autres de ses facettes parce qu’il s’agit d’un personnage hyper attachant malgré tout.
Pareil également : le fait de ne proposer que des avatars pans nuit au côté réaliste des relations. Personne n’imagine rencontrer sept personnes et que ces sept personnes soient pansexuelles. La découverte de l’homosexualité de Dorian dans Inquisition et toute son histoire de se cacher des Tévinters, l’amour des femmes pour Sera et sa “haine” des hommes, Zevran qui se moque bien de votre enveloppe corporelle, Alistair et sa pudeur… tout cela offrait une véritable diversité. Alors même si je suis ravie de pouvoir romancer n’importe quel compagnon sans avoir à jouer un personnage masculin, je trouve que cela enlève un truc, une espèce d’authenticité au regard de la facilité de vouloir satisfaire tout le monde.
Mais je le redis : si pour vous ce Dragon Age est trop “woke”, c’est que vous n’avez juste jamais joué à un soft de chez Bioware ou alors que vous avez la capacité de compréhension d’un bulot. En effet, il n’y a rien de « traumatisant » chez The Veilguard et non, le soft ne vous pousse pas à être trans pour gagner du texte ou je ne sais quelle ineptie lue sur les réseaux sociaux. Rappelons que Dragon Age est déconseillé au moins de 18 ans, et qu’à cet âge là on devrait être capable de comprendre que dans un monde où vivent des elfes, des nains et des dragons, il est possible de rencontrer des sexualités et genre différents. Je rappelle par exemple que dans Mass Effect, les Asaris sont des femelles capables de se reproduire entre elles ou encore que les Hanaris sont visiblement asexués et pourtant je ne me souviens pas avoir vu autant de scandales autour de la trilogie de John Shepard ! Sur ce, aimez-vous les uns et les autres (ou pas) et unissez vous pour exploser du dieu elfique, c’est le message des licences de Bioware bien souvent : qu’une alliance peut tout faire basculer, que l’on avance un pas à la fois et que l’ennemi de mon ennemi est potentiellement mon allié.
Dragon Age The Veilguard : Trailer PS5
Note N-Gamz : 18/20
Dire adieu à un vieil ami n’est jamais chose aisée, Dragon Age étant sans conteste une de mes licences préférées. Je me suis noyée dans son lore, par tous les supports possibles, et il est affreux de se lancer dans une aventure quand on sait déjà qu’elle signe la fin de moults années d’amour. Fort heureusement, The Veilguard ne faillit pas à sa tâche de clôturer une fantastique odyssée ! Il est juste dommage de se heurter à un manque de références face à tous ces choix que l’on a fait dans les trois opus précédents et qui sont censés avoir modelé le monde dans lequel on évolue à présent. Idem pour le fait de se heurter à des romances un peu frustrantes et à une ambiance musicale certes de très belle qualité mais tout même un peu moins marquante que dans les volets antérieurs. Si l’on enlève ces petits écueils qui n’enlèvent en rien à la performance générale, on obtient une épopée touchante, pleine de rebondissements et d’émotions, au gameplay dynamique et fun dans un univers magnifique sur le point de sombrer. Une excellente expérience que je m’empresse d’ailleurs de filer reparcourir en changeant quelques choix afin d’explorer d’autres possibilités et surtout prolonger mes heures dans ce monde que j’aime depuis 2009 maintenant. On ne remerciera jamais assez Bioware pour les histoires qu’ils nous content et on a hâte de les retrouver pour le prochain Mass Effect s’il a autant de bons points que cet ultime Dragon Age !