Review

Quand Capcom décide de copier Konami et son Castlevania en rebootant l’une de ses séries phares via un développeur européen, ça a tendance à inspirer la crainte. Cette fois, c’est Devil May Cry qui fait l’objet d’une refonte totale, et il est clair que les fans purs et durs de la franchise risquent de crier au scandale. Mais rassurez-vous, les talentueux petits gars de Ninja Theory, a qui on a confié le projet, n’en sont pas à leur coup d’essai (le cultissime Enslaved !) et ce « DMC » risque bien de vous retourner les tripes !

My name is … Dante ! Mais non, pas le même ! 

Dante est de retour, avec un look "un peu" différent

Dante, l’anti-héros au look ravageur, est de retour, mais pas comme vous l’imaginiez. Si vous vous attendez à voir un trentenaire aux cheveux blancs et à la longue veste en cuir rouge, vous allez être saisi. Certes, on garde bien l’aspect légendaire du personnage via sa parenté mi-ange, mi-démon, son énorme épée et ses deux flingues mythiques, mais place à la jeunesse ! Se déroulant dans une réalité parallèle, DMC nous offre un Dante au look punk-teenager dont le physique rappelle étrangement celui d’un Hayden Christensen sous amphétamines (et il a le même doubleur, en plus).

Parfaitement conscient de son statut de tueur de démons, notre héros peut voir ces derniers dans le monde réel, et les combattre dans les limbes, une dimension alternative qui n’est pas sans rappeler certains passages de Silent Hill ou le changement de décor en temps réel d’un Soul Reaver. Très tôt, Dante va retrouver son frère, Vergil, et intégrer son organisation. Leur but : tuer Mundus, le chef des démons et accessoirement meurtrier de leur mère, sur le point de dominer notre réalité. Une histoire de vengeance qui va entraîner dans son sillage bien des malheurs. Et un nouveau commencement pour une saga qui commençait à s’essouffle légèrement.

Ange ou démon ? Pourquoi choisir ? 

Le combo reste la pièce maîtresse du gameplay de ce DMC

Si Ninja Theory a gardé la base de l’histoire d’un DMC (Dante, Vergil, Mundus, Sparda), ils ont quand même pris pas mal de largeur niveau scénario, c’est un fait. Mais un vrai reboot ne s’accompagne pas que d’un changement de storyline ou de background, non. Cette fois, même le gameplay a été renouvelé, se voulant plus accessible. Dante dispose de fait de deux coups (faible, fort), d’un saut et d’une touche de tir. Classique ? Que nenni, car notre héros dispose de trois états bien différents. En normal, vous combattez avec Rebellion, votre épée, mais vous pouvez passer sur simple pression d’une touche de tranche, de l’état angélique à l’état démoniaque, chacun avec ses armes de prédilection. Faux mortelle ou kunais en mode ange, hache titanesque ou poing mortel en mode démon, il y a de quoi faire, d’autant que les combos sortent très facilement et permettent pas mal de subtilités en passant d’un mode à l’autre en plein combat.

Les combos justement, octroient toujours des notes de style qui boostent vos récompenses de fin de niveau. A noter que chaque arme dispose de ses propres coups, qui se débloquent via des points de compétences glanés au fil de votre montée de niveau. A vous de choisir judicieusement vos pouvoirs pour déchaîner les morts autour de vous avec style. Ajoutez à cela la possibilité d’entre en mode rage et celle de planer dans les airs, plus un grappin angélique ou démoniaque qui, au choix, attire ou repousse les ennemis et promet des séquences de plateformes grisantes, et vous obtenez un gameplay dynamique, quoiqu’un peu assisté malgré une caméra pas toujours optimale. Dommage que cela se fasse au détriment d’un aspect exploration/aventure totalement absent. La linéarité est totale, même si ça et là quelques petits passages secrets ou portes à débloquer via des clés de bronze ou d’argent viendront briser légèrement cette monotonie, de même que la possibilité de refaire les anciens niveaux avec de nouveaux pouvoirs. Enfin, on retrouve les traditionnels orbes rouges comme monnaie d’échange pour acquérir des réserves d’énergie, voire même booster les capacités vitales de Dante. Du neuf, du vieux, pour un esprit plus trash, moins posé mais plus dirigiste que son modèle.

Mange plutôt ça ! Tête de … 

Les lymbes sont graphiquement hallucinantes!

Vous le constatez, même si beaucoup de choses ont changé, il y a toujours moyen de se sentir en terrain connu avec ce DMC. Mais la chose qui va le plus heurter la sensibilité des adorateurs de Devil May Cry reste sans conteste l’univers graphique mis en place. Fini l’univers gothique/médiéval des opus 1 et 3, ici l’architecture se veut totalement urbaine. Boîte de nuit, ruelles malfamées, fête foraine, entrepôt, sont autant de lieux que vous aurez à visiter, que ce soit dans le monde réel ou dans les limbes. Si l’aliasing est omniprésent, force est de constater que la patte graphique tient la route et que le passage dans les limbes est ultra impressionnant techniquement. Le décor change en temps réel, les bâtiments se tordent, les routes se creusent, tout devient beaucoup plus malsain et les perspectives se modifient au bon vouloir des développeurs. Un régal visuel pour un moteur de jeu qui envoie du très lourd !

Si techniquement parlant, le titre tient la dragée haute aux plus grands softs du genre, il en est de même niveau sonore avec une bande-son plus hard-rock que ses aînés, voire carrément techno par moment. Les doublages en français sont excellents, ne se gênant pas pour balancer une paire d’injures parfois bien senties, et les bruitages claquent à merveille. Bref, Ninja Theory maîtrise son sujet, malgré quelques ombres un peu à la ramasse et une caméra légèrement capricieuse. Et si en plus on vous dit que l’animation ne souffre d’aucun temps mort, vous comprendrez aisément que ce DMC est une perle en termes de réalisation.

On ne peut pas plaire à tout le monde 

On ne peut que saluer la prise de risque de Capcom

C’est justement ça, le souci de DMC. En conservant certains éléments de Devil May Cry mais en les diluant un peu trop dans un souci de dynamisme et d’action non stop, le jeu de Ninja Theory en oublie tout l’aspect aventure, se bornant à n’être qu’un excellent jeu d’action/plateforme linéaire. Personnellement, j’aime bien cette façon de voir Dante et le côté grandiose et malsain des décors, de même que la simplification des combos et le final ultra jouissif, mais il est clair que certains fans risquent d’avoir du mal à avaler la pilule. Soit, DMC est un excellent titre, bourré de fun, zéro prise de tête, et qui offre un spectacle visuel et auditif de haute volée. On ne peut que saluer la prise de risque de Capcom, et la nouvelle franchise en train de naître.

Le test vidéo

Partie 1

Partie 2

Réalisation: 18/20

Le jeu est aliasé, c’est un fait, mais la patte graphique est tellement hallucinante que le tout laisse une empreinte indélébile sur la rétine. Ca bouge admirablement bien, c’est beau, glauque, et furieusement trash. Une réussite !

Gameplay/Scénario: 16/20

Les combos chers à la série des DMC sont de retour de façon plus assistée, mais aussi plus spectaculaire. Le switch entre les armes et les modes ange et démon se fait sans anicroche, les coups pleuvent, les notes s’additionnent, et Dante peut booster ses capacités ou ses armes via des XP. Dommage que l’aspect exploration soit un peu trop limité malgré la quête des clés, des âmes perdues, et des portes à ouvrir. Niveau scénario, on prend des noms connus, on les remodèle, on change les rapports entre eux, et on obtient quelque chose qui se tient plutôt bien.

Bande-Son: 19/20

Les musiques techno/hard font vibrer chaque confrontation, les doublages sont excellents et bourrés d’injures autant que d’humour, et les bruitages claquent comme jamais. Un must.

Durée de vie: 17/20

Si on prend DMC comme un jeu d’action pur et dur, le fait de le terminer en 6 à 7h de jeu la première fois est tout à fait satisfaisant. Qui plus est, la possibilité de retourner avec de nouveaux pouvoirs dans des niveaux déjà finis permet d’augmenter son score, de dénicher des quêtes annexes, et de débloquer par la suite des niveaux de difficultés hallucinants. De quoi faire pour obtenir les 100% ! 

Note Globale N-Gamz.com: 18/20

DMC fait honneur à la saga en lui offrant un reboot soigné, aussi bien graphiquement qu’au niveau du gameplay ou de la bande-son. Si les fans de la première heure regretteront le côté exploration revu à la baisse, les autres découvriront un soft qui en a clairement dans le ventre, offrant des combats intenses et un émerveillement visuel et auditif de chaque instant. Ninja Theory a tenté un pari risqué, mais en apportant sa touche personnelle à l’univers de Dante, on peut clairement dire qu’une nouvelle saga est née. Amateurs d’action non-stop, ce DMC est fait pour vous !



About the Author

Neoanderson (Chapitre Sébastien)
Hardcore gamer dans l'âme, la quarantaine depuis peu, je suis le rédacteur en chef autant que le rédacteur de news et le vidéo-testeur de ce site (foncez sur la chaîne YouTube d'ailleurs). Amoureux des RPG nourri aux Final Fantasy, Chrono Trigger, Xenogears et consorts, je suis également fan de survival/horror. Niveau japanim, je voue un culte aux shonens/seinens tels que Ga-Rei, L'Ile de Hozuki, Orphen, Sprite ou encore Asebi. Enfin, je suis un cinéphile averti, orienté science-fiction, fantastique et horreur, mes films cultes étant Star Wars, Matrix, Sucker Punch, Inception et Tenet. N'hésitez pas à me suivre via mon Facebook (NeoAnderson N-Gamz), mon Twitter (@neo_ngamz) et mon Instagram (neoandersonngamz)!