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En voilà une suite inattendue ! Malgré d’immenses qualités et un accueil critique favorable, le premier NieR était très loin d’être une réussite commerciale, le genre de flop apte à condamner n’importe quelle franchise en devenir. C’était sans compter sur la ténacité du fantasque Yoko Taro et de Square Enix, qui nous livrent ce NieR: Automata sous la houlette de PlatinumGames, qu’on n’attendait pas forcément sur ce genre de projets. Une genèse surprenante pour un résultat qui en vaut la peine ? Coupons immédiatement tout suspense: oui, mille fois oui.

Pas l’temps de NieR-ser

« Un banal combat du bien contre le mal ? Les apparences sont souvent trompeuses »

Pauvre humanité: suite à l’invasion d’extraterrestres et de leurs innombrables et redoutables machines, tous les humains sont désormais contraints d’attendre sagement sur la Lune tant que leur planète bleue chérie n’aura pas été nettoyée de toute présence robotique. Et quelle meilleure équipe de nettoyage qu’une flopée d’androïdes conçus par leurs soins, constituant le projet YoRHa, armés jusqu’aux dents et prêts à tout pour déblayer le terrain pour leurs géniteurs adorés. « Glory to mankind« !

A la lecture de ce pitch, les néophytes pourraient, et on les comprend, lever les yeux au ciel à l’idée d’une énième banale histoire de combat contre le vilain envahisseur dans la peau des gentils androïdes 2B et 9S. Ça serait bien mal juger Yoko Taro, que l’on connaît pour la franchise Drakengard et pour le premier NieR (auquel il n’est pas nécessaire d’avoir joué pour s’attaquer à cette suite), aux commandes de ce projet et de son scénario. L’intrigue prend ainsi un malin plaisir à multiplier les révélations chocs et à éviter avec brio tout manichéisme, à mille lieues d’un banal combat du bien contre le mal. Mais pour connaître le fin mot de l’histoire, il va falloir le mériter: aux armes, camarades !

YoRHa de quoi faire

Si vous connaissez un minimum Platinum Games, vous aurez d’ores et déjà compris que les combats prendront une part très importante sur le temps de jeu; et heureusement pour nous, ces grands habitués du beat’em all n’ont rien perdu de leur amour pour les affrontements nerveux mais maîtrisés. Là où les combats du premier NieR étaient efficaces mais manquaient sacrément de punch, ceux de cette suite prennent la tangente inverse en affichant une sacrée vitalité et un dynamisme de tous les instants. L’ajout d’une contre-attaque surpuissante, déclenchée en esquivant juste au moment d’un coup ennemi, contribue au sentiment de puissance et au côté extrêmement défoulant des affrontements. L’accent a également été mis sur les combats de boss, particulièrement imposants et bien pensés, qui constituent certains des passages les plus mémorables du soft.

« Des phases de shoot sont au rendez-vous, entre autres variations de gameplay »

Mais réduire NieR: Automata à une série d’affrontements serait bien malhonnête vis-à-vis du travail effectué par Platinum, qui s’amuse à multiplier les angles de vue pour varier les sensations et ajouter un sentiment d’inattendu. Ainsi, vous passerez sans transition d’une vue traditionnelle à la troisième personne à une vue de côté façon jeu de plates-formes avant d’opter pour une phase de tir vue de dessus; sans compter les phases de shoot pur aux commandes d’un module de vol, le piratage sous forme de mini-jeu rétro et d’autres surprises qu’on prendra soin de ne pas vous révéler. Loin d’être un vulgaire gimmick, ce mélange des genres fait pleinement partie de l’ADN du jeu et est l’une de ses plus grandes forces, de même que l’optimisation de votre héroïne par l’intermédiaire de puces à installer, permettant vraiment de personnaliser l’expérience selon ses goûts, avec la possibilité par exemple de troquer les informations affichées sur le HUB contre de l’espace de stockage supplémentaire pour ses compétences.

Tout aussi étonnant (un peu moins pour les joueurs ayant parcouru le premier opus), le soft se paie le luxe d’offrir de réels moments de calme entre deux phases dopées à l’adrénaline, le temps de discuter avec les habitants de ce monde désolé, de faire ses emplettes et d’apprécier le calme avant une tempête qui ne demande qu’à faire rage…

2B or not 2B ?

« Des affrontements d’un dynamisme rare au service d’une histoire marquante »

Comme son prédécesseur, NieR: Automata prend un plaisir sadique à vous attacher à ses protagonises, principaux comme secondaires, pour tout vous arracher sans aucune forme de remord. Plus que le scénario, par moments inutilement alambiqué, c’est bien le traitement des personnages qui prime ici, leur personnalité évoluant sacrément au cours de leur périple, dont personne ne sortira indemne. Encore une fois, on se gardera bien de trop en dire, mais préparez-vous à de sacrées claques dans la tronche au moment où vous vous y attendez le moins. Les quêtes secondaires, pas forcément folichonnes au niveau de leur déroulement (on n’évitera pas les traditionnelles quêtes Fedex), bénéficient néanmoins de ce soin d’écriture et on ne saurait trop vous conseiller de vous y investir pour profiter pleinement d’un univers sacrément bien développé.

De l’investissement, vous en aurez de toute manière besoin si vous voulez connaître tous les tenants et aboutissants de l’intrigue: après un premier run d’une petite dizaine d’heures seulement, le jeu s’achève et vous vous sentez lésés. Grossière erreur: en lançant le New Game +, vous vivrez l’aventure du point de vue d’un autre personnage, et à partir du troisième run, c’est une toute nouvelle aventure qui s’offre à vous. Ainsi, cinq fins (vingt-six si on compte les dénouements alternatifs parfois très drôles) seront à découvrir; préparez-vous à être surpris jusqu’à la dernière seconde, où l’esprit pas comme les autres de Yoko Taro fera encore des merveilles.

Si le soin apporté à l’écriture est un des piliers du soft, bien mis en valeur par des doubleurs japonais et anglais très impliqués, on réservera une bonne partie des éloges à la bande son absolument phénoménale. Déjà à l’ œuvre sur l’extraordinaire bande originale du premier volet, Keiichi Okabe persiste et signe, embarquant à nouveau avec lui chœurs impériaux, mélodies qui évoluent de manière très fluide en fonction de l’action et la voix magnifique de la chanteuse Emi Evans, amènant cette fois encore son langage créé de toutes pièces qui sied à merveille au travail accompli par le compositeur.  Le plus gros atout du soft, sans aucun débat possible.

Des défauts impossibles à NieR

« Le moteur du jeu a beau être daté, le soft affiche de beaux environnements »

Après tant d’éloges, c’est le cœur lourd qu’il faudra aborder ce qui fâche: la réalisation datée, tout d’abord. Les fanas de technique risquent de tiquer face à un moteur pas vraiment glorieux pour un jeu de 2017 et des chutes de framerate, étonnamment (et heureusement) plus présentes dans les phases d’exploration que durant les combats.

La répétitivité de l’ensemble viendra également entacher le plaisir d’un bon nombre de joueurs. La quasi-totalité des environnements étant déjà accessible dès le premier run, les parcourir encore et encore en combattant toujours (ou presque) les mêmes types d’ennemis pourra venir saper la motivation.

Yoko Taro avait prévenu:  NieR: Automata est un jeu de niche, et en tant que tel, ne conviendra pas à tous les gamers. Si vous cherchez juste un gros défouloir, on vous conseillera peut-être de vous tourner vers les autres productions de PlatinumGames, qui a réussi un coup de maître dans un domaine qui n’est pas vraiment le sien. Et au vu des premiers chiffres de vente très encourageants à des années lumière des piètres performances de NieR premier du nom, on se permettra d’espérer que cette association portera d’autres fruits.

Le Vidéo-Test PS4 Pro par Neoanderson

Réalisation: 15/20

Non, le moteur ne fait pas forcément bonne figure pour un jeu sortant en 2017. Non, la fluidité n’est pas toujours au rendez-vous. Mais tous les choix artistiques, assumés et justifiés, donnent à NieR: Automata une âme que peu de blockbusters AAA peuvent se targuer de posséder.

Gameplay/Scénario: 16/20

Si les combats nerveux et défoulants lui donne de faux airs de beat’em all, le soft cache un vrai Action-RPG rempli de sous-quêtes classiques mais bien écrites et d’un excellent système de personnalisation du héros. Si le scénario est intéressant quoique par moments un peu confus, les vraies stars sont les protagonistes, principaux comme secondaires, très attachants et à la personnalité évolutive. Croyez-nous quand on vous dit que vous allez souffrir intérieurement.

Bande-Son: 20/20

Parfaite. La bande originale de Nier: Automata est parfaite et mériterait un long article à elle seule. Keiichi Okabe reprend les meilleurs éléments de son travail sur le premier opus et les bonifie pour atteindre un résultat qui risque de faire date. Pour ne rien gâcher, les doublages, japonais comme anglais, sont intenses et parfaitement dans le ton.

Durée de vie: 16/20

Comptez une petite vingtaine d’heures pour parvenir à la vraie conclusion, et beaucoup, beaucoup plus si vous comptez tout explorer.

Note Globale N-Gamz.com: 16/20

Amplifiant les qualités du premier NieR pour nous offrir un soft à la fois plus accessible et mieux maîtrisé, Platinum livre avec NieR: Automata une suite qui réjouira autant les fans de la première heure, qui n’auraient jamais osé espérer que ce jour viendrait, que les néophytes qui risquent fort de vouer eux aussi un culte à ce grand malade de Yoko Taro.



About the Author

Guib
Accro (mais sainement ; et oui, amis journalistes, c’est possible) aux jeux vidéo depuis le jour où j’ai reçu ma Super Nintendo accompagnée de Super Mario All Stars à l’âge de 6 ans, je suis passionné par les jeux de plate-forme, mais pas uniquement. Peu importe le genre, je suis surtout intéressé par les titres qui ont une âme et qui dégagent une réelle personnalité. Quelques-uns de mes jeux cultes : Yoshi’s Island, Beyond Good & Evil, Ico et les jeux Rockstar (oui, ça tranche avec le reste mais ces gars-là m’ont rarement déçu). J’ai aussi une petite faiblesse moins avouable pour les jeux nanars descendus par la plupart des testeurs, mais chut. Etant fan de cinéma fantastique et écrivant depuis quelques mois des critiques de films, j’ai eu envie de me diversifier et de me lancer dans le test de jeux vidéo, et me voilà !