Review

Après la preview de Northgard que je vous ai concoctée samedi, j’avais envie de rester dans l’ambiance viking… mais pas que ! En effet, avec For Honor, on y ajoute une cuillère à soupe de chevaliers, une louche de samouraïs, on colle le tout trois heures au four avec une orientation multijoueur et on achève la cuisson avec une grosse dose de hype made in Ubisoft! Mais que donne cette recette pour un triple AAA d’un nouveau genre ? Appétissante ou cruellement indigeste? La réponse dans ce test !

Bastonnnnnnnnnnnn !

« Le mode campagne n’est qu’un gros tutorial terriblement lassant »

For Honor est sorti sur PC et consoles Next-Gen le 14 Février dernier, sûrement histoire de trancher net (c’est le mot) dans le coeur des gamers avec l’ambiance mielleuse de cette sempiternelle Saint Valentin. Développé par Ubisoft, les papas d’Assassin’s Creed, de Watchdogs ou encore des Tom Clancy, le titre entend nous envoyer en pleine période médiévale dans une guerre millénaire où les conflits se réglaient à la bonne vieille arme blanche. Tout un poème…

Premier souci: alors que cet énorme studio aurait pu nous balancer un scénario à tomber par terre avec une telle période historique, les développeurs ont préféré jouer la carte de la grosse facilité! On vous la fait courte: trois factions se foutent sur la tronche depuis des lustres au point d’en avoir elles-mêmes oublié pourquoi elle se trucidaient… et elles n’ont pas envie d’arrêter. Cherchez pas plus loin…

Débranchage de neurones : ON

« Des finishs gores mais terriblement répétitifs… comme tout le reste »

For Honor vous propose deux modes de jeu principaux et nous allons commencer par le premier d’entre eux, qui nous avait bien titillé lors de notre preview à la Gamescom 2016: la campagne ! Trois chapitres, un pour les chevaliers, un pour les vikings et enfin le dernier chez les samouraïs. Comme indiqué un peu plus haut, le scénario ne casse pas trois pattes à un canard: rapport de puissance, conquête de territoire… Et puis on se rend vite compte que cela ne mène pas bien loin et que ce mode constitue en fait un énorme didacticiel déguisé pour apprendre à maîtriser chacune des douze classes de combattant(e)s disponibles, quatre par faction. C’est clairement dommage car on aurait pu avoir quelque chose de fantastiquement épique tant le gameplay, les protagonistes et l’ère historique disséminent des graines de bonnes idées qui, bien développées, auraient pu nous offrir une fresque médiévale épique. Mention spéciale à Apollyon, sorte de Déesse de la Guerre aux méthodes sanglantes s’il en est.

Passée la déception de la Campagne, les joueurs se rabattront forcément sur le mode multijoueur en espérant y retrouver une kyrielle de modes de jeu et des affrontements titanesques. Malheureusement, il faudra se contenter du duel en 1 contre 1, de rixes en 2 contre 2, d’un mode élimination en 4 contre 4 sans possibilité de résurrection et enfin du Dominion, qui consiste en un affrontement en 4 contre 4 avec capture de zones stratégiques et abattage de mobs pour être la première équipe à atteindre 1000 points. Le tout peut se jouer en partie rapide ou personnalisée, mais également au travers d’une guerre des factions permanente, avec prises de territoire et événements proposés par Ubisoft. Un peu maigre, non?

« Pour l’Honneur? » Ce n’est pas ce que je vois!

« Le gameplay est intéressant et permet de belles passes d’armes, mais seulement à haut niveau »

Alors oui, il y a de bonnes idées, notamment dans le gameplay qui matérialise sous forme de triangle trois zones de frappes générant autant de poses et de coups différents, faibles ou forts, le tout se diversifiant par une projection, un casse-garde, et l’utilisation de bonus et autres boosts à acquérir au gré de vos victoires. Sincèrement, si on a la chance de tomber sur des joueurs aguerris et stratèges pour qui le mot « Honor » veut dire quelque chose, les duels peuvent prendre une dimension géniale et très nerveuse entre parades, esquives, estocs et mises à mort. Un sentiment qui pourrait presque rappeler aux plus nostalgiques les sensations d’un Bushido Blade.

Hélas, ce type de joueur n’est pas légion, et le 4 Vs. 4 que l’on espérait tactique à souhait se transforme trop souvent en 4 Vs. 1 ultra bourrin. Frustrant. Pire encore: si vous tombez sur Jean-Eude, 13 ans, rageur professionnel qui décide de quitter en cours de partie parce que vous lui mettez la « branlée du siècle »… Vous allez tous vous faire jeter du serveur! Les joies du p2p selon Ubi!

Comment, en 2017 et alors qu’on lance un jeu clairement orienté multijoueur compétitif online, peut-on encore avoir ce système de serveur! C’est terriblement horripilant et ça flingue une énorme partie de l’intérêt du titre, surtout sur PC où le problème est systématique (un peu moins sur consoles), en plus de déconnexions intempestives et autres lags, sans parler du temps qu’il faut parfois pour trouver un match. Si vous ajoutez à cela le côté répétitif des parties, le manque d’équilibrage entre les factions, les décors pas assez nombreux et une vague de bannissements parfois injustifiés, vous obtenez la recette idéale pour vous blaser rapidement et repartir sur un jeu compétitif plus marrant et moins frustrant.

C’est beau, c’est bio…mais gore !

« Visuellement, For Honor est vraiment réussi! »

Oui c’est gore, car les chevaliers, les vikings et les samouraïs n’étaient pas connus pour faire dans la dentelle, entendons-nous bien. Les coups projettent de belles effusions de sang, le champ de bataille se colore rapidement en rouge, et les mises à morts sont sadiquement jouissives bien que pas assez variées. De plus, et c’est l’un des points forts du soft, For Honor est graphiquement superbe: jeux de lumières flatteurs pour la rétine, textures réalistes comme on les aime, décors médiévaux faisant dans le grandiose, c’est du grand Ubi qui, en solo ou quand on arrive à trouver un serveur qui tienne la route, se révèle fluide malgré de nombreuses vagues d’ennemis. De plus, la modélisation de chaque classe a été finement travaillée pour la rendre aisément identifiable, et les mouvements sont fidèlement décomposés histoire d’engendrer de jolies chorégraphiques de passes d’armes. Dommage, par contre, que la personnalisation visuelle ne soit pas assez étoffée à notre goût.

La bande-son, quant à elle, suit la même tendance. Bruitages réalistes et guerriers au possible, doublages français vraiment convaincants (dommage que les dialogues ne volent pas très haut) et ambiance musicale dans la droite lignée des films médiévaux à grand spectacle.

Tapedur et tapedur sont dans un château…

Alors que niveau réalisation, on est sur quelque chose de travaillé, de soigné, d’abouti… Niveau maniabilité c’est la débandade assurée, du moins sur PC. On sent en effet que le jeu a été conçu pour la console, et on aurait presque envie de dire à notre cher Ubisoft que s’il ne voulait pas nous sortir de configuration PC pour les gamers qui se la jouent clavier/souris, et bien il ne fallait pas se forcer ! Là, le résultat est clairement bancal et peu pratique. De fait, les manipulations à réaliser pour parer ou attaquer sont tout sauf intuitives et finiront même par vous faire jouer comme un bourrin, rien de plus. A la manette, heureusement, le constat est plus glorieux.

« Les classes de personnages se retrouvent dupliquées dans chaque faction »

Au rayon des défauts, il y a aussi le fait que l’on retrouve les mêmes personnages-types dans chaque faction, avec quelques particularités pas assez marquées. De plus, on note un vrai souci d’équilibrage qui avantage les samouraïs, lesquels se retrouvent dès lors à profusion dans la fameuse Guerre des Factions. Croyez-moi, je ne suis pas de mauvaise foi puisque je suis moi-même membre de ce clan et je dois bien reconnaître que nous avons réellement plus de facilité que les autres.

Fabuleusement rageant…

Très attendu, For Honor est littéralement un soft qui vous donne envie de vous rouler par terre… et pas pour les bonnes raisons. Dans le fond, il n’est pas mauvais et dispose même d’un sacré potentiel, mais on dirait… qu’il a été fini avec les pieds! Multijoueur intéressant mais pas assez varié proposant des serveurs à vomir, auquel se joint une campagne qui aurait dû être épique mais se contente de survoler son scénario et ne fait figure que d’énorme tuto mou et répétitif bouclé en 5 heures, ce que propose For Honor en l’état est loin de faire de lui le blockbuster qu’il semblait être.

Alors oui, le titre est visuellement superbe et possède une bande-son convaincante et de bonnes idées de gameplay de base pouvant donner lieu à quelques affrontements intenses, mais ces derniers sont trop rares et on sent que rien n’a été finalisé proprement, nous laissant indubitablement sur notre faim. Si on ajoute à cela un prix bien trop élevé pour le maigre contenu offert et un season pass frustrant comme il faut, autant dire que ça nous « coupe » (logique vu le contexte) directement toute envie de nous plonger plus profondément dans cet univers pourtant si atypique conçu par les développeurs.

Le Test Vidéo sur PS4 Pro

Réalisation: 15/20

C’est beau, c’est lisse, c’est « fluide » en solo … Bref de ce côté là, on n’a pas à se plaindre de For Honor, il est vraiment réussi. On regrettera le manque de diversité réelle des décors mais on ne peut pas retirer au soft la qualité visuelle qu’il procure dans son incroyable souci du détail historique. Par contre, les bugs, lags, freezes et déconnexions intempestives du mode multi sont tout bonnement scandaleux!

Gameplay/Scénario: 12/20

En prenant des factions aussi épiques que les chevaliers, les vikings et les samouraïs, on s’attend forcément à une histoire de la même veine! Et bien non, on se coltine cinq malheureuses heures de contenu pauvrement scénarisé et justifiant à peine le statut de gros tuto du mode solo. On ne note aucune vraie recherche historique sur les conflits ou les coutumes, mais là c’est peut-être mon côté « passionnée d’Histoire » qui me rend peu objective. Franchement, une quête d’anéantissement bête et méchante de l’ennemi là où des jeux politiques complexes auraient pu se mettre en place, c’est vraiment frustrant. Niveau gameplay, il y a de bonnes idées à commencer par le système de coups/contres/esquives qui peut se révéler très jouissif pratiqué à haut niveau, mais au final le tout n’est pas assez équilibré et se transforme vite, online, en bourrinage intensif à cause du nombre de gamers peu enclins à se la jouer « For Honor » !

Bande-Son: 15/20

Propre, aboutie et n’ayant que peu de fausses notes, la bande-son est travaillée, immersive, et offre des doublages plutôt réussis malgré le faible niveau des dialogues. Dommage que question musique, on ne profite pas assez des compositions épiques créées pour l’occasion.

Durée de vie: 11/20

Comptez entre 4 à 6 heures pour la campagne selon votre facilité de progression. Pour le multijoueur, à vous de voir si vous êtes assez patient (ou masochiste) pour vous acharnez à essayer de trouver des parties qui tiennent la route et des joueurs qui en valent la peine, le tout au travers d’un faible nombre de modes de jeu et de niveaux.

Note Globale N-Gamz.com: 13/20

For Honor aurait pu être un jeu grandiose! Hélas, il est criblé de faiblesses ayant pour résultat que rien ne nous donne envie de nous y acharner. Une campagne ultra courte au scénario inintéressant et sans aucune rejouabilité, un multi avec de bonnes idées mais de trop faibles modes de jeu et une infrastructure qui  ne tient pas la route, une réalisation magnifique mais un manque de diversité des décors, et enfin un facteur finance un peu trop gros qui nous donne l’impression d’être de joyeux pigeons, season pass en prime! Ubisoft tenait une idée vraiment très bonne, dans l’air du temps, avec une période historique tellement passionnante qu’elle aurait pu… non, qu’elle AURAIT DU nous offrir un contenu immersif et jouissif à souhait. Au final, on se retrouve avec un soft sympa, qui a parfois de trop rares fulgurances de génie dans son gameplay à haut niveau, sans plus. Dommage, vraiment dommage…



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LadyDisturbed
Jeune sœur de bataille, dévoreuse de romans à la vitesse de la lumière et fanatique de jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance... voilà ce qui pourrait résumer de façon rapide votre petite rédactrice. Les mangas ne me font pas peur, la couture et le cosplay sont mon lot quotidien, l'écriture de fan fiction m'occupe et je rêve et vis dans un monde fait de fantasy et de science-fiction où les princesses Disney ont leur place. Éclectique, je suis ouverte à tous types de jeux, allant du RPG au FPS en passant par le Visual Novel, les MMO ou encore les jeux de stratégie, tout en voguant dans les eaux troubles des jeux indépendants que je me plais à vous faire découvrir. Je ferai tout ce qui est possible pour être juste dans mes jugements, et puisse le sort vous être favorable !