Review
Issue de l’excellent Comics de 1984 imaginé par George Pérez et Marv Wolfman, la version animée de Teen Titans: The Judas Contract était attendue au tournant par les fans de nos jeunes héros et les amoureux de Deathstroke! Cependant, en lieu et place de nous livrer l’histoire originelle, le film jouit de quelques « aménagements » pour s’inscrire dans le DC Animated Movie Universe conclu entre DC Comics et Warner depuis Justice League: War. De quoi nuire à un scénario terriblement poignant et inoubliable? Un peu, mais l’essentiel est bel et bien préservé!
The Judas Contract commence par la rencontre entre Dick Grayson, alors jeune Robin, et Starfire. De quoi faire couler des larmes de nostalgie chez les fans tout en expliquant quelque peu la relation très tendre qui va lier à jamais nos deux héros. Mais pas le temps de souffler que, déjà, le film nous emmène à notre époque, alors que ce cher Dick, devenu Nightwing après avoir quitté les Titans, les réintègre face à une Starfire qui a bien du palier l’absence du jeune homme en prenant le rôle de leader. Si Raven fait toujours partie de la formation au même titre que Changelin, on compte trois petits « nouveaux » avec Blue Beetle (qui remplace le Cyborg de l’histoire initiale), la jeune recrue Terra et un nouveau Robin incarné par Damian Wayne, le fils de Bruce!
Nos Super Héros en pleine crise identitaire depuis le retour de leur ancien chef vont vite se retrouver sous le feu ennemi face à Brother Blood, un illuminé immortel qui entend bien leur voler leurs pouvoirs pour devenir… un dieu! Ajoutez à cela un Deathstroke manipulateur et revanchard, une idylle qui se concrétise entre Nightwing et Starfire, ainsi que les problèmes d’intégration de Blue Beetle et Terra, et vous comprendrez que le récit va être mouvementé, d’autant qu’une taupe semble avoir infiltré les rangs des Teens Titans!
Techniquement, ce Judas Contract n’est clairement pas le plus beau film animé de Warner inspiré des DC Comics. Si les traits des personnages sont corrects et que les séquences de combats jouissent de sympathiques effets spéciaux, on regrette vraiment le côté très haché de l’animation en général. La décomposition des mouvements est sommaire et les patterns loin d’être d’une fluidité exemplaire, faisant souvent ressembler ce Teen Titans à une simple série télé au lieu d’un vrai long métrage à part entière. Manque de moyens, très certainement. Heureusement que la bande-son vaut le détour avec des doubleurs français bien dans le ton et des comédiens anglais portés par les prestations de Christina Ricci en Terra et Miguel Ferrer en charismatique Death Stroke.
Niveau scénario, par contre, si vous êtes fan du récit originel, vous risquez forcément d’être déçu par les libertés prises par le réalisateur. Ainsi, exit le passé de Deathstroke qui faisait pourtant tout le sel du comics. Pas de Jericho en fiston vengeur tandis que ce cher Slade Wilson n’a comme unique but dans la vie que de nuire à Damian Wayne. De plus, les 80 minutes que durent ce Judas Contract sont un peu cheap pour permettre à toutes les intrigues et focus effectués de complètement se révéler.
De fait, si on a adoré les soucis personnels de Blue Beetle devant son isolement familial induit par son « parasite », la romance Nightwing/Starfire n’est quant à elle pas assez complexe, Brother Blood pas assez montré et on a du mal à cerner le lien et cette amitié/rivalité entre Damian Wayne et Dick Grayson alors que quelques séquences en plus auraient permis d’y voir plus clair. Et pourtant, malgré ces écueils, le spectacle est au rendez-vous et l’essence du comics répond à l’appel avec son jeu d’amour, de trahison et de mal-être face aux supers pouvoirs… avant un final vraiment grandiose et loin d’être un happy end, que du contraire!
C’est clairement grâce à cette épilogue véritablement marquant ainsi qu’à une Terra terriblement « humaine » que ce Teen Titans – The Judas Contract parvient à tirer son épingle du jeu et à nous proposer un spectacle convaincant qui, s’il est loin d’être inoubliable, fait partie des adaptations correctes de comics. Si certains trouveront dommage qu’avec un tel matériau de base il y ait eu des coupes aussi fortes dans le film, les autres se laisseront porter par une aventure qui nous montre les Titans de façon plus mâture qu’à l’accoutumée. Par contre, ne cherchez pas à prolonger votre connaissance des personnages avec les bonus, vous n’aurez droit qu’à trois courts making-of des prochains films DC Animated, rien de plus. Dommage, mais que cela ne vous empêche pas d’apprécier l’oeuvre de Sam Liu et, pourquoi pas, de vous replonger avec délectation dans les comics originels!