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Nouvelle entrée Shonen dans le catalogue Doki-Doki, « Les Six Destinées » s’inspire de la religion bouddhique pour nous conter l’histoire d’un garçon ayant cédé aux sirènes du mal afin de protéger sa jeune soeur d’une terrible malédiction. Devenu un demi-démon craint par les humains, il intègre une société secrète chargée d’éradiquer les Gedos, des corbeaux anthropomorphes au service du maléfique roi Sutoku. Un récit empreint de traditions nipponnes, au coup de crayon « presque » maîtrisé, mais qui aura besoin d’un second volume pour confirmer l’essai.

Miroku va abandonner son humanité pour sauver sa soeur

« Miroku va abandonner son humanité pour sauver sa soeur… devenue démone! »

Miroku est un jeune garçon tête en l’air, désobéissant, râleur et immature qui prend un malin plaisir à répliquer aux ordres de sa mère, la gardienne d’un temple emprisonnant l’esprit de Sutoku, le roi des malfaisants Gedos, d’anciens humains déchus ayant pris la forme de corbeaux géants. Une morsure de ces derniers vous change instantanément en l’un d’eux, mais leur activité ne se résume désormais plus qu’à certaines nuits spécifiques, perdus qu’ils sont sans maître à leur tête.

Malheureusement, notre héros va malencontreusement réveiller l’entité démoniaque auparavant scellée, avant d’assister à la mort de sa propre mère et à la transformation de sa petite soeur en démone! Sacrifiant sa propre humanité grâce à une dague cérémoniale, Miroku va devenir un Demi-Gedo et intégrer l’organisation secrète Rikudo, dont le but est d’anéantir toute présence maléfique en suivant les six destinées bouddhiques. Parviendra-t-il à rendre à sa soeur son apparence humaine et à se venger sans devenir lui-même l’un des monstres qu’il combat?

Les combats sont fluides et bien rythmés

« Les combats sont fluides et bien rythmés »

Sur le plan graphique, le manga de Sayuki, dont c’est la première oeuvre éditée en France, se montre plutôt réussi avec des traits fins, des séquences de combat fluides et quelques héros plutôt charismatiques, ce qui n’est pas foncièrement le cas du grand méchant de l’histoire, que l’on a l’impression d’avoir déjà vu et revu à maintes reprises dans d’autres shonens du genre.

Si on appréciera la qualité de certains décors et un encrage toujours en adéquation avec les sentiments de chaque scène, on pestera par contre face à ces soucis de proportions sur les protagonistes de l’histoire, et notamment certains visages peu travaillés qui peuvent survenir comme ça, sans raison particulière. Ainsi, si l’on a l’habitude que les traits soient déformés pour les grosses phases d’action histoire de leur donner une certaine nervosité, on ne comprend pas vraiment ce que cette technique vient faire en plein dialogue, au calme, et on se doute qu’il s’agit d’un boulot bâclé par un auteur ayant du travailler dans le rush sur certaines planches. Rassurez-vous, à 85% du temps, le dessin est vraiment accrocheur.

Un grand méchant passe-partout et quelques errances graphiques empêchent de profiter pleinement du spectacle

« Un grand méchant passe-partout et quelques errances graphiques empêchent de profiter pleinement du spectacle »

Sur le plan du scénario, Les Six Destinées envoûte grâce à son ambiance Japon ésotérique début du XXè, et les Gedos sont bien plus terrifiants qu’escomptés pour de vulgaires corbeaux anthropomorphes. La psyché du héros principal se montre également assez intéressante, malgré un langage « d’jeuns » et ordurier pas vraiment indispensable, grâce à son désir permanent de pardon face à ce qui est arrivé à sa soeur. Véritable tête brûlée suicidaire, ce cher Miroku va néanmoins apprendre à ses dépens l’amour puis le désespoir de cette Humanité qui a désormais peur de ce qu’il est devenu, notamment au travers d’une histoire de fin de volume à l’issue absolument dramatique mais ô combien émouvante que je vous laisse la surprise de découvrir.

On sent donc que l’auteur est capable de faire mourir des protagonistes attachants pour donner un côté mature à son oeuvre, et il nous tarde déjà de voir ce qu’il compte faire d’Hifumi, la soeur du héros, irrésistiblement attirée par le côté démoniaque qui s’éveille en elle (un petit duel fratricide en vue?). On regrettera juste les autres membres du Rikudo à peine esquissés et dont l’appartenance à l’une des « six destinées de Bouddha » (d’où le titre) ne sert finalement pas à grand chose pour le moment.

Bref, « Les Six Destinées » est un shonen agréable à lire, sans temps mort, qui va vraiment devoir concrétiser les bonnes idées de son premier volume par un second tome plus sombre et un dessin sans anicroche histoire de nous combler pleinement. A découvrir, en croisant les doigts pour que la suite monte en puissance!

Note Globale N-Gamz: 3,5/5



About the Author

Neoanderson (Chapitre Sébastien)
Hardcore gamer dans l'âme, la quarantaine depuis peu, je suis le rédacteur en chef autant que le rédacteur de news et le vidéo-testeur de ce site (foncez sur la chaîne YouTube d'ailleurs). Amoureux des RPG nourri aux Final Fantasy, Chrono Trigger, Xenogears et consorts, je suis également fan de survival/horror. Niveau japanim, je voue un culte aux shonens/seinens tels que Ga-Rei, L'Ile de Hozuki, Orphen, Sprite ou encore Asebi. Enfin, je suis un cinéphile averti, orienté science-fiction, fantastique et horreur, mes films cultes étant Star Wars, Matrix, Sucker Punch, Inception et Tenet. N'hésitez pas à me suivre via mon Facebook (NeoAnderson N-Gamz), mon Twitter (@neo_ngamz) et mon Instagram (neoandersonngamz)!