Review

Après une absence de dix ans, Garrett, le maître-voleur, nous revient dans un opus sobrement nommé Thief. Il faut dire que le bougre avait fait forte impression à ses débuts en 1998 dans Thief: The Dark Project, avant de nous revenir, toujours tapi dans l‘ombre, deux ans plus tard avec Dark Project II : L’âge de métal. A l’heure où les « oldies » ressortent sous toutes les formes, le roi de l’infiltration à la première personne, qui a notamment inspiré le magnifique Dishonored pour son univers dark à la limite du steampunk, a décidé de suivre la tendance. Si The Dark Project avait su déchaîner les foules à l’époque, qu’en est-il de cette suite ? 

De la pendaison en veux-tu en voilà !

Un reboot made in Eidos Montreal, les papas de Human Revolution

Développée à l’époque par Looking Glass Studios, qui finira par fermer ses portes en 2004, la franchise Thief fut sauvée par Eidos (son éditeur) qui décidera de conserver plusieurs développeurs clés du projet. Avec l’aval de Square Enix, le reboot de la saga fut confié à Eidos Montréal, le fameux studio à l’origine du renouveau de Deus Ex (Human Revolution, ça vous dit quelque chose?). Vous comprendrez aisément que cette décision en a réjoui plus d’un.

Dans l’opus objet du présent test, on retrouve un Garrett au mieux de sa forme, en pleine mission. D’habitude solitaire, le voilà vite escorté d’une jeune fille aux yeux océans et au caractère déchaîné et… meurtrier. Autant dire que notre cher maître-voleur n’a pas du tout la même vision du « boulot » que la demoiselle. Ainsi, alors qu’ils doivent dérober une sorte d’amulette, ils sont les spectateurs d’une étrange mise en scène comprenant langage indescriptible, protagonistes en grandes toges, gourou et aura bleutée. On ne vas pas y aller par quatre chemins… le plan sent les embrouilles à plein nez! Garrett le raisonné se dit qu’il vaut mieux ne pas rester là, mais la belle Erin en a décidé autrement: elle ira chercher l’objet de leur convoitise coûte que coûte! Hélas, elle passe à travers le toit vitré de la pièce hébergeant le rituel et notre héros perdra malheureusement connaissance en essayant de la sauver. C’est à l’arrière d’une charrette, tirée par deux hommes qui essaient de se faire discrets, que nous le retrouvons. Il semblerait qu’un « baron » soit désormais au pouvoir de la Cité et ait décidé de pendre toute personne qui pense différemment de lui. Afin d’en rajouter une couche, une étrange maladie, « la grisaille », sévit aussi violemment que ne le fit la peste noire dans la belle Londres Victorienne. Notre charmant voleur aux yeux vairons décide de regagner sa cachette afin d’y voir un peu plus clair. La suite…je vous laisse la découvrir…

Discrétion ou massacre ? 

La discrétion sera de mise, mais pas partout… Et la liberté d’action est trop limitative

D’emblée, autant vous prévenir: Thief n’est pas à mettre entre toutes les mains! Les scènes violentes ne manquent pas, tandis que d’autres, plus coquines, sont clairement évocatrices (allez, avouez que vous avez adoré vous balader dans la maison des Pivoines!). Mais ce que l’on attend surtout d’un Thief, c’est l’infiltration à la première personne, se mouvoir dans les ombres, rendre les gardes fous en éteignant les lumières ou encore les endormir paisiblement à grands coups de flèches. Cet opus reprend-il toutes ses bonnes choses ? Et bien oui ! A vous de faire attention aux endroits où vous mettez les pieds, aux divers pièges cachés, de veiller à ce que votre « perle » de visibilité soit toujours dans les tons noir afin de rester dans la pénombre et vous déplacer le plus discrètement possible. Le crochetage est toujours présent, avec de nombreux coffres-forts dissimulés dans des caches secrètes ou derrière d’anodins tableaux. A vous de trouver les indices, souvent à proximité, qui vous permettront de découvrir des trésors uniques. Les ruelles et les toits de la Cité seront votre terrain de jeu, au sein duquel vous n’aurez plus qu’à vous servir dans les diverses maisons ou boutiques des quartiers huppés.

Malheureusement, se déplacer dans la Cité n’est pas chose aisée, et ce sans compter sur les patrouilles de gardes dont vous arriverez certainement à vous débarrasser de diverses façons, fatales ou non. Non, ce qui peut dérouter, ce sont avant tout les cartes qui sont relativement mal pensées et qui vous feront tourner, de fait, très vite en rond. Alors oui, lorsqu’il s’agit de suivre un chemin indiqué au sein d’une mission bien définie, tout va bien, mais si vous désirez vous balader un peu, ou encore simplement retrouver le vendeur d’objets, il va falloir parfois vous armer de patience.

La Cité, dans toute sa noirceur, bénéficie d’une belle réalisation… sur PC only!

C’est là que l’on aurait souhaité une liberté totale digne d’un Assassin’s Creed, où courir sur les toits n’a pas de limite, mais l’on se heurte vite à une « liberté encadrée », comprenez par-là que vous avez le choix entre plusieurs chemins, certes, mais que ces derniers restent limités et très orientés, de sorte que vous vous direz souvent « mais mince…j’suis déjà passé par là » ! En bref, un level design hyper mal travaillé pour ce qui est des divers quartiers de la Cité. Cependant, en mission, aucun problème à noter. Tout est relativement bien placé, l’orientation vient toute seule. A noter que diverses quêtes secondaires vous permettront d’arpenter toutes les ruelles ou souterrains de cette ville plongée dans les ténèbres, de façon à vous faire gagner encore un peu plus d’argent, rallongeant le temps de jeu de façon non négligeable.

Dans l’ombre de la Cité

Passons à la partie technique de la bête. Je tiens à préciser que ce test a été effectué sur un PC gamer de toute dernière génération (des différences étant assez flagrantes d’un support à l’autre pour la partie graphisme). Autant dire qu’Eidos a réussi son coup, les ombres sont magnifiques, il en va de même pour les jeux de lumières, tandis que les textures sont soignées. Les mains de notre cher voleur sont tellement réalistes que l’on peut y voir chaque pore de sa peau. Une réussite de ce côté (ND Neo : quant à moi, j’ai testé le soft sur PlayStation 3 et 4. Et si sur current-gen le soft tire bien parti des capacités de la console, sur next-gen on sent que le développement a été rushé, le titre affichant des textures vraiment grossières et un peu d’aliasing…).

Le jeu est subdivisé en mission et quêtes annexes pour une très bonne durée de vie

La bande son est elle aussi de très bonne qualité. Que l’on opte pour le doublage anglais ou français, les émotions vocales sont bel et bien présentes. On n’a pas l’impression d’entendre des acteurs réciter un texte, bien au contraire. Les bruits de fond sont réellement immersifs, et heureusement d’ailleurs car vous allez devoir jouer avec ces derniers. Ainsi, les tapis vous aideront à faire moins de bruit lors de vos déplacement, à vous de ne pas réveiller l’instinct des oiseaux et autres chiens, une flaque d’eau, un mauvais pas : vous voilà avec cinq gardes aux fesses ! Quant à la musique en elle-même, les nappes sonores qui vont rythmer votre avancée sont convaincantes mais trop peu nombreuses.

T’as de beaux yeux, tu sais ?

Alors, ce nouveau Thief… bonne ou mauvais chose ? Et bien je dois reconnaître être assez partagée. Le scénario est bon, on est heureux de retrouver notre Garrett et le plaisir de voler, crocheter, déjouer les pièges, tout en traversant la Cité en toute discrétion est bien présent. Cependant, là où l’on s’attendait à une liberté totale de déplacement, la frustration prend le pas car tout n’est qu’illusion. Et pour en rajouter une couche, les plans sont mal fichus, induisant beaucoup de perte d’orientation et d’allers-retours inutiles. Peut-être que les fans ont placé trop d’espoirs dans ce titre tant attendu, peut-être qu’Eidos a voulu suivre Dishonored, qui était certes très bon, mais également très linéaire et trop dirigiste à mon goût. Après, le choix vous est laissé pour ce qui est de la façon dont vous appréhenderez les missions : serez-vous la discrétion incarnée, ou plutôt un dangereux prédateur qui laissera les gardes au sol ? Un titre en demi-teinte, certes, mais sûrement pas un mauvais jeu !

La bande-annonce


PS: Le Vidéo-Test arrivera prochainement

Réalisation: 16/20 sur PC (15/20 sur current-gen et 14/20 sur next-gen)

Une réalisation graphique au top pour peu que l’on ait un PC qui suive. Ne croyez pas toujours ce que l’on peut lire à droite et à gauche à ce niveau, car personnellement mes temps de chargement ne prennent pas dix minutes, bien au contraire, même s’ils sont hypra présent, et mon taux de framerate n’est pas à la ramasse, l’animation étant même très fluide. De plus, les textures et jeux de lumières flattent clairement la rétine. Par contre, force est de constater que si le travail sur les consoles current-gen est de bonne facture, celui sur next-gen est décevant à plus d’un titre, d’où la note sanction.

Gameplay/Scénario: 14/20

Un gameplay diversifié et que les fans des anciens opus retrouveront au travers des diverses flèches notamment. La vision « instinct » issue des titres à la mode a tendance à faciliter certains passages et autres désactivations de pièges, cassant peut-être légèrement le charme du soft. L’accessibilité à certaines quêtes secondaires est parfois hasardeuses due à des maps relativement mal faites, mais le tout est une question d’entraînement. Cependant la mentalité trop dirigiste du soft le pénalise. Niveau histoire, la présence d’Erin dans le scénario est agréable. Ce dernier se laisse suivre avec plaisir et propose son lot de passages qui resteront gravés dans votre mémoire (La maison des Pivoines, l’Asile de Moira, …).

Bande-Son: 15/20

Une bande son sans faux pas, des voix convaincantes, des bruitages réalistes et sur lesquels on a plutôt intérêt à s’attarder si l’on souhaite rester discret. Les dialogues sont intéressants et vous révéleront parfois plus de choses que vous ne l’auriez pensé. Cependant, peu de musique d’ambiance, on se sent parfois un peu seul.

Durée de vie: 15/20

A vous de voir si vous « tracerez » le scénario principal sans vous attarder sur les quêtes secondaires ou si, au contraire, vous aurez envie de remplir tous les contrats, trouver tous les trésors, plaques de la Cité… Comptez entre 25 et 40 heures selon votre façon de jouer et d’apprécier le soft.

Note Globale N-Gamz.com: 14,5/20

Alors oui, le Thief d’antan était meilleur, plus marquant, et oui, cet opus est moins bon… Mais il ne déshonore pas la licence pour autant ! Il ne mérite pas les diverses notes que l’on a pu voir sur certains sites européens, d’autant que l’accueil outre-Atlantique a été bien meilleur. Garrett a manqué dans le folklore vidéoludique et son retour est appréciable malgré un gameplay trop dirigiste. Certes, vous aurez toujours le choix du chemin mais ils sont peu nombreux, et vous finirez au final toujours par jouer « comme les développeurs l’ont prévu », mais est-ce vraiment un mal tant que l’on y prend du plaisir ? Thief n’est pas un Assassin’s Creed. Si c’est une liberté d’action totale que vous souhaitez, je vous conseille d’ailleurs de vous tourner vers les aventures d’Ezio et compagnie. Par contre, si vous souhaitez un jeu d’infiltration dans une ambiance médiévale à tendance steampunk, alors Garrett est clairement le voleur de la situation ! 



About the Author

LadyDisturbed
Jeune sœur de bataille, dévoreuse de romans à la vitesse de la lumière et fanatique de jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance... voilà ce qui pourrait résumer de façon rapide votre petite rédactrice. Les mangas ne me font pas peur, la couture et le cosplay sont mon lot quotidien, l'écriture de fan fiction m'occupe et je rêve et vis dans un monde fait de fantasy et de science-fiction où les princesses Disney ont leur place. Éclectique, je suis ouverte à tous types de jeux, allant du RPG au FPS en passant par le Visual Novel, les MMO ou encore les jeux de stratégie, tout en voguant dans les eaux troubles des jeux indépendants que je me plais à vous faire découvrir. Je ferai tout ce qui est possible pour être juste dans mes jugements, et puisse le sort vous être favorable !