Review

Cantonner le studio Game Freak aux incontournables Pokémon serait une grave erreur. Responsables de certains succès d’estime comme Pulseman sur MegaDrive, Drill Dozer sur GBA (malheureusement jamais arrivé jusqu’à nous) ou plus récemment le très attachant HarmoKnight sur 3DS, les parents des bestioles les plus connues du monde vidéoludique ont assurément de la ressource. Leur dernier bébé en date s’appelle Tembo The Badass Elephant, et le titre est déjà tout un programme…

Trompe-la-mort

Les mimiques et animations de Tembo sont craquantes

Les mimiques et animations de Tembo sont craquantes

Tembo l’éléphant, vétéran de guerre, savoure la tranquillité de son existence, loin des explosions et des cris, lorsque son plus fidèle compagnon de combat, un commandant moustachu, décide de faire appel à lui pour botter les fesses de Phantom, une bande de vilains pas beaux semant la terreur dans la ville de Shell City. La sieste et les cocktails à la cacahuète attendront.

Avec son scénario loufoque, efficacement mis en scène à la façon d’une BD, le jeu de Game Freak n’y va pas par quatre chemins: vous êtes un éléphant-commando, et vous allez poutrer du méchant au travers d’une quinzaine de niveaux, souvent retors, qui mettront vos réflexes et vos nerfs à rude épreuve. Comment résister à telle invitation?

Temboum

Ne vous fiez pas à son air mignon, l'éléphant-commando est une vraie machine de guerre

Ne vous fiez pas à son air mignon, l’éléphant-commando est une vraie machine de guerre

Clairement orienté old-school, Tembo rappellera des souvenirs aux joueurs de Donkey Kong Country. Aux commandes de cette machine de guerre pachydermique, comment ne pas penser à Rambi le rhino, fidèle allié du gorille et de sa bande ? L’influence d’un certain hérisson bleu se fera également ressentir, que ça soit par la sensation de vitesse grisante ou par des phases de vol à coups de bumper rappelant furieusement la Casino Night Zone de Sonic 2. En outre, l’éléphant possède de beaux atouts dans son arsenal: sa trompe peut étourdir les soldats humains, éteindre les ennemis enflammés et enclencher des mécanismes, tandis que sa charge au sol et son marteau aérien lui permettent de déchaîner toute sa hargne guerrière sur les pauvres soldats Phantom.

Mais mettons tout de suite les choses au clair, précision nécessaire au vu de certains avis teintés de déception lus ci et là: Tembo a beau pouvoir charger comme un beau diable et enchaîner les ennemis et les obstacles d’une seule traite sur les premiers niveaux, le soft reste un vrai jeu de plate-forme nécessitant précision et observation. À ceux qui espéraient de la vitesse et rien que de la vitesse, on conseillera plutôt d’aller jeter un oeil sur la tonne de runners disponibles sur mobiles, sans doute plus aptes à épancher leur soif.

Old school = cool ?

Dommage que le framerate souffre sacrément lorsque l'écran est trop chargé

Dommage que le framerate souffre sacrément lorsque l’écran est trop chargé

Doté d’un vrai challenge, néanmoins loin d’être insurmontable, le jeu pèche par sa volonté de se la jouer « à l’ancienne ». On se serait par exemple bien passé de ce système de vies (symbolisées par des pots de beurre de cacahuète) obligeant à récolter 300 cacahuètes afin de remplir sa réserve. Si les premiers niveaux regorgent d’occasions de faire le plein, ça devient carrément chiche sur la fin et nul doute que de nombreux joueurs opteront pour le game over volontaire au début d’un nouveau niveau afin d’obtenir cinq vies, bien nécessaires pour affronter le défi proposé ici. Certains niveaux étant plutôt longs (mais heureusement truffés de checkpoints), le fait d’obliger le joueur à tout recommencer en cas d’échec ne parlera qu’aux plus nostalgiques, et encore.

En plus d’ennemis à pulvériser, chaque stage comprend dix civils à sauver, qui chevaucheront ensuite votre monture destructrice. Le level-design, très réussi, encourage l’exploration, mais les développeurs ont cru bon de nous obliger à jouer les fouineurs, un certain nombre d’ennemis écrasés étant nécessaire pour débloquer l’accès à la deuxième partie de chaque monde. En ne fonçant pas tête baissée lors du premier run, ces paliers ne poseront pas vraiment de souci mais on ne peut s’empêcher de déplorer cette tentative maladroite d’allongement de la durée de vie, trois grosses heures à peine étant suffisantes pour atteindre le dernier boss, par ailleurs trop peu coriace en comparaison de ce qui précède.

Un nouveau poids lourd de la plate-forme ?

Dernier gros défaut à déplorer: le moteur du jeu peine à maintenir sa fluidité; sur PS4, de nombreux ralentissements sont à déplorer lors des passages les plus chargés. C’est bien dommage, d’autant plus que, visuellement, le mélange de 2D et de 3D fait des ravages avec ses destructions en pagaille, ses onomatopées apparaissant à chaque coup et, surtout, le grand soin apporté à l’animation de Tembo, rendant le héros absolument irrésistible. Au niveau sonore, les thèmes gentiment guerriers mettent dans l’ambiance, quand la bande-son n’est pas constituée d’une boucle beaucoup trop courte pour être agréable à l’oreille.

Malgré tous ces désagréments, le jeu n’en oublie que très rarement d’être fun, très maniable et de foutre une sacrée patate à l’amateur de plateforme ravi de retrouver une formule directe et sans fioritures, loin de la tendance actuelle aux puzzles-platformers ou autres metroidvanias. Bref, c’est court, c’est loin d’être inoubliable, mais qu’est-ce que c’est bon !

La bande-annonce

Réalisation: 14/20

Les animations du héros ont beau être irrésistibles et le style graphique faire des merveilles, on déplorera ces vilaines chutes de framerate (sur la version PS4, tout du moins) qui viennent quelque peu gâcher le réjouissant chaos visuel qui nous est proposé.

Gameplay/Scénario: 14/20

On ne peut plus classique, le gameplay est à la fois rapide et précis et la maniabilité n’est jamais prise en défaut, même si l’obligation de s’arrêter pour observer la situation frustrera sans doute ceux qui s’attendaient à un jeu uniquement axé sur la vitesse. Le scénario est basique au possible mais joliment illustré façon bande dessinée animée.

Bande-Son: 13/20

Les bruitages pêchus et le thème principal, accrocheur, sont sans doute ce que Tembo a de mieux à nous proposer. Les mélodies gentiment guerrières alternant avec des boucles trop brèves et un brin anxiogènes, le constat sonore est en demi-teinte.

Durée de vie: 12/20

À moins d’être perfectionniste, trois grosses heures seront suffisantes pour mener Tembo jusqu’à la bataille finale. Pour rentabiliser leur achat (pas bien cher, soit dit en passant), les accros de speedrun pourront également s’affronter sur les classements en ligne.

Note Globale N-Gamz.com: 14/20

Cela faisait bien longtemps qu’on avait pas vu jeu de plate-forme aussi direct, décomplexé et fun que ce Tembo The Badass Elephant, qui ne conviendra pas forcément à tous les fans du genre, mais qui saura offrir une sacrée dose de plaisir à ceux se sentant capable d’accepter ses défauts, il est vrai assez gênants.



About the Author

Guib
Accro (mais sainement ; et oui, amis journalistes, c’est possible) aux jeux vidéo depuis le jour où j’ai reçu ma Super Nintendo accompagnée de Super Mario All Stars à l’âge de 6 ans, je suis passionné par les jeux de plate-forme, mais pas uniquement. Peu importe le genre, je suis surtout intéressé par les titres qui ont une âme et qui dégagent une réelle personnalité. Quelques-uns de mes jeux cultes : Yoshi’s Island, Beyond Good & Evil, Ico et les jeux Rockstar (oui, ça tranche avec le reste mais ces gars-là m’ont rarement déçu). J’ai aussi une petite faiblesse moins avouable pour les jeux nanars descendus par la plupart des testeurs, mais chut. Etant fan de cinéma fantastique et écrivant depuis quelques mois des critiques de films, j’ai eu envie de me diversifier et de me lancer dans le test de jeux vidéo, et me voilà !