Review
S’il y a bien un nom dans le monde du jeu vidéo qui est capable de faire se dresser les poils de votre corps dans un ultime instinct de survie c’est celui de… Miyazaki ! Aux commandes du studio FromSoftware, il fait régner la terreur sur l’âme des joueurs un peu trop intrépides en leur proposant des aventures épiques et clairement réservées aux masochistes. Elles sont en effet réputées pour être des plus exigeantes mais aussi satisfaisantes et construites autour de lores imposants et enivrants. Votre Lady adorée, aussi bien fanatique de kawaïerie en tous genres que de bains de sang, s’est donc plongée dans le dernier bébé de la famille des Souls-Like, le plus qu’attendu Elden Ring qui nous propose une épopée inédite en monde ouvert et se voulant un poil plus accessible. Qu’en est-il dans les faits ? J’ai chopé mon plus beau katana et chevauché une monture des temps anciens afin de vous ramener un test qui fleure bon la rage et… la mort !
Un cercle pour un trône
Après nous avoir emmenés dans un Japon fantastico-horrifique pendant la période Sengoku avec Sekiro : Shadows Die Twice, FromSoftware revient à ses premiers amours : la bonne ambiance médiévale bien de chez nous sur fond de dark fantasy classique mais maîtrisée. La sauce Dark Souls si vous préférez. Dans Elden Ring, après avoir choisi une classe parmi un choix conséquent et moult nouveautés, vous allez pouvoir créer votre personnage par le biais d’un générateur beaucoup plus fourni que dans les titres précédents du studio. Déjà là, on prend conscience que le titre s’est largement étoffé esthétiquement parlant mais aussi en termes de gameplay, puisque vous allez trouver des nouvelles façon de jouer.
Le barbare trouve son équivalent dans le héros. Il en va de même pour le chevalier qui ici est un vagabond mais parmi les dix classes in game, on trouvera des chose vraiment inédites avec notamment le samouraï qui est un habile compromis entre corps à corps avec son katana et combat à distance avec son arc, ou encore le confesseur qui part avec un avantage non négligeable de foi (nécessaires aux invocations sacrées) et sur une puissance magique à toute épreuve lorsque qu’il s’agit d’occire les forces du mal. Il y en a pour tous les goûts, pour toutes joueurs ! Mais la grande nouveauté selon réside dans l’indigent : un personnage qui commence littéralement « à poil » avec son pagne et son gourdin et dont toutes ses stats sont à dix afin de vous laisser libre en termes de développement personnels ! Il est bien plus exigeant cependant et nous le conseillerons plus à des gamers expérimentés ou sur un deuxième run.
Nous partons donc avec notre héros tout fraichement créé pour une quête épique mais qui sent le danger à plein nez ! Débarqué dans le royaume d’Entre-Terre, le cercle d’Elden vient d’être brisé. Cet artefact qui maintenait l’unité et la paix dans ces terres magnifiques qui s’étendent autour de l’Arbre Monde est désormais en miettes et aux mains des nouveaux rois. Ces derniers sont les descendants de Marika l’Eternelle. Avides de pouvoir, ils ont accepté des éclats du Cercle, sans prendre en compte que ces petites choses allaient les pervertir et les corrompre. Vous êtes donc un Sans-Eclat, un exilé qui a perdu la confiance et la grâce du Cercle, mais vous êtes désormais rappelé afin de trouver les Grandes Runes, restaurer ledit Cercle d’Elden et ainsi en devenir le seigneur ! Si le pitch n’a rien de révolutionnaire, on est dans de la pure dark fantasy et le résultat fonctionne à merveille !
On se retrouve avec un lore aussi profond, aussi riche que dans la licence Dark Souls, concocté par George R.R. Martin (l’auteur de Game of Thrones), et on se plait à découvrir les fils qui tissent ce monde ravagé ayant su conserver de sa grandeur. Vous serez aidé dans votre périple par la servante Mélina, qui vous propose de vous servir en vous faisant up vos aptitude contre des runes. Elle demande juste en échange votre escorte jusqu’au Château Royal. Vous serez aussi accompagné par un cheval spectral bien pratique pour atteindre les hauteurs ou parcourir l’Open World mais aussi par votre amie de la première heure dans un Souls-like : la Mort ! Vous risquez de la rencontrer très fréquemment et bien qu’elle ne soit jamais définitive, elle reste du genre punitive. Il vous faudra en effet retourner sur les lieux où vous êtes tombé au combat pour retrouver vos runes accumulées jusque là et si vous reperdez la vie en chemin… autant dire que vous ne retrouverez rien !
La mort vous va si bien…
Revenons un instant sur ce qu’est un Souls-like : C’est un Action-RPG bien souvent, dans lequel vous avez tout un tas de stats à augmenter pour votre personnage avec vos montées de niveaux histoire de faire plus de dégâts, d’être un meilleur mage, d’encaisser plus les coups,… Nous sommes sur du classique de ce côté et il en va de même techniquement sur les mécaniques de jeu : comprenez par là que vous allez devoir rouler votre bosse dans un monde (ici ouvert), trouver des trésors, des secrets et… vous foutre joyeusement sur la gueule avec des ennemis qui ne paient pas de mine au premier abord mais qui sont bien souvent redoutables.
Si vous êtes du genre à taper sur tout ce qui bouge sans réfléchir à la moindre stratégie, vous reverrez très vite votre façon de progresser car dans Elden Ring il va falloir viser juste dans votre approche d’un combat, savoir regarder et comprendre un pattern afin de trouver comment taper fort et esquiver au bon moment histoire d’éviter le fameux « Vous avez péri ». Certains bosses vous pousseront à revenir au combat une fois, deux fois… peut-être plus. Cela peut-être rageant mais la victoire n’en est que plus gratifiante. D’ailleurs malgré tous les softs sortis de chez FromSoftware, on retrouve de nouveaux bosses uniques avec leur façon de combattre. C’est merveilleusement fabuleux et angoissant (dans le bon sens du terme…je crois) de se dire que le studio, après tant d’années et de licences, est capable de nous proposer de nouvelles façon de souffrir.
Bien que ce type de gameplay est la raison pour laquelle les joueurs viennent et reviennent après tant d’années, il faut reconnaître à Elden Ring qu’il n’est certes pas plus simple mais que, d’une certaine façon, il se montre bien plus accessible. La progression se fait de façon bien plus fluide et moins frustrante, ce qui constitue une surprise très agréable. Certains puristes, qui ont monté les Souls-like en une sorte de religion élitiste hurlant son mépris sur cette fameuse accessibilité demandée par des joueurs curieux de se plonger dans des univers séduisants (mais n’ayant pas envie de briser des manettes ou de faire de l’hypertension) vont donc sûrement nous faire une crise d’égo en découvrant que Miyazaki a tenu ses promesses de rendre son soft plus « facile » à parcourir et à terminer.
Et j’aurai envie de répondre à ceux-là : aux dernières nouvelles, personne ne marque dans son CV qu’il a torché un Souls-like sans pleurer. Alors pourquoi cette volonté de vouloir écarter des gamers de softs aux lores saisissants, à la direction artistique souvent fabuleuse et aux bandes-son merveilleuses ? L’ajout de mécaniques de jeu telles que de se battre sur une monture ou le système d’infiltration rendent les combats bien plus dynamiques tout en proposant des options de sortie plus rapides surtout face à des ennemis gigantesques. C’est instillé de façon intelligente, sans enlever la part de défi relevé de la licence, ce qui devrait ravir les fanas et ouvrir le genre à des joueurs qui n’osaient pas forcément tenter l’aventure. Après un Sekiro ultra punitif et à la difficulté plus que corsée, il est appréciable de pouvoir avoir un compromis afin d’avancer dans l’histoire et le monde enchanteur d’Elden Ring tout en ayant du challenge sur notre route.
Un univers somptueux…
Attention je vous préviens, n’allez pas imaginer des textures et des graphismes à la Horizon Forbidden West pour ce Elden Ring. Non, ici on reste dans la conception FromSoftware, qui nous fait du beau à sa façon ! Le pari de l’Open World était risqué mais le studio l’a relevé avec brio. Le monde d’Entre-Terre est immense et grandiose. Ainsi, outre sa plaine désolée mais qui nous laisse imaginer feue la grandeur de ces terres, vous trouverez un univers intérieur presque onirique, des marécages angoissants comme Miyazaki en a le secret, des châteaux délabrés et lugubres où règne une atmosphère oppressante et j’en passe. Bien entendu des catacombes « mortellement mortelles » seront de la partie, des monts vertigineux viendront surplomber les denses forêts de ce royaume et autant dire qu’il y en aura pour tout les goûts !
On aimerait presque oublier que l’on est dans un lieu où une libellule peut venir vous dérouiller vous et vos ancêtres sur quatre générations, juste pour profiter de la vue, pour errer dans ce continent immense et majestueux. Alors certes, je reste amoureuse de Bloodborne avant tout mais l’univers d’Elden Ring est absolument somptueux. Quelques zones semblent un peu vide par moments néanmoins, nous offrant un peu de répit c’est certain, mais provoquant aussi une légère lassitude dans les premières heures de jeu. Heureusement, c’est vraiment lorsque la map se révèle à nous dans toutes sa grandeur que l’on prend conscience du chemin qu’il nous reste à parcourir et de tous les environnements que l’on va prendre plaisir à savourer visuellement parlant.
Reprenant les codes de la Dark Fantasy, Elden Ring parvient tout de même à forger sa propre identité et nous propose un bestiaire fabuleusement créatif comme FromSoftware sait le faire. De plus le design des châteaux, des cavernes et des bosses est juste magnifiquement pensé. On profite de textures bien plus fines qu’à l’accoutumée et de jeux de lumières saisissants qui contrastent avec l’obscurité de l’ambiance qui règne en ces lieux ! Les menus sont rudimentaires mais la lecture et la navigation sont bonnes, on y retrouve les codes du genre.
Si nos yeux seront ravis par l’expérience, nos oreilles en profiteront tout autant. Yuka Kitamura nous régale, il n’y a pas d’autres mots ! Accompagnée comme à l’accoutumée de Motoi Sakuraba, on retrouvera ses sonorités plus métalliques qui se mêlent si bien à des tonalités classiques, le tout pour nous noyer dans une atmosphère tantôt tragique, tantôt mélancoliques, accompagnant souvent nos combats de façon ultra dynamique mais toujours teintée d’un côté héroïque qui nous donne envie de « tarter des culs », même s’il faut mourir une dizaine de fois pour ça. Enfin, les doublages sont en anglais uniquement mais d’excellente facture et les sous-titres vous proposent l’aventure dans la langue de Molière dans son intégralité, afin de ne pas perdre une miette de ce qui se dit en Entre-Terre.
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Bande-Annonce Elden Ring