Review

Après un Réveil de la Force que nous avions particulièrement aimé ici à la rédac car nous l’avons pris comme un opus introductif à une nouvelle trilogie, au même titre que ne le fut Un Nouvel Espoir pour la saga originelle, on s’attendait à vivre une suite anthologique et sombre à souhait, condition impérative pour donner vie à un neuvième volet censé clôturer en apothéose le renouveau de la licence Star Wars. Confié aux bons soins de Rian Johnson (Looper), cet épisode VIII avait donc la lourde tâche de réconcilier newbies et fans de la première heure en leur offrant une kyrielle d’explications et de retournements de situation, avec un Luke Skywalker qui allait enfin crever l’écran comme au bon vieux temps. Hélas, on avait sans doute oublié que Disney a pour vocation de séduire un nouveau public, plus large encore, et le slogan martelé durant les 2h32 des « Derniers Jedi » va devoir trouver écho en vous pour apprécier le spectacle : « Il faut oublier le passé et si nécessaire… le tuer ! »

« Des combats spatiaux tout bonnement épiques et des duels anthologiques pour le Star Wars le plus stylisé de toute la saga »

« Les Derniers Jedi » commence, chose totalement inédite pour la saga, à l’instant même où se termine l’épisode précédent. La base de la Résistance a été repérée par les forces du Premier Ordre après la victoire de Leia et ses troupes sur l’arme-planète Starkiller, non sans de nombreuses victimes au passage. Un opening qui a de quoi nous rappeler un autre second opus clé de la licence : l’Empire Contre-Attaque ! De son côté, Rey a enfin retrouvé le légendaire Luke Skywalker au premier temple Jedi d’Ahch-To, dans le but que le maître lui enseigne les arcanes de la Force et l’aide à sauver la galaxie de l’emprise de Snoke et de son apprenti : Kylo Ren (Ben Solo).

Comme indiqué dans notre titre, nous n’irons pas plus loin pour éviter tout spoil, mais sachez que le film va alterner en permanence entre l’apprentissage de Rey, avec quelques scènes se référant au passé d’un Luke douloureusement marqué par le passage de Ben du côté obscur, et la course-poursuite opposant Leia et ce qu’il reste de la Résistance à Kylo Ren, Snoke et le Général Hux du Premier Ordre. Combats spatiaux dantesques, moments funs, intense désespoir, retour de Luke et nombreux sacrifices sont donc au programme !

« L’interprétation de Mark Hammil en Luke Skywalker désabusé et terrifié par la Force est… incroyable! »

En lisant le paragraphe précédent, vous vous dites : « Mais il y a tout ce qu’il faut dans ce Star Wars Episode VIII » ! Et effectivement, pris séparément, on a tous les éléments pour en faire un grand, un très grand épisode même. Les séquences d’action sont épiques à souhait, les personnages charismatiques en diable, l’humour (très présent) et le fan service (un peu rare) font mouche, Carrie Fisher livre une ultime interprétation de Leia mémorable tandis que la prestation de Mark Hammil en Luke Skywalker désabusé, voire même terrifié, est incroyable et mérite à elle seule d’aller voir le film (et un Oscar tant qu’on y est).

De plus, on découvre de nouveaux héros inattendus, telle que la redoutable Vice Amirale Holdo ou encore la timide Rose. Tout semble aller pour le mieux avec ce qui est sans doute le Star Wars le plus visuellement stylisé de tous les temps: le combat final renvoyant même certaines scènes du cultissime Matrix aux oubliettes pour un résultat qui va durablement imprégner votre âme de Jedi (ou de Sith, c’est vous qui voyez) tandis que les effets spéciaux sont totalement hallucinants, hormis Snoke, que l’on aurait aimé un peu plus organique au lieu d’être totalement modélisé en images de synthèses.

« Certains personnages secondaires crèvent l’écran, comme la Vice-Amirale Holdo »

Bref, Star Wars Episode VIII nous livre de grands moments de jouissance quand tous les éléments s’imbriquent correctement et après avoir dormi une bonne nuit dessus, il me reste encore aujourd’hui des dizaines de séquences qui ont marqué ma rétine à tout jamais, ainsi qu’une certaine envie de le revoir juste pour apprécier, une nouvelle fois, ces visuels et ces émotions qui m’ont scotché à mon siège… par intermittence hélas.

En effet, entre ces scènes totalement jubilatoires, il y a le reste, à savoir un scénario qui ne part pas vraiment dans la direction que l’on aurait espéré en tant que fan de la première heure, des personnages complètement survolés qui ont sûrement dû se faire payer en tant que figurants (Snoke, si tu nous lis) ou d’autres qui ne servent carrément à rien mais que l’on voit trop (Benicio del Torro en DJ le Hacker). Ajoutons à cela des sentiments intérieurs qui sonnent parfois aussi faux que le bad guy en crise d’adolescence de service (et oui Kylo Ren, tout le monde n’est pas Mark Hammil !) tout comme certains retournements de situations qui semblent n’avoir été créés que pour nous offrir des visuels marquants, sans réelle logique (la Princesse Leia en fait d’ailleurs les frais dans l’espace, mais on vous laisse le découvrir). Le tout sans parler des longueurs inutiles dans la première moitié du film et d’une Rey qui a étrangement du mal à marquer les esprits face aux anciens héros de la licence.

« Un Star Wars qui veut faire table rase de la trilogie originelle, mais n’est pas Mark Hammil qui veut… n’est-ce pas Kylo? »

Ancien, c’est justement le maître-mot ici, Disney ayant clairement intégré dans « Le Réveil de la Force » les personnages de la saga originelle pour attirer les fans du début, mais dans cet opus VIII on sent bien que le géant américain ne veut pas rester ancré dans le passé, au risque de décevoir une bonne partie de la Communauté. Non, ce qu’il veut, c’est passer le flambeau à la jeune génération incarnée par Daisy Ridley (Rey), John Boyega (Finn) et Oscar Isaac (Poe), chacun prenant la suite respective logique de Luke, Han et Leia.

Seulement voilà : cette passation de pouvoir est douloureuse, parfois étrangement amenée, et malmène même certains idéaux que les adorateurs de la franchise s’étaient forgés durant des dizaines d’années au gré de leur imaginaire et de l’univers étendu balayé par Disney d’un revers de chèque. De plus, le film se veut « grand public« , entendez par là qu’il ne souhaite pas donner toutes les explications que les fans étaient en droit d’attendre dans cet épisode, sur certaines personnages clés  notamment, mais préfère enchaîner les séquences d’action pleine de « Waouh » pour impressionner les foules et le nouveau coeur de cible: « les futurs fans« .

« Beaucoup de questions dont on n’aura jamais les réponses pour laisser place à une nouvelle génération et un film plus grand public. »

Vous l’aurez compris, si je suis sorti de ma vision presse de Star Wars : Les Dernier Jedi avec un sentiment mitigé, voire même un léger goût amer dans la bouche, le fait d’avoir laissé le film se décanter dans mon esprit, se réassembler lentement en moi tandis qu’il envoyait voler dans une galaxie lointaine, très lointaine certaines de mes convictions de fan pur et dur, me permet aujourd’hui de dire que le film de Rian Johnson est un épisode qui va vous retourner l’esprit non sans une certaine frustration, quitte à « tuer votre passé » (encore ce slogan) qui vous liait à ces héros de votre jeunesse… Reste à voir si vous survivrez au processus, auquel cas vous ne pourrez qu’attendre la conclusion épique de cette nouvelle trilogie avec un gros degré d’impatience.

En conclusion: Star Wars VIII est-il un très bon film ? Assurément ! Mais est-ce un bon Star Wars… Tout dépendra de votre degré d’attachement à la saga d’origine et de votre faculté à vous en défaire. Pour nous, ce sera un avis positif certes, mais pas aussi épique et culte qu’espéré…

La Bande-Annonce

Note N-Gamz: 3,5/5



About the Author

Neoanderson (Chapitre Sébastien)
Hardcore gamer dans l'âme, la quarantaine depuis peu, je suis le rédacteur en chef autant que le rédacteur de news et le vidéo-testeur de ce site (foncez sur la chaîne YouTube d'ailleurs). Amoureux des RPG nourri aux Final Fantasy, Chrono Trigger, Xenogears et consorts, je suis également fan de survival/horror. Niveau japanim, je voue un culte aux shonens/seinens tels que Ga-Rei, L'Ile de Hozuki, Orphen, Sprite ou encore Asebi. Enfin, je suis un cinéphile averti, orienté science-fiction, fantastique et horreur, mes films cultes étant Star Wars, Matrix, Sucker Punch, Inception et Tenet. N'hésitez pas à me suivre via mon Facebook (NeoAnderson N-Gamz), mon Twitter (@neo_ngamz) et mon Instagram (neoandersonngamz)!