Review
Il nous arrive parfois d’avoir des blancs. Des moments où l’on pense totalement à autre chose, n’écoutant plus que notre imagination. Dans ces instants privilégies, nous sommes comme « déconnectés » du monde, cherchant à nous évader d’une réalité parfois trop stressante. Walter Mitty, employé au magazine Life, subit lui aussi ce problème… mais plusieurs fois par jour, et dans des proportions totalement folles ! Le souci, c’est qu’il va prochainement avoir à affronter d’énormes problèmes ! Mais alors que beaucoup retourneraient à la réalité, Walter va décider de vivre ce rêve pour de vrai.
Walter Mitty a une vie plus qu’ordinaire : stressante au boulot en tant qu’employé du magazine « Life », et stressante hors travail en tant que célibataire. Le quotidien d’un New-yorkais tout ce qu’il y a de plus classique. Sauf que Walter, lui, est loin d’être ordinaire ! C’est un « rêveur », et il lui arrive souvent de se « déconnecter » du monde normal pour laisser libre cours à son imagination, rêvant allègrement de dire à sa collègue, Cherryl, qu’il est amoureux d’elle. Cependant toute sa petite vie monotone va être bouleversée le jour où « Life » quitte définitivement sa version papier pour devenir totalement numérique. Walter se voit donc confier la lourde tâche de sortir la couverture du dernier exemplaire classique. Pour marquer le coup, Sean O’Connell, un célèbre photographe, lui envoie le meilleur cliché qu’il ait jamais tiré histoire de rendre cet ultime ouvrage inoubliable : la « photo 25 ». Hélas, quand notre héros analyse la bobine photographique reçue, le numéro 25 n’y figure pas ! Ni une, ni deux, il décide de partir sur les traces de Mister O’Connell. D’une part pour retrouver son œuvre maîtresse, mais aussi, pourquoi pas, trouver le courage d’avouer son amour à sa belle ! Un voyage où rêve et réalité se mélangeront sans cesse !
Disons-le tout de suite : l’un des gros point fort de Walter Mitty réside clairement dans les décors. Les environnements dépeints, que ce soit dans le hall du Life (qui est vraiment le hall du Life par ailleurs) ou au travers des magnifiques paysages extérieurs offerts vont vous laisser cloués à votre sièges tant ils sont envoûtants. Pas de doute à avoir, il y a beaucoup d’arrière-plans réalistes à la base, mais il faut bien avouer qu’il y a une énorme incorporation d’effets spéciaux à l’intérieur-même de ces scènes. On notera notamment un des rêves de Walter dans lequel il fait du snowboard sur une plaque de béton en plein milieu du trafic New-yorkais, le tout pour suivre son boss qui lui… fait du ski bétonné ! Je sais, ça peut paraître bizarre dit comme ça, mais le tout est drôlement bien réalisé. Pour ne pas gaver le spectateur d’images de synthèse, le réalisateur et acteur principal Ben Stiller a également cru bon d’inclure des instants sans aucun subterfuge 3D, comme ces phases de skateboard rappelant directement la jeunesse du héros.
Au niveau du scénario, force est constater que le film nous sort des métaphores assez incroyables, mais peut-être trop. J’y reviendrai. Par contre, rien à redire sur la façon dont les acteurs jouent leur rôle. A ce titre, Ben Stiller est tout bonnement parfait. On peut ressentir la frustration, l’amour, l’envie, le rêve et tout ce qu’on peut imaginer comme émotions humaines dans ce torrent sentimental qu’il nous livre à travers sa personne. Il ne « joue » pas, il « vit » devant nous. De fait, son personnage dispose d’une profondeur touchante, et on s’attache beaucoup à lui.
Alors oui, j’ai été soufflé par les décors de Walter Mitty. Oui, j’ai adoré les acteurs. Et pourtant je n’ai « qu’aimé » l’histoire. La faute ? Elle est trop poussée à mon sens. Si l’on peut comprendre à quel point l’amour peut accomplir des choses grandioses et nous permettre de vivre nos rêves, le reste est parfois un peu trop « abstrait ». Le film fait un peu trop réfléchir, en tous cas plus qu’il ne le devrait. Idem pour les visuels qui, s’ils sont bluffants, le sont peut-être un peu trop dans le surréalisme. Je pense notamment à un bref passage où l’on voit Sean O’Connell, photographe de métier, debout sur un coucou en vol pour prendre une photo. C’est trop de « wahou ! », trop de « C’est pas croyable! », au point de casser parfois un peu le rythme de cette oeuvre. Attention, je ne dis pas que le film est mauvais, que du contraire ! Il s’agit d’un point qui m’a chiffonné, c’est tout. Un peu plus de retenue aurait pu servir le long métrage, qui reste néanmoins largement dans le haut du pavé des productions oniriques. Le monde des rêves est accessible par tous, mais le véritable rêve n’est, au final, accessible qu’au rêveur !