Review
Avec des pointes de chaleur qui nous font bien souffrir cet été, le studio State of Play nous propose sa solution : un périple dans l’Antarctique, du côté de Deception Point, et le tout en plein guerre froide ! De quoi tenter de nous rafraichir en cette fin de mois de Juillet ! Alors si vous n’avez rien contre une petite aventure narrative graphique, prenez vos chaussures de ski et venez avec moi découvrir South of the Circle.
Entre flashback et dure réalité…
Notre aventure commence mal, très mal même : vous incarnez Peter, un homme qui semble coincé dans une situation clairement malsaine. En effet, vous voilà à bord dans un avion qui vient visiblement de se crasher en plein milieu du désert glacé de notre « pôle sud ». Votre pilote est mal au point, sa jambe semble avoir cassé sous le choc d’un atterrissage plutôt catastrophique. Le gameplay nous est expliqué immédiatement : vous allez devoir faire des choix de dialogues, non pas via des sélections de textes, mais d’humeur. Vos touches sont liées à des symboles qui signifieront que Peter va répondre de façon stressée, négative, positive, enjouée, etc…
Notre héros va donc devoir se lancer en quête d’aide. Cela tombe bien : il y a une base un peu plus loin ! Le voilà de fait parti dans le froid de l’Antarctique avec pour seule compagnie les souvenirs des évènements qui l’ont amené dans cette glaciale exploration, depuis ses recherches à Cambridge en passant par sa relation naissante avec une autre chercheuse : la jolie Clara. Votre domaine d’étude : les mouvements de radiation dans les nuages mais rien n’est simple en cette période de doute suite à l’affaire des Cinq de Cambridge (des étudiants recrutés par le NKVD afin d’espionner ce qu’il se passait de l’autre côté du « mur de fer »).
On se les gèle, non ?
Nous allons donc, derrière notre manette et pendant trois petites heures, accompagner Peter dans son exploration frigorifiée et ses souvenirs tantôt teintés de tristesse, tantôt de bonheur. Si le scénario tient la route et nous plonge dans une ambiance particulière qui devrait coller à cette impression de psychose permanente en pleine Guerre Froide, il faut bien avouer qu’il y a un moment où l’on décroche en plein milieu.
Le départ est ainsi surprenant, glaçant, on se met dedans très rapidement et le final, bien que prévisible si l’on connait un peu la période, nous raccroche à fond aux évènements se déroulant sous nos yeux, mais cette espèce de ventre mou qu’il y a entre les deux est parfois trop longuet, voire même indigeste.
On entend bien que le studio a voulu prendre ses marques sur la position des femmes dans les hautes études en pleine après-guerre mais c’est too much, et ça sonne faux. Même en tant que femme, je trouve que c’est un chouïa poussif au point d’en devenir presque cringe, avec notre Peter qui ne fait qu’acquiescer bêtement aux propos de Clara. Il y avait vraiment quelque chose à faire avec ce sujet profond qui a mis les membres de la gente féminine au placard et leurs directeurs de thèse qui ne se sont pas gênés pour récupérer la gloire des découvertes. Hélas, le tout est ici exploité de façon maladroite.
En termes de direction artistique, nous partons sur un périple en low poly écrémée en détails mais satisfaisante à l’oeil. C’est sobre, beau, ça fonctionne bien pour cette aventure. Les contrastes sont appuyés et les palettes de couleurs choisies toujours de bon ton. On regrettera par contre des phases de lags qui viennent nous sortir un peu de nos longues marches pensives, de même que des moment où notre personnage semble flotter au dessus du sol. De quoi casser quelque peu l’immersion. La bande-son, quant à elle, s’inscrit également dans une belle sobriété cohérente avec l’ensemble tandis que le soft jouit d’un casting de haute volée offrant à des acteurs des grandes séries de notre époque (GoT, Dowtown Abbey, Chernobyl…) de participer à cette belle aventure pleine de nostalgie.
South of the Circle Trailer