Review

Révélé il y a un an par Spiders, le studio français à l’origine du merveilleux Faery et qui a collaboré au développement de l’étourdissant Of Orcs and Men, Mars War Logs fait partie de ces titres que l’on suit de près une fois dévoilé. Etant tombé amoureux du soft, de son univers et des promesses que l’on avait pu nous faire à la Gamescom 2012, je n’ai pu m’empêcher de m’atteler expressément au test console de ce RPG qui « a tout d’un grand » au regard de son prix ultra concurrentiel. Un aller simple pour Mars à quinze euros histoire de vous forger des souvenirs impérissables (et sans Schwarzy et sa mémoire défaillante), ça vous tente ? 

Un Mars et … 

Roy Temperance, un homme qui va bouleverser le destin de la Planète Rouge

La Géante Rouge n’est plus ce qu’elle était. Auparavant prisée par les humains, qui y ont installé des colonies pour en piller ses matières premières, la planète de tous les fantasmes spatiaux s’est vue défigurée, déchirée par un changement d’orbite responsable de catastrophes climatiques et par une guerre dont les gens peinent à se souvenir, trop occupés qu’ils sont à tenter de survivre, coupés de la Terre nourricière qui était celle de leurs ancêtres et leur apportait rations et richesses. Auparavant prospère, la civilisation régresse dans un monde post-apocalyptique où tout n’est plus que recyclage et loi du plus fort face à cet environnement résolument hostile et stérile. Une situation idéale pour l’émergence de corporations titanesques dont le but ultime est de s’approprier la seule ressource qui compte encore au milieu de la misère et du chaos ambiant : l’eau. Ainsi naissent Aurore et Abondance, chacune prônant un style de vie que l’autre exècre. Et c’est reparti pour un nouveau conflit armé, surtout lorsque des reliques issues des premiers colons viennent à être découvertes.

C’est alors qu’un homme au destin unique va bouleverser l’équilibre des forces : Roy Temperance. Natif d’Aurore (qui donne un nom de vertu à chacun de ses enfants, Temperance étant l’une des quatre vertus cardinales selon Platon), il se voit très vite « diagnostiqué » des prédispositions pour la technomancie, une capacité à manipuler les forces qui nous entourent par le simple pouvoir de l’esprit, moyennant l’utilisation d’implants neuronaux ou de gants spécifiques. Envoyé dès son plus jeune âge à « La Source », il comprendra sa différence et s’évadera, pour se retrouver mercenaire et finir emprisonné par l’ennemi dans le « Camp 19 » d’Abondance. Votre aventure peut démarrer, grâce à un petit nouveau, Innocence, un ado capturé alors qu’on l’avait engagé de force dans la milice opposée. Le début d’une belle histoire d’amitié, de confiance, mais aussi de trahison.

… ça bagarre ! 

Un système de compétence prenant, même si elles sont un peu trop "passives"

Mars War Logs se présente comme un RPG occidental trouvant ses bases dans des hits planétaires du genre de The Witcher, Mass Effect ou encore Dragon Age. Vous y dirigez Roy, en général accompagné d’un acolyte (Innocence au début du soft). Le titre se découpe en deux phases distinctes : l’exploration et les combats. La première vous donne la possibilité de vous balader dans un univers immersif, au sein d’un scénario que l’on suit sans peine. Au cours de vos pérégrinations, vous rencontrerez des PNJ qui vous feront avancer dans l’histoire principale, moyennant des choix fréquents à opérer dans les dialogues et qui auront leur incidence sur la deuxième moitié de l’aventure. Ces choix ainsi que le sort que vous réservez à vos assaillants battus (les achever en prélevant leur sérum, autrement dit l’eau qu’ils contiennent et qui symbolisent la monnaie du jeu, ou les laisser vivre) conditionneront votre alignement, autrement dit la façon dont vos compagnons vous perçoivent, et leur style de combat (fou furieux, prudent, …). Vous devrez également accomplir une foule de quêtes annexes, peu passionnantes au début, mais bien plus intéressantes par la suite. Ces dernières vous permettront d’obtenir de précieux matériaux de récupération, indispensables pour vous forger une arme et une armure digne de ce nom, mais également des objets tels que des injections de soin, des grenades artisanales ou des pièges explosifs. Mars étant coupé des matières premières terrestres, elle ne peut compter que sur un recyclage total du peu qu’elle produit. Exit donc les boutiques à la dizaine qui vendent du neuf, seuls quelques commerçants épars vous fourniront de quoi vous équiper pauvrement, le reste du travail vous étant laissé pour upgrader comme il se doit ce que l’on vous confie.

En plus de ce « craft » d’équipement, Roy possède des traits de caractère, tels que la possibilité de recycler des objets en matériaux rares, à débloquer via des points de caractère distillés ça et là au gré des niveaux d’expérience, mais aussi des points de compétence qu’il gagne également à chaque level up. Se divisant en trois arbres (renégat, combat et technomancie), lesdites compétences sont basées à 80% sur du boost passif (+10 dégâts armes de poing, +50% de dégâts en moins en roulade, etc…), le reste vous permettant de récupérer quelques sorts de combat comme une projection d’éclair, un champ de force ou encore un pouvoir télékinésique.

Les combats sont très dynamiques

Parlons des combats, justement. Se voulant très dynamiques, ils vous mettront souvent aux prises avec quatre, voire cinq ennemis simultanément et en temps réel. Votre compagnon dispose de sa propre IA et récupère son énergie à la fin du conflit, tout comme vous. Croyez-moi, si au départ le tout peut paraître bourrin, il vous faudra vite faire preuve de stratégie si vous voulez vous en sortir, car les adversaires sont retors, n’hésitent pas à vous frapper dans le dos, et leurs point de vie sont conséquents. Vous pouvez utiliser un lock pour tourner autour d’un opposant, effectuer une roulade, une parade (et le contre qui va avec) et ralentir le temps en accédant à une roue des pouvoirs, histoire d’opter pour l’objet ou le skills le plus utile pour remporter la victoire. Enfin, trois touches de raccourcis, paramétrables, viendront vous simplifier la vie, de même qu’une gestion des dégâts qui prend en compte vos attaques dans le dos, et la possibilité d’entrer en mode « discrétion » histoire d’aligner quelques morts furtives tout en cachant les corps. Jouissif, très demandeur au niveau gameplay, même si un chouïa brouillon par moments, voilà comment définir les rixes du dernier né de Spiders.

Un Silk Engine prometteur 

C’était la grande fierté de Spiders lors de la présentation du soft à la Gamescom 2012 : la mise au point d’un moteur de jeu maison pour faire tourner toutes leurs futures productions. Baptisé « Silk Engine », ce dernier envoie du lourd pour un soft qui se doit d’être peu gourmand en taille, n’étant disponible qu’en téléchargement sur console, et à petit prix ! Graphiquement, Mars War Logs offre de magnifiques effets de lumière (malgré quelques bugs), une modélisation des personnages convaincante, surtout pour Roy, une animation des décors qui tient la route si l’on excepte quelques saccades ponctuelles, et des textures riches. Le tout baigne dans une ambiance qui prend aux tripes grâce à une direction artistique ciblant la décrépitude et les années de conflit vécues sur la Planète Rouge, et visibles au travers des torrents de poussières qui semblent nimber en permanence les contrées visitées. Malheureusement, les environnements, bien que paraissant au début assez vastes grâce à une distance d’affichage raisonnable, se révèlent au final n’être trop souvent qu’une succession de couloirs. La palette de mouvements de votre héros en mode exploration est ultra limitée, et son animation manque un peu de naturel.

Le Silk Engine impose le respect, c'est un fait

Musicalement parlant, le soft offre des nappes sonores envoûtantes, qui tirent toujours vers l’industriel, le glauque et une certaine mélancolie. Le tout s’adapte donc parfaitement à l’univers dépeint par le jeu, à savoir une civilisation abandonnée à elle-même dans un monde post-apocalyptique gouverné par les tout-puissants technomants. Les bruitages sont corrects, et les voix anglaises ne surjouent jamais, ce qui est appréciable. On aurait aimé des doubleurs français, question d’immersion oblige, mais on ne va pinailler pour si peu tant le boulot accompli par Spiders est digne d’éloges. Finissons sur un bémol cependant, quelques soucis de jouabilité lors de la transposition du titre sur console. Ainsi, si l’optimisation de la roue des pouvoirs au pad est bien pensée, on ne peut pas en dire autant du contrôle de la camera, qui est entièrement manuel (stick de droite) et ne peut même pas être effectué lorsque vous courez à moins de faire prendre à votre main droite une position pour le moins peu naturelle. Dommage et frustrant, d’autant plus que la focale, parfois trop près du personnage, peut nuire à la lisibilité de l’action, même en lockant l’ennemi. Un simple bouton permettant de recentrer automatiquement l’objectif derrière votre héros aurait largement suffit pourtant.

Un voyage marquant 

Mars War Logs remplit donc quasiment toutes les promesses qu’il avait pu nous faire lorsque nous l’avons découvert il y a un peu plus d’un an. Immersif, dynamique dans ses combats, scénaristiquement intéressant et proposant un moteur de jeu impressionnant pour ce type de soft, le titre ne pêche que par une durée de vie un peu courte, quelques saccades et bugs de collisions ainsi qu’un souci de camera, et des environnements trop cloisonnés. Il n’empêche que pour un jeu proposé à seulement 15 Euros, le constat est là : vous ne trouverez pas meilleur RPG avec ce tarif de sortie, et c’est ce dont il faut tenir compte lorsqu’on joue à Mars War Logs. Oui, la comparaison avec un Mass Effect, développé par 200 personnes et bénéficiant d’un budget colossal, va forcément lui nuire, mais pas si vous gardez le prix en tête, pour un jeu neuf et qui arrive à conserver l’indépendance de son développeur ! Alors ne boudez pas votre plaisir, et payez vous un voyage pour la plus belle conquête de l’Homme après la Lune !

Le vidéo-test

Réalisation: 17/20 

Certes, comparé à du Frostbite 3 ou du Cry Engine dernière génération, le Silk Engine pourrait partir avec un handicap, mais il permet de faire tenir un VRAI rpg occidental, riche, immersif, et à la réalisation artistique soignée, en un minimum d’espace, tout en lui offrant de somptueux effets de lumière, une gestion de la poussière impressionnante, et des textures plus que correctes. Les personnages semblent malheureusement un peu raides, mais rien de bien dramatique.

Gameplay/Scénario: 15/20  

Si le scénario se laisse suivre et dispose de certaines bifurcations intéressantes modifiant sensiblement l’histoire, on peut regretter un manque d’explications durant les cut-scenes, qui semblent parfois un peu « vite expédiées » (la faute au stockage du soft, qui se doit d’être le plus limité possible). Niveau gameplay, la roue des pouvoirs est toujours aussi intuitive durant les combats, le côté RPG se retrouve dans les arbres de compétences qui permettent vraiment des styles de jeu très différents, même si l’on aurait aimé plus de « sorts » ou autres « skills » actives et visibles à l’écran en lieu et place des boosts passifs. Dommage que la caméra soit mal optimisée et gêne par moment l’action, tout comme le fait de courir durant les phases d’explorations, et qu’il soit impossible de donner des ordres à son compagnon de route.

Bande-Son: 18/20   

Une franche réussite avec un doublage convaincant (VOSTF only), des bruitages qui font leur job mais surtout des nappes musicales absolument divines, mêlant son industriel, mélopées mélancoliques, et quelques touches électro pour un résultat que l’on n’est pas prêt d’oublier. A ce titre, l’ost du titre est disponible gratuitement sur le site de Focus Home !

Durée de vie: 15/20 

15 Euros pour 15 heures de jeu. Oui, le rapport prix/durée de vie est excellent, mais le type de jeu qu’est le RPG occidental ne peut pas se conformer pleinement à une histoire qui se développe sur aussi peu de temps. Résultat, des raccourcis scénaristiques qui nuisent un peu à l’immersion dans cet univers, malgré la présence d’une encyclopédie ultra fournie prouvant que Spiders a mis au point un background énorme. On aurait vraiment eu envie que le scénario continue, se dilue un peu plus. Néanmoins, les embranchements scénaristiques et la limitation du niveau d’expérience maximum entraîne une bonne replay value.

Note Globale N-Gamz.com: 16/20 

Mars War Logs est bel et bien un grand RPG occidental, ne serait-ce que par l’originalité de son univers et de son scénario, mixé avec un système de jeu demandeur et gratifiant au fil du temps, le tout à un prix tout simplement incroyable pour ce type de jeu. Bien entendu, certains lui reprocheront une histoire trop vite expédiée, un moteur de jeu qui souffre de la comparaison avec les ténors du genre, et des bugs deci-delà, mais rien qui ne puisse faire en sorte que le nouveau bébé de Spiders ne fasse pas partie de la ludothèque des amoureux de jeu de rôle à ambiance.



About the Author

Neoanderson (Chapitre Sébastien)
Hardcore gamer dans l'âme, la quarantaine depuis peu, je suis le rédacteur en chef autant que le rédacteur de news et le vidéo-testeur de ce site (foncez sur la chaîne YouTube d'ailleurs). Amoureux des RPG nourri aux Final Fantasy, Chrono Trigger, Xenogears et consorts, je suis également fan de survival/horror. Niveau japanim, je voue un culte aux shonens/seinens tels que Ga-Rei, L'Ile de Hozuki, Orphen, Sprite ou encore Asebi. Enfin, je suis un cinéphile averti, orienté science-fiction, fantastique et horreur, mes films cultes étant Star Wars, Matrix, Sucker Punch, Inception et Tenet. N'hésitez pas à me suivre via mon Facebook (NeoAnderson N-Gamz), mon Twitter (@neo_ngamz) et mon Instagram (neoandersonngamz)!