Review

PlayDead, petit studio de développement danois, avait surpris tout le monde avec Limbo, sa première production sortie en 2010. Originalement conçu pour le Xbox Live Arcade, ce jeu de réflexion/plateforme Die & Retry s’est vu ensuite porté sur les autres machines et remporta un grand succès, tant critique que commercial, notamment grâce à sa direction artistique incroyable en noir et blanc. Il aura donc fallu attendre pas moins de six ans pour voir débarquer chez nous le second projet de ces développeurs de talent : Inside. Pour l’instant exclusif à la Xbox One et au PC, le titre permet à ses créateurs de revenir dans l’univers sombre et hypnotique qu’ils affectionnent tant… et n’est pas loin de renvoyer Limbo au statut de simple brouillon! Explications.

Promenons dans les bois…

Un univers sombre et angoissant encore plus travaillé que Limbo

Un univers sombre et malsain encore plus travaillé que Limbo

Inside vous met dans l’action dès le début de son aventure en vous faisant incarner un enfant sans visage qui s’enfuit de la forêt, de mystérieux hommes en noir à ses trousses. Sans doute le plus gros clin d’œil à son prédécesseur, Limbo. D’ailleurs, il ne s’agit pas de la seule similitude avec la précédente production de PlayDead, loin de là ! On retrouve ainsi un gameplay en deux dimensions qui combine exploration, plateformes et réflexion, le tout magnifié par une absence totale de dialogues et de textes, ce qui aura le don de vous laisser au même titre que votre personnage : dans le brouillard total! L’intrigue se dévoilera donc, avec une grande dose d’interprétation personnelle, par la gestuelle des personnages, les détails des décors mais aussi les divers sons qui vous immergeront dans cet univers angoissant et oppressant, dans lequel subsiste toujours néanmoins une mince lueur d’espoir. Le récit étant une part intrinsèque de l’intérêt d’Inside, nous ne vous en dévoilerons pas plus dans ce test, tout comme ce fut le souhait des développeurs qui ont, il faut bien l’avouer, laissé filtrer très peu de choses aux yeux du public depuis l’annonce de leur soft en 2012.

Si l’on devait oser une comparaison, on pourrait rapprocher Inside d’œuvres cultes comme Oddworld, notamment lors de certaines phases de gameplay de contrôlé mental, ou encore le récent Deadlight pour le côté survie seul contre tous, bien qu’il soit plus court que les précités puisqu’il ne vous faudra que trois à quatre petites heures pour arriver au générique de fin. Entre temps, vous aurez pas mal stressé et ressassé des scènes aux actions perturbantes. Intellectuellement d’ailleurs, Inside est un jeu qui peut laisser des séquelles si vous ne vous attendez qu’à un « simple » soft de plateformes aux couleurs sombres. De plus, il est bien plus abouti que Limbo sur plusieurs aspects, à commencer par sa prise en main et son moteur physique.

… Pendant que des hommes en noirs sont là…

Les mécaniques de gameplay s'axent autour de l'infiltration, mais aussi de la réflexion pour des séquences angoissantes à souhait!

Les mécaniques de gameplay s’axent autour de l’infiltration, mais aussi de la réflexion pour des séquences angoissantes à souhait!

L’enfant que l’on dirige répond ainsi au doigt et à l’œil à toutes les commandes, sans aucune latence ou masques de collisions douteux, mais en donnant au contraire une véritable sensation de poids et de vie à tous ses mouvements. Les hases de jeux telles que la fuite, l’infiltration, la recherche ou l’escalade semblent donc terriblement naturelles. On peut également remarquer qu’un véritable soin a été apporté à tous les éléments du décor, aussi bien vivants qu’inertes, ce qui donne un effet de présence plutôt spectaculaire autour de vous.

La lumière joue également un rôle important dans le gameplay, tout comme les cadrages et les mouvements de caméra subtils qui multiplient l’impact de certains arrières plans. Il faut dire que les teintes utilisées, qui tirent allègrement vers le sombre en optant pour un rouge unique sur votre avatar, donnent un sacré cachet visuel à l’ensemble, comme vous pourrez le voir dans la bande-annonce que l’on vous propose juste en dessous. Enfin, les bruitages environnementaux et les thèmes musicaux sont capables de vous faire passer en quelques secondes d’un état calme et serein à une réelle angoisse… on en redemande !

Vous l’aurez compris, sur le plan technique le soft est une réussite, d’autant que la lisibilité du jeu est meilleure que pour Limbo, les « épreuves » et autres énigmes étant moins dissimulées dans le décor tandis que les contre-jours se font moins présents. Alors certes, Inside ne propose pas tellement de nouveautés vis-à-vis du genre plateforme/réflexion, mais il a un atout majeur pour lui : la cohérence entre ses séquences de gameplay et son rythme de jeu parfaitement maîtrisé. Le tout sans parler d’une belle évocation de la première moitié de Limbo, bien que la fresque dépeinte par PlayDead ici se montre terriblement plus sombre et nous forcera à réfléchir à la place de l’Homme dans la nature et à sa course effrénée vers la science.

S’ils y étaient, ils nous… tueraient !

La qualité visuelle du titre est tout bonnement incroyable

L’identité visuelle du titre est tout bonnement incroyable!

Inside voulait faire mieux que Limbo et c’est réussi !  En effet, le jeu conserve la politique des couleurs sombres ainsi que de l’absence de dialogues et de textes pour nous offrir un florilège de musiques et de bruitages nous plongeant totalement dans son univers angoissant. De plus, il nous gratifie d’une très belle amélioration graphique et les mécaniques de jeu sont accentuées dans ce deuxième titre grâce à un moteur physique redoutable d’efficacité et une lisibilité accrue : les réponses pour progresser ne se trouvant plus inutilement dissimulées dans le décor comme dans son aîné. Alors oui, on ne pourrait y voir qu’un énième jeu de plateformes/réflexion à la durée de vie assez courte, mais l’expérience vaut totalement la peine d’être vécue tant elle regorge de messages subliminaux nous poussant à réfléchir sur notre société. Une réussite qui confirme désormais le statut d’incontournable du studio PlayDead sur la scène indé.

La Bande-Annonce

Réalisation: 18/20

Inside nous offre un univers sombre travaillé qui nous plonge directement au cœur d’une intrigue malsaine. Le travail sur les plans de caméra, le degré de détail des décors et le choix des teintes font du dernier bébé de PlayDead un régal visuel tout bonnement époustouflant pour un jeu de réflexion/plateformes. Seul bémol : de légers bugs qui vous empêchent de continuer et vous obligeront à recommencer au dernier checkpoint.

Gameplay/Scénario: 17/20

PlayDead a mis au point un titre assez simple à manier mais diablement efficaces dans ses mécaniques de jeu tournant autour de 4 axes : la fuite, l’infiltration, la recherche et l’escalade. On veut plus que tout que cet enfant échappe aux hommes en noirs et on stresse autant que lui pour une immersion assez incroyable au final, sans parler des énigmes basées sur un moteur physique convaincant et jamais frustrant.

Bande-Son: 20/20

La bande-son est littéralement le point central d’Inside, car elle parvient à nous faire passer toutes les émotions que l’on doit ressentir au moment où l’on joue, à savoir la peur, l’angoisse, l’anxiété et finalement… l’espoir ! De plus, les bruits environnants nous aident à comprendre l’intrigue sans textes ni dialogues, aussi se montre-t-elle parfaitement adaptée à l’univers étrange, sombre et malsain du jeu.

Durée de vie: 13/20

Inside est plutôt rapide à finir puisqu’il ne faut compter que 3 à 4 heures pour voir le générique de fin, sans réelle replay value à cause de l’absence de « Succès ». Néanmoins, au vu du prix pratiqué d’une vingtaine d’Euros et du genre de jeu, elle se révèle presque suffisante…

Note Globale N-Gamz.com: 17,5/20

Avec Inside, PlayDead a réussi à surpasser Limbo, ce qui était loin d’être une mince affaire. Le titre nous envoie du lourd sur tous les plans : décors, bande-son, résolution d’énigmes, narration et rythme… tout a été optimisé par rapport à son aîné pour nous offrir un petit bijou du genre, à conseiller à tous les joueurs avides d’expériences qui marquent durablement la vie d’un gamer !



About the Author

Neoanderson (Chapitre Sébastien)
Hardcore gamer dans l'âme, la quarantaine depuis peu, je suis le rédacteur en chef autant que le rédacteur de news et le vidéo-testeur de ce site (foncez sur la chaîne YouTube d'ailleurs). Amoureux des RPG nourri aux Final Fantasy, Chrono Trigger, Xenogears et consorts, je suis également fan de survival/horror. Niveau japanim, je voue un culte aux shonens/seinens tels que Ga-Rei, L'Ile de Hozuki, Orphen, Sprite ou encore Asebi. Enfin, je suis un cinéphile averti, orienté science-fiction, fantastique et horreur, mes films cultes étant Star Wars, Matrix, Sucker Punch, Inception et Tenet. N'hésitez pas à me suivre via mon Facebook (NeoAnderson N-Gamz), mon Twitter (@neo_ngamz) et mon Instagram (neoandersonngamz)!