Review

C’est lors de la LudumDare 26 que Gods Will Be Watching a vu le jour et a obtenu une très convoitée médaille d’argent. Durant cette compétition, qui s’est déroulée du 26 au 29 avril 2013, les participants devaient créer un jeu en 72 heures avec le thème “Minimalisme”, le tout devant se passer sur une seule scène. Avec des graphismes en PixelArt ressemblant au bon vieux Monkey Island, le soft partait d’un concept assez simple : le joueur avait 40 jours pour que son équipe survive. Seules quelques actions pouvaient être faites quotidiennement, comme par exemple gérer les rations, les personnages ou encore le feu. Pour cette version PC revisitée, le développeur Deconstructeam a décidé de pousser l’idée encore plus loin en imposant des choix cruciaux. Arriverez-vous à sauvez le groupe en entier, ou le sacrifice sera-t-il nécessaire ? 

Mangeriez-vous vos amis pour survivre ?

Une prise d'otage peut vite tourner au drame dans GWBW

C’est de cette base que Deconstructeam, une équipe indépendante de 5 développeurs espagnols basés à Valence, a créé le nouveau Gods Will Be Watching (l’ancien est toujours disponible gratuitement sur leur site). Le principe est toujours le même que l’opus original crée en 72 heures: il faut… survivre !

Cette fois, un scénario a été ajouté : Xenolifer, une entreprise terroriste, a condamné le Sergent Abraham Burden, le personnage qu’on incarne, et ses acolytes sur une planète congelée. En effet, cette société a pour but de libérer les extraterrestres de l’esclavage en usant de méthodes radicales avec l’aide d’un virus mortel : Medusea. Vous et votre équipe avez donc rejoint l’Everdusk Company for the Universe Knowledge (en abrégé : E.C.U.K.) afin d’empêcher le massacre. Première étape : récupérer les données du virus. C’est ainsi que vos choix sont supposés permettre la survie de tout votre groupe, tout en accomplissant votre mission cruciale. Mais, on vous le donne en mille, ça peut partir en sucette à n’importe quel moment ! Alors, quel sacrifice sera le plus efficace pour arriver à vos fins ?

Un thriller intensément violent

Certains de vos choix seront fatals… et gores!

Même si GWBW est qualifié de point & click, il ne faut pas s’imaginer avoir affaire à un gameplay ressemblant à du Monkey Island, du Full Throttle ou encore du Day of The Tentacle. Non, ici il faudra uniquement choisir vos actions pour pouvoir gérer la survie d’une équipe sur fond de thriller. A noter que le titre propose deux niveaux de difficultés : original et facile. Quel que soit le mode choisi, et comme le disent si bien les développeurs, vous échouerez souvent, très souvent. Vous aurez toujours le choix entre deux types d’actions, les vertes et les rouges (visibles à l’écran par leur couleur, forcément). Les premières sont « gratuites », c’est-à-dire que le temps de la partie n’évolue pas et qu’aucune ressource ne sera utilisée. Elles vous donnent généralement des informations sur l’état actuel de la scène. Les deuxièmes, quant à elles, feront avancer le temps, et il faudra être astucieux pour éviter un game over trop précoce par manque de nourriture ou d’énergie, par exemple.

Au total, Gods Will Be Watching comporte 6 chapitres, chacun n’étant composé que d’une seule « scène ». Ainsi, dans le premier chapitre, vous serez les instigateurs d’une prise d’otage. Pendant que votre coéquipier Liam pirate le réseau informatique pour obtenir des informations sur le virus Medusea, vous devrez donner des ordres à votre équipe et ménager tant que faire se peut lesdits otages. Ces derniers risquent en effet de s’affoler au moindre coup de feu. A vous de les calmer car s’ils sont trop sous pression, ils s’enfuiront, vous octroyant la possibilité de les abattre ou de les laisser partir. Attention, car pour avoir une chance de survivre, il vous faudra au moins un otage en vie. A contrario, si vos otages sont trop détendus, ils risquent de prendre leurs aises et fomenter une rébellion. Leur hurler dessus pourra palier au souci, voire même tirer une balle dans la jambe de l’un deux. Il s’agira donc de garder ce juste équilibre entre terreur et compassion pour éviter que la milice n’avance toujours un peu plus dans votre repaire confiné. Pour compliquer les choses, un hacker ennemi essaie de pirater le même réseau pour éviter que vous ne voliez les précieuses données. S’il y arrive, c’est terminé ! Pire, en fonction des choix que vous faites, les otages réagiront différemment d’une partie à l’autre ! Bref, vous aurez clairement besoin de plusieurs (des dizaines voire plus) essais pour réussir !

Le sacrifice sera parfois la seule solution pour arriver à vos fins

Autre exemple du concept assez particulier avec le deuxième chapitre, dans lequel Abraham et Jack, l’homme fort du groupe, sont ligotés à des chaises et doivent survivre 9 jours. Vous n’aurez alors le choix qu’entre 5 actions : provoquer, supplier, réfléchir, mentir (un pourcentage apparaît avec le taux de réussite) et avouer. Si les personnages avouent trop de fois, ils se feront descendre. Comme mentir peut atteindre 0% de chance que ça marche, vous vous ferez souvent frapper, mutiler, arracher une dent ou pire encore (je vous laisse voir jusqu’où ça peut aller, c’est assez… violent). A chaque fois, Irving, votre tortionnaire, vous posera une question. Si la réponse ne lui plaît pas vous passerez à la casserole. Après plusieurs coups, vous succomberez à vos blessures. A noter que la provocation permettra à votre héros de se faire frapper pendant que son binôme récupère un peu. Supplier permettra de vous soigner, mais à force d’utiliser cette commande vous perdrez. Mentir, si c’est réussi, permet de ne pas se faire frapper tout en récupérant de ses blessures. Enfin, la réflexion vous fera prendre des coups mais augmentera votre taux de chance au mensonge. Vous l’aurez compris au vu de ces deux exemples, chaque plateau de Gods Will Be Watching vous mettra aux prises avec des dilemmes moraux incroyables pour vous en sortir indemne, le tout demandant une bonne dose de réflexion, de temps et… de chance.

Sauvegarde, ma belle sauvegarde, où te caches-tu ?

Le PixelArt donne au jeu un côté LucasArts de la bonne époque. Un régal!

Avec ses graphismes dignes des point & click des années 90, Gods Will Be Watching a un sacré charme et comporte de nombreux détails visuels très travaillés, sur chacun des six niveaux qui le composent. Les amoureux des productions LucasArts de la bonne époque verseront une larme de nostalgie, c’est un fait, d’autant que le soft possède une vraie patte artistique. Les animations sont minimalistes mais compréhensibles, et on comprend que pour montrer une telle débauche de violence réaliste, il fallait bien ce filtre graphique made in 90’s pour faire passer la pilule.

Niveau sonore, les bruitages restent dans la veine des productions précitées, tout comme la musique d’ambiance, créée par Fingerspit, un artiste espagnol, dans un style électro qui sied à merveille au récit. Hélas, chaque piste ne dure que quelques minutes et se répète en boucle, ce qui à force peut devenir très lassant puisqu’un niveau peut durer parfois plus d’une heure, même sans game over.

D’ailleurs, c’est justement là le principal souci de Gods Will Be Watching : le game over ! En effet, si vous mourrez juste avant la fin d’un tableau, vous devrez redémarrer ce dernier du début, les sauvegardes ne se faisant qu’à la fin d’un chapitre ! Et pourtant, malgré la frustration que ce système peut engendrer, après 20 essais infructueux, vous aurez envie d’en faire un vingt-et-unième avec l’espoir d’en découdre enfin avec avec le niveau ! Pire, Deconstructeam a eu même l’idée de réaliser des défis extrêmes qui vous feront passer des heures et des heures, voire des journées entières à essayer de les réussir. Ils sont fous ces espagnols ! Et surtout, les développeurs ont fait un travail remarquable concernant le système d’empathie du soft, chacune de vos attitudes affectant tous les personnages de manière différente, et ce à chaque partie. Le titre est donc un énorme plaidoyer sur le désespoir, l’engagement et les sacrifices « auto-justifiés ».

Ô rage, Ô désespoir !

Pour 8,99€, vous pouvez sans soucis vous procurer Gods Will Be Watching. Le soft vous tiendra en haleine durant de longues heures malgré le risque de casser quelque chose de rage lorsque vous verrez le game over juste avant la fin du tableau, mais mine de rien, vous continuerez à vouloir tenter l’expérience. Un bon conseil, prenez le temps de savourer ce titre, qui en demande certes beaucoup afin de comprendre la technique de survie et surtout de sacrifice (humain), mais procure au final un grand sentiment de satisfaction à chaque passage de chapitre. Une bonne réflexion sur ce que vous vous permettriez de faire face à des situations extrêmes… « Temet Nosce », comme dirait une amie Oracle…

La bande-annonce

Réalisation: 15/20

Avec sa réalisation en PixelArt qui le rapproche des ténors du point & click des années 90, Gods Will Be Watching possède un charme indéniable, c’est certain. De plus, les choix artistiques servent habilement à masquer l’ultra-violence de certaines scènes, empêchant par exemple de voir un arrachage de dent à vif ou un démembrement de façon réaliste… et on ne s’en plaindra pas !

Gameplay/Scénario: 18/20

Parti d’un simple postulat de concours, le scénario du soft a été enrichi mais n’est pas vraiment explosif, hélas. Par contre, le gameplay est très original et l’on n’aura de cesse de trouver la meilleure méthode de survie. Hélas, le manque de sauvegardes risque de nuire à plusieurs joueurs, surtout les occasionnels. Il n’empêche : parvenir à placer un gamer au cœur de choix moraux aussi douloureux mérite vraiment que l’on s’attarde sur le soft.

Bande-Son: 15/20

Malgré la répétitivité de la bande-son liée au fait de faire et refaire sans arrêts les chapitres à force de mourir, musicalement, Gods Will Be Watching est plus que correct. Fingerspit a fait du bon travail avec sa dizaine de titres disponibles. Les bruitages, eux, sont dignes de ce qu’on faisait dans les années 90 pour un côté rétro qui fait plaisir à réentendre.

Durée de vie: 14/20

Si la mort ne vous effraie pas, sachez qu’il est possible de terminer les 6 chapitres en 10 heures, mais cela dépend d’un joueur à l’autre. Comptez par contre pas moins d’une centaine d’heures pour réussir tous les succès/défis, ce qui correspond à recommencer un millier de fois le soft (au bas mot) ! Un très bon rapport/qualité prix mais uniquement si vous persévérez et que vous ne laissez pas vite, trop vite, tomber.

Note Globale N-Gamz.com: 15/20

Si vous ne jouez qu’une heure par jour, je vous déconseille fortement l’achat de Gods Will Be Watching. Par contre, si vous passez plus de temps afin de comprendre la manière dont le système d’empathie fonctionne et que vous n’avez pas peur de perdre plusieurs heures de jeu sans possibilité de sauvegarde, alors le titre de Deconstructeam est fait pour vous ! Original, déroutant, et extrême en tous points, le soft va sérieusement vous faire réfléchir sur l’éthique, les choix moraux irréversibles, et… la vie tout simplement !




About the Author

Devilhawk
Utilisateur de jeux vidéos depuis tout petit (j’ai commencé avec Bubble Bobble et Prince of Persia), je possède actuellement PS3, PSVita et bientôt PS4. Je suis fan de la série Kingdom Hearts, des jeux destructeurs (comme Red Faction et les Lego (si, si!)) et des jeux en coopération. Question cinéma, je me tourne plus vers les films d’horreurs (sauf les slashers) ainsi que les séries à suspens (tel Lost). Je suis également admirateur d’Hayley Williams et de son groupe (Paramore). Sinon je peux être disponible pour des parties multijoueurs aussi bien en coopération qu’en compétition (du moment que ce soit par équipe, j’aime pas le solo).