Review

S’il est un genre qui n’a pas encore été représenté en full 3d sur Next-Gen, c’est bien le Tactical-RPG! Et pourtant, Dieu sait si de nombreux softs d’exception font partie de cette catégorie annexe du jeu de rôle: Final Fantasy Tactics, Disgaea et Vandal Hearts en tête! Kadokawa Games a décidé de réparer ce facheux oubli en nous livrant Natural Doctrine sur… toutes les consoles Sony actuelles (autant cibler large pour que ça se vende un peu, je présume). Place donc à un titre cross-platform qui aurait dû offrir des heures de plaisir aux fins stratèges que nous sommes… mais ça, c’était sur le papier…

De la frustration naît l’envie? Euh… non!

Une fière troupe de mercenaires pour partir au combat… enfin plutôt MOURIR au combat!

« Ami aventurier, ton heure est venue! En tant que Geoff, jeune loup blanc d’un groupe de mercenaires au sein d’un royaume héroic-fantasy comme tu en as toujours rêvé, tu vas devoir occire de l’orc et du gobelin à foison accompagné de Vassily, ton amie d’enfance, Zeke, ton patron, et de la superbe Anka, celle qui t’a engagé pour lui servir de garde du corps! Mais très vite, ton destin va prendre un tournant dramatique… ». Ok, exposé comme ça, on se dit forcément que Natural Doctrine part sur des bases ultra-connues mais devrait proposer une histoire qui prendra de l’ampleur par la suite…

Que nenni! En effet, dans le Tactical-Rpg de Kadowaka Games qui sort sur PlayStation Vita, PlayStation 3 mais aussi sur PlayStation 4, le tournant dramatique n’est clairement pas scénaristique… mais bien dans le gameplay! Nous n’allons donc pas nous éterniser sur les tenants et aboutissants des guerres qui émaillent le royaume, sur les motivations des héros ou des ennemis et j’en passe… vous n’en verrez rien tant le soft vous mettra des bâtons dans la roue pour… vous dégoûter à tout jamais de toucher un Tactical!

Un point positif? Si, si, j’en ai trouvé un!

Trois vues pour appréhender l'action… et aucune pleinement jouable

Natural Doctrine se présente donc sous la forme d’un RPG Tactique typiquement nippon. Personnages clichés qu’il est néanmoins possible de représenter, lors des séquences scénaristiques, par des visuels 2D ou des modèles 3D, déplacements de villes en zones de combats via une plume sur une carte, royaume héroic-fantasy à sauver et troupe de mercenaires au grand coeur (vive les bons sentiments… à bas l’argent! Mouais…). Idem pour l’équipement, qui se contente du minimum syndical avec une arme à porter dans chaque main et deux anneaux de pouvoirs par personnage (n’espérez donc pas porter des armures bien classes…). Rien de neuf, donc.

Question statut, vos personnages gagnent de l’expérience en annihilant du monstre à tour de bras, histoire de monter de niveau et débloquer des points d’aptitudes qui vous serviront à acquérir des coups spéciaux ou des améliorations passives sur un arbre… d’aptitudes (c’est bien, vous avez suivi). Chaque personnage dispose d’une « classe » qui lui est propre (swordsman, battle medic, lapin crétin, euh je m’égare là…) et qui lui octroie entre 3 à 5 « branches » sur l’arbre précité. Ainsi, Geoff pourra maîtriser tous les secrets de l’épée à une main, du flingue, mais aussi du bouclier, des potions et j’en passe, le tout sur neuf niveaux par branche. De quoi augmenter aussi bien votre compteur de vie que de faire déferler des combos à la lame sur vos ennemis, tout en envoyant des grenades le tour d’après. A ce niveau d’ailleurs, Natural Doctrine possède un énorme avantage puisque chaque capacité apprise peut être retirée de votre héros pour en apprendre une nouvelle. De fait, si vous ne parvenez pas à réussir un combat, vous pourrez toujours reprendre vos persos et réagencer complètement leur arbre d’aptitudes pour espérer gagner… si seulement ça suffisait, bien sûr…

CV chez Kadokawa: « A l’aise en groupe + aime prendre des initiatives »

Un exemple d'écran illisible suite à l'augmentation de dégâts géométriques… Si vous retrouvez votre héros, vous êtes fort!

Bon, passons aux choses sérieuses à présent, à ce qui fait le sel de tout bon Tactical-Rpg qui se respecte: le système de combat! Soyons francs, au début ça part plutôt bien. Le terrain de jeu est intégralement en 3D et les déplacements se font certes sur des cases, mais à la taille énorme, de sorte qu’elles peuvent contenir une bonne dizaine d’unités sans broncher, pour autant qu’elles fasssent toutes parties du même camp. De plus, les déplacements à l’intérieur d’une même case sont totalement libres, et le positionnement des unités les unes par rapport aux autres est extrêmement important. Il faudra donc veiller à ce que vos artilliers soient toujours protégés par vos « Tanks ». Afin de mieux appréhender l’action, trois angles de vue sont disponibles: de 3/4, de haut et en vue à la troisième personne. Le souci, c’est qu’aucun n’est totalement jouable et que votre caméra butera fréquemment sur des obstacles, même en vue aérienne.

Mais le plus « amusant » vient sans conteste du nombre de systèmes de jeu que les développeurs ont voulu mettre en place pour que l’on se dise: « Ouah, le gameplay est creusé à l’extrême et la disposition des héros a vraiment une incidence… I’m impressed! ». Croyez-nous, après quelques amères défaites, vous allez surtout être « depressed »! Tout d’abord, les tutos offerts par le soft sont vraiment laconiques. On vous explique, tout d’abord, le système d’augmentation de dégâts entre héros qui, s’ils jouent les uns après les autres en se tenant au sein de formes géométriques imaginaires les plus grandes possibles (ex: faire un triangle avec trois persos très distants ciblant le même ennemi), peuvent voir leurs coups devenir dévastateurs. Le tout est totalement illisible vu que les pourcentages d’augmentation apparaissent… EN TEXTE DEROULANT SUIVANT L’INCLINAISON DES LIGNES TRACEES ENTRE LES HEROS!!! Vous allez donc devoir tourner la tête dans tous les sens pour parvenir à lire quoi que ce soit.

Le système d'initiative, sympa sur le papier, jouera toujours contre vous

Vient ensuite la totale incompréhension avec le système d’initiative et de link. En gros, une barre située au-dessus vous indique l’ordre d’attaque de votre équipe et de vos ennemis. Jusque-là, tout va bien. Le souci, c’est que le jeu décide de donner « l’initiative » à tel ou tel perso ou adversaire. Cette initiative lui permet de faire des liaisons d’attaques avec ses compagnons et de les faire jouer avant tous les autres dans la file d’attente. Dans le tuto, c’est génial car vous pouvez jouer avant tous vos opposants et les décimer sans qu’ils bougent le petit doigt… mais dans la pratique, l’I.A. prend systématiquement l’initiative quand elle veut, et fait jouer cinq à six monstres d’un coup, sans sourciller, et plusieurs fois de suite! Autant dire que votre petit groupe se fait décimer par le simple fait du hasard, sans que vous ne puissiez rien y faire, et que le game over survient sans arrêt puisque la perte d’un seul personnage signifie la fin de partie. Ajoutez à cela un level design qui donne toujours l’avantage à l’ennemi (« Tiens, si je mettais six archers en haut d’une montagne inatteignable« , se dit l’I.A. comme ça, pour déconner!), l’impossibilité de sauvegarder en donjon, les checkpoints ultra éloignés, les jets de dés pour vos attaques qui ratent une fois sur deux, et surtout… le fait que vos héros s’amusent à changer de formation quand ça leur chante et à avancer seuls et automatiquement vers une case qu’ils viennent de nettoyer, et vous comprendrez vite que la frustration va être énorme! Si au moins on perdait par manque de prudence, mais même pas puisque si vous attendez que l’ennemi vienne vers vous, il ne le fera pas. Il s’en fout, il a tout son temps! Et le levelling? Oubliez-le! Après cinq essais réussis dans un donjon facile, il sera bloqué jusqu’à nouvel ordre! C’est sûr, les petits gars de chez Kadokawa détestent le Tactical!

Mes yeux… mes yeux!!!

La réalisation du soft est indigne d'une PlayStation 4, et juste passable sur PS3 et Vita

Que faire de pire avec un système de jeu totalement bancal, horripilant et poussant carrément à l’immolation de sa console? Une réalisation honteuse, tout simplement. Couleurs fades, modélisation des personnages dignes d’une PS3 en début de vie, effets spéciaux inexistants, textures grossières et animations rigides à souhait… pour le premier jeu de rôle tactique sur Next-Gen, on repassera. Par contre, le constat peut s’avérer passable sur Vita et PlayStation 3, sans plus.

Au rayon musique, les compositions mixant électro, violon et coeur tribaux sont assez sympathiques et proposent une vraie atmosphère ésothérique, c’est un fait. Les bruitages, par contre, sont totalement anecdotiques. On aurait apprécié, pour les voix, le choix entre doublage anglais ou japonais, mais seule la langue de Shakespeare est disponible, et les acteurs ne semblent pas du tout impliqués dans leur rôle.

Le Dark Souls du Tactical-RPG? Tu plaisantes!

Exit toute stratégie quand l’ennemi a toujours, « chanceusement », trois coups d’avance sur vous!

Alors que Natural Doctrine aurait dû être un vrai bon Tactical-RPG nippon comme on les aime, même sans tirer parti des énormes capacités de la PlayStation 4, nous voici avec un soft typé « hardcore » qui n’en est pas du tout un! En effet, si des jeux comme Dark Souls, par exemple et dans un genre différent, peuvent se targuer de proposer une difficulté énorme, ils ne prennent jamais le joueur en otage au travers d’un système de jeu incompréhensible qui ne vous permettra de gagner qu’une fois sur vingt… si vous avez la baraka avec vous! Exit toute stratégie quand l’ennemi a toujours, « chanceusement », trois coups d’avance sur vous et l’avantage du terrain, sans parler des jets de dés pour les attaques qui terminent toujours en votre défaveur, de vos héros qui n’en font qu’à leur tête niveau formation, des monstres surpuissants qui apparaissent si vous avez le malheur de vouloir explorer la zone et j’en passe. Rien, et je dis bien RIEN n’est fait pour aguicher le gamer dans Natural Doctrine. Tout au plus peut-on saluer sa chouette bande-son, son statut cross-console et les bases d’un système de jeu qui partait bien… avant de déraper!

Le Vidéo-Test par Neoanderson

Réalisation: 8/20

Si le constat est passable sur PS3 et sur Vita, il en est tout autrement pour la version PlayStation 4 au vu de sa puissance. Proposer, à l’heure actuelle, un jeu graphiquement aussi terne, des animations aussi rigides, des textures aussi peu travaillées et des effets spéciaux dont même After Effects ne voudrait pas dans sa gammes de base est tout simplement honteux.

Gameplay/Scénario: 04/20

N’espérez pas en voir beaucoup niveau scénario, le gameplay aura tôt fait de vous achever avant que vous ayez entraperçu l’intrigue (qui de toute façon est générique au possible). En effet, la jouabilité est incroyablement mal pensée, vous gavant de systèmes de jeu tous plus indigestes les uns que les autres car trop mal expliqués et surtout mal agencés dans la pratique. Le level-design, quant à lui, fera toujours en sorte de donner l’avantage à vos opposants, pour une frustration maximale impossible à pallier avec un quelconque levelling. Enfin, un mode multi permettant de créer ses propres combats et de jouer en co-op ou versus est présent… mais vous n’y mettrez jamais les pieds car il est désespérement vide de gamers.

Bande-Son: 12/20

L’un des rares points positifs du soft. Les musiques sont agréables à entendre, les nappes sonores travaillées, et l’atmosphère bien présente. Les bruitages et les voix sont, malheureusement bien plus anecdotiques, sans parler de l’absence totale du doublage japonais!

Durée de vie: 06/20

Si, d’un point de vue heures de jeu, la durée de vie est convenable pour peu qu’on réussisse toutes les missions du premier du coup, sachez que cela est tout bonnement impossible! Du coup, vous lacherez le titre au bout de cinq à six heures environ, ce qui fait un peu chiche pour ce qui se vante d’être un Tactical-RPG hardcore!

Note Globale N-Gamz.com: 7/20

On y croyait, à ce Natural Doctrine, on y croyait! Au vu de la présentation des différentes règles de combat, de la stratégie omniprésente qui était l’argument majeur de vente et de son statut de cross-console, on voulait vraiment se dire qu’on tiendrait une petite perle du Tactical-RPG nippon. Hélas, les tutos trop vite expédiés, le gameplay brouillon qui laisse une trop grosse part à la chance et la frustration que va très vite engendrer le soft même chez le joueur le plus puissant fait du jeu de Kadokawa Games un titre à éviter absolument. Vous voulez de la difficulté ou du gameplay? Disgaea 4 pour le tactical et Dark Souls 2 pour le RPG, voilà notre conseil avisé!



About the Author

Neoanderson (Chapitre Sébastien)
Hardcore gamer dans l'âme, la quarantaine depuis peu, je suis le rédacteur en chef autant que le rédacteur de news et le vidéo-testeur de ce site (foncez sur la chaîne YouTube d'ailleurs). Amoureux des RPG nourri aux Final Fantasy, Chrono Trigger, Xenogears et consorts, je suis également fan de survival/horror. Niveau japanim, je voue un culte aux shonens/seinens tels que Ga-Rei, L'Ile de Hozuki, Orphen, Sprite ou encore Asebi. Enfin, je suis un cinéphile averti, orienté science-fiction, fantastique et horreur, mes films cultes étant Star Wars, Matrix, Sucker Punch, Inception et Tenet. N'hésitez pas à me suivre via mon Facebook (NeoAnderson N-Gamz), mon Twitter (@neo_ngamz) et mon Instagram (neoandersonngamz)!