Review

Le Visual Novel a décidément la cote ces derniers temps ! Après avoir envahi nos consoles portables avec des 999 et Virtue’s Last Reward (en test ici) au scénario plus que malsain, puis intégré nos salons grâce à des œuvres telles que Hakuoki, voici qu’un autre ténor de ce genre vidéoludique si particulier débarque chez nous en la personne de Danganronpa 2 : Goodbye Despair. Mix improbable mais tout bonnement jouissif entre Phoenix Wright, le précité Virtue et un bad trip au cannabis, le dernier-né de Spike Chunsoft va vous montrer jusqu’où la psyché humaine peut aller pour survivre… Attention, vous ne reviendrez pas intact de ce voyage au bout de l’enfer intérieur !

L’île de la Tentation… meurtrière !

Un séjour sur une île paradisiaque qui tourne au cauchemar!

Quand Hajime Hinata, notre héros, intègre la prestigieuse Hope’s Peak Academy, il se voit déjà en train d’étudier, de rigoler, voire même de draguer avec l’élite de la nation, appelée « Ultimate » ou autrement dit les hommes et femmes qui dessineront le futur mondial, chacun excellant dans un domaine particulier tel que la photographie, la cuisine, les soins, la prise de décision ou encore… la mafia ! Mais à peine est-il entré dans cette prestigieuse institution que tout devient flou dans son esprit. A son réveil, il se trouve sur une île coupée du monde : Jabberwock Island, avec quinze autres camarades de classe. Si au départ, et sous la houlette de la lapine (oui, oui, vous avez bien lu !) mécanique Usami, tout semble tourner comme un voyage de classe bizarroïde destiné à faire naître en vous un esprit d’équipe inaltérable, le rêve tourne hélas très vite… au cauchemar !

En effet, dès l’arrivée de Monokuma, le double maléfique d’Usami et accessoirement Directeur de la Hope’s Peak Academy, le ton change radicalement. L’île est plongée dans l’obscurité, et tout moyen de sortie est rendu inaccessible par de féroces méchas au look d’animaux ancestraux. Un seul moyen pour vous évader : participer au jeu télévisé plus que malsain organisé par votre hôte. Les règles sont simples : une seule personne quittera l’île, celle qui aura tué l’un de ses camarades de classe sans qu’on le soupçonne ni ne l’accuse lors du procès qui se tiendra juste après le meurtre. Ainsi, à la fin de ce procès, l’ensemble de votre classe est soumis au vote pour élire un coupable. La majorité l’emportant, deux cas de figure sont possibles : soit la personne désignée est effectivement le meurtrier, auquel cas il est exécuté dans d’horribles souffrances et le jeu continue, soit le choix est mauvais, et c’est toute la classe qui est trucidée, le vrai coupable repartant de l’île libre comme l’air. Un principe tout bonnement génial qui va rapidement conduire à une méfiance hautement dangereuse.

Objection !

A vous de récupérer un maximum d’indices pour le procès

Danganronpa 2 se divise en trois phases bien précises. Le free-time, tout d’abord, durant lequel vous êtes libre d’explorer l’île comme bon vous semble, notamment pour faire grandir un animal virtuel de compagnie greffé au terminal informatique portable légué par Monokuma (qui sert également de recueil pour tous les indices, d’infos sur les persos, etc…), mais aussi retrouver tous les tags du lapin/ourson maléfique histoire de récupérer de l’argent, utile pour acquérir des présents à donner à vos camarades. Dans quel but ? Tout simplement pour augmenter votre pourcentage d’affinités avec eux, évalué via des Hopes Stones (6 par perso) qui vous permettront d’obtenir des capacités innées lors du procès, mais j’y reviendrai.

La seconde phase a lieu juste après qu’un meurtre ait été commis. Il s’agira alors d’enquêter dans des scénettes en 3D afin de récolter un maximum d’indices. Interrogez tout le monde, regardez chaque recoin, faites les recoupements qui s’imposent afin d’engranger un maximum d’arguments (ou Truth Bullets) qui vous seront utile durant le procès. Ces phases sont clairement les plus importantes du soft, car votre héros et son acolyte Nagito (dont la grande caractéristique est d’être « L’Ultimate Lucky » ou super chanceux si vous préférez) feront de nombreuses réflexions intérieures qui vous mettront sur la voie du tueur.

It’s time for Class Trial !

Des mini-jeux feront office de mécanismes d’accusation ou de défense

Une fois tout ou partie des preuves inspectées et analysées, place au Procès, le fameux Class Trial, qui va vous opposer à vos camarades de classe. Ici, plusieurs « mini-jeux » feront office d’argumentaire ou contre-argumentaire. Ainsi, vous aurez par exemple des phrases émises par vos amis, qui tourneront en boucle, cherchant à trouver la vérité sur le meurtre, jusqu’à ce vous « tiriez » sur une contradiction avec un Truth Bullet (balle de vérité) gravée au nom d’un des indices que vous avez recueillis. A vous d’opter pour le bon projectile, au bon moment, afin d’avancer dans le déroulement du procès, chaque erreur faisant diminuer drastiquement la jauge de confiance que les autres personnages ont envers vous. Si elle atteint zéro, c’est vous qui serez accusé ! Autre mini-game : le découpage de phrases émises par un seul et unique opposant, dans leur sens d’apparition (horizontal, vertical, oblique) afin de l’empêcher de parler pour ensuite lui asséner une bonne contre-vérité « IN HIS FACE, MAN ! ». On termine même par un jeu de rythme histoire de mettre à mal les dernières défenses de votre prétendu coupable !

Bref, si l’on ajoute à cela les déductions faites par Hajime en son fort intérieur, un timer qui vous emmène au game over s’il atteint zéro mais que vous pourrez renflouer en effaçant des phrases parasites (on vous rassure, rien de punitif, vous reviendrez à la dernière phase de procès durant laquelle vous avez perdu vos moyens) et des skills permettant de ralentir le temps, de conserver plus de confiance, de déceler plus efficacement les points faibles des débatteurs et j’en passe, vous comprendrez que ce Class Trial est jubilatoire à souhait et n’a rien à envier à un Phoenix Wright en termes d’écriture, loin de là ! De plus, chaque procès victorieux est couronné d’une note de fin qui vous octroiera de précieux deniers… que vous pourrez utiliser en free-time. La boucle est bouclée pour ce huis-clos démesurément sordide !

Un portage PSP pas si paresseux que ça

La patte artistique du soft est reconnaissable entre mille

A la base, Danganronpa 2, qui nous vient de la PSP, fait déjà partie d’un genre qui n’envoie pas du lourd en termes de graphismes haut de gamme bourrés d’effets spéciaux et de détails (particules, poussière, gestion volumétrique du ciel ou de la brume). Certes, le Visual Novel mise beaucoup sur ses artworks pour dessiner son ambiance, mais ce n’est pas le cas du soft de Spike, qui a choisi de mêler astucieusement incrustations 2D de personnages dans des décors en 3D dont il est possible de changer l’angle de vue. Le tout donne un résultat unique, totalement décalé et à milles lieues du sérieux froid et impersonnel d’un Virtue’s Last Reward, par exemple. De plus, les environnements, même s’ils sont constitués d’une modélisation sommaire, jouissent d’une réelle profondeur, et les quelques ajouts comme les rayons de soleil qui se reflètent sur votre écran apportent un peu plus d’immersion à l’ensemble visuel totalement barré.

Niveau bande-son, le soft nous propose des musiques bien loufoques lors des apparitions de Monokuma, mais également des nappes sonores très glauques durant la découverte d’un corps, et bien stressantes pour les procès. Bref, aucune fausse note, d’autant qu’une grosse partie des textes est doublée en anglais de fort belle façon (la totalité en procès, mais en free-time, vous aurez aurez le plus souvent droit à la première partie de la phrase, genre : « What ! » ou « Oh no ! »). Attention cependant, le soft est totalement dans la langue de Shakespeare, et vu les pavés de texte qu’il faut ingurgiter par endroits, vous avez intérêt à revoir vos cours de base !

Range ce couteau, je te dis…

En mélangeant agréablement histoire sordide, fantastique et gestion des liens de groupe à la Persona, aux mécaniques de jeu d’un Phoenix Wright, Danganronpa 2 réussit un pari hautement difficile : celui d’être sans conteste l’un des Visual Novels les plus intéressants et immersifs jamais conçus, le tout offrant une jouabilité bien moins statique qu’escomptée, des personnages hauts en couleurs, et surtout un côté décalé totalement en contradiction avec le sérieux des meurtres. Une dualité entre Espoir et Désespoir ou encore Confiance et Trahison qu’il faut absolument avoir goûté une fois dans sa vie de gamer, allergique au genre ou pas !

Le Vidéo-Test par NeoAnderson

Réalisation: 16/20

Le design des personnages est atypique à souhait, chacun semblant avoir été dessiné par un mangaka différent. Les scénettes illustrées sont propres, la 3D employée pour se balader sur l’île est certes basique mais bénéficie de petits effets très sympas comme la gestion des rayons de soleil, bref du bon boulot. Mention spéciale à l’incrustation 2D des personnages dans les décors, qui leur donne un côté « figurine » assez original.

Gameplay/Scénario: 19/20

L’histoire est absolument diabolique, avec des meurtres parfois très alambiqués à résoudre, des amitiés qui volent en éclat, des retournements de situations rarement prévisibles et une narration maîtrisée de bout en bout. Le gameplay, quant à lui, se montre plus « actif » que dans de nombreux Visual Novels, et les phases de procès sont bien stressantes à jouer, même si l’on déplore que les fausses pistes que l’on emprunte ne soient pas assez « punitives » pour le joueur.

Bande-Son: 19/20

La musique suit à bonheur l’action, même durant les phases d’apparition totalement barrées de Monokuma. Et que dire des procès, où elle se montre oppressante à souhait, mettant en exergue chacune de vos déductions logiques. Le doublage en anglais, lui, est une merveille à entendre et vous plongera de suite dans l’ambiance sombre et morbide du soft.

Durée de vie: 17/20

Le titre peut se boucler en un peu plus d’une quinzaine d’heures si vous tracez, une bonne vingtaine si vous recherchez tous les sosies de Monokuma et tentez de vous lier d’amitié avec le plus de personnes pour augmenter votre nombre de Hope Stones. Signalons également trois modes de difficulté, à la fois pour l’enquête ET pour les mini-jeux lors du procès.

Note Globale N-Gamz.com: 18/20

Danganronpa 2 m’a définitivement réconcilié avec les Visual Novels, rien que ça ! Avec son histoire absolument incroyable, ces meurtres diaboliques, ses phases de procès qui vont à 200 à l’heure et son design unique, le titre de Spike Chunsoft a déversé en moi un torrent d’émotions comme la colère, la tristesse, la mélancolie, mais aussi la joie de résoudre une affaire compliquée, la satisfaction d’avoir trouvé LE coupable et surtout l’espoir… de retrouver un jour un autre soft du type qui me marque aussi fort que celui-ci. Si vous ne deviez avoir qu’un seul jeu d’enquête sur Vita, c’est ce Danganronpa 2 : Goodbye Despair !


pub



About the Author

Neoanderson (Chapitre Sébastien)
Hardcore gamer dans l'âme, la quarantaine depuis peu, je suis le rédacteur en chef autant que le rédacteur de news et le vidéo-testeur de ce site (foncez sur la chaîne YouTube d'ailleurs). Amoureux des RPG nourri aux Final Fantasy, Chrono Trigger, Xenogears et consorts, je suis également fan de survival/horror. Niveau japanim, je voue un culte aux shonens/seinens tels que Ga-Rei, L'Ile de Hozuki, Orphen, Sprite ou encore Asebi. Enfin, je suis un cinéphile averti, orienté science-fiction, fantastique et horreur, mes films cultes étant Star Wars, Matrix, Sucker Punch, Inception et Tenet. N'hésitez pas à me suivre via mon Facebook (NeoAnderson N-Gamz), mon Twitter (@neo_ngamz) et mon Instagram (neoandersonngamz)!