Review

Plus de 20 ans après sa première excursion au sein du château des illusions, sur Megadrive, Mickey décide de remettre ça cette année. Comme toute star vieillissante, la souris se paie le luxe d’un ravalement de façade complet, façon HD. Lifting réussi ou désastre chirurgical ?

Mizrabel a les yeux bleus

Le château se parcourt désormais à la manière de celui de Super Mario 64

Une dulcinée enlevée par une vilaine sorcière en quête de jeunesse éternelle et 7 joyaux à récupérer en parcourant un château, constitué de différents univers, pour ouvrir la voie vers l’antre de l’affreuse. Ne s’embarrassant pas de chichis, la trame reprend à la lettre les éléments qui constituaient la base du Castle of Illusion originel, cette fois renforcés par la voix chaleureuse, et en anglais sous-titré, d’un narrateur (désactivable dans les options, pour les moins réceptifs).

Si le fond n’a pas changé, les développeurs de Sega Studios Australia, chapeautés par  Emiko Yamamoto, responsable de l’opus original, ont mis les bouchées doubles pour offrir un vrai changement sur la forme, et pas uniquement au niveau des graphismes.

Remake impecc’

Notre valeureuse souris devra donc traverser 5 mondes aux thématiques variées (forêt, monde des jouets, …), chacun composé de deux niveaux et d’un boss. Première nouveauté frappante de cette cuvée 2013 : la sélection des niveaux. Autre fois cantonné à une petite cut scene voyant Mickey passer d’une salle à l’autre, le château se laisse désormais parcourir en 3D, comme dans Super Mario 64.

La refonte graphique est une réussite

De manière générale, le gameplay se déroule sur un plan en 2D avec des graphismes en 3D. Les puristes auront beau cracher leur haine sur ce choix, objectivement, on ne pourra qu’applaudir le pari esthétique des développeurs, chaque environnement étant un régal pour la vue. Les détails abondent et certains niveaux dégagent une atmosphère incroyable (à l’image d’une traversée en territoire fantôme magnifique). L’animation, déjà le point fort de la version Megadrive, n’est pas en reste. Il suffit d’observer les champignons ennemis se dodeliner gaiement pour s’en convaincre.

Même constat niveau bande-son : signée Grant Kirkhope, ancien de chez Rare ayant officié entre autres sur Banjo et Kazooie (quand on vous dit que ce jeu suinte la nostalgie!), la bande originale remanie avec bonheur les thèmes d’origine et renforce toujours plus l’immersion dans cet univers enchanteur et tellement représentatif des vieux Disney. Notons qu’il est possible de sélectionner la partition originale, bonus sympathique pour les plus mordus, même si la qualité de la réorchestration suffira certainement à les convaincre.

Maxi plaisir, Minnie contenu

Si le gameplay est évidemment similaire à l’original, on notera tout de même l’ajout de phases en 3D qui permettent de varier les situations, comme un parcours sur des cartes qui se dérobent dans un chapeau de magicien. Si ces phases sont bienvenues et en général plutôt brèves (voire optionnelles), elles sont quelque peu parasitées par des sauts imprécis, l’ombre sous le héros n’étant par moments pas assez en évidence pour permettre de connaître exactement son point de chute. Et puisqu’on parle d’imprécision : durant les premières minutes de jeu, vous risquez de pester contre la maniabilité plutôt « flottante », défaut pourtant absent de la mouture 16 bits, qui empêche de maîtriser parfaitement la trajectoire du personnage, surtout lorsqu’il doit atterrir sur de petites surfaces.

Quelques passages en 3D font leur apparition

Un petit temps d’adaptation sera donc nécessaire avant de pouvoir enchaîner les sauts d’ennemis en ennemis afin d’atteindre des hauteurs apparemment inaccessibles, mais cela devient vite une seconde nature. Notons d’ailleurs que contrairement à l’original, une nouvelle pression en cours de saut ne sera pas nécessaire pour vaincre les ennemis. Le genre de petits détails qui perturbera les vieux de la vieille.

Vous l’aurez compris, ce remake a bénéficié d’une attention toute particulière pour plaire à la fois aux néophytes et aux vieux briscards. Les développeurs ont en effet revu la difficulté à la baisse et supprimé tout choix de mode de difficulté, si bien que l’on ne tombera que très rarement à court de vies. Résultat : le jeu a beau être plus long que l’original, il ne vous prendra que 2 petites heures pour délivrer votre douce Minnie des griffes de Mizrabel. Vous pourrez ensuite parcourir à nouveau les environnements en mode contre la montre tout en recherchant  divers objets (cartes, piments, …) débloquant de nouvelles tenues pour Mickey ainsi que des statues représentant les boss dans le hall du château, mais cela ne vous occupera pas des heures durant. On déplorera également l’absence du jeu d’origine en bonus, réservé aux précommandes. Ou comment nous rappeler durement qu’on est bien en 2013.

Disney, c’est gagné ?

Adorable et respectueux de l’œuvre originale tout en osant s’en affranchir quand il le faut, ce remake de Castle of Illusion aurait pu faire figure d’indispensable et de porte-étendard de cette vague retro qui nous a également fait parvenir Ducktales Remastered il y a quelques semaines, si seulement son contenu n’avait pas été aussi chiche. Aussi agréables soit-elles, ces deux heures de jeu donnent un arrière-goût de trop peu fort dommageable. Sega, c’est quand vous voulez pour World of Illusion !

Le vidéo-test de la version originale

Réalisation: 15/20 

Joli, coloré, gorgé de détails et doté de belles animations, le jeu rend admirablement hommage à l’univers du soft d’origine. Par contre, quel dommage d’avoir utilisé une intro et une conclusion en images fixes plutôt cheaps, qui tranchent désagréablement avec le soin apporté au reste de la partie visuelle.

Gameplay/Scénario: 15/20  

Préservant le gameplay de l’original tout en l’agrémentant de passages en 3D pas désagréables, Castle of Illusion  est efficace de bout en bout, malgré quelques petits soucis de jouabilité qui viennent gâcher les premiers contacts avec le jeu. Quant au scénario, il ne change pas d’un pouce, et on ne lui en demandait pas plus.

Bande-Son: 16/20   

Réorchestrant de manière magistrale l’excellente bande-son 16 bits, l’ex-Rare Grant Kirkhope parvient sans mal à mettre le joueur dans une ambiance enchanteresse et à éclipser l’envie de passer  aux morceaux originaux, disponibles dans le menu principal. Idem pour le reste de l’environnement sonore, qu’il s’agisse du narrateur (désactivable dans les options) ou des effets sonores.

Durée de vie: 08/20 

Tablant sur deux petites heures en prenant plus ou moins son temps, le jeu est désespérément court, même en s’évertuant à récolter tous les bonus disponibles. Pour 15 euros, l’addition pourra paraître salée.

Note Globale N-Gamz.com: 14/20 

Attachant, remarquablement efficace et rendant un bel hommage au Castle of Illusion de 1990, le jeu ne pèche véritablement que par un manque handicapant de contenu, qui nous empêche de le recommander à tout prix. On n’en reparlera peut-être donc pas dans 20 ans, mais applaudissons tout de même des deux mains le travail accompli par Sega Studios Australia, dont ça sera malheureusement la dernière œuvre. RIP, et merci.



About the Author

Guib
Accro (mais sainement ; et oui, amis journalistes, c’est possible) aux jeux vidéo depuis le jour où j’ai reçu ma Super Nintendo accompagnée de Super Mario All Stars à l’âge de 6 ans, je suis passionné par les jeux de plate-forme, mais pas uniquement. Peu importe le genre, je suis surtout intéressé par les titres qui ont une âme et qui dégagent une réelle personnalité. Quelques-uns de mes jeux cultes : Yoshi’s Island, Beyond Good & Evil, Ico et les jeux Rockstar (oui, ça tranche avec le reste mais ces gars-là m’ont rarement déçu). J’ai aussi une petite faiblesse moins avouable pour les jeux nanars descendus par la plupart des testeurs, mais chut. Etant fan de cinéma fantastique et écrivant depuis quelques mois des critiques de films, j’ai eu envie de me diversifier et de me lancer dans le test de jeux vidéo, et me voilà !