Review

S’il est un héro de manga qui défie le temps et les générations, c’est bien le capitaine Albator. Ce personnage fut créé par le grand Leiji Matsumoto en 1969 et est intervenu dans pas moins de 11 animés, soit 2 films, 3 séries d’OAV et 6 séries télévisées! Il revient dans un film d’animation 3D réalisé par Shinji Aramaki, pour une odyssée profondément sombre et adulte où les thématiques entourant le héro mythique sont poussées à l’extrême. C’est donc sous le titre « Albator, Corsaire de l’Espace » que le célèbre pirate balafré entre dans la légende. Parés au décollage?

Il revient, le Corsaire de l’Espace!

L’équipage de l’Arcadia: Yattaran, Meemay, Albator/Harlock, Yama et Yuki/Nausicaa

Une grande guerre a eu lieu entre les terriens et les humains exilés dans l’espace, suite à laquelle la terre a été transformée en sanctuaire intouchable par la Coalition Gaïa. Ce groupe mi-religieux, mi-politique règne désormais en maître sur tout l’univers et considère Albator et son équipage comme des terroristes alors que l’humanité dépérit aux quatre coins de la galaxie. Le jeune Yama parvient à se faire engager à bord de l’Arcadia pour en assassiner le capitaine. Mais sa résolution ne tarde pas à vaciller et il se retrouve tiraillé entre les ordres donnés par son général de frère et la loyauté qu’il ne peut s’empêcher de développer envers ses nouveaux compagnons. Seule la découverte de terribles vérités pourront lui permettre de choisir son camps en son âme et conscience et par là-même… son destin.

Au fur et à mesure que le temps passe, Albator s’assombrit. Les enjeux généraux et les scénarios parfois délicieusement alambiqués de Leiji Matsumoto restent fidèle aux origines, mais le personnage en lui-même et les épreuves qu’il affronte ne cessent de s’obscurcir. C’était déjà très nettement visible dans la série d’OAV « Captain Harlock, endless odyssey ». Mais ce processus atteint son paroxysme dans ce nouveau film. Exit donc les jolies sylvidres, la mignonette Stellie ou les maquettes de Yattaran. Ici, on joue dans la cour des grands. Et bon sang que c’est passionnant!

Albator face à une petite fleur qui incarne tout l’espoir de l’humanité

Albator perd son sang-froid légendaire pour devenir totalement humain. Humain et fatigué. Et paradoxalement sa légende s’en trouve renforcée. Saluons d’ailleurs le grand coup de génie du film: reléguer le capitaine au second plan de l‘histoire, le fondre dans l’obscurité quasiment chaque fois qu’il apparaît; de ce fait son ombre plane littéralement sur le film, accentuant encore la puissance du final.

On met également Ramis/Daiba au rencard, au profit de Yama, qui en est un équivalent bien plus complexe et torturé. Et donc forcément plus intéressant. L’Arcadia est désormais un vaisseau inquiétant à la structure menaçante -proche du style de H.R. Giger- portant le poids d’une véritable malédiction. La critique des politiciens est bien plus virulente que dans les autres récits. Et les enjeux ne traitent plus de conquête mais bien du seul choix possible entre l’anéantissement ou la renaissance. On se retrouve donc en face d’une oeuvre qui est à l’image de son instigateur ou du public qui lui est fidèle depuis 44 ans: un film mature.

L’Arcadia, plus inquiétant et magnifique que jamais!

Pour réaliser ce long métrage, Aramaki a renoncé à l’animation de type traditionnel au profit d’une splendide animation de synthèse qui file un gros coup de vieux aux animés de « Final Fantasy ». Les textures sont magnifiquement rendues, les combats spatiaux semblent réels, les protagonistes perdent leurs caractéristiques exagérées pour gagner en réalisme et les décors sont somptueux. Qui plus est, cela vaut vraiment la peine de s’offrir la séance en  3D, car celle-ci est de tout premier ordre, ajoutant encore à l’ampleur épique de l’histoire. Et tout ce superbe emballage se voit enrubanné par une musique absolument envoûtante de Takahashi Tetsuya. Le résultat est tout bonnement titanesque. Aramaki est tout sauf un débutant puisqu’on lui doit entre autres les Appleseed. Mais ce qu’il nous offre ici peut facilement être qualifié de nouveau fleuron de l’animation car « Albator, Corsaire de l’Espace » dépasse techniquement tout ce qu’on a vu jusqu’ici!

Il est bien regrettable que certains n’aient pas su apprécier ce monumental spectacle puisque c’est sans nul doute la meilleure adaptation que ce personnage ait jamais connue. Un space-opéra aussi sombre et puissant qu’épique et émouvant porté par tout l’amour et le désespoir que l’humanité inspirent au génial Matsumoto. Une ode à la renaissance par-delà les mensonges et les regrets qui vous emporte corps et cœur. Et un cadeau inestimable à tous les fans du célèbre pirate de l’espace. Alors n’attendez plus et rejoignez l’équipage de l’Arcadia au nom de la liberté!

Note Globale N-Gamz: 5/5

LA BANDE-ANNONCE

LE FAN TRAILER



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Almathea
Recette de l'Almathea. Prenez 30 années à regarder, aimer et défendre la japanimation. Mélangez avec autant d'années de cinéphilie orientée vers le fantastique et l'horreur. Ajoutez une pincée de cosplay, une bonne louche d'attrait pour le yaoi plutôt pas mignon, 200 kilos de mangas et un grand zeste de vampires. Enfin, faites mijoter le tout dans une casserole de regard critique sur le monde pendant au moins 37 ans. Bon appétit :D Mes opinions ne sont pas universelles, aussi ne serons-nous pas toujours d'accord. Mais je suis toujours partante pour un débat constructif dans la bonne humeur. Alors n'hésitez pas ;)