Review

Dans l’imaginaire collectif, le vampire fait figure de créature insaisissable, redoutable et capable de semer la mort sur sa route. À voir leur bébé, les créateurs de Dark en ont une vision tout autre…

Eric peine

Même les victimes semblent s'ennuyer ferme

Le jeune Eric Bane a un mal de tête épouvantable. Titubant dans une boîte de nuit, dont la playlist est apparemment constituée d’un seul et même morceau (pensez à du Kylie Minogue version « l’électro gothique pour les nuls »), incapable de se souvenir de ses dernière heures, le gaillard a mauvaise mine.  Il apprendra vite qu’il a été changé en vampire par on-ne-sait-qui, et que la seule solution pour ne pas finir en goule sans âme est de sucer le sang de son géniteur avant le lever du soleil ou, faute de mieux, celui d’un vampire suffisamment âgé.

Voilà. Ce contexte, Dark vous l’expédie en 10 minutes top chrono, juste le temps de s’acclimater à son héros fadasse et inexpressif (il faut le voir accepter mollement et immédiatement sa condition de mort-vivant), ainsi qu’avec son univers cliché au possible, paresseusement inspiré du mythique Vampire la mascarade : Bloodlines. Et étrangement, l’amateur de nanars se dit alors qu’il est peut-être face à une œuvre peu inspirée, bête comme ses pieds mais probablement appréciable à condition de mettre la plupart de ses espérances au placard. Monumentale erreur.

Dark fadeur

Voici Eric Bane, monstre de charisme et vampire le plus faible de la planète jeu vidéo

Misant sur un style cartoon en cell shading pour masquer ses carences techniques, Dark peine bien à tromper son monde. L’artifice graphique permet certes de limiter un minimum les dégâts, mais il suffit de lancer le didacticiel pour se rendre compte que le soft semble afficher des mois, voire des années de retard. Animations rigides, bugs de collision, script qui tarde à se lancer, la liste est longue. Le jeu ne se contente donc pas d’être juste dénué de personnalité : il est moche, purement et simplement, et la patte graphique n’y changera rien.

Rien de bien enthousiasmant à aller chercher du côté sonore également. Entre les doubleurs peu concernés (on les comprend), les figurants/ennemis mal choisis dont les répliques tournant en boucle mettront les nerfs du joueur à rude patience et les effets sonores manquant de punch, rien ne viendra porter secours à une réalisation qui en avait pourtant désespérément besoin. Reste le gameplay…

Pire of the dark

Parlons-en, de ce gameplay. Contrairement aux graphismes, ce ne sont pas quelques années qui le séparent des productions actuelles, mais facilement une décennie. Dark se définit comme un jeu d’infiltration pure, mais ne s’en donne absolument pas les moyens. Le plus gros problème vient de l’intelligence artificielle des ennemis, quasiment inexistante. Soit totalement amorphes même lorsque votre présence est évidente, soit exagérément réactifs. Vu les capacités du héros, vous prierez vite pour ne tomber que sur des gardes appartenant à la première catégorie…

Vous ne rêvez pas, sa main dépasse bien de sa cachette. Quel as de l'infiltration, cet Eric Bane!

En effet, les personnages auront beau répéter sans cesse à Eric à quel point il devient balèze, l’illusion ne prend pas : on a rarement vu vampire aussi faiblard. Pas foutu de se prendre trois balles dans le buffet sans succomber à ses blessures ou de simplement enjamber un muret (oubliez la touche de saut, elle n’existe pas), le « héros » fait franchement peine à voir, et encore plus à manœuvrer. Huit pouvoirs sont heureusement là pour changer la donne, mais là encore, n’espérez rien de bien transcendent. Prenons par exemple le bond obscur, proche du blink de Dishonored, qui ne sert pratiquement à rien avant d’avoir été amélioré au maximum (le jeu comportant une minuscule composante RPG), à moins que vous téléporter à 5 petits mètres en faisant un boucan d’enfer vous paraisse comme une option sensée…

Au final, les niveaux se résument donc à ce schéma presque inamovible : je chope un ennemi, puis un autre, jusqu’à ce qu’un de ses potes me repère. Je me mets à l’abri (quand la maniabilité calamiteuse me permet de me mettre à couvert), j’attends qu’il s’approche bêtement de moi et hop, je le tue. Pareil pour ses congénères les plus courageux/stupides. Quant aux autres, ils s’en iront après quelques secondes en beuglant qu’ils finiront par vous débusquer. Ne reste plus qu’à répéter ce déroulement ad nauseam. Passionnant, sans l’ombre d’un doute.

Sang contrefaçon

Inutile de continuer à s’acharner sur Dark : vous l’aurez compris, le soft ne dispose d’aucun atout susceptible de plaire au joueur le plus masochiste, d’autant plus qu’il se paie le luxe d’être vendu à prix plein. Méfiance, amis joueurs : il n’y a pas que le sang qu’on essaie de vous pomper dans la douleur.

Le Vidéo-Test par Neoanderson

Réalisation: 8/20

Le cell shading ne parvient pas à faire oublier les graphismes dépassés et la technique à la ramasse, mis au service d’un univers sans âme.

Gameplay/Scénario: 5/20 

« Infiltration ratée » : voilà comment on pourrait définir le gameplay de Dark. Avec son IA risible et imprévisible, sa maniabilité hasardeuse qui rend douloureux le moindre passage de couverture en couverture et son level design pas du tout adapté aux capacités limitées du personnage, le jeu est un véritable calvaire à parcourir. Le scénario, convenu au possible et mis en scène maladroitement, ne fait rien pour motiver les foules.

Bande-Son: 9/20

La bande-son est en phase avec le reste et se révèle donc d’une grande médiocrité. Les doubleurs sont peu motivés et forcément peu convaincants, quand ils ne sont tout simplement pas très mal choisis, les effets sonores manquent de punch et la musique s’oublie immédiatement une fois la console éteinte, exception faite du morceau « électro goth pour pouffes » qui passe en boucle dans la boîte de nuit qui sert de point de départ à chaque mission.

Durée de vie: 10/20

Le jeu vous prendra entre 6 et 7 heures de votre temps pour être bouclé, en sachant que certains niveaux présents assez tôt dans le jeu (la difficulté étant très mal calibrée) demanderont à être recommencés encore et encore, peu importe votre habileté au pad. Il faudra énormément de patience pour en voir le bout, et mis à part le testeur consciencieux ou le pauvre pigeon soucieux de rentabiliser son achat, on ne voit pas qui sera assez frappadingue pour vouloir s’infliger la totalité de la chose.

Note Globale N-Gamz.com: 5/20

Moche, dénué de tout véritable intérêt et proposé à un prix tout bonnement scandaleux par rapport à son contenu, Dark est l’équivalent vidéoludique de la saga Twilight : un massacre honteux du mythe vampirique, trop déprimant pour être drôle.



About the Author

Guib
Accro (mais sainement ; et oui, amis journalistes, c’est possible) aux jeux vidéo depuis le jour où j’ai reçu ma Super Nintendo accompagnée de Super Mario All Stars à l’âge de 6 ans, je suis passionné par les jeux de plate-forme, mais pas uniquement. Peu importe le genre, je suis surtout intéressé par les titres qui ont une âme et qui dégagent une réelle personnalité. Quelques-uns de mes jeux cultes : Yoshi’s Island, Beyond Good & Evil, Ico et les jeux Rockstar (oui, ça tranche avec le reste mais ces gars-là m’ont rarement déçu). J’ai aussi une petite faiblesse moins avouable pour les jeux nanars descendus par la plupart des testeurs, mais chut. Etant fan de cinéma fantastique et écrivant depuis quelques mois des critiques de films, j’ai eu envie de me diversifier et de me lancer dans le test de jeux vidéo, et me voilà !