Mieux vaut tard que jamais ! Après près de 10 ans de tournées mondiales dans les pattes, le Video Games Live a enfin posé ses valises en Belgique pour un concert unique donné au Stadsschouwburg d’Anvers ce 30 octobre. L’attente en valait-elle la chandelle ?
VGL, kézako ?
Initié en 2005 par les compositeurs Jack Wall, ayant contribué aux OST des séries Call of Duty et Splinter Cell, et Tommy Tallarico, notamment connu pour son travail accompli sur Earthworm Jim, Video Games Live fait le pari un peu fou de mêler un concert de musique classique mené par un orchestre symphonique avec des décennies de bandes originales de jeux vidéo. Projet auquel personne ne croyait de prime abord, le concept a connu un succès inespéré et ne cesse depuis de fouler les planches du monde entier.
Pour cette tournée européenne, Tallarico s’est entouré d’un orchestre hongrois et, loin de se contenter de tenir les rênes dans l’ombre, endosse le rôle de chauffeur de salle et de guitar hero (le musicien, pas la franchise lancée par Harmonix… suivez un peu !), le bonhomme étant sacrément à l’aise dans ces deux exercices. Let the show begin !
Couacs Attack
Inutile de mentir en idéalisant le tout : cette symphonie ne s’est pas déroulée sans fausses notes. Les premiers pas sont d’ailleurs un brin déconcertants. L’ouverture, un medley consacré à Castlevania, laisse un peu froid, la faute à une balance du son laissant trop de place aux sonorités électriques balancées par le maître de cérémonie. En retrait, l’orchestre semble alors presque jouer la figuration et le public se montre encore un peu timide. Les craintes s’effaceront peu à peu à mesure que l’équilibre entre ces deux univers s’établira peu à peu, les ingénieurs du son ayant visiblement saisi très tôt ce petit souci.
Néanmoins, on pointera tout de même du doigt un son manquant quelque peu de puissance. Peut-être s’agit-il simplement de l’expérience de votre serviteur en matière de concerts musclés d’où on ressort en général un peu secoués par l’avalanche de décibels ?
Symphonie de frissons
Mais laissons de côté ces imperfections (subjectives) pour se concentrer sur l’essentiel : Video Games Live est la déclaration d’amour de Tommy Tallarico envers un medium qui le captive, fait qu’il ne manquera pas de prouver à travers de nombreuses interventions entre les morceaux, tantôt pour évoquer son admiration pour Nobuo Uematsu ou Akira Yamaoka, tantôt pour sortir quelques anecdotes bien senties.
Et la setlist, dans tout ça ? Loin de jouer les passéistes, la trentaine de musiciens et de choristes dégaine des mélodies issues aussi bien d’une époque depuis longtemps révolue que de softs plus ou moins récents. Citons, pêle-mêle, les épiques One Winged Angel et Liberi Fatali issus respectivement de Final Fantasy VII et VIII, l’incontournable thème principal de The Legend of Zelda (pour le coup, pourquoi ne pas avoir carrément opté pour un medley ?), les sonorités carribéennes de Monkey Island, les sons punchy de Street Fighter 2, les thèmes de Chrono Cross et Chrono Trigger (indéniablement l’un des points forts de la soirée, l’osmose entre le guitariste et l’orchestre atteignant ici son paroxysme) et un passage obligé chez Earthworm Jim, durant lequel Tallarico donne forcément toute l’énergie qu’il a encore en réserve.
Mais, et c’est inévitable, Video Games Live souffre du même syndrome que tous les groupes dans le circuit depuis de longues années : en tant que fan, on se montrera forcément déçu par l’absence de tel ou tel morceau old school au profit de « nouveautés » nous laissant un peu sur la touche(aussi honnêtes soient-ils, et au risque de me faire quelques ennemis, les thèmes de World of Warcraft et Mass Effect n’ont peut-être pas les épaules assez solides pour justifier leur présence ici).
Et bien évidemment, le plaisir ressenti dépend énormément de son propre passif vidéoludique. Il suffisait d’observer le public pour différencier les spectateurs parcourus par un frisson et ayant déjà vibré sur ces mélodies, et ceux qui abordent la chose comme une simple série de morceaux classiques bien exécutés. Fort heureusement, et bien aidée par Tallarico lui sommant d’hurler sa joie dès qu’elle le peut (les différents extraits de jeux projetés sur trois écrans ne manquant jamais de provoquer les cris de joie des fans des softs en question), l’assistance est finalement rentrée de plein pied dans le jeu et l’ambiance s’est montrée de plus en plus électrique, débouchant sur une reprise générale du thème de Super Mario Bros. a cappella et terminant le tout à coup de karaoké géant sur le fameux Still Alive de Portal.
Une valeur sûre
Vous l’aurez compris, malgré les quelques réserves émises le long de cet article, ce premier Video Games Live en sol belge s’est avéré être une belle réussite mêlant mélodies vidéoludiques, musique classique et esprit rock et touchant en plein cœur le mordu de jeux vidéo ravi de voir des compositions indémodables prendre vie de manière souvent magistrale en compagnie d’une assemblée partageant la même passion. Si l’occasion se présente près de chez vous, n’hésitez surtout pas à la saisir : vos oreilles et vos souvenirs de gamers en sortiront flattés.