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Depuis quelque temps, Persona, le spin-off de la grosse licence japonaise Megami Tensei, commence à faire sérieusement parler de lui en Europe. Outre la sortie des opus 3 et 4 sur PlayStation 2, d’une version « The Golden » tout bonnement indispensable sur Vita et d’un Persona 4 Arena sur current-gen très récemment, les fans de jeu de rôle et de paranormal ont à présent droit à un petit plus sur Nintendo 3DS : Persona Q Shadow of the Labyrinth, un Donjon-RPG dans la lignée d’Etrian Odyssey. Mais au final, ce nouveau titre conserve-t-il tout ce qui a fait le succès de la saga ? Cherchons donc à savoir ce qui se cache derrière cet obscur mélange…

Persona c’est quoi?

Les personnages principaux de Persona 3 et 4 mènent l’enquête ensemble!

Développée en 1996 par Atlus, la série des Persona est un spin-off d’une autre série, extrêmement populaire au Japon, Megami Tensei, née en 1987 (plus souvent abrégé en MegaTen ou en ShinMeTa pour Shin Megami Tensei). Très peu connue en Occident, faute de traduction, la saga originale a eu du mal à se développer, ce qui est tout à fait l’inverse de Persona, justement, dont le succès sur le Vieux Continent n’est plus à démontrer (Séries animées, goodies et autres). Pour ceux qui débarqueraient, sachez que la franchise propose des bases assez peu orthodoxes pour le milieu du RPG mais qu’on les retrouve systématiquement dans chaque épisode. On abordera ainsi l’histoire principalement dans un contexte très contemporain, avec un background qui tourne énormément autour de thèmes tels que la psychologie, la démonologie et, plus généralement, la mythologie, le tout à travers les yeux de héros ayant tous la capacité d’invoquer une Persona, entité spectrale représentant leur moi intérieur.

Persona Q prend donc place dans le lycée Yasogami, le même que celui aperçu dans Persona 4. Vous retrouverez donc votre petite équipe issue de ce dernier, qui part enquêter sur l’apparition d’une mystérieuse horloge dans la cour-même de votre établissement scolaire, en plein festival culturel. Très vite, les choses tournent au surnaturel et chaque activité liée à cet évènement festif va en fait déboucher sur un labyrinthe monstrueux, hanté par diverses ombres qui voudront vous malmener. On ne va pas vous le cacher, comparé aux opus typés RPG, le scénario est ici plutôt léger, mais le but principal étant de réunir les équipes de Persona 3 et 4, on peut affirmer que le résultat s’avère être intéressant.

RPG ? Dungeon Crawler ?

Un dungeon crawler calqué sur l’excellente série « Etrian Odyssey »

Persona Q allie donc deux mécaniques de jeux bien distinctes, celle du RPG et celle du Dungeon Crawler. Si le RPG est connu de tous, je pense utile d’aborder la notion de Dungeon Crawler. Ce genre assez particulier consiste à explorer plusieurs labyrinthes, à en dessiner les plans et surtout, à en éliminer les adversaires. Ici, comme dans Etrian Odyssey, vous avancerez d’étage en étage à travers une vue à la première personne. Vous devrez donc traverser divers couloirs le plus souvent parsemés d’obstacles. Qu’il s’agisse de pointes, de tapis roulants, ou d’autres pièges sournois, vous aurez un mal fou à vous sortir indemne de chaque niveau. On vous l’avoue, le Dungeon Crawler est un genre excessivement difficile et Etrian Odyssey avait d’ailleurs popularisé ce type de soft en poussant la difficulté à son maximum, la mort du personnage principal déclenchant irrémédiablement un Game Over (ce qui est également le cas si l’on joue à Persona Q en mode Risky).

Persona Q a donc récupéré tous les codes du Dungeon Crawler. Ainsi, les soins vous coûteront plus chers à chaque niveau pris par votre équipe, les équipements et objets de soutien se monnaient de base à des sommes astronomiques et surtout, la carte de chaque étage est totalement vide et ce sera à vous de la dessiner et de remplir avec vos annotations. Signalons d’ailleurs que l’outil de création pour la map est identique ou presque à celui de Etrian Odyssey. Outre les monstres et les pièges, les labyrinthes sont aussi remplis de F.O.E : des ombres qui font office de mini-boss et qui vous paraîtront imbattables à moins d’avoir une quinzaine de niveaux de plus ! Ces F.O.E font d’ailleurs aussi partie des « puzzles » du donjon. En effet, certains auront des capacités de déplacement spécifiques, et il vous faudra parfois les attirer dans des zones bien particulières pour pouvoir avancer. Autant dire qu’il va falloir être prudent, mais surtout… bien réfléchir !

Fuuuuuuuuuuuuusion !

Malgré un déséquilibre entre vos héros, les combats se révèlent terriblement jouissifs

En ce qui concerne les combats, Persona Q reprend un mode RPG plus classique. À vous donc de choisir comment exploiter vos 5 personnages lors de chaque bataille. Chaque héros pourra d’ailleurs se placer sur deux lignes. Certains seront plus à l’aise devant, les tanks attaquant au corps à corps ou à l’épée, notamment, tandis que d’autres tels que les magiciens et archers, préfèreront nettement rester à l’arrière. Là où la difficulté se corse, c’est quand votre première ligne est anéantie : il vous faudra alors voir passer lesdits magiciens et archers au premier rang… Un bon conseil : évitez que ça arrive ! Niveau actions, vos personnages disposent de diverses capacités liées à leur Persona. Entre magies élémentaires (Glace, Foudre, Vent, Feu, Lumière et Ténèbres) qui consommeront des MP et attaques physique qui ponctionnent directement vos HP, il faudra varier votre équipe et surtout, découvrir les faiblesses de chaque adversaire.

Outre ces mécaniques, le soft propose également un système de fusion. En effet, qui dit Persona Q dit forcément… Persona ! Logique ! Pour info, les Persona sont des entités qui reflètent l’âme du détenteur. Il s’agit d’une représentation physique de la personnalité. Ici, il vous sera donc proposé des invocations à fusionner et à équiper pour augmenter les caractéristiques de votre personnage. Chaque protagoniste possède un Persona Principal qu’il est impossible de changer, et un Sub Personna qui sera, lui, modifiable. Au menu des festivités : des fusions entre deux à trois Persona pour en débloquer de plus puissants, et même la possibilité de sacrifier certaines créatures pour obtenir divers matériaux. On regrettera cependant une chose: le mauvais équilibrage des héros. En effet, le jeu se voulant très difficile, certains personnages se retrouvent complètement… surpuissants tandis que d’autres sont incroyablement désavantagés. On citera, au rayon des meilleurs, Naoto et ses deux sorts upgradés: Mahama et Mamudo, qui sont des magies de Lumière et de Ténèbres ayant la capacité de mettre KO instantanément tous les adversaires. La plupart des ennemis étant sensibles à l’un des deux éléments, vous comprendrez qu’il arrivera forcément un moment où le titre s’en verra grandement facilité. Heureusement, les F.O.Es et les boss y sont immunisés.

Une réalisation remarquable

Techniquement, le soft est une réussite, bien que le look « Nendoroïd » des persos pourra en heurter certains

Le travail graphique effectué sur Persona Q est tout simplement remarquable. Les séquences d’animation sont magnifiques et chaque labyrinthe aborde un thème particulier. On passe allègrement de Alice au Pays des merveilles à des décors rose bonbon très girly, le tout au travers de graphismes 3d aux textures travaillées. La modélisation des personnages est également extrêmement bien réussie et donne un petit côté « Nendoroïd » (des figurines kawaii à tête surdimensionnée) véritablement plaisant.

En ce qui concerne la bande-son, celle-ci est tout aussi superbe. Les thèmes remixés sont bien ancrés, le doublage reste de très bonne qualité malgré l’absence de voix japonaises. Ne soyons pas difficiles: les voix anglaises sont très bien jouées, et les bruitages ne souffrent d’aucune fausse note. Une réussite.

Pour les fans et les amateurs de défis

Que l’on soit clair : si Persona Q ne brille pas par son scénario, le principal objectif qui était de réunir les deux équipes phares des opus 3 et 4 est parfaitement accompli. Le titre respire donc le fan-service, qu’il soit présent dans les dialogues principaux, mais aussi dans les quêtes annexes et l’approfondissement de la psyché des personnages. En ce qui concerne la réalisation, elle est de très bonne qualité, tout comme le système de jeu qui a déjà fait ses preuves dans la franchise « Etrian Odyssey ». Pour ceux qui aiment la saga Persona et les défis, vous serez servis. Pour les autres, ce titre est une excellente occasion de découvrir des héros hauts en couleurs et extrêmement attachants.

La bande-annonce

Réalisation: 17/20

Une 3D agréable, des décors variés et surtout diverses cinématiques qui sont tout simplement sublimes : Persona Q a tout pour plaire. Certains, cependant, n’apprécieront pas forcément le chara design, qui fait souvent penser aux figurines Nendoroïd. Pour les autres, le jeu sera un vrai plaisir visuel.

Gameplay/Scénario: 16/20

Un scénario assez léger, certes, mais qui ne sert au final qu’à une chose : réunir les deux équipes les plus charismatiques de la saga. Ceci dit, il reste agréable, et on prend plaisir à discuter avec nos alliés entre deux chasses dans un labyrinthe. En ce qui concerne le gameplay, la fusion des Persona est mise en avant, de même que la difficulté. On regrette par contre la linéarité du titre. En effet, il est impossible de choisir d’emblée parmi plusieurs labyrinthes. Une fois un labyrinthe commencé, il faudra d’office le terminer pour accéder au suivant, et il n’est pas non plus possible de visiter le collège comme on le souhaite, le choix des destinations se faisant via le menu.

Bande-Son: 18/20

Tout simplement sublime. Entre les thèmes un peu jazzy, et certains plutôt rocks, le jeu offre une diversité de musiques assez étonnante. Le tout avec des voix US sacrément bien réussies. On se surprend avec plaisir à éteindre sa console et garder un petit air en tête.

Durée de vie: 18/20

Persona Q risque de vous tenir en haleine pour un moment. Comptez une cinquantaine d’heures de jeu pour le terminer en mode normal, une dizaine ou une vingtaine de plus en mode Risky. Et surtout, attendez-vous à souffrir dans ce dernier mode : les game-over étant plus que réguliers dans le titre.

Note Globale N-Gamz.com: 17/20

Que vous découvriez Persona ou que vous soyez fan du genre, Persona Q: Shadow of the Labyrinth sur 3DS risque fortement de vous plaire avec son système de jeu inspiré d’Etrian Odyssey et son background paranormal. Bien sûr, il n’est pas nécessaire d’avoir joué aux opus 3 et 4, mais vous risquez de rater pas mal de sous-entendus, le titre étant farci de clins d’oeil et de fan service. Et si vous aimez la difficulté, pourquoi ne pas vous adonner dès le début au mode Risky? À vos… risques et périls bien sûr !


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About the Author

Eneara
Eneara, collectionneur et passionné de jeux vidéo depuis pas mal d'années. Amateur de cinéma, de lecture et de jeux de plateau, je suis aussi très attiré par tout ce qui touche au retrogaming. J'aime les jeux à scénario, l'action, et parfois me faire peur devant un bon petit jeu bien flippant. Facebook: Aurélien Eneara Ulsas