Review

Ce n’est pas un secret, je suis un grand fan de la série des Dark Souls. C’est pour cette raison que, lorsque je l’ai vu pour la première fois, Nioh ne m’a pas vraiment inspiré confiance. Je me suis dit que, comme Lords of the Fallen, c’était un jeu qui allait essayer de surfer sur la vague de célébrité que les « Souls » ont apporté dans l’univers vidéoludique, sans plus de succès. Cependant, après avoir essayé les deux démos beta et passé plusieurs heures à jouer en ligne, je me suis rendu compte que le titre de Koei Tecmo est bien plus qu’un simple clone. Certes, il s’inspire forcément des Action-RPG Hardcore de FromSoftware, mais une fois le côté esthétique oublié, il nous offre bien plus qu’on n’aurait pu le penser au premier abord. De fait, j’ai sauté sur la version presse reçue la semaine passée à la rédac et je vous propose de découvrir avec nous ce que les maîtres de la Team Ninja nous ont concocté dans notre test complet de Nioh sur PS4 !

Alors lui, c’est William. On l’appelle « Le blond »…

« William sera souvent confronté à des situations désavantageuses… »

L’aventure de Nioh ne commence pas exactement durant l’heure de gloire de votre personnage principal, William. Ce dernier n’est autre qu’un pirate, un corsaire engagé comme mercenaire par l’armée anglaise, alors en conflit avec l’Espagne. Une fois les sales besognes confiées par les britanniques terminées, voilà que vos employeurs retournent leur veste et enferment tout votre équipage dans la tour de Londres, où un sort funeste vous attend. Cependant, alors que William s’attend à croupir dans ce donjon jusqu’à la fin de ses jours, un esprit lui apparaît. Guidé par cette présence mystique, il s’échappe de justesse de sa prison et entreprend un voyage vers le Japon pour contrer un complot dont l’étendue dépasse la simple compréhension humaine… Préparez-vous à affronter samourais, ninjas et autres démons dans une quête aussi sombre que passionnante !

Nioh prend donc pour cadre le Japon féodal, dans lequel des créatures mythologiques se tapissent dans l’ombre en attendant la moindre occasion de vous attaquer sans pitié. De fait, même si le jeu commence dans la Tour de Londres, on sera vite « ambiancé » vers des décors plus traditionnels. La Team Ninja ne s’éloigne pas trop de son terrain de prédilection ici, puisque certains tableaux m’ont énormément rappelé les passages cultes des Ninja Gaiden ! Pour les vétérans de la série Souls, par-contre, c’est clairement un autre univers que celui imaginé par FromSoftware : fini les châteaux forts et autres bâtisses bien de chez nous ! Souhaitez la bienvenue à l’Orient…

Un combattant des plus complets !

« Les Yokai sont aussi effrayants qu’originaux et vous demanderont un sacré sens du timing »

Les bases du système de combat de Nioh paraissent simples de prime abord. Comme dans d’autres Action-RPG à la troisième personne, on pourra s’équiper d’un vaste éventail d’armures et d’armes en tous genres, ce qui changera la nature des mouvements durant une bataille. Chaque arme vous permet d’effectuer des coups faibles et forts, entendez par là rapides et lents, et chaque rencontre vous obligera à jouer au chat et à la souris, toujours en jaugeant méticuleusement vos moments d’attaque, de défense ou d’esquive. Une seule demi-seconde d’inattention suffira à vos adversaires pour vous rouer de coups et brûler votre barre de santé en un éclair !

Jusque-là, tout semble assez classique, me direz-vous. Mais plus on avance dans le jeu, plus les choses deviennent complexes. Par exemple, William peut se battre selon trois types de garde, ce qui crée trois styles d’approche différents pour chaque arme. Ces gardes déterminent aussi la façon dont vous allez gérer vos ennemis, selon la situation. La garde haute rend ainsi vos attaques plus lentes, mais également beaucoup plus puissantes, tandis que la garde moyenne offre un bon compromis entre attaque et défense. Enfin, la garde basse préconise quant à elle la vitesse et l’esquive au détriment de votre puissance d’attaque. Choisir la bonne garde à adopter selon non seulement la situation dans laquelle vous vous trouvez, mais également en fonction de votre propre style de jeu, est une partie très importante du gameplay de Nioh. Ce n‘est pas un mécanisme qui s’apprend automatiquement. Cela va demander de l’investissement et de l’entraînement pour que le tout devienne fluide et naturel. Mais quand vous arrivez à ce niveau, il n’y a rien de plus satisfaisant ! Les combats se montrent alors rapides et nerveux à souhait, apportant une difficulté sévère mais juste.

Des armes à foison

« Les gardiens divins seront vos alliés les plus précieux durant vos batailles! »

Le soft nous propose donc une pléthore d’armes et d’objets offensifs. De l’épée bâtarde occidentale aux katanas les plus traditionnels, en passant par des haches, des naginatas, des arcs et même les bons vieux fusils à mèche. Vos instruments de mort sont divisés en deux catégories : rapprochées et à distance. Dans le menu d’équipement, vous pouvez attribuer à votre personnage jusqu’à deux armes de chaque catégorie, et vous pouvez switcher entre elles selon votre bon vouloir. Bien-entendu, chacun d’elle dispose de ses propres coups spéciaux ! De plus, vous aurez le choix entre trois divinités protectrices au début de votre périple : la divinité du feu, qui vous conférera une puissance d’attaque inouïe, la divinité de l’eau, qui vous offrira une perception des ennemis hors du commun et la divinité du vent, qui augmentera votre vitesse et votre pouvoir d’esquive considérablement. Ces capacités spéciales se débloquent en remplissant la jauge qui se trouve juste à côté de votre barre de santé. Une fois pleine, ce sera à vous d’en déchaîner la puissance à votre guise. Nioh joue donc avec la gestion de vos ressources mais aussi de vos attributs, et notamment la barre d’endurance, appelée ici « ki ». Chaque esquive, chaque coup paré ou chaque attaque que vous assénez brûle une partie de ce dernier et quand il est réduit à zéro, William sera momentanément incapable de bouger… et donc complètement ouvert aux frappes ennemies. Il faudra donc apprendre à ne pas être trop gourmand et à gérer les distances entre vous et vos opposants pour espérer vous en sortir sans trop de casse !

Comme si cela ne suffisait pas, une autre couche subtile de gameplay se glisse dans ce système : « L’impulsion de Ki » vous permet en effet de booster votre récupération de ki si vous appuyez sur la touche R1 après avoir lancé un coup avec votre arme, ou à la fin d’un combo plus long. Ce système peut sembler n’être qu’un détail, mais une bonne utilisation de ce dernier pourrait faire tourner la chance en votre faveur dans une situation qui semple désespérée… On vous rassure, dans le cas où votre héros viendrait à être défait, vous serez ressuscité auprès d’un des autels sur lesquels vous aurez préalablement prié, un peu comme les feux dans la saga Dark Souls. Sur ces mêmes autels, vous pourrez améliorer vos statistiques en échange des « âmes » que vous soutirerez à vos ennemis vaincus.

Un moteur de jeu daté ?

« Malgré un sacré aliasing, les environnements sont mystérieux à souhait! Ils réveilleront l’Indiana Jones en vous… »

Techniquement, le jeu vous met d’emblée devant un choix cornélien. Vous pourrez ainsi jouer en mode « Action », dans lequel le framerate sera bloqué au glorieux sommet de 60fps mais la résolution sera ramenée à 720p, ou alors opter pour le mode « Cinématique », avec une résolution en 1080p mais un framerate scotché aux environs des 30fps. Rendu plus net ou plus fluide, à vous de voir mais dans les deux cas, Nioh n’est pas un jeu qui impressionne graphiquement parlant. On note ainsi une forte présence d’aliasing et un niveau de détails pas aussi développé qu’espéré. Il faut néanmoins prendre en compte le fait que Nioh est, à la base, un jeu qui aurait dû voir le jour… il y a 12 ans, juste avant d’être annulé ! Alors certes, si le titre revient aujourd’hui en force, son moteur graphique semble quelque peu ancien.

Fort heureusement, le soft se rattrape avec son sens du style et son atmosphère totalement envoûtants. Les environnements sont vastes et remplis de raccourcis que vous débloquerez au fur et à mesure de votre avancée, vous permettant de faire des va-et-vient plus aisément sans pour autant devoir combattre à nouveau tous les ennemis parsemés ici et là (les maps sont spécifiquement créées pour favoriser les embuscades adverses, amusez-vous bien !). Niveau animation, c’est plus que correct et fluide, d’autant que chaque arme apporte son lot de nouveaux mouvements et vous pourrez même débloquer des « fatalities » avec lesquelles vous pourrez achever vos adversaires dans des gerbes d’hémoglobine plutôt jouissives ! Un gameplay nerveux et classe, que demander de plus ?

Les mystères de l’Orient…

« Après l’effort, le réconfort! « 

Niveau personnalisation, bien que William ressemble fortement à Geralt De Riv (allez, avouez, vous l’avez tous pensé), vous ne passerez que très peu de temps à réellement observer son visage puisque vous aurez un large éventail d’armures, de casques et autres vêtements pour vous créer votre propre héros et le rendre unique lorsque vous jouerez en PvP ou en coopération ! Attention toutefois, les pièces d’équipements ont de réelles statistiques à prendre en compte lors des affrontements, ne les estimez pas à la légère !

Question bande-son, celle de Nioh, contrairement à Dark Souls, est omniprésente. Vous aurez droit à des compositions mystérieuses, menaçantes et héroïques tout au long de votre périple. C’est une touche qui contribue grandement à l’ambiance générale du soft et les combats contre les boss n’en seront que plus épiques et effrayants. D’ailleurs justement, en parlant de boss, ces derniers représentent clairement le véritable clou du spectacle ! Agissant comme de réelles parties finales d’un niveau, les démons que vous affronterez seront aussi difficiles à battre qu’originaux. Onis, ogres et autres Yokai vont éreinter votre patience et mettront votre maîtrise des mécaniques de combat à rude épreuve ! Il vous faudra essai sur essai avant de mémoriser les mouvements de l’ennemi et la façon de les esquiver ou les contrer, tout en trouvant des ouvertures pour lui infliger des dommages ! Il n’existe de fait pas une seule et unique méthode d’obtenir la victoire contre ces abominations, ce sera à vous de trouver le style qui vous convient le mieux ! Ce processus est d’ailleurs plus aisé que dans d’autres franchises étant donné que Nioh vous donne accès à quasiment tous les styles d’armes très tôt dans le jeu.

Un samurai doit faire ses preuves…

Il est clair que la Team Ninja, avec Nioh, cherche à nous présenter le premier volet d’un plus vaste plan pour les joueurs férus de jeux hardcore. En misant aussi gros avec ce soft, la compagnie prend le risque d’être comparée au géant du moment, j’ai nommé Dark Souls, mais je pense que c’est également l’instant rêvé pour se lancer sur le marché, tant qu’il est florissant. Dans un monde où les jeux « character-action » nous tiennent de plus en plus par la main, ce genre de défi est rafraîchissant et nous vous conseillons vivement de vous procurer Nioh si vous êtes déjà fan de la série Souls. Et si vous êtes un néophyte du genre ? Et bien on vous le conseille encore plus, car c’est un excellent point de départ !

La bande-annonce

Réalisation: 14,5/20

Un univers mystérieux et envoûtant, des décors assez beaux et des maps qui proposent énormément de chemins à emprunter, Nioh maîtrise clairement son sujet au niveau de son ambiance. Malheureusement, les graphismes ne suivent pas et le tout offrira parfois un rendu peu harmonieux. Il faudra de même trouver un compromis qui vous sied entre netteté ou fluidité des mouvements. Ce n’est pas un choix aussi facile qu’il y paraît car la différence entre 30 et 60fps se remarque grandement. C’est fort dommage pour ceux ne possédant pas une PS4 Pro, laquelle fait assurément tourner le soft en 1080p à 60fps. Si l’on oublie ces bévues, Nioh reste néanmoins très agréable à regarder mais nous annonce clairement qu’il privilégie le gameplay plutôt que les graphismes, la faute à un moteur de jeu un peu daté il nous semble (le projet date d’une douzaine d’années, rien que ça).

Gameplay/Scénario: 17/20

Le scénario de Nioh, bien que largement plus explicite que dans un Dark Souls, ne casse pas trois pattes à un canard. L’histoire est assez classique mais je dois avouer que les cinématiques aident vraiment à développer le charisme de certains personnages, notamment les méchants ! William, quant à lui, reste un protagoniste peu réactif tout au long du jeu mais ce n’est pas plus mal, vu qu’il ne doit être qu’un réceptacle de vos propres émotions. De fait, le véritable clou du spectacle ici n’est autre que le gameplay : rapide, nerveux et très complet, il vous faudra des jours avant de maîtriser chacune de ses subtilités entièrement. Ajoutez à cela une vaste sélection d’armes et vous obtiendrez le système de combat le plus jouissif du moment.

Bande-Son: 16/20

La musique est omniprésente dans ce soft et cela contribue grandement à l’ambiance. Il s’agira toujours de pièces orchestrales très épiques et grandioses, qui vont rendre vos affrontements encore plus tendus, spécialement contre les boss ! Cependant, le soft aurait étrangement bénéficié d’une meilleure ambiance si aucune musique environnementale n’y était implantée, instaurant de fait une réelle noirceur, une vraie lourdeur à vos pérégrinations au pays des onis. Un exemple concret du « moins, c’est plus ».

Durée de vie: 18/20

Le jeu, comme tout bon Action-RPG qui se respecte, est extrêmement long. Attendez-vous à passer plus de 70 heures sur le soft, et encore, si vous ne mourrez pas trop souvent ! Ajoutez à cela une flopée de boss optionnels et d’armes rares à trouver/forger, et vous en aurez largement pour votre argent. La difficulté, bien qu’assez bien gérée durant votre périple, vous confrontera parfois à des pics qui ajouteront du piment dès que vous vous sentirez un peu trop à l’aise ! Honnêtement, nous aimerions vraiment voir débarquer plus de jeux aussi durs que le titre de Koei Tecmo sur le marché, et nul doute que si Nioh arrive à convaincre le public, cela encouragera d’autres développeurs à suivre cette traînée de succès…

Note Globale N-Gamz.com: 17/20

Nous assistons peut-être à un renouveau des softs à la difficulté hardcore avec Nioh et on ne peut qu’encourager cet effort, étant donné que la multiplicité des « Souls-like » ne peut que faire du bien à ceux recherchant un challenge digne de ce nom. Fini d’être tenu par la main, on veut des jeux pour les durs, les vrais ! De plus et malgré son aliasing prononcé, Nioh nous envoûte par son univers visuel mystérieux et incroyablement traditionnel du Japon féodal dans lequel vous affronterez des monstres aussi effrayants qu’intéressants, votre vie ne tenant qu’à un fil. Avec son système de combat complexe et complet à souhait, sa bande-son épique et son niveau de progression assez incroyable et jouissif, le bébé de la Team Ninja est un titre que nous vous conseillons vivement si vous êtes un fan de la série des Dark Souls et, encore plus, si vous cherchez un bon jeu d’introduction au genre !



About the Author

Snakethoot
Je baigne dans la culture vidéoludique depuis ma plus tendre enfance, elle m'a façonné, elle m'a donné le goût pour les passions qui m'animent aujourd'hui. J'accorde la plus grande importance à chaque détail, aussi infime soit-il, pour être certain de saisir tout l'arôme que l'expérience d'un jeu-vidéo peut m'amener (Appelez-moi le romantique virtuel...). Cosplayeur à mes heures perdues, mon dévolu se jette aussi sur le septième art, les comics et la musique. Les passions comme les avis sont faits pour se partager et se discuter, ne soyez pas timides!