Review
4A Games n’échappe pas à la mode des rééditions HD et nous propose Metro Redux, une compilation des deux softs Metro 2033 et Last Light, agrémentés de la pléiade de DLC. Entre FPS et survival-horror, la saga mise surtout sur son ambiance, qui pourrait donc sortir grandie d’une version remasterisée. Metro Redux bénéficie-t-il seulement d’une simple amélioration graphique ? Vaut-il vraiment le coup d’être acheté ? La réponse dans les lignes qui suivent.
Bons Baisers de Russie
Metro, c’est l’histoire d’une saga qui commence par un best-seller russe. 2033, le premier opus, est en effet inspiré du livre éponyme de Dmitri Glukhovski. Publié en 2005, il fit un carton à l’international, bientôt imité par les suites 2034 et 2035. Last Light quant à lui, est une aventure inédite en jeu vidéo, mais dont l’auteur des romans avait néanmoins écrit le scenario et supervisé les dialogues. Le succès de la saga littéraire a d’ailleurs inspiré une adaptation cinématographique puisque le studio MGM s’était porté acquéreur des droits il y a deux ans. C’est donc en surfant sur cette réussite que les studios ukrainiens 4A Games ont lancé en 2010 l’adaptation jouable de 2033, disponible uniquement sur PC et Xbox 360, développant par la même occasion leur fameux moteur graphique 4A Engine. Plus récent, Metro Last Light, sorti pour sa part sur PC, Xbox 360 et PS3, a quant à lui soufflé sa première bougie en mai dernier et avait peut-être moins besoin d’une revalorisation HD.
Fin de l’été 2014, la saga bénéficie d’un bon lifting et propose la compilation Metro Redux, composée des deux aventures et de l’ensemble du contenu additionnel. Le scénario reste inchangé, bien que de nouvelles zones aient été ajoutées mais qui ne modifient en rien l’histoire. Il est toujours noir et plein de rebondissements. Artyom, le héros de la saga est toujours l’élu désigné pour tenter de sauver l’humanité, ou au moins son groupe de survivants, en trouvant une solution au problème des monstres envahisseurs. Vingt ans plus tôt, les bombes nucléaires ont explosé, laissant derrière elles leurs radiations. C’est donc dans un monde post-apocalyptique qu’Artyom et ses acolytes moscovites doivent sauver leur peau. Réfugiés dans une station de métro de la capitale russe, ils vont devoir faire face aux mutants qui attaquent de la surface, mais aussi à des groupuscules ennemis qui sont abrités dans les autres stations. Last Light étant la suite directe de 2033, la continuité entre les deux jeux donne donc l’impression qu’il s’agit d’un seul et unique opus, cette fois proposé à niveau égal.
Metropolis
Vous avez pris vos quartiers dans une station moscovite et c’est donc là que commence votre mission. L’ambiance est lourde et pesante. Vous devrez utiliser une progression en couloir, justifiée quand il s’agit d’arpenter ceux du métro. Et pour les habitués des transports en commun, nul n’est besoin de préciser qu’il faille être discret car les galeries résonnent. Il ne faut pas oublier que les ennemis se trouvent également dans les autres stations et il faudra donc éviter de se faire repérer ou de déclencher l’alarme. Regardez bien où vous mettez les pieds pour ne pas marcher sur le moindre tesson de verre, voire même où vous mettez la tête, puisque se cogner dans une boîte de conserve est vite arrivé. Le maître-mot sera donc la furtivité. Il faudra également profiter d’être à l’abri pour s’habituer à la gestion des armes, bien que plus intuitives que lors de la première sortie des jeux, ainsi qu’au menu circulaire contenant l’arsenal secondaire, comme les grenades. Dans la pénombre du métro, il faudra sortir son briquet si vous souhaitez consulter vos objectifs détaillés sur votre porte-documents. Une ambiance assez réaliste donc, mais qui pâtit d’un manque de rythme certain.
Dès lors qu’il s’agira de sortir à l’extérieur, le gameplay prendra un coup dans l’aile. La progression en couloir perdra cette fois son intérêt quand il s’agira de se contenter de suivre des chemins balisés dans un environnement qui aurait pu donner envie d’explorer un peu plus. En revanche, n’oubliez pas que dehors, les particules nucléaires vous tueront à petit feu. Le port du masque à gaz est obligatoire. Pas de bol, sa durée de vie n’est pas infinie et il se fissure au fur et à mesure des attaques, vous obligeant un peu plus à presser le pas, et donc à faire une croix sur la fouille minutieuse des différentes zones. Heureusement, un petit plus a été ajouté par rapport aux versions simples des jeux, puisque piller les corps permet maintenant de récupérer l’ensemble du matériel à trouver en appuyant une seule fois sur la touche. Néanmoins, c’est particulièrement dans les environnements à l’air libre que le jeu donne vraiment l’impression de nous tenir la main, car il est très dirigiste. Chaque objectif étant pointé du doigt, il y a assez peu de place pour l’improvisation et la liberté d’action. Quant à la coopération avec un personnage géré par le moteur du jeu, que ce soit dans les sous-sols ou à la surface, elle devient rapidement pénible. L’IA est très perfectible car ses nombreux défauts déjà signalés lors de la première sortie des deux jeux n’ont pas été améliorés.
L’attaque du métro 123
Mêlant habilement le FPS à l’action et au survival-horror, la saga Metro vous fera affronter de nombreux ennemis. Camouflé dans votre station de métro, vous ne serez pas à l’abri des attaques des monstres mutants qui ont envahi la surface. Rapides et résistants, il s’agira de rester toujours en mouvement pour les combattre, tout en économisant les munitions puisque celles-ci ont tendance à être rares. Sur la première version de 2033, on pouvait reprocher des armes artisanales en piteux état, bien qu’efficaces. Dans Redux, vous pouvez bénéficier des armes de Last Light dans les deux aventures. Une plus-value non négligeable, sachant qu’il est impossible de tirer à couvert. Il s’agira donc de bien doser ses attaques et ses défenses, et de ne pas sous-estimer l’exploration pour mettre la main sur les ressources : munitions, améliorations d’armes, grenades ou balles servant de monnaie d’échange. Le FPS en devient subtil et demande un certain challenge, vous obligeant à ne pas mitrailler à tout va.
Du côté des ennemis humains, incarnés par les factions hostiles qui vivent dans les autres stations du métro, il s’agira d’être un peu plus tactique. Dans les sous-sols, les groupuscules se livrent une guerre sans merci. Certains viendront pour vous voler, d’autres se trouveront simplement sur votre chemin. Ceux-là ne sont finalement pas très malins, et l’IA manquant nettement de réaction, vous pourrez les affronter assez facilement. Lors des attaques, ils sont assez peu réactifs, ce qui devrait simplifier les combats contre ces types d’ennemis. Se camoufler dans l’ombre devrait être d’une grande aide pour ne pas se faire repérer, car déclencher une alarme vous vaudra rapidement d’être pris d’assaut par les renforts. Profitez plutôt de la pénombre pour les assommer au corps à corps, ce qui vous permettra d’éviter la perte de points de moral. Oubliez donc le FPS bourrin encore une fois, et focalisez-vous sur une approche plus proche de l’infiltration. Tout est donc question de subtilité de combat et de gestion de l’artillerie.
Certains l’aiment chaud
Si vous angoissez à l’idée d’affronter les hordes d’ennemis avec peu de balles dans le chargeur, vous serez plus enclin à jouer en mode spartiate, le plus simple des deux déclinés dans Redux. Plus classique, il laissera cependant moins de place à l’immersion et à la peur, vous faisant peut-être passer à côté de la dimension survival-horror. A vous de choisir ensuite un des quatre niveaux de difficulté, dont le plus délicat : ranger, autrefois disponible uniquement en DLC. Globalement, le degré de complexité définit surtout le nombre de ressources disponibles et la hardiesse des combats. Pour les modes difficile et ranger, vous ne bénéficiez plus du HUD, et cela vous empêchera de savoir si un QTE est déclenché ou si vous avez suffisamment de balles en poche pour continuer votre progression. Ils sont donc résolument conçus pour les plus téméraires, qui n’auront pas peur de se faire surprendre par des ennemis en nombre ou tout simplement plus résistants.
En mode survie, les infiltrations perdent de leur facilité et vous évoluez avec un personnage moins résistant et aux munitions encore plus rares. L’immersion est cette fois quasiment totale. C’est cependant ce mode qui plaira le plus aux amateurs de sensations fortes, le jeu restant quand même un peu trop facile si on y joue sur un niveau normal pour le mode de base. La survie vous obligera à fouiller beaucoup plus les environnements et à vous méfier du moindre mouvement. Les attaques, qu’elles soient humaines ou mutantes, vous donneront bien plus de fil à retordre, tant pour votre capacité de résistance mise à rude épreuve, ou à la leur, bien plus développée que la vôtre. Gloire au DLC Chronicle de Last Light qui ajoutait quelques boîtes à ouvrir avec une clé au cordon rouge cachée dans les environs, puisque ces casiers sont à présent disséminés à travers les deux opus vous permettant de mettre la main sur des ressources bienvenues dans les modes les plus ardus.
On ne vit que deux fois
Les chasseurs de trophées et de succès seront aux anges. Metro Redux propose en effet pas moins de cent récompenses, dont deux trophées platine pour le système Playstation 4
La continuité entre les deux titres de la saga permet de se laisser emporter sur une partie qui durera au bas mot une trentaine d’heures. Si tant est que vous preniez le temps de bien visiter les environnements, vous devrez mettre la main sur des artefacts originellement proposé en contenu téléchargeable supplémentaire. Autre plus-value fournie par les DLC, vous bénéficiez de la Tour, dans laquelle vous devrez venir à bout d’arènes composées d’ennemis à battre dans un temps imparti. Les défis du stand de tir rajoutent encore un peu plus de jouabilité. Comptez donc une quinzaine d’heures pour finir l’histoire de chacun des opus et environ cinq heures supplémentaires pour faire le tour des ajouts proposés par l’intégration du contenu additionnel. Une durée de vie générale plutôt sympathique donc, surtout au regard du tarif peu élevé de Redux, puisque l’intégrale est proposé au prix de 40€.
De leur côté, les chasseurs de trophées et de succès seront aux anges. Metro Redux propose en effet pas moins de cent récompenses, dont deux trophées platine pour le système Playstation 4. Il leur faudra deux à trois parties sur chacun des deux jeux afin d’atteindre la totalité de leurs objectifs, doublant ainsi considérablement la durée de vie des deux softs. La difficulté d’obtention de l’intégralité des récompenses réside surtout dans le fait de terminer les deux histoires dans chacun des modes, spartiate et survie, dans le niveau de jeu le plus élevé. Les plus téméraires et les habitués de ce genre de FPS n’auront donc pas de mal à platiner 2033 et Last Light dans leur version remasterisée, à moins qu’ils ne préfèrent s’aventurer que sur l’une des deux aventures puisque les deux jeux sont également disponibles en vente séparément au prix de 20€.
Apocalypse Now
Bien qu’ayant un gameplay un peu tatillon, pour lequel il faut jongler à travers les niveaux de difficultés afin de trouver un niveau de jeu à la hauteur de ses attentes, la saga Metro mise tout sur son ambiance post-apocalyptique des plus réussies. Les décors sont sublimes ; suffisamment sombres et angoissants pour être plongé dans l’horreur des années qui suivent les attaques nucléaires. Le métro est crasseux à souhait, comme pour rappeler que lorsque la survie est prioritaire on s’occupe plus de nettoyer les ennemis que les déchets. Les menaces grondant dans l’obscurité, les soldats qui jouent des airs tristes à la guitare : l’anxiété et la monotonie sont au rendez-vous. La variation des environnements, cependant un peu plus redondants dans le premier titre que dans le second, ajoute une dimension agréable à la progression. Et si vous prenez le temps d’écouter les conversations des nombreux personnages que vous croiserez, vous en apprendrez un peu plus sur le monde parcouru.
Pour les améliorations techniques dans cette version Redux, les changements sont surtout flagrants sur 2033, puisque Last Light bénéficiait déjà d’un rendu magnifique. La revalorisation graphique est néanmoins plus intéressante pour les consoles next-gen que sur PC. Certaines scènes, autrefois vides, sont maintenant constellées de détails et d’activités. Les gestes sont plus fluides et les personnages plus réalistes, tout comme les environnements. Et la gestion des ombres et des lumières a été particulièrement retravaillée. L’atmosphère de survie n’en est que plus accentuée. En outre, on reprochait auparavant aux armes de 2033 d’avoir un design assez peu séduisant, et il n’en est plus rien à présent. Les textures ont été particulièrement soignées, faisant naître par exemple des effets de particules assez étonnants ou une flamme de briquet surprenante de réalisme. Quelques modèles 3D restent perfectibles et certaines animations n’ont pas une apparence HD, mais le travail reste poussé. Niveau sonore, les doublages ont également été corrigés et améliorés.
Simple remasterisation ?
4A Games ralliera certainement de nouveaux fans de sa saga avec cette version Redux. L’histoire assez sympathique à la base et la dimension survival-horror qui rejoint le jeu de tir en vue subjective sortent grandies de cette revalorisation graphique. La légère amélioration du game-play et l’ajout des DLC sur les deux titres apportent un réel avantage par rapport aux premières versions. Par ailleurs, le tarif particulièrement compétitif donne à Metro Redux un rapport quantité-prix non négligeable, en particulier pour ceux qui ne possèdent aucun des jeux à la base. Vous pouvez néanmoins choisir de vous essayer indépendamment à chacun des titres, puisqu’ils sont également vendus séparément dans leur version Redux. Vous pourrez par exemple choisir de jouer seulement à 2033, d’une part parce qu’il bénéficie particulièrement de l’amélioration HD, mais aussi parce qu’il n’était alors sorti que sur PC ou Xbox 360. Pour les possesseurs des premières versions sur PC, l’adaptation remasterisée de chacun des opus est disponible pour un supplément de 10€. En bref, avec un prix aussi bas, cette compilation de Metro Redux vaut vraiment le détour, surtout si vous ne connaissez pas encore la saga.
Le Vidéo-Test par NeoAnderson
Réalisation: 17/20
La revalorisation graphique apportée par la version Redux n’a pas à faire rougir 4A Games. Particulièrement flagrante pour 2033, elle apporte néanmoins de nombreux détails sur les deux titres, en particulier grâce au très gros travail opéré sur les textures. L’immersion dans l’ambiance post-apocalyptique est ainsi complète.
Gameplay/Scénario: 16/20
Basé sur une histoire au scénario sympathique qui projette le joueur dans un futur angoissant, Metro Redux est néanmoins un peu trop dirigiste et la progression en couloir laisse peu de place à l’improvisation malgré l’augmentation des phases d’exploration dans cette version améliorée. On déplorera également une IA encore un peu trop incertaine.
Bande-Son: 15/20
Les compositions s’avèrent plutôt agréables sans être pour autant transcendantes. Les doublages, bruitages et autres pistes d’ambiance nous immergent de façon adéquate dans l’univers empreint d’angoisse et d’anxiété.
Durée de vie: 17/20
La durée de vie avoisine la trentaine d’heures environ pour le mode histoire, ce qui s’avère plus que raisonnable. Les défis des arènes et stands de tir apportés par les DLC rajoutent encore quelques heures de jeu. Enfin, le challenge des difficultés les plus ardues prolonge encore un peu plus l’expérience.
Note Globale N-Gamz.com: 16,5/20
4A Games va au-delà de la simple amélioration graphique en nous proposant sa compilation en version Redux. Gameplay amélioré, zones et animations supplémentaires, contenus additionnels étendus sur les deux opus, … Le tout pour un prix ultra-compétitif qui saura convaincre les amoureux de la saga ou ceux qui souhaiteraient la découvrir. L’ambiance post-apocalyptique particulièrement soignée est résolument la vraie raison d’être du jeu, qui mêle avec subtilité différents genres, du FPS au survival-horror, en passant par l’action et l’infiltration.