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En 2017, Ninja Theory prouvait à tous qu’un studio indépendant pouvait réaliser un titre visuellement digne d’un triple A en utilisant les moyens du bord avec son Hellblade : Senua’s Sacrifice et c’est ce qu’il entend sublimer aujourd’hui avec sa suite très attendue et sobrement nommé Hellblade 2 : Senua’s Saga lancé exclusivement sur PC et consoles Xbox Series. Il faut dire que depuis le lancement du premier volet, la talentueuse compagnie à qui l’on doit Enslaved ou le reboot de Devil May Cry (DmC) a pu bomber le torse puisqu’elle a été rachetée par le chéquier ambulant de service : Microsoft ! De quoi faire de son nouveau bébé un titre bien plus ambitieux grâce à un budget pharaonique et une hype de dingue suite aux nombreuses présentations de trailers à chaque show Xbox depuis 2019… du moins c’est ce que nous pensions ! En effet, on attendait beaucoup des nouvelles aventures de Senua, notre combattante psychotique tueuse de dieux, dont la nouvelle tâche dans cet opus sera de libérer son peuple de l’oppression des « guerriers du Nord », une tribu toute droit venue d’Islande et soumise à la tyrannie de morbides géants échappés d’un royaume éthéré suite à une éruption volcanique. Tout un programme qui fleurait bon le God of War mixé à une aventure narrative digne d’un Detroit : Become Human de Quantic Dream ! Le souci, c’est que ce Hellblade 2 n’est ni l’un, ni l’autre… comme vous pourrez le constater dans mon test vidéo complet sur Xbox Series X !

Hellblade 2 Senua’s Saga : Test Vidéo

Note N-Gamz : 11/20

Grosse déception que ce Hellblade 2 qui avait tout pour réussir, à commencer par les millions de Microsoft qui semblent apparemment tous être passés dans un design artistique de haute volée mais dont on sent bien que les multiples filtres de dégradation d’image sont là pour servir de cache-misère à un titre d’une rare linéarité, réduisant toute exploration à sa plus simple expression pour ce qui s’apparente, comme son aîné, à un walking simulator offrant de superbes panoramas dans lesquels il est impossible de se balader hors des sentiers plus de 5 mètres, la faute à des murs invisibles frustrants au possible, un level design sans saveur et quelques collectibles qui ne vous pousseront sans doute pas à retenter l’aventure après les 6 à 7h grand max qu’il vous faudra pour la boucler (sans même pouvoir revendre votre soft puisqu’il est purement en numérique !). Alors oui, visuellement le titre se montre impactant, notamment grâce à la performance capture incroyable de Melina Juergens et à la folle fureur de Senua, mais il aurait été dommage qu’il en soit autrement vu le peu que la console « la plus puissante du monde » doit calculer en « sous Full-HD » et 30fps (rappelons que le 1er tournai en Full HD à 60fps sur PS4 Pro) en termes de liberté offerte au joueur et de gameplay, le jeu se payant même le luxe d’offrir des combats digne d’un pierre/feuille/ciseau du pauvre en 1 Vs 1, là où son aîné nous permettait de nous battre contre plusieurs adversaires ! Heureusement que la bande-son propose des musiques divines et un sound design de qualité, mais encore une fois le studio First Party Xbox souffle le chaud et le froid puisqu’à contrario Microsoft n’a pas été foutu de doubler son bébé en français. Autant dire que vu la myriade de voix que votre héroïne entend dans sa tête (ce qui fait son effet les 2 premières heures avant de devenir très lourd), les non anglophones passeront plus de temps à lire les sous-titres qu’à regarder le soft. Reste une histoire poignante à plus d’un titre, flinguée par un boss de fin risible et un prix tout bonnement scandaleux de 50€ (contre 30€ pour le 1er), ce qui revient monstrueusement cher pour ce qui reste au final un long film « art et essai » dilué dans un gameplay abrutissant au possible et sans aucun choix scénaristique, d’où ma note ! Bref, un très mauvais God of War, un très mauvais Quantic Dream et juste un « bon » Senua façon « God of Wa-lking Simulator », dont la formule a finalement pris un sacré coup de vieux un an après la sortie du premier volet, quand Kratos a prouvé à tous que l’on pouvait conter une histoire bouleversante et épique en diable sur plus de 20h, avec un gameplay riche et nerveux, une exploration gratifiante et une réalisation de haute volée. Bref, tout ce que semblait nous promettre les premiers trailers de ce Hellblade 2 dont la manne à billets de verts de Big M aurait pu (aurait du même !) servir à bien plus qu’à nous offrir ce que je préfère surnommer un jeu « Instagram » : graphiquement filtré jusqu’à l’excès mais au demeurant vide de toute réelle profondeur hormis une histoire marquante à souhait pour qui pourra endurer les monstrueuses longueurs imposées par des développeurs qui se prennent bien trop pour des cinéastes, oubliant au final de nous concocter un titre qui se joue plutôt qu’un film épique vaguement interactif. Le plus drôle dans tout ça, c’est que le premier reproche des « Ultra-Xbox » est de faire croire que Sony propose des « jeux couloirs » alors que nous avons, avec Senua’s Saga, le plus bel exemple de cette définition au sens littéral, pour la plus grande déception des vrais gamers hélas.



About the Author

Neoanderson (Chapitre Sébastien)
Hardcore gamer dans l'âme, la quarantaine depuis peu, je suis le rédacteur en chef autant que le rédacteur de news et le vidéo-testeur de ce site (foncez sur la chaîne YouTube d'ailleurs). Amoureux des RPG nourri aux Final Fantasy, Chrono Trigger, Xenogears et consorts, je suis également fan de survival/horror. Niveau japanim, je voue un culte aux shonens/seinens tels que Ga-Rei, L'Ile de Hozuki, Orphen, Sprite ou encore Asebi. Enfin, je suis un cinéphile averti, orienté science-fiction, fantastique et horreur, mes films cultes étant Star Wars, Matrix, Sucker Punch, Inception et Tenet. N'hésitez pas à me suivre via mon Facebook (NeoAnderson N-Gamz), mon Twitter (@neo_ngamz) et mon Instagram (neoandersonngamz)!