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Quand le scénariste de la saga RPG Mobile Chaos Rings rencontre l’auteur et dessinateur de Blood Lad, le résultat ne peut être qu’intéressant à suivre ! Totalement calibré pour le marché Shonen, Hamatora – The Comic nous narre les aventures d’un bureau de détectives privés dotés de « Minimums » : des talents surhumains qui vont leur permettre de résoudre les affaires occultes les plus délicates. Si l’idée de départ est plutôt sympathique, le traitement final de cette œuvre éditée par Kurokawa est malheureusement moins enthousiasmant que prévu.

Murasaki et sa poigne de fer doivent ramener Nice, le déserteur, à l'Institut Facultas

Murasaki et sa poigne de fer doivent ramener Nice, le déserteur, à l’Institut Facultas

Murasaki, fraichement nommé meilleur élève de l’Institut Facultas, n’est rien d’autre que l’élite de l’élite nipponne. Il faut dire que sous le couvert de cette prestigieuse « école » créée en 1959, se cache en fait un centre de recherches gouvernemental dont le but est de déceler les détenteurs d’une « particularité » : un don paranormal à l’état embryonnaire qui, s’il est poussé à l’extrême par les méthodes de l’Institut, peut se transformer en « miracle » (ou Minimum). Ainsi conditionnés à développer leur étrange talent au maximum, les élèves deviennent au final des instruments au service de l’Etat, occupant les plus hautes fonctions de la hiérarchie nipponne pour les meilleurs d’entre eux, mais accomplissant en retour de basses besognes criminelles pour le compte de la nation.

Aussi notre tout nouveau diplômé, capable de détruire tout et n’importe quoi rien qu’avec sa paume, voit-il comme une incroyable chance sa première assignation décidée par l’Institut : retrouver Nice, l’élève le plus doué de sa génération, qui a déserté Facultas pour fonder une agence de détectives occultes : Hamatora. Vous imaginez donc aisément la surprise de Murasaki quand il se rend compte que sa cible a tout du pervers glandeur invétéré, accompagné d’une jeune ado kawaii, Hajime, dont l’appétit démesuré n’a d’égal que sa force herculéenne. Mais très vite, Nice va se révéler être un enquêteur de génie, et un combattant hors pair grâce à son Minimum qui lui permet de se déplacer à la vitesse du son dans un rayon de 5 mètres. A grands coups de déductions… et de baston, notre anti-héros qui n’hésite pas à renoncer à une affaire sur un coup de tête va vite démontrer au jeune premier que l’Institut est loin d’être du côté du bien et de la justice ! Et si Murasaki décidait lui aussi de quitter Facultas pour intégrer Hamatora ?

Nice, le fondateur d'Hamatora, possède un Minimum incroyable: le déplacement sonique!

Nice, le fondateur d’Hamatora, possède un Minimum incroyable: le déplacement sonique!

Techniquement, on sent directement que l’auteur et dessinateur de Blood Lad est aux commandes visuelles de ce shonen pur souche. Nice ressemble à Staz pour son côté lubrique et je-m’en-foutiste, les héroïnes ont une bouille adorable et des Boobs (oui, car là on ne peut plus vraiment parler de « seins ») aguicheurs et Murasaki fait figure d’antagoniste totalement raccord. Du coup, niveau chara-design et même s’il est vraiment réussi, on sent une désagréable impression de déjà-vu… qui ne va pas s’arrêter là. Ainsi, si le découpage est dynamique, le dessin stylisé et classe, les décors impressionnants et les séquences d’action totalement fluides et nerveuses, on ne peut s’empêcher de penser que Hamatora ressemble énormément à d’autres productions du genre, notamment Get Backers et son côté duo de héros utilisant ses pouvoirs pour accomplir des missions.

Heureusement donc, que l’auteur incorpore quelques petites touches d’humour très rafraichissantes grâce à Nice et Hajime, mais aussi des éléments d’enquête qui permettent au lecteur de suivre le déroulement du scénario en recueillant les indices pour tenter d’effectuer les mêmes déductions que Nice, pour peu qu’il soit pas mal observateur. Il faut dire que notre détective supersonique peut trouver 12 indices et parvenir à une conclusion inattaquable rien qu’en visualisant une seule pièce pendant… 10 secondes ! Le défi est donc de taille pour le lecteur, mais on regrette que ce qui aurait dû être une originalité du manga se noie ensuite dans un tome 2 bourré à craquer d’action, Nice et Murasaki s’enfonçant jusqu’au cou dans une affaire mafieuse impliquant d’autres détenteurs déserteurs de Facultas… mais à leurs trousses cette fois !

Le trait made in Blood Lad est ultra adapté au genre Shonen, mais le récit est bien trop classique

Le trait made in Blood Lad est ultra adapté au genre Shonen, mais le récit est bien trop classique

Du coup, l’enthousiasme du premier volet laisse place à une certaine déception dans le second volume, même si une fin tragique reproduite en milieu de récit aurait pu donner un tout autre cachet à l’œuvre si elle avait été maintenue. Hélas, le Shonen « Politicaly Correct » reprend vite le dessus et nous prouve que tout n’est qu’apparence pour continuer sur la route de la baston entre d’une part les gentils détectives et d’autre part le vil Institut. Un classicisme monstre, donc, à grands renforts de Minimums parfois sympathiques tels que la FireStarter qui enflamme sa cible dès qu’elle la touche… en se brûlant obligatoirement au passage, mais malheureusement trop souvent usités à l’extrême par la concurrence, comme l’esquive ultime, le cri qui tue, la vision infrarouge, la manipulation de l’électricité et j’en passe.

En conclusion, si Hamatora – The Comic est irréprochable sur le plan technique grâce à des personnages charismatiques, un trait maîtrisé et des séquences d’action trépidantes, il n’en demeure pas moins un copié-collé scénaristique de ce qui se fait couramment chez la concurrence. Attention, il s’agit d’un manga très agréable à lire puisqu’il reproduit à la lettre les codes du Shonen classique… et il le fait bien, mais le résultat, aussi appliqué soit-il, est loin d’être inoubliable pour qui connaît déjà le genre par coeur. Gageons que le volume 3 donnera un peu plus d’ampleur et surtout « d’originalité » au récit pour permettre à Nice et ses amis de se faire un nom dans le milieu !

Note Globale N-Gamz: 3/5



About the Author

Neoanderson (Chapitre Sébastien)
Hardcore gamer dans l'âme, la quarantaine depuis peu, je suis le rédacteur en chef autant que le rédacteur de news et le vidéo-testeur de ce site (foncez sur la chaîne YouTube d'ailleurs). Amoureux des RPG nourri aux Final Fantasy, Chrono Trigger, Xenogears et consorts, je suis également fan de survival/horror. Niveau japanim, je voue un culte aux shonens/seinens tels que Ga-Rei, L'Ile de Hozuki, Orphen, Sprite ou encore Asebi. Enfin, je suis un cinéphile averti, orienté science-fiction, fantastique et horreur, mes films cultes étant Star Wars, Matrix, Sucker Punch, Inception et Tenet. N'hésitez pas à me suivre via mon Facebook (NeoAnderson N-Gamz), mon Twitter (@neo_ngamz) et mon Instagram (neoandersonngamz)!