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Il y a déjà presque quinze ans, Nintendo envoyait ses plombiers à l’aventure au cœur du Royaume de Végésia et donnait naissance à la série de RPG Mario & Luigi avec un tout premier volet maîtrisé qui augurait déjà du meilleur pour le futur. Son nom ? Superstar Saga. Après quatre suites de qualité (avec tout de même une certaine baisse de forme scénaristique), retour aux origines sur 3DS avec un remake en bonne et due forme de l’épisode original, considéré par beaucoup comme le meilleur de la série, agrémenté pour l’occasion d’un mode de jeu inédit. Cette version saura-t-elle maintenir le statut de Superstar de son aîné ?

Superstar Saga, c’est plus fort que toi

« Peach kidnappée? Oui mais cette fois, Bowser… n’y est pour rien et va vous filer un coup de main! »

La princesse Peach est dans le pétrin, et c’est encore et toujours à Mario et Luigi de la sauver ! Et cette fois, cet éternel kidnappeur qu’est Bowser n’y est pour rien: les grands méchants du jour sont la sorcière Graguémona et son fidèle serviteur Gracowitz, s’étant emparé de la voix mélodieuse de la princesse, désormais condamnée à déchaîner des tonnes d’explosifs dès qu’elle ouvre la bouche. Forcés de s’allier momentanément à Bowser, leur ennemi juré, voilà les deux frangins en route pour le Royaume de Végésia, où résident les crapules de service. Et l’aventure ne sera pas sans surprises !

Dès les premiers instants, l’humour fait rage et s’impose d’emblée comme la plus grande force de cet opus, et de la série dans son ensemble. Admirablement localisé en français comme à l’accoutumée chez Nintendo, les vannes font mouche et les personnages sont attachants, en particulier Mario et Luigi, ces derniers ne s’exprimant que par les vocalises si caractéristiques de Charles Martinet. Luigi, en particulier, s’impose comme un ressort comique inépuisable, lui qui est un modèle de couardise n’imposant que très peu de respect (pour la plupart des PNJ, il ne sera rien d’autre que « le moustachu en vert »), en comparaison de son frère duquel on n’a de cesse de chanter les louanges. Plus que le scénario, qui réserve tout de même son lot de petites surprises bienvenues, c’est donc cette ambiance bon enfant et un rythme très soutenu qui nous guident durant la vingtaine d’heures nécessaires pour triompher de Graguémona.

Un remake qui vaut le coup ?

« Les combats de boss sont intenses mais justes »

Outre cette écriture de qualité et l’exploration mâtinée de plateforme très agréable à prendre en main, le système de combat est l’autre grande force des Mario & Luigi, et c’était déjà le cas dès ce premier opus, qui introduit des affrontements au tour par tour d’un dynamisme incroyable, qui font à la fois appel à la bonne gestion de ses compétences et objets comme n’importe quel jeu de rôle tout en faisant appel à une bonne dose de réflexes pour infliger de gros dégâts ou éviter les attaques ennemies, parfois dévastatrices. Car si les ennemis lambda ne présenteront en général que peu de difficulté, il en va autrement des boss, nombreux et mortels. Jamais injustes, ces phases demanderont tout de même une certaine dose de patience et de sang froid et représenteront parfois un pic de difficulté maladroit, le challenge étant par ailleurs globalement bien dosé.

Mais tout ça, vous le savez sans doute déjà si vous vous intéressez un minimum à la saga. La vraie question à laquelle devra répondre ce test est donc celle-ci: quid de cette version 2017 ? Nintendo aurait-il joué la carte du portage fainéant ? La réponse est un NON retentissant. Graphiquement, tout d’abord, on a droit à un ravalement total de façade, la 2D pixellisée laissant la place au moteur graphique ayant donné vie aux deux derniers opus en date de la série, jouant sur un mélange réussi de 2D et de 3D qui sied à merveille à l’univers et à ses personnages loufoques.

« Le lifting graphique est de qualité »

Les puristes pourront toutefois pester contre ce lifting, qui se permet certaines modifications visuelles qu’on pourrait qualifier de fainéantes, certains ennemis et PNJ très spécifiques à l’épisode original ayant été remplacés par des modèles issus des deux derniers opus, le studio Alphadream étant visiblement adepte du recyclage. On notera également un rendu un peu moins cartoonesque en ce qui concerne les mimiques des personnages. Ces « bémols » ne chiffonneront que les fans les plus hardcore de la version GBA; les autres seront ravis du soin apporté à ce remake, où chaque scène a été recréée avec soin en utilisant au mieux ce moteur graphique, qui laisse voir d’excellents effets de lumière donnant un vrai cachet au soft.

La bande son, composée par l’excellente et prolifique Yoko Shimomura (compositrice, notamment, des Kingdom Hearts), bénéficie également d’une mise à jour mettant en valeur les compositions originales, mêlant des thèmes iconiques chers aux frères moustachus et d’autres mélodies entêtantes et illustrant à merveille cette aventure; en particulier lors des combats de boss.

Enfin, notons de nombreux petits ajustements tirés des épisodes ultérieurs à Superstar Saga, comme la possibilité de sauvegarder n’importe où, d’avoir accès à la carte en permanence sur l’écran tactile ou de parer n’importe quelle attaque moyennant quelques points de vie, technique héritée de Paper Jam Saga, le dernier opus en date. On se réjouira face à ces ajouts bienvenus qui renforcent le confort de jeu sans jamais trahir l’esprit du soft d’origine.

Les sbires contre-attaquent

« Drôle et bien pensé, le nouveau mode « Super Sbires Saga » est un ajout appréciable »

Mais la grande nouveauté de cette cartouche, c’est le mode Super Sbires Saga : les sauveurs de Bowser, une aventure qui se déroule en parallèle de la quête principale et qui met en scène le capitaine Goomba et son équipe de sbires bien décidés à sauver leur boss bien aimé, le terrible Bowser, ainsi que leurs comparses ayant subi un lavage de cerveau et étant désormais à la solde de Graguémona et Gracowitz. On oublie le tour par tour pour ce mode composé de combats stratégiques en temps réel opposant deux armées de monstres qui se mettent joyeusement sur la tronche, sous la supervision d’un capitaine par équipe.

Les affrontements se déroulent automatiquement, le rôle du joueur étant principalement de composer intelligemment son équipe composée de nombreuses recrues rencontrées au fil des niveaux. Il existe trois types d’unités (sol, air et tir à distance) dont les forces et les faiblesses fonctionnent selon un triangle régi par le bon vieux principe du pierre-papier-ciseaux: sol>distance>air. Sachant que chaque type d’unité a sa place propre sur le champ de bataille, il faudra cogiter un minimum avant de se lancer tête baissée dans la mêlée.

Peu palpitant sur le papier, ce mode bénéficie en réalité d’une écriture et d’une localisation tout aussi drôles et maîtrisées que celles de l’aventure principale, qui rendent attachantes les aventures de ces sbires pas toujours très malins mais fidèles à leur maître envers et contre tout. De plus, la courbe de difficulté est particulièrement bien gérée, le jeu soignant son tutorial et introduisant régulièrement de nouvelles subtilités à maîtriser, comme la possibilité pour le capitaine d’utiliser des capacités sur le terrain, par exemple pour bloquer les attaques ennemies ou demander des renforts.

Un titre d’une grande générosite

Ne justifiant peut-être pas l’achat du soft à lui seul, ce mode complémentaire a tout de même de sacrés atouts à faire valoir et saura vous occuper un paquet d’heures; on recommandera cependant de le pratiquer par petites sessions pour ne pas voir la lassitude pointer trop rapidement le bout de son nez, la faible durée des batailles étant idéale pour des parties rapides.

Superstar un jour, superstar toujours

Qu’on adhère ou pas au lifting graphique et sonore, qu’on accroche ou non à l’aspect tactique et automatisé de la quête des sbires, force est de reconnaître que ce Mario & Luigi Superstar Saga + Les Sbires de Bowser (oui, c’est long) se montre d’une grande générosité et saura sans problème faire replonger les fans de l’original curieux de redécouvrir Végésia sous un nouveau jour.

La bande-annonce

Réalisation: 15/20

Vieux de presque quinze ans, Superstar Saga s’offre un joli lifting réalisé avec le moteur des deux derniers opus de la série, joli mélange de 2D et de 3D qui pourra tout de même faire regretter le côté très cartoon de l’original, qui perd aux passages certains détails qui manqueront sans aucun doute aux puristes.

Gameplay/Scénario: 16/20

Avec son humour ravageur et ses combats au tour par tour dynamiques au possible, le soft est toujours aussi agréable à parcourir après toutes ces années. Le mode « Super Sbires Saga » est un complément dispensable mais drôle et efficace à la quête principale, à condition de privilégier les sessions courtes.

Bande-Son: 15/20

Les compositions de Yoko Shimomura, mêlant thèmes mythique et mélodies originales et entêtantes, se voient mises à jour de bien belle manière à l’occasion de ce remake. Par contre, les allergiques aux cris stridents de Mario et sa clique risquent l’overdose.

Durée de vie: 15/20

Terrasser Graguémona vous prendra une petite vingtaine d’heures, à laquelle vous pouvez ajouter un bon paquet d’autres pour tout découvrir et venir à bout de l’aventure des sbires de Bowser.

Note Globale N-Gamz.com: 16/20

Mario & Luigi: Superstar Saga était et reste un excellent jeu qu’on ne saurait trop vous conseiller de (re)parcourir, de même que les opus suivants (en particulier L’aventure intérieure de Bowser, le meilleur épisode selon votre serviteur), qui bénéficieront peut-être eux aussi du même traitement. Vu le soin apporté à ce remake, on signe les yeux fermés.



About the Author

Guib
Accro (mais sainement ; et oui, amis journalistes, c’est possible) aux jeux vidéo depuis le jour où j’ai reçu ma Super Nintendo accompagnée de Super Mario All Stars à l’âge de 6 ans, je suis passionné par les jeux de plate-forme, mais pas uniquement. Peu importe le genre, je suis surtout intéressé par les titres qui ont une âme et qui dégagent une réelle personnalité. Quelques-uns de mes jeux cultes : Yoshi’s Island, Beyond Good & Evil, Ico et les jeux Rockstar (oui, ça tranche avec le reste mais ces gars-là m’ont rarement déçu). J’ai aussi une petite faiblesse moins avouable pour les jeux nanars descendus par la plupart des testeurs, mais chut. Etant fan de cinéma fantastique et écrivant depuis quelques mois des critiques de films, j’ai eu envie de me diversifier et de me lancer dans le test de jeux vidéo, et me voilà !