Review

En voilà une sacrée surprise ! Débarquant de nulle part, ses géniteurs ayant très peu communiqué à son sujet, Embers of Mirrim tente discrètement de se frayer un chemin parmi la masse grouillante de jeux de plateforme indépendants et ose un concept intéressant pour tirer son épingle du jeu. Pas de suspense: c’est réussi, et pas qu’un peu.

Fuuuuuuuuuusion !

« Le concept peut dérouter mais on se prend très vite au jeu. »

Deux clans de créatures félines, l’un représentant l’obscurité et l’autre la lumière, éternelles ennemies, sont rassemblés par un prophète qui leur annonce qu’une catastrophe irréversible est sur le point de décimer leurs terres. Peu importe la haine, il va falloir unir ses forces et fusionner pour combattre la Corruption. Et quand on parle de fusionner, ce n’est pas une image: deux créatures des camps opposés s’unissent pour former un seul et unique être, appelé Mirrim, capable de maîtriser les pouvoirs de l’ombre et de la lumière.

Pour raconter son histoire, Embers of Mirrim opte pour une mise en scène dépourvue de tout texte ou dialogue, l’animation des personnages étant seule chargée du boulot. Et ça fonctionne plutôt bien ! Prévisible et peu originale, la trame se laisse néanmoins suivre avec un certain intérêt jusqu’au dénouement chargé d’émotion et très bien amené. Mais quid du gameplay ?

L’union fait la force

« Certaines séquences présentent un réel challenge. »

A première vue, Mirrim semble indissociable de n’importe quel héros de plateforme: il court, saute de gauche à droite sans jamais se fatiguer, plane et peut fracasser brutalement le sol. C’est sans compter sur la capacité qu’a la bestiole de se diviser en deux sphères verte et mauve, les Embers, représentant les deux courageuses créatures fusionnées. Chaque stick étant attribué à un Ember spécifique, il faudra faire preuve de coordination pour guider chaque entité à bon port et reformer Mirrim en lieu sûr. La durée de déplacement des Embers est limitée, il faudra donc gérer intelligemment son timing et les différentes subtilités telles que les zones où les sphères peuvent circuler sans contrainte de temps.

Si tout cela peut paraître déroutant, les développeurs ont eu le bon goût d’introduire intelligemment les différentes mécaniques du gameplay (dont certaines très bonnes idées que l’on prendra le soin de taire ici). La gestion de la difficulté et de la courbe d’apprentissage font en effet partie des gros points forts du jeu; si le challenge est bien au rendez-vous, il s’instaure graduellement en vous laissant le temps de vous familiariser avec toutes les subtilités du soft, si bien que tout échec sera le fruit de votre manque de concentration, et non d’une quelconque injustice. De plus, la mort est à peine punitive, le respawn étant instantané et les checkpoints nombreux. L’attention portée au fun et à l’absence de frustration est en tous points admirable, ce qui n’était pas gagné étant donné le concept particulier et la présence de certains passages relativement corsés et tendus, dont quelques courses-poursuites haletantes et de très bons combats de boss.

Une belle réussite, Embers et contre tout

« L’univers et le design des créatures ne manquent pas de charme. »

Si le moteur graphique n’impressionnera personne, budget modeste oblige, le soft a pour lui une patte propre et, surtout, une fluidité qui ne faiblira à aucun moment. Tout comme le gameplay, la réalisation est maîtrisée et on peine à croire qu’il s’agit du premier vrai projet du studio, à qui l’on ne devait jusque là que différents portages et un jeu casual pour smartphones. Au diapason, la bande-son est un régal pour les oreilles et combine des plages sereines avec des envolées de toute beauté d’une cohérence totale avec l’action; on n’en dira néanmoins pas tant des bruitages quelque peu génériques.

Très honnêtement, mis à part quelques séquences tirant en longueur et une rejouabilité quasi nulle, sauf si vous souhaitez découvrir chaque secret, on peine à reprocher quoi que ce soit à ce Embers of Mirrim. Les développeurs imposent, maîtrisent et bonifient leur très bon concept tout au long du jeu, d’un rythme et d’une intensité qui ne faiblissent que très rarement. Certes, mener Mirrim à la fin de son/leur périple ne vous prendra que trois ou quatre heures, mais le travail accompli par Creative Bytes pour diversifier la plateforme 2D (ou 2,5D si vous voulez pinailler) et raconter cette touchante histoire mérite tout notre admiration.

La bande-annonce

Réalisation: 14/20

Visiblement doté d’un budget réduit, le soft n’impressionnera personne et laissera les férus de monstres graphiques sur le bas-côté. Les autres pourront apprécier l’effort fourni au niveau de la diversité des décors, de l’identité propre à cet univers et du design des créatures qui le peuplent. Cerise sur le gâteau, la fluidité est irréprochable tout du long.

Gameplay/Scénario: 15/20

Partant d’un concept déroutant, Embers of Mirrim fait preuve d’une gestion irréprochable de la difficulté et de la courbe d’apprentissage, de façon à ne laisser personne sur le carreau, pas même les moins coordonnés d’entre nous. De plus, le jeu est truffé de petites idées venant agrémenter un gameplay de base déjà très solide. Les cinématiques, dépourvues de tout texte ou dialogue, dégagent un charme réel et rythmeront efficacement le périple, jusqu’à un final touchant et très bien amené.

Bande-Son: 16/20

D’une beauté saisissante, variée tout en étant d’une cohérence inattaquable, la bande originale est un régal de tous les instants et fait oublier sans problème les bruitages génériques.

Durée de vie: 12/20

Certes, les trois ou quatre heures nécessaires pour mener Mirrim au bout de ses aventures pourront laisser un goût amer aux joueurs ne jurant que par la quantité, mais le tarif léger de 20€, le rythme soutenu et les excellentes idées peuplant le soft compensent très largement cette faiblesse.

Note Globale N-Gamz.com: 16/20

Avec Embers of Mirrim, les Canadiens de Creative Bytes s’offrent un sacré coup de projecteur qui démontre toute l’étendue de leur talent, à même de conquérir les fans de plateforme à la recherche d’une bouffée d’air frais et d’un challenge savamment dosé. Il nous tarde de voir ce que le studio a en réserve pour l’avenir, en espérant que leur bébé rencontre le succès qu’il mérite.



About the Author

Guib
Accro (mais sainement ; et oui, amis journalistes, c’est possible) aux jeux vidéo depuis le jour où j’ai reçu ma Super Nintendo accompagnée de Super Mario All Stars à l’âge de 6 ans, je suis passionné par les jeux de plate-forme, mais pas uniquement. Peu importe le genre, je suis surtout intéressé par les titres qui ont une âme et qui dégagent une réelle personnalité. Quelques-uns de mes jeux cultes : Yoshi’s Island, Beyond Good & Evil, Ico et les jeux Rockstar (oui, ça tranche avec le reste mais ces gars-là m’ont rarement déçu). J’ai aussi une petite faiblesse moins avouable pour les jeux nanars descendus par la plupart des testeurs, mais chut. Etant fan de cinéma fantastique et écrivant depuis quelques mois des critiques de films, j’ai eu envie de me diversifier et de me lancer dans le test de jeux vidéo, et me voilà !