Review
Après la sortie, fin 2015, de son premier épisode sur PC et XBOX One, Blues and Bullets (dont vous pouvez trouver le test ici : http://n-gamz.com/video-game-review/blues-and-bullets-test-et-video-test/) nous livre le deuxième volet de ses aventures narratives qui compteront cinq segments au final, chacun vendu au prix de 4,99€. Bonne nouvelle, c’est également l’occasion pour le soft du studio A Crowd of Monsters de nous livrer son bébé sur PlayStation 4. Pas de jaloux comme ça ! Au programme de ce finement titré « Secouer la Ruche »: flashbacks morbides, nouveaux indices dans votre recherche de Sofia Capone et problèmes amoureux, rien que ça !
J’ai tué pour elle
Comme il est de coutume dans les jeux narratifs en épisodes (dont Telltale a lancé la tendance) ou encore au sein des séries télévisées, ce second volet de Blues & Bullets commence par un résumé des moments-clés du premier segment, avant de vous envoyer tout droit vers un flashback plutôt romantique, livré de façon quasi cinématographique aves les noms des doubleurs, le long travelling arrière, les plans séquences, et j’en passe. Le tout vous présente un Eliot Ness « jeune », fricotant gentiment avec l’épouse de son coéquipier et, accessoirement, meilleur ami. L’occasion de se poser un peu, d’acheter un éventuel cadeau pour votre conquête ou la petite fille de cette dernière, et de consulter une voyante qui risque bien de vous filer la trouille par ses révélations. Tout cela, bien entendu, avant que le jeu ne vous renvoie à l’époque actuelle, tandis que vous avez usurpé l’identité d’un criminel pour mieux infiltrer le sous-marin d’Ivankov, caïd de la pègre, dans votre recherche pour sauver Sofia, la petite-fille de votre Nemesis : Al Capone !
Vous vous en doutez, votre supercherie tourne court et la forteresse aquatique va vite se transformer en bain de sang lorsque vous vous retrouverez sous le feu des nombreux hommes de main de votre interlocuteur. Exit les discussions et place aux fameuses phases TPS de l’épisode 1, qui sont ici bien plus présentes histoire de dynamiser l’action, malgré une maniabilité et une animation pas vraiment au top. C’est un fait : les développeurs de A Crowf of Monsters entendent bien faire monter la pression après le retour arrière tout gentillet du début (qui se finit de façon un peu dramatique, il est vrai)… et ils ne comptent pas s’arrêter là dans ce second volet dont le nom est plus qu’évocateur !
Antre de la folie
Contrairement à l’épisode précédent, ce Shaking the Hive présente d’entrée de jeu plus d’action via les phases de shoot précitées, mais également au travers de quelques trouvailles visuelles telles qu’une vue à la première personne le temps d’un segment, plongé que vous êtes dans l’esprit torturé d’Eliot Ness. Vous voilà ainsi en plein cœur du commissariat de Santa Esperanza, dans le noir complet, avec votre seule lampe torche pour amie. Impossible de courir ou de sortir votre flingue salvateur et place à des visions cauchemardesques plutôt bien mises en scène… De quoi avoir des frissons. Fort heureusement, même si le récit est plus sombre que l’épisode un, on retrouve par moments une petite pointe d’humour bienvenue, notamment dans les dialogues toujours aussi finement doublés ! A noter une petite featurette sympathique : la possibilité d’incarner Al Capone himself, armé de son terrible fusil à pompe, le temps d’une phase de gunfight, décidément plus que nombreuses… un peu comme si les développeurs avaient voulu remplir le temps de jeu… bizarre.
Les QTE répondent bien évidemment à l’appel et se montrent vraiment aisés à réaliser, le but n’étant pas de vous mettre sous pression comme dans des titres tels que Until Dawn ou encore The Walking Dead. La séquence d’enquête (oui car il n’y en a qu’une seule dans ce volet) est plutôt bien pensée, même si on regrettera toujours de ne pas pouvoir émettre des théories autres que celle définie par A Crowd of Monsters alors que des softs comme la série des Sherlock Holmes ou encore L.A. Noire permettent ce genre de fantaisies.
Mais ce qui donne à Blues and Bullets ses lettres de noblesse, c’est incontestablement sa mise en scène travaillée et son propos radicalement mâture. La séquence du commissariat, précitée, en est un bel exemple avec ce noir et blanc aux contrastes volontairement accentués pour faire ressortir la couleur rouge et ses dérivées, toujours utilisée pour attirer votre œil sur des éléments clés de l’intrigue ou des effets spéciaux censés provoquer un certain effroi : sang, flammes et parfois mots entiers incrustés dans le décor pour vous marteler de sombres vérités sur vous-même. Immersif et malsain au possible, tout comme la musique qui verse tantôt dans le mélancolique ténébreux, tantôt dans l’angoisse… car rien dans Blues and Bullets ne viendra vous redonner le sourire. Le jeu est glauque, oppressant, et sa noirceur est presque palpable grâce à ses personnages radicalement humains. Et ce n’est pas l’ultime séquence, vous faisant incarner Sofia Capone dans sa geôle putride, qui viendra atténuer cette ambiance de Polar Noir… très noir !
Un second volet qui nous secoue
« Secouer la Ruche » est donc une digne suite du premier épisode de Blues and Bullets, plus sombre et plus profonde, qui annonce une excellente saison à venir si le studio de développement continue sur cette lancée. Un récit poignant, des personnages crédibles et un visuel atypique peuvent réellement faire un grand jeu, si tant est que ses géniteurs parviennent à trouver un juste équilibre entre les différentes phases de gameplay, ce volet nous paraissant un peu plus court que son aîné à cause de trop nombreuses séquences de tir. Un épisode 3 irréprochable ? On a envie d’y croire !
Le vidéo-test par Neoanderson
Note Globale N-Gamz.com: 17/20
A Crowd of Monsters réussit son essai avec Blues and Bullets Episode 2 et parvient à se placer en digne successeur des titres Telltale grâce à un scénario encore plus sombre que celui du précédent volet ainsi qu’une réelle implication sentimentale du joueur. Même si ce segment se finit relativement rapidement, notamment à cause d’une prépondérance étrange des phases de shoot au détriment de l’enquête pure, il offre néanmoins cinq gros choix scénaristiques pour la suite des événements, et un sacré retour dans le passé d’Eliot Ness, un héros à la psyché ô combien torturée. Si vous adhérez au design artistique si particulier de la série, nul doute que vous replongerez avec plaisir dans ce Polar Noir morbide et malsain à souhait !