Review
En 1999 sortait un film qui allait révolutionner à lui seul toute l’industrie cinématographique, autant par la qualité de son récit cyberpunk à tiroirs que par l’inventivité de ses séquences d’action et l’utilisation de technologies jamais vues jusqu’alors : Matrix ! Premier volet d’une franchise qui a donné naissance à deux autres opus sur grand écran mais également divers jeux vidéo dont un MMORPG censé continuer l’histoire officielle, l’oeuvre des frères Wachowski (qui sont à présent des soeurs) a bouleversé toute une génération de geeks dont je fais indubitablement partie, vous l’aurez forcément compris avec mon pseudo. De fait, après avoir lu, vu et joué à tout ce qui pouvait m’approcher encore un peu plus de la Matrice durant plus d’une vingtaine d’années, voilà que débarque officiellement un long métrage que je n’espérais plus : Matrix 4 ! Avec Lana Wachowski aux commandes et les retrouvailles du duo Neo (Keanu Reeves) et Trinity (Carrie-Anne Moss) devant la caméra, mes attentes étaient grandes face à ce nouveau volet. Etait-il possible de renouveler l’impact que le premier opus avait eu sur moi ? Trouverai-je de nouvelles questions ou réponses alors que je pensais tout savoir de cet univers ? Etait-il tout simplement opportun de donner une suite à la trilogie Matrix ? Venez le découvrir dans ma critique complète et garantie 100% sans spoils !
Thomas Anderson (Keanu Reeves) est un concepteur de jeux vidéo qui souffre de crises durant lesquelles il ne parvient plus à faire la différence entre réalité et fiction de son esprit. C’est du moins ce que lui a déclaré son psychiatre attitré (Neil Patrick Harris), lequel le gave littéralement de pilules bleues censées le ramener au « monde réel » et à sa vie si stressante.
Et pourtant, malgré tous les traitements et diagnostics, rien à faire : Thomas « sait » que quelque chose ne tourne pas rond et il l’entrevoit de plus en plus à mesure qu’il se rapproche de la superbe Tiffany (Carrie-Anne Moss). C’est alors qu’il va croiser sur sa route Bugs (Jessica Henwick) et que son quotidien si ordinaire va se transformer en… chaos total ! Et si tout ce que Thomas pensait savoir, si ces étranges « flashs » qui semblent liés à des souvenirs d’une autre vie, n’étaient qu’illusion depuis tant d’années ?
Vous l’aurez compris, Matrix Resurrections semble démarrer comme un reboot voire même carrément comme un film à part, déstabilisant complètement le fan qui se retrouve aussi perdu que ce cher Thomas « Neo » Anderson durant la première heure de récit. On se demande ainsi sans cesse si on est dans la matrice et si la première trilogie se déroulait aussi complètement dans cette dernière, voire n’a peut-être jamais existé que dans l’esprit du héros !
Et puis, Lana Wachowski nous déroule le tapis rouge pour mieux accueillir les amoureux de la saga dans ce qui s’apparente clairement à une suite en bonne et due forme, avec toutes les explications de rigueur. Tout d’abord et bien entendu sur l’apparition de nouveaux personnages incroyablement charismatiques comme l’intrigant « Analyste » incarné par Neil Patrick Harris, la tête brûlée Bugs brillamment interprétée par Jessica Henwick, ou le nouveau « Morpheus » joué par Yahya Abdul-Mateen II et ses costumes bien plus extravagants que ceux de Laurence Fishburne,.
Mais ces explications plus que convaincantes valent aussi sur le retour de protagonistes phares déjà apparus dans les trailers tels que le truculent Mérovingien (Lambert Wilson) et même l’Agent Smith (Jonathan Groff) dont la relation avec Neo dans cet opus est aussi surprenante que succulente pour les amoureux d’explosion cérébrale. Et puis bien entendu, c’est le duo amoureux entre Keanu Reeves, remarquable dans son Thomas Anderson schizo-suicidaire, et une Carrie-Ann Moss qui lui vole habilement la vedette sur le final, qui porte le film vers les sommets pour nous faire vibrer comme jamais.
Vous pourriez croire que cela fait trop de monde à l’écran et qu’au final l’intrigue se dilue mais il n’en est rien et la réalisatrice parvient même à donner un espace convenable aux seconds rôles comme la hackeuse Lexy (Erendira Ibarra) ou l’encyclopédie vivante ès-Neo, Berg (Brian J.Smith), chose qu’elle n’était jamais parvenue à faire avec l’équipage du Nebuchadnezzar.
Un véritable tour de force qui se paie en plus le luxe de s’ouvrir pas mal de portes pour la suite tout en offrant une conclusion épique à la trilogie originelle, il fallait le faire ! Bref, sur le plan du récit, c’est intéressant en diable, parfois déstabilisant, mais surtout inventif tout en multipliant les clins d’oeil parfaitement dosés à l’attention des fans et en permettant à une nouvelle génération d’acteurs de prendre le relais.
Niveau réalisation, on se demandait si ce Matrix 4 allait à nouveau révolutionner le monde des effets visuels comme avait sur le faire le premier volet à l’époque grâce à son Bullet Time (d’ailleurs repris en « Meta » dans cette fameuse première heure brisant pas mal de codes). Bonne nouvelle : le spectacle est au rendez-vous et vous allez en prendre plein les yeux, notamment grâce à… un Bullet Time inversé !
Entre chorégraphies de combat millimétrées et jouissives, explosions en tous sens, côté sensationnel dans les décors et les situations, action sur le fil de rasoir et séquences de « meute » (la nouvelle arme de la matrice) qui font tout droit penser à des rushs de Survival Horror façon Days Gone, on est littéralement scotché à son siège et on sait que l’on assiste là à des scènes qui vont nous marquer durablement la rétine. Et puis pour tous ceux qui veulent en voir et en savoir plus sur le monde des machines esquissé dans la trilogie originelle, rassurez-vous : vous en aurez pour votre argent et c’est graphiquement sublime.
Vous l’aurez compris, s’il ne s’adressera clairement pas à ceux n’ayant pas vu les trois précédents films tant son récit crée des liens permanents avec ces derniers, les fans seront eux totalement à la fête avec ce Matrix Resurrections qui coche toutes les bonnes cases d’une suite innovante, grisante, intéressante et plus que jamais… inoubliable ! De quoi permettre à la licence de se relancer avec brio au cinéma pour, qui sait, une nouvelle trilogie toute aussi folle ? C’est ce que l’on souhaite ardemment !