Il y a des moments dans ma vie de gamer trentenaire (ok, bientôt quadra… j’avoue), parcourant depuis des lustres les événements dédiés à la presse, qui sont gravés au fer rouge dans ma mémoire pour leur fort impact émotionnel. Je pense par exemple « récemment » à la révélation de Final Fantasy VII Remake à l’E3 2015, à ma découverte d’Horizon Zero Dawn en compagnie de Guerrilla Games ou encore à ma première prise en main de The Last of Us chez Sony à la Gamescom 2012. Ces instants inoubliables sont dus en grande partie au talent des développeurs qui parviennent à faire vibrer ma corde sensible de joueur croyant avoir tout vu, tout vécu… et Asobo Studios fait désormais partie de ces rares studios qui ont réussi à m’émouvoir lors d’un event presse! Je ne m’y attendais pas, mais quand j’ai découvert « A Plague Tale: Innocence » en plein coeur du What’s Next parisien de Focus Home… j’ai instantanément su que je me souviendrai à vie de cet instant! Explications!
Asobo Studios, ce sont des petits frenchies bourrés de talent dont nous avions déjà souligné la qualité du travail graphique et le respect de la licence sur Rush: A Disney Pixar Adventure et Disneyland Adventures, mais qui ont également apporté leur aide à d’autres softs triple A tels que Quantum Break ou encore The Crew, pour ne citer qu’eux. Bref, techniquement, les petits gars sont au top mais ils voulaient en plus nous conter une histoire capable de nous prendre aux tripes dans leur nouveau projet solo: A Plague Tale – Innocence, et autant dire que l’expérience fut… bouleversante!
Prévu sur PlayStation 4, Xbox One et PC pour 2019, le titre nous emmène au coeur d’une France qui subit de plein fouet la Guerre de Cent Ans ET une épidémie de Peste Noire! Nous sommes en 1349, et le pays est ravagé par la maladie autant que par la pauvreté.
C’est dans cette ambiance déjà hautement pesante que vous allez incarner Amicia, 14 ans, soeur aînée du jeune Hugo, 5 ans. Si votre survie face à la faim et aux virus n’est déjà pas une mince affaire, le scénario a décidé de vous mener la vie dure puisque ce cher Hugo est recherché par une secte d’inquisiteurs qui voit en lui un terrifiant pouvoir. Un contexte mystico-historique qui sent bon le conte ténébreux… et c’est justement de là que le jeu tire son titre.
La mission qui nous a été proposée en live débutait au Chapitre 5, avec Amicia dans une barque, son frère endormi blotti contre elle, tandis que le jeune Lucas, apprenti d’un sage, conduit la frêle embarcation le long d’un fleuve tout en expliquant à notre héroïne la malédiction qui frappe Hugo. Et oui, dans A Plague Tale, ce sont les enfants qui ont les premiers rôles… et on s’attache à eux, à leur fragilité, en quelques secondes tant la modélisation des personnages est digne des grosses productions triple A actuelles.
On vous l’a dit, Asobo maîtrise sur le plan graphique, et le soft est une succession de séquences toutes plus angoissantes et envoûtantes les unes que les autres à ce niveau. De la brume nimbant un champ de bataille recouvert de soldats tombés au combat, aux flammes vacillantes d’un bûcher zébrant les ténèbres alentours, tout vous place dans une ambiance unique en son genre et malsainement réaliste.
Dans ce monde apocalyptique, trois choses seront primordiales et formeront le coeur du gameplay: la première consistera à prendre soin de votre petit frère, facilement apeuré par toutes les horreurs que vous allez croiser durant votre périple. Vous devrez donc lui tenir la main ou le serrer contre vous pour diminuer son anxiété, faute de quoi il pourrait bien se bloquer net. Idem si vous restez loin de lui trop longtemps, l’enfant n’hésitant pas à courir vers vous, grillant au passage votre couverture devant les gardes en patrouille.
Vous l’aurez deviné, le deuxième point crucial, c’est l’infiltration! En effet, Amicia n’est pas Lara Croft et ne disposera pour toute arme que d’une simple fronde et de quelques cailloux ramassés dans le décor. Bref, à moins de faire un virulent headshot aux soldats qui se rapprocheraient un peu trop de votre position, il va falloir ruser et vous planquer dans la moindre broussaille, le moindre recoin d’ombre, pour ne pas finir en Game Over. Les mécaniques sont simples, intuitives, et le soft se paie le luxe de proposer plusieurs façons d’arriver à ses fins, certaines se révélant forcément plus violentes… et donc plus traumatisantes pour votre petit frère!
L’émotion du duo face aux événements, au danger qui se rapproche pas à pas, transparaît ainsi dans un doublage anglais au top, les enfants nous touchant d’office en plein coeur par la justesse de leur interprétation, que ce soit durant les phases de protection, d’infiltration, de coopération ou encore purement narratives, le titre lorgnant parfois carrément du côté de l’excellent Senua’s Sacrifice pour les longues discussions contemplatives en plein coeur d’une réalité déchirée par l’horreur.
Enfin, la dernière pierre angulaire du gameplay provient… des rats! En effet, ils sont le vecteur principal de la Peste et se révèlent d’une agressivité rare. Tout contact avec eux entraîne une mort immédiate pour vous mais aussi pour vos ennemis, et il conviendra parfois de jouer de la fronde pour anéantir la seule chose qui empêche vos opposants en armure de se faire dévorer: leur lanterne!
En effet, les rats ont une sainte horreur du feu et de la lumière, et vous pourrez d’ailleurs vous en servir pour avancer au sein des niveaux, soit en tenant à bout de bras des torches à la durée de vie bien trop courte (avec une grosse montée d’angoisse en prime), soit en allumant des braseros à distance grâce à des pierres incendiaires, histoire de vous créer un étroit passage entre les nuées de rongeurs.
Cela n’a l’air de rien, dit comme ça, mais honnêtement il faut voir ce flot, que dis-je, ce RAZ-DE-MAREE horrifique de rats fondre sur vous comme les hordes d’infestés au Cordyceps de The Last of Us, avec leurs yeux rouges, leurs cris stridents qui vous vrillent les tympans et leur masse presque difforme les faisant se chevaucher les uns les autres comme une seule et même entité meurtrière.
Il n’y pas à tergiverser, le moteur physique qui gère ces bestioles est aussi terrifiant qu’impressionnant et joue pour beaucoup dans le ressenti « Survival » du soft. Il m’est ainsi arrivé plus d’une fois, durant la démo, de serrer les poings ou retenir mon souffle quand Amicia, tenant tout contre elle son jeune frère terrorisé, voit la lumière de sa lanterne faiblir petit à petit, et les rats se rapprocher toujours plus. Grisant!
Bref, jouer à A Plague Tale: Innocence, c’est se lancer dans une montagne russe d’émotions, l’attachement viscéral à notre duo d’enfants rappelant pour notre plus grand plaisir celui qui nous unissait à Joel et Ellie dans le titre de Naughty Dog précité, le tout se mixant à la perfection avec des séquences d’infiltrations horrifiques où le moindre bruit peut avoir raison de vous, pour un résultat qui devrait sans conteste marquer les esprits.
Allez, on ose le dire: Oui, Asobo tient vraiment là son « The Last of Us », qui sera certes plus centré sur le récit que sur l’action, mais le feeling est là et ne m’a pas lâché tout au long de la présentation. Et puis honnêtement, vu la qualité graphique et la passion pour la narration que les développeurs ont déjà instillées à leur bébé, nul doute que A Plague Tale: Innocence est sur la bonne voie pour nous faire vibrer comme rarement!
A Plague Tale: Innocence Trailer
La Note Preview N-Gamz: 5/5