Pendant la Japan Touch Haru 2015, N-Gamz est allé à la rencontre de SushiSeb, designer de personnages graphiques, kawaii juste comme il faut, mais surtout fortement inspirés du Japon. L’affiche de la Haru ? C’est lui. La chouette expo dans le fond du salon, lui aussi. Depuis le Nord de la France, SushiSeb s’insinue discrètement mais pourrait peut-être bien se faire une bonne place dans les mascottes que l’on retrouvera partout dans les mois à venir, tant ses personnages sont attachants. Interview.
Cerberus XV3: Qui êtes-vous SushiSeb ?
SushiSeb: Je viens de la communication. J’ai d’abord fait des études d’arts en Belgique, en communication visuelle, en étude et en art graphique. J’ai fait secondaire et supérieur. Ensuite, j’ai travaillé dix ans dans la comm’, dans tout ce qui est packaging, identité de marque, etc. Il y a maintenant 5 ans, j’ai eu un licenciement économique. J’ai alors fait un peu le tour des boîtes de Lille et de la région. J’avais été un peu au cœur de la création d’entreprise, et j’aimais bien cette énergie. Je me disais que j’aimerais bien la retrouver pour moi, surtout l’investissement que tu donnes. Je suis fan du Japon depuis que je suis gamin, par rapport aux goodies et aux dessins animés, puis plus tard par le pays et la ville de Tokyo. Je pense qu’au Japon, ils ont bien réussi à mélanger la modernité et la tradition. C’est donc ça qui est au cœur de mon projet. J’ai créé plein de petits personnages et puis je les ai adaptés sur différents supports. La base de mon projet, c’est un site internet marchand. Mais comme je viens de la communication, et que du coup j’ai la double étiquette, je fais donc aussi bien de la vente que de la prestation de service, comme par exemple pour la Japan Touch Haru pour laquelle j’ai fait l’affiche, et c’est surtout ça qui me permet de gagner ma vie aujourd’hui, le temps que mon projet se lance et se diffuse.
Pourquoi avoir choisi de faire vos designs en rapport avec le Japon ?
Le kawaii c’est très coloré, très fun et j’adore le côté mascotte qui est omniprésent au Japon. En Europe, on est moins rigolo et c’est pour ça que je fais du kawaii. Mais ça parle peut-être moins aux européens, par rapport à nos codes, l’esthétique, le design. Au Japon en revanche, ils sont plus dans l’extrême, ils n’hésitent pas à pousser les saturations, les typos. Ce côté-là me parle moins. Donc je cherche à faire quelque chose de kawaii certes, mais un peu plus design, pour que ça me parle plus, et que ça parle plus aux Français et aux Européens.
Pouvez-vous nous présenter vos personnages ?
J’ai plusieurs types de personnages. D’abord, il y a tout ce qui est plus alimentaire : les sushis, les makis, les onigiris, les nouilles, etc. Je trouvais ça très graphique et très codé Japon. Ensuite, il y a la série des petits oursons qui ont des personnalités : celui qui boit de l’alcool, celui qui aime le sexe, etc. En fait, il y a une double-vision dans mes personnages. La première est joyeuse et colorée, c’est celle que les enfants retiennent. La seconde est pleine de sous-entendus, et ce n’est pas forcément pour les enfants. Ensuite j’ai des personnages plus graphiques, un peu plus fous. Mais mes makis restent mes petites mascottes, c’est l’emblème de mon logo et de ma marque. Avec les personnages, j’essaye de voir aussi ce que les gens préfèrent, et j’imprime surtout en fonction des demandes des gens.
Comment avez-vous choisi les produits que vous alliez proposer ?
Au tout début j’ai fait une étude de marché, un test-conso pour voir ce que je pouvais proposer comme objets design, accessibles financièrement. C’est comme ça que j’ai lancé ma première production. Je voulais quelque chose d’un peu geek, c’est comme ça qu’est venue la clé USB, qui est un produit qu’on utilise au quotidien. Ensuite, moi je suis fan de goodies, alors les carteries se sont un peu imposées. Et puis, c’était aussi un panel de ce qui pouvait se faire par la suite, comme les mugs par exemple, qui peuvent ensuite se décliner en vaisselle. Après il y a les produits du moment, comme les stickers et les cartes-coloriages. Mais les produits du moment, c’est à double tranchant. Je propose des cabas par exemple. Il y a 4 ans, quand j’ai fait mon test conso, les cabas c’était hyper tendance et on ne les avait pas aussi gratuitement qu’on les a maintenant, sauf que maintenant je me retrouve avec un stock énorme. Mais à force de rencontrer des créateurs, j’ai un peu l’œil professionnel donc je vois aussi un peu ce qui marche comme produit. En ce moment, j’aimerai bien imprimer des tissus pour pouvoir faire des trousses et des tee-shirts par exemple. J’ai récemment rencontré des créateurs qui travaillent le tissu, donc je vais essayer de travailler avec eux sous forme de partenariat. Dans mes projets futurs, j’aimerais bien développer plus la papeterie et le matériel scolaire : les trousses, les crayons, les agendas, etc. Après c’est déclinable à l’infini, donc tout dépend des quantités, des rencontres et de l’argent du moment. Et puis, la Japan Touch est également l’occasion de faire des rencontres pour des projets futurs.
Parlez-nous un peu de votre exposition « Nipponeries » à la Japan Touch Haru justement.
L’exposition Nipponeries, c’est un peu l’ambiance générale de mon projet. Ce sont des toiles, c’est donc plus travaillé, plus graphique que les produits que je vends. D’abord on a les toiles de recettes : les sushis, les makis et les onigiris. Comme je viens du monde graphique et que je suis aussi fan de la typo, j’ai essayé de mêler mon univers et de le rendre un peu plus japonais, un peu plus adulte et plus graphique. Après, sur les autres toiles, c’est toujours des codes du Japon : le poulpe, Mario pour le côté geek, la fleur, les montagnes, etc. J’ai également d’autres toiles qui sont plus traditionnelles, où on a un fond rond comme le drapeau du Japon, et puis on a un bonsaï, avec un petit ourson, une geisha, etc. En fait, c’est mon expo du début, que j’ai créée il y a quelques années, et que j’ai amené ici à Lyon.
Vous êtes également à l’origine de l’affiche de la Japan Touch Haru, parlez-nous en un peu.
Pour l’affiche de la Japan Touch Haru, Jean-Pierre Gimenez, le directeur d’Asiexpo, m’avait donné carte blanche. J’étais venu à la Haru 2013, donc j’ai repris l’essentiel de ce qui s’y passe. La Haru est un peu plus jeune que les autres salons Asiexpo. La moyenne d’âge, c’est 15-35 ans. Donc je pouvais mettre un peu plus de fun. Finalement, Pikachu, ça parle à tout le monde, c’est un peu l’emblème de la Japan Touch Haru, et puis il réunit le kawaii, le jeu vidéo et le Japon. Ensuite, j’ai pris le panda parce c’est un des personnages les plus emblématiques du Japon en général. J’ai ajouté le côté cosplay qui fait des câlins, qui passe un bon moment, qui est content et heureux. Et enfin, il y a les petits détails, les petits clins d’œil : Pac-Man, la fleur de Murakami, Astro-boy, etc. Finalement, je pense que c’est ça aussi que les fans aiment bien, et c’est un peu ma signature qu’il y ait une deuxième lecture.
Que diriez-vous aux lecteurs de N-Gamz qui voudraient également se lancer dans le design ?
Quand on monte un projet, il faut faire une bonne étude de marché pour savoir où on met les pieds et avoir un bon réseau. Je n’aurai pas pu monter mon projet il y a dix ans en sortant d’école. Je l’ai monté avec tout mon réseau : des chefs d’entreprise, des grosses pointures, des gens branchés, etc. D’abord pour avoir une sorte de panel et aussi pour que ce soit diffusé. Ensuite c’est vrai que le kawaii, en France, il y a peu de gens qui travaillent dessus donc il y avait un marché à prendre, mais il fallait l’adapter à la culture occidentale, le rendre un peu plus design et un peu plus équilibré. Souvent les gens me disent que ça fait du bien de voir de la couleur. Il n’y a pas de prise de tête, c’est juste graphique, et il y a des moments où ça fait du bien à l’œil dans un monde parfois monotone. C’est tout cela auquel il faut penser. Mais surtout, il ne faut pas perdre espoir et j’insiste, il faut avant tout un bon réseau. Il faut penser à se monter une clientèle, une petite cible avant de créer ses premiers produits, sinon les stocks sont plus longs à écouler.
Merci beaucoup pour cette interview
Infos:
Le SushiSeb Shop et la liste des revendeurs sont disponibles sur le site officiel de la marque : http://www.sushiseb.com/
Remerciements à:
– Sébastien Ansart – Ludivine Dutto, notre contact presse à la Japan Touch Haru, pour sa gentillesse et son professionnalismePhotos : MCD