Review

Sorti depuis trois ans, Two Worlds II est devenu célèbre pour ses doublages français qui frôlent l’amateurisme. Pourtant, ce jeu recèle un bon nombre d’atouts si on lui laisse le temps de faire ses preuves. En effet, le studio polonais Reality Pump, développeur du soft, avait déjà réalisé un premier opus à la saga qui avait suscité autant de critiques négatives que positives. N’écoutant que son courage, il a décidé de poursuivre l’aventure avec un second volet, en prenant en compte l’avis des fans. Des améliorations ont ainsi été apportées tant dans le gameplay que dans les animations. Malgré tout, vous allez voir que le titre divise, une nouvelle fois, la communauté des gamers rôlistes, ce qui n’a pas empêché la sortie de cette Velvet Edition comprenant le jeu et tous ses DLC. De quoi apaiser les railleries de certains ? Pas si sûr.

Kyra, sœur Kyra, ne vois tu rien venir… ?

Une aventure longue et pleine de rencontres

L’histoire de Two Worlds II se déroule cinq ans après le premier opus, mais il n’est pas obligatoire d’avoir terminé ce dernier pour apprécier ce nouvel épisode. Une introduction vous met de suite dans l’ambiance en vous présentant votre héros, qui est le même que celui de Two Worlds premier du nom. Après avoir tenté de sauver votre soeur, Kyra,  il y a des années de cela, vous vous retrouvez finalement emprisonné avec elle, à la merci de Gandohar, un fou qui tente de récupérer le pouvoir du dieu du feu Aziraal, comme de juste logé dans le corps de votre frangine adorée (pas de bol)! En ce qui vous concerne, vous servez uniquement de garde-manger à énergie vitale, qui est transférée de temps à autre pour maintenir votre soeurette en vie. Le reste du temps, vous être enfermé dans un donjon… jusqu’à ce qu’une troupe d’Orcs ne vienne vous en libérer. Il est à préciser que ces sauveurs improvisés étaient autrefois vos plus farouches ennemis… comme quoi. Vous prendrez donc la fuite aux côtés de Dar Pha, une demi-orc à qui votre héros n’aura de cesse de faire la cour, et ses compagnons, en vous jurant de libérer Kyra et de vaincre Gandohar.

Pour ce faire, vous devrez devenir pour fort et trouver votre voie de prédilection. En effet, à la création de votre personnage, vous ne pouvez modifier que son apparence et non ses performances. On regrette d’ailleurs quelques petits défauts lors de cette customisation. Par exemple, bien que les possibilités soient relativement étendues, vous ne pourrez pas créer un homme avec une barbe autre que brune, quelle que soit la colorisation de sa chevelure. Aucune classe n’étant définie lors de cette phase, vous commencerez avec un héros touche-à-tout qui pourra, au cours de l’aventure, se diriger progressivement vers une “spécificité” bien définie (Guerrier, Archer, Mage). A mon sens, et par rapport à la concurrence, c’est un avantage non négligeable puisqu’il vous permet de prendre le temps de vous familiariser avec les armes et le gameplay avant de vous décider. Autre originalité, il est également possible de jouer plusieurs classes grâce à un raccourci clavier (ou bouton si vous jouer avec une manette, voire sur console) qui change instantanément votre tenue et adapte ainsi vos méthodes de combat face à l’adversaire. Dommage que l’IA des ennemis ne soit pas toujours exactement à la hauteur de nos espérances.

De la nouveauté dans le classicisme

Les effets de lumière sont assez bluffants

A chaque montée de niveau, vous obtenez des points d’aptitude et de compétence. Vous pouvez ainsi améliorer votre endurance, votre force, dextérité ou magie (qui influenceront les dégâts que vous allez donner, votre vitalité, le poids maximal que vous pouvez porter, …) et vous spécialiser plus en profondeur dans l’artisanat, le corps-à-corps, le crochetage etc.… Plusieurs compétences ne pourront être acquises que grâce à des livres qu’il vous faudra trouver. Il vous est également loisible de créer vos propres magies. Pour cela, il suffit de cumuler plusieurs sorts en un seul grâce à une interface adaptée. Autre fait intéressant, vous pouvez améliorer vos équipements en brisant les anciens et en récupérant divers matériaux grâce à eux: bois, tissu, métal. Sans oublier l’ajout de runes magiques ou de teintures sur certains d’entre eux. Petit bémol, vous pouvez le faire n’importe où et sans outil. Si cela peut être très pratique lorsque vous êtes en exploration, ça manque tout de même de réalisme. Des défis sont présents dans le soft, notamment le crochetage des serrures, qui change du banal “cliquez-ouvrez” ou du “Ah tiens il me vole, quel dommage !”, ou encore la réalisation de potions et autres breuvages. Sans oublier les petits jeux de détente que sont l’apprentissage d’un instrument de musique ou les dés.

Malheureusement, force est d’avouer que la trame principale du jeu n’est en soi pas très attrayante au début de l’aventure, principalement à cause des doublages qui ont un très fort impact démotivant et véhiculent quelques clichés. Il faudra donc se forcer un peu à poursuivre l’histoire pour y trouver finalement un intérêt. La quête principale se déroule comme un fil rouge auquel on ajoute quelques quêtes annexes permettant de développer le background ou les motivations des personnages concernés. Un effort a été fait afin de modifier les déroulements desdites quêtes annexes en fonction des différents choix de réponse que vous ferez à l’ouverture de celles-ci. Cependant, aucun d’eux n’influence la trame principale. Plus tard dans l’aventure, vous aurez le loisir de rejoindre une guilde. Hélas vous entrerez rarement en contact avec vos confrères et ne vous occuperez généralement que d’un panneau d’affichage pour collecter les différentes annonces. Dommage.

Des donjons retors comme il faut

Two Worlds II étant un monde ouvert, il vous est possible de voyager de diverses façons: à pied, en courant, à cheval et même en bateau, sans oublier les pierres de téléportation qui raccourcissent certaines distances. Le bestiaire est de prime abord assez ordinaire (autruches, phacochères, babouins…) mais s’enrichira au fur et à mesure, se calant davantage avec l’idée que l’on a d’un RPG fantastique (bien qu’on ne s’attende pas à croiser des dinosaures d’ordinaire). Il est à noter que certains lieux vous paraîtront bien vides tandis que d’autres vous seront purement et simplement inaccessibles tant que vous n’aurez pas réalisé certaines actions.

Pas de bras…

L’environnement global du jeu est, graphiquement bien travaillé : les décors sont vraiment réalistes et ne se répètent pas énormément, offrant un grand dépaysement entre les régions. Les armes et les pièces d’équipement sont bien représentées également. Le système de jour/nuit est très plaisant, et les effets de lumière qui l’ornent sont assez incroyables visuellement. On aurait presque envie de faire une pause sur la plage pour regarder les reflets du soleil au loin. Seuls inconvénients : les animations de personnages, leur manque de vivacité et leurs visages globalement neutres. D’autant que la proportion des bras vis-à-vis du corps m’intrigue sur certains personnages, et principalement sur mon propre héros (la longueur des bras étant d’ailleurs un des seuls paramètres qui ne soit pas réglable).

Un effet de blur pas toujours indispensable…

Comme dit plus haut, le point noir du jeu, même dans sa Velvet Edition, est clairement lié aux doublages. Je vous conseille vivement de jouer en version anglaise, sous-titrée français, et là vous aurez une toute autre ambiance ! C’est bien simple : on passe d’un héros tout bonnement aussi dandin que tête à claques à un homme plus charismatique, qui inspire le mystère et la dangerosité (même si le côté coureur de jupons reste imprégné au scénario). En un sens, les joueurs anglophones et allemands ont bien plus de chance que nous. En termes de musique, l’ambiance est superbe et les bruitages restent réalistes. Rien à redire à ce niveau.

Achat dispensable… ou pas !

Si Two Worlds 2 peut se terminer en une vingtaine d’heures en rushant, et bien davantage si vous vous penchez sur les quêtes annexes et l’exploration, il n’en reste pas moins un action-RPG globalement satisfaisant, très beau visuellement, mais qui a trop vite été jeté aux oubliettes à cause d’une rude concurrence, d’un doublage calamiteux et d’une histoire pas forcément inoubliable. Néanmoins, si vous parvenez à pardonner ces écueils (jouez en VOSTF !), le titre de Reality Pump peut clairement valoir le coup.

La bande-annonce

Réalisation: 14/20

Les graphismes sont vraiment soignés et variés. Cependant l’effet de flou au cours des dialogues est utilisé de manière trop abusive. De plus, les animations, bien qu’améliorées par rapport au premier opus, ne sont pas encore à la hauteur de ce qui se faisait déjà à l’époque (il y a trois ans !) chez les concurrents.

Gameplay/Scénario: 12/20

Le gameplay est en lui-même assez satisfaisant. Il permet de créer un personnage unique et de soigner son style de combat progressivement. Malheureusement, l’IA n’est pas totalement réussie, même si le jeu se corse sur la fin (et principalement avec le boss final). Le scénario plombe cependant le tout, surtout de par son manque d’originalité dès le début de l’intrigue.

Bande-Son: 13/20

Une note difficile à attribuer, surtout à cause des doublages français catastrophiques. J’ai préféré jouer en version anglaise, sous-titrée, ce qui donne une crédibilité totalement différente et une ambiance bien plus réaliste. La musique, quant à elle, reste dans le ton et égaiera vos tribulations au cours de l’aventure. Néanmoins, on aurait aimé entendre quelques morceaux de plus.

Durée de vie: 14/20

Pour un RPG, la durée de vie de Two Worlds 2 est correcte, sans plus. Les quêtes annexes et l’exploration la rallongent, c’est un fait, encore faut-il avoir envie d’en apprendre plus sur un scénario pas vraiment au top. Ajoutez à ça un multijoueur où vous pouvez choisir votre sexe et votre classe et vous obtiendrez largement la cinquantaine d’heures de jeu. Sans oublier le mode permettant la création et gestion de son propre village, qui n’a pas vraiment de fin.

Note Globale N-Gamz.com: 13/20

RPG à ne surtout pas pratiquer en VF, mais bel et bien en VOSTF, sous peine de mourir de rire ou d’en être dégoûté, Two Worlds 2, dans sa Velvet Edition, reste tout de même un titre agréable à jouer, surtout grâce à son ambiance musicale et ses décors variés. Quelques innovations auraient pu être davantage travaillées, comme les guildes. En espérant que les prochains titres de Reality Pump: Sacrilegium et Raven’s Cry, seront davantage à la hauteur du talent du studio.



About the Author

Diad
Passionnée de jeux vidéo depuis l’enfance, j’ai grandi avec des titres comme Baldur’s Gate, Dungeon Keeper, Heroes of Magic and Might II ou encore Dune II, sans oublier les licences Pokémon, Zelda, Spyro ou Vandal Hearts sur consoles. Bien que je sois restée très attachée aux périodes retro, je joue également aux jeux plus récents. Mes genres préférés restent les RPG et plates-formes difficiles ainsi que ceux d’action et d’aventure. Plus un jeu demande de jugeote pour être fini et plus il me plaît. Assez garçonne sur mes choix de mangas je lis plutôt du shonen et seinen. Je ne dis pas non à quelques trillers/horreur et à certains « seinen girly » (Pandora Hearts par exemple). Je suis également une très grande fan d’Heroïc-fantasy au point où les œuvres de SF qui me plaisent sont pour le moins rares.