Review

Si je vous déclare qu’un studio indépendant nommé Mundfish s’est dit qu’il était possible de prendre des saveurs chez Bioshock, Wolfenstein, Fallout, en saupoudrant le tout de vibes sauce Arkane sans jamais donner l’impression d’avoir affaire à un drôle de milkshake au parfum déjà-vu, vous seriez capable de me croire ? Et bien, je pense que le pari était osé, et après avoir attendu des années, en suivant le développement de ce FPS qui semblait parti sur l’autoroute du nawak (mais avec classe et brio hein), le titre est enfin là, nous l’avons dans les mains, dans notre PlayStation 5 et qu’en est-il ? Le rêve derrière Atomic Heart valait-il l’attente ? La réponse dans notre test aux effluves métalliques et communistes !

Welcome in Uchronie !

Atomic Heart nous propulse dans une réalité alternative qui a fait basculer les évènements de la Seconde Guerre Mondiale : le IIIème Reich n’a pas gagné (si c’est cette réalité qui vous intrigue, foncez lire du Philip K. Dick). Non, il est tombé après avoir généré une peste désastreuse. Les USA n’ont pas remporté la manche non plus et c’est finalement l’Union Soviétique qui a tiré son épingle du jeu grâce au professeur Sechenov et sa découverte du « Polymère ». Il s’agit d’une drôle de substance, un genre de stockage électrique à base de plastique, et c’est cette chose visqueuse et étrange qui a fait basculer le cours de l’Histoire.

Je vous passe tout le jargon technique et scientifique mais en gros Sechenov a révolutionné le monde de la robotique et a pu développer un projet qui colle à la vision rouge des soviétiques : une société liée, unie autour d’une oeuvre commune. Ce projet, c’est le site 3826 et le réseau Kollektiv 1.0 permettant d’assimiler du polymère dans un être humain afin d’être connecté à un même réseau qui donnerait la possibilité, à terme, de contrôler mentalement des robots ou de partager des informations en temps réel. Bien que l’idée soit clairement casse-gueule, et n’allez pas me dire que vous ne sentez pas le truc arriver à vitesse grand V, tout s’est plutôt bien passé entre 1950 et 1955. Hélas, l’arrivée de la mise à jour 2.0 ne va pas se passer comme prévue…

Encore une mise à jour qui foire…

Vous incarnez donc P3, connu sous le doux nom de Sergueï Alexeïevitch Netchaïev, que l’on continuera pour des raisons pratiques dans ce test à appeler P3. Vous êtes un soldat expérimenté qui revient de loin. Sauvé par Sechenov en personne après une mission dont il peine à se souvenir, il est de retour dans le circuit en tant que Major spécialiste des opérations spéciales, accompagné d’un étrange gant nommé Charles avec qui il va avoir des échanges souvent houleux mais dont les pouvoirs lui permettent de manier polymère et autres forces élémentaires, de générer un bouclier ou encore de piller des ressources.

Notre cher P3, se préparant à assister à la grande aventure de Kollektiv 2.0, va rapidement déchanter quand il va découvrir en chemin que les robots n’ont plus qu’une seule cible : les êtres humains ! Vous allez devoir mettre un terme à ce sanglant bordel, trouvez les traîtres… enfin ça c’est sur le papier car en réalité vous allez devoir penser avant tout à votre propre survie dans un monde hostile, tout en dénouant les fils scénaristiques sortis de l’esprit de Mundfish. C’est prenant, on est immergé immédiatement dans le titre et on n’en sort pas réellement puisqu’on pose la manette avec la hâte de la reprendre histoire d’avancer dans le bourbier au sein duquel évolue P3 et son caractère de cochon !

Les personnages que l’on va croiser sur notre route sont tous plutôt rondement développés. On s’attache, on est intrigué, c’est très clairement une chouette réussite. Cependant, il faudra aimer la lecture car tout le lore du soft est distillé par le biais de mouchards à découvrir et de terminaux de communications à retrouver afin d’en savoir toujours plus sur l’univers d’Atomic Heart.

Le soft n’est certes pas une révolution qui va vous twister le crâne à la façon d’un Bioshock mais il a de quoi maintenir votre esprit alerte et votre intérêt tout au long de l’aventure. Le défi est, de ce côté, relevé même s’il ne surpasse pas le maître (mais y parviendra t-on un jour ?!).

Sortez la grosse Bertha !

Atomic Heart n’est pas qu’une histoire bien ficelée et un univers ultra développé, c’est avant tout un bon gros FPS bien sanglant (enfin faudrait-il que les robots aient du sang mais bon, vous m’avez compris) ! Le titre est speed, bourré d’action, et propose ce qu’il faut de défis pour les joueurs aimant une difficulté un poil retorse (adepte du chill, soyez rassuré : un mode easy peasy story est de la partie). Des phases d’exploration et de puzzles sont implantées afin de nous sortir des séquences « gneugneu trancher tout ce qui bouge ou presque », et c’est rafraichissant bien que parfois déstabilisant. Lors des moments où les balles fonderont sur vous, vous aurez le choix parmi un arsenal copieux : PM, Kalash, fusil à pompe, … Il y en a pour tous les goûts ! Les armes de corps à corps sont aussi de la partie avec Terrine le couteau hors norme, Flocon le marteau pillon ou Zvedochka… une composition métallique indescriptible qui ravagera vos ennemis !

J’en ai oublié volontairement en route afin de ne pas vous gâcher le plaisir de la découverte mais c’est une jouissance de varier les approches grâce à cette diversité. N’allez cependant pas croire que vous pourrez tout embarquer sur vous car P3 a un nombre d’emplacements réglementé. Vous pourrez modifier votre inventaire via des bornes… aux tendances lubriques ! Mais vous pourrez aussi augmenter vos capacités, votre santé, votre endurance et crafter armes et munitions ainsi qu’améliorer tout votre barda ! Atomic Heart est donc des plus complets, mais ne va pas non plus se perdre dans le too much et c’est appréciable.

Une claque graphique ?

Parlons peu, parlons bien, parlons beauté. Le soft nous en met plein la vu dès son introduction : une balade sur des cours d’eaux plein de vie, au sein d’une cité utopique où le monde est en joie. On trouvera de quoi satisfaire notre peur de l’obscurité dans les tréfonds de bases lourdement gardées et des laboratoires qui visiblement menaient des expérimentations douteuses, mais aussi notre soif de grand air en parcourant le monde idyllique imaginé par Sechenov. On y trouvera de nombreuses références qui prêteront à sourire, une ambiance musicale originale et un monde qui va ravir tous nos sens tout en maintenant sur nos gardes.

Le level design se veut habile, oscillant entre niveaux fermés et monde semi-ouvert, nous permettant de nous dégourdir les gambettes entre deux explorations plus dirigées. Seuls reproches à faire sur le plan technique : j’ai subi deux crashs qui m’ont fait perdre quelques dizaines de minutes de jeu, ce qui peut se montrer assez frustrant, et quelques placements de caméra parfois à l’ouest. Heureusement ils restent rares et je ne serais pas étonnée que le studio soit à l’écoute des remontées des joueurs, vu leur présence sur certains réseaux sociaux qui laisse clairement entendre qu’ils sont présents et prêt à satisfaire leur public. Quelques couacs sonores sont aussi de la partie : la musique qui veut vous faire comprendre que des ennemis sont à vos trousse alors que… nope… ainsi que quelques soucis de lisibilité dans les sous-titres. Le doublage est disponible dans de nombreuses langues et vous pourrez vous faire plaisir car ils sont de très belles qualité. L’acting est convaincant, P3 surjoue un poil par moment en français mais Charles cartonne. Le langage fleurit fait sourire mais parvient à ne jamais nous faire tomber dans l’overdose. C’est bien écrit et dans un joli écrin, que demande le peuple ?

Atomic Heart: Trailer

Note N-Gamz.com: 17,5/20

Atomic Heart a su se faire désirer mais il est enfin là ! Et quelle arrivée ! Un scénario fort, prenant et original, qui reprend les codes de tout bon action FPS en se les appropriant avec brio. Alors oui, son histoire n’est peut-être pas aussi perchée et fabuleuse que celle de Bioshock, son P3 n’a pas la prose poétique et engagée de Blazkowicz mais il a tout un univers qui ne demande qu’à être découvert, des personnages haut en couleurs qui font bien plus que ne meubler et une bande-son assez dingue qui colle à l’ambiance à merveille. Son gameplay ne transforme pas le genre mais sait nous proposer quelque chose de juste ce qu’il faut de diversifié et équilibré tout en donnant dans l’impact et l’action. Une réussite à posséder en ce début d’année afin de se défouler dans un monde utopique de chair et de métal alors bienvenue au studio Mundfish dans la cour des grands.


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LadyDisturbed
Jeune sœur de bataille, dévoreuse de romans à la vitesse de la lumière et fanatique de jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance... voilà ce qui pourrait résumer de façon rapide votre petite rédactrice. Les mangas ne me font pas peur, la couture et le cosplay sont mon lot quotidien, l'écriture de fan fiction m'occupe et je rêve et vis dans un monde fait de fantasy et de science-fiction où les princesses Disney ont leur place. Éclectique, je suis ouverte à tous types de jeux, allant du RPG au FPS en passant par le Visual Novel, les MMO ou encore les jeux de stratégie, tout en voguant dans les eaux troubles des jeux indépendants que je me plais à vous faire découvrir. Je ferai tout ce qui est possible pour être juste dans mes jugements, et puisse le sort vous être favorable !