Review

Il y a trois ans déjà, lors de sa sortie sur PC, Cloudbuilt avait su attirer l’attention des fans de plateforme 3D tendance hardcore. C’est aujourd’hui dans une version remaniée et comprenant tous les DLC sortis depuis, humblement nommée Super Cloudbuilt, que nous arrive le soft sur PC et consoles. Préparez vos nerfs, c’est parti pour un tour.

Demi molle

« Un sacré challenge vous attend dans le rôle de la jeune Demi »

Tombée dans un coma profond suite à un combat qui a mal tourné, la jeune Demi, soldat de son état, est plongée dans une simulation qui la voit équipée d’un jetpack et d’un flingue multi-usage au sein de nombreux environnements hostiles. Entre chaque niveau, Demi lancera un monologue pseudo-philosophique à mesure qu’elle apprendra à accepter son corps nouvellement mutilé ou, au contraire, à sombrer dans le désespoir.

Si le studio Coilworks a visiblement pris l’histoire de la jeune héroïne à cœur, on doute qu’elle captivera un grand nombre de joueurs, la faute à une mise en scène inexistante (chaque fin de niveau donne lieu à une petite cut scene à chaque fois identique), à une certaine prétention dans l’écriture et à une voix off peu inspirée. Le jeu a beau proposer quatre fins, aucune n’offre de conclusion satisfaisante à cette quête existentielle. Reste le gameplay pour convaincre, et sur ce point, Super Cloudbuilt a de sacrés arguments à faire valoir.

Speedrun for your life

« Ces saletés de robots ne vous laisseront aucun répit »

Les choses démarraient pourtant mal. Le tutorial, bien que limpide, est un ratage total: chargé de naviguer dans un environnement cloisonné bien mal adapté à la vitesse et aux capacités de Demi, on craint le pire pour la suite. Heureusement, une fois cette introduction fastidieuse éclipsée, les différentes ailes de l’hôpital (chacune menant à une des fins différentes sus-citées) où se repose l’héroïne s’ouvrent et vous laissent parcourir les stages dans l’ordre de votre choix, un nombre de 1 à 10 vous indiquant le niveau de difficulté.

Et ces indications ne sont pas à prendre à la légère: soyons clairs, Super Cloudbuilt peut se montrer intransigeant, voire élitiste, et est à conseiller aux plus patients d’entre vous, ceux pour qui des dizaines de vies (limitées, précisons-le) perdues lors d’une même séquence ne représentent qu’un détail. Mais en quoi consistent donc ces niveaux ? De la plateforme, énormément. Du shoot, aussi. De la vitesse, surtout. Son jetpack servant à la fois à effectuer un double saut, à parcourir de longues distances sur les murs et à déclencher un boost de vitesse impressionnant, Demi a toutes les cartes en main pour mener à bien ses objectifs, d’autant plus qu’en récoltant les drapeaux disposés ci et là, vous aurez le loisir de placer vous-même vos checkpoints en plus de ceux prévus par le soft; une belle façon de varier la façon d’aborder le challenge ardu qui vous est balancé en pleine poire.

« Un titre taillé pour le speedrun grâce à une sensation de contrôle total! »

Elle devra aussi compter sur des robots à exterminer, faisant au départ office de simples obstacles pouvant être contournés pour finir par représenter de redoutables opposants de par leur résistance, leur nombre et leur acharnement (mais lâchez-moi, par pitié !).

Grisantes, les possibilités de Demi sont néanmoins limités par la présence d’une jauge d’énergie diminuant à chaque utilisation du jetpack, jauge qu’il faudra gérer intelligemment pour ne pas se retrouver démuni au pire moment. Frustration potentielle mise à part…quel pied ! La sensation d’être à tout instant en contrôle absolu de son avatar est ici totale, d’autant plus que de nombreuses solutions sont en général envisageables pour une même séquence, et c’est avec un plaisir incontrôlé qu’on enchaînera cabrioles, plombs dans la tronche de ces saloperies de robots et fuites à une vitesse folle. Une fois les mécaniques bien assimilées, et malgré les nombreux échecs, c’est une espèce de transe qui s’empare du joueur, quitte à transformer certains passages en réelle obsession, jusqu’au moment où, enfin, la réussite vient couronner votre acharnement en sonnant comme un petit triomphe. Croyez-nous, Super Cloudbuilt, c’est de la bonne.

Une réalisation à la hauteur ?

« Le moteur graphique n’est pas à la pointe, mais le soft peut se targuer d’une identité visuelle propre »

Plus agréable à prendre en main qu’à regarder, Super Cloudbuilt mise sur une réalisation mâtinée de cel-shading que certains qualifieront de vieillotte; votre serviteur ici présent préfèrera utiliser le terme « stylisée ». L’heureuse contre partie, c’est une fluidité jamais, au grand jamais remise en cause; le contraire aurait tout simplement flingué tout l’intérêt de la chose. On pourra néanmoins regretter des environnements trop peu variés, et chaque niveau finit souvent par ressembler au précédent.

Rien à redire en revanche en ce qui concerne la bande originale, passant tout à tour d’envolées épiques à des sonorités chiptunes ou une balade mélancolique, d’une cohérence totale avec les thèmes du jeu et les niveaux parcourus.

Et le contenu, dans tout ça ? Comptez entre six et sept heures pour atteindre les quatre conclusions au scénario, sans compter la collecte d’items disséminés un peu partout, les stages optionnels, la possibilité de rejouer des niveaux sous des conditions particulières (l’impossibilité d’utiliser le flingue ou le boost, par exemple), un mode classé pour frimer en ligne ainsi qu’un mode Rush vous demandant d’enchaîner le plus vite possible un certain nombre niveaux avec un nombre de vies très limité. Il y a donc de quoi faire, autant pour les joueurs souhaitant simplement conclure le mode Histoire que pour les speedrunners les plus acharnés.

La bande-annonce

Réalisation: 13/20

Le style particulier de Super Cloudbuilt, tartiné de cel-shading, ne fera pas l’unanimité, et il faut bien admettre que la réalisation graphique est loin d’être impressionnante. Toujours est-il que le soft dégage une vraie identité visuelle et, plus important encore, propose une fluidité jamais défaillante, ce qui est le plus important étant donné le niveau de précision exigé ici.

Gameplay/Scénario: 16/20

Le scénario parviendra peut-être à titiller la fibre philosophique de certains d’entre vous; heureusement pour les autres, la trame peut être en partie ignorée pour se concentrer sur ce qui importe: une sensation de contrôle totale, un level design brillant et une envie de triompher encouragée par une gestion de la difficulté intelligente et une maniabilité qui n’est jamais à remettre en cause lors des échecs à répétition.

Bande-Son: 16/20

Là encore, on tient à honorer le travail accompli, aussi bien au niveau des bruitages que de la bande originale, variant admirablement les ambiances avec le même talent à chaque nouvelle piste, jouant un rôle important dans la motivation du joueur à toujours aller de l’avant.

Durée de vie: 15/20

Les six à sept heures nécessaires pour voir la fin du mode Histoire (si vous y parvenez !) ne sont pas tout ce que vous tirerez de Super Cloudbuilt, loin de là: avec ses items à récupérer dans chaque niveau, ses stages optionnels et ses modes à destination des speedrunners, le soft de Coilworks a de quoi vous occuper un bon moment.

Note Globale N-Gamz.com: 15/20

Jeu de niche de par son challenge, juste mais très exigeant, Super Cloudbuilt ravira les fans de plateforme 3D à la recherche de vitesse, d’une maniabilité aux petits oignons et de level design intelligent et dispose de toutes les qualités qu’un certain hérisson bleu essaie de retrouver, sans succès, depuis de nombreuses années. On en redemande !



About the Author

Guib
Accro (mais sainement ; et oui, amis journalistes, c’est possible) aux jeux vidéo depuis le jour où j’ai reçu ma Super Nintendo accompagnée de Super Mario All Stars à l’âge de 6 ans, je suis passionné par les jeux de plate-forme, mais pas uniquement. Peu importe le genre, je suis surtout intéressé par les titres qui ont une âme et qui dégagent une réelle personnalité. Quelques-uns de mes jeux cultes : Yoshi’s Island, Beyond Good & Evil, Ico et les jeux Rockstar (oui, ça tranche avec le reste mais ces gars-là m’ont rarement déçu). J’ai aussi une petite faiblesse moins avouable pour les jeux nanars descendus par la plupart des testeurs, mais chut. Etant fan de cinéma fantastique et écrivant depuis quelques mois des critiques de films, j’ai eu envie de me diversifier et de me lancer dans le test de jeux vidéo, et me voilà !