Review

Si depuis 2012, on a eu le temps d’éponger les litres de sang rouge fluo déversés dans le premier Hotline Miami, on attendait avec impatience le second volet de cette aventure complètement barrée. Les suédois de Dennaton ont su, tout en gardant la même recette excessivement simple et efficace du titre originel, nous offrir un chapitre deux tout aussi furieux.

« Allô oui c’est qui ? »

Le titre est toujours aussi gore

Quand on vous dit que le principe est resté inchangé, c’est qu’il n’a vraiment pas bougé d’un pouce. Au point même que lors de la dernière Gamescom, Dennaton avait préparé une liste de questions à ne surtout pas poser et dans laquelle on retrouvait « pourquoi est-ce aussi violent » et « pourquoi c’est pareil ? ». Le but de chaque niveau de Hotline Miami est simple : dégommer la moindre âme qui vive, chien compris. Plus le sang coule nerveusement, plus les points et combos s’enchaînent. Toujours en vue top-down, les autrefois longs couloirs sinueux et niveaux anxiogènes ont pris un sacré coup de dézoom. En effet, une des grandes nouveautés de ce HM2, c’est de nous offrir des environnements radicalement différents du premier, bien plus grands et difficiles à appréhender. On passe des simples étages d’immeuble à grimper à un bateau, une boite de nuit très sombre, une jungle même ! De nombreuses vitres et ennemis planqués demanderont un maximum de concentration pour réussir à boucler les niveaux.

On retrouve par contre les mêmes soucis de level-design facétieux, et pas du tout user-friendly que dans le premier épisode, à savoir les portes qui vont rebondir contre les murs ou encore les chiens qui tournent en rond. Les commandes sont les mêmes, rigides et pas faciles de prime abord et sur lesquelles il faudra se faire la main avant de pouvoir enchaîner les combos. L’IA est toujours aussi stupide et le jeu de « coucou j’suis là ! Tu m’vois ? Tu m’vois pas ? » avec les différents sbires est inévitable. Malgré tout, les ennemis sont réactifs et nerveux, et se transforment en Chuck Norris en mode hard (car oui, enfin un second niveau de difficulté !). Complètement cons certes, mais pas inefficaces. Qui dit niveau plus long et difficile, dit aussi timer et scoring plus sévères. Il n’est pas rare de passer 2h sur un tableau, le temps d’en comprendre les mécaniques, le chemin idéal, les rondes d’ennemis. Honnêtement, on n’a jamais passé le C+ durant notre test.

Minduck scénaristique et ninjas

Le scénario est totalement barré!

Si le scénario de ce deuxième opus offre de nombreux clins d’oeil à l’histoire de son prédécesseur, les évènements de HM2 se déroulent sur des storylines différentes voire complètement lunaires dans leur chronologie. Fini l’emblématique Jacket (qu’on rencontrera cela dit comme PNJ avec les militaires), il faudra se glisser dans la peau de 9 personnages dont un groupe de 4 zozos, appelés les Fans, copiant les tueries perpétrées dans le 1e épisode. On alterne entre le militaire membre d’un groupe d’élite, l’inspecteur ulraviolent en passant par l’écrivain pacifiste qui deviendra assoiffé de cervelles éclatées une fois la première goutte de sang versée… allant même jusqu’au grand retour de la mafia russe (entre le boss et le sbire).

Dennaton nous offre de fait un panel de personnages aux styles de combat variés. Mention spéciale au groupe des Fans où l’on incarnera tour à tour : un duo tronçonneuse/flingue, un corps à corps, un gars très rapide pouvant effectuer des roulades, et un grand costaud plus lent mais équipé de doubles mitraillettes. Fin aussi de la collection de masques. On retrouvera certes des masques que l’on connaît bien comme celui de Tony, le tigre, mais beaucoup de nos protagonistes avancent désormais à visage découvert. On nous donnera le choix des armes en début de niveau et c’est tout. On perd ce système intéressant, mais rien qui handicape l’intrigue ou les mécaniques du jeu. L’intrigue, justement, est… et bien… on doit avouer qu’on n’a toujours pas bien compris. Le final est grandiose et complètement psychédélique, on saisit quelques liens entre certains personnages, mais le scénario reste cryptique et propose une narration décousue et hors des des modèles habituels. Chacun lit l’histoire qu’il veut voir dans ce que nous propose Dennaton, sans pour autant altérer le message que nous font passer les suédois.

SYNTHKILLER

Un gameplay nerveux pour des environnements bien plus variés

Hotline Miami, c’est ce jeu qui sait plonger le joueur dans un état de concentration bestiale et sanguinaire. C’est tout aussi effrayant qu’intéressant. La violence n’est pas dédramatisée, car nos personnages réagissent à leurs actes, aux évènements. Certains sont des machines à tuer ultrabrutes mais d’autres se retrouvent coincés dans un engrenage qu’ils ne souhaitaient pas approcher. La violence est sublimée et se justifie par le simple besoin de survivre. On nous immerge dans une ambiance qui facilite ce passage en « Mode Serial Killer On ».

La bande-son est un réel prodige de synthé rétros à souhait, se mêlant à des sons plus durs, plus profonds. L’OST du premier volet avait déjà été acclamée et celle-ci est deux à trois fois plus longue car hormis l’écran titre et celui des scores, il est très rare d’avoir deux fois le même morceau. On retrouve au casting des génies comme Carpenter Brut, Perturbator, El Huervo, M.O.O.N. ou encore Magic Sword. Chaque track est calée au poil avec le niveau qu’elle accompagne, que ce soit la révolte dans une prison ou la boîte de nuit à assiéger. On nous accorde aussi quelques temps calmes avec des morceaux plus éthérés, lors de passages cinématiques par exemple. Vous l’aurez compris: la frénésie du die and retry, l’absolue concentration meurtrière dans laquelle on se plonge ainsi que la musique donne l’essence-même du jeu, et crée ainsi une expérience unique. La frustration et la difficulté n’aident pas, et il faudra s’armer de courage pour venir à bout de ce Hotline Miami 2.

Conclusion

Fou, extatique, génial, frénéique… des adjectifs pour parler de Hotline Miami 2, on peut en sortir des pelletées. Toujours basé sur sa recette originelle, ce deuxième volet offre des niveaux élargis et de nouveaux personnages articulés dans une intrigue arachnéenne et dopée au LSD. Au rythme de son OST électrorétro divine, Dennaton nous défie d’aller encore plus loin dans l’expérience du die and retry.

La bande-annonce

Réalisation: 15/20

On est toujours dans du pixel-art poussé à son paroxysme, avec ses litres de sang fluo pixellisés et ses petits morceaux de cervelle bien roses. Gros regret de rencontrer les mêmes bugs que dans le précédent opus, par contre.

Gameplay/Scénario: 17/20 pour le gameplay et ??/20 pour le scénar

Un gameplay nerveux et addictif pour un scénario totalement barré. En effet, Si quelqu’un a compris l’histoire, n’hésitez pas à nous prévenir 😀 Les différents clins d’oeil à l’intrigue du premier volet restent très agréables, et même si l’on ne capte rien à ce que Dennaton nous raconte, on est au moins prêt pour la bagarre.

Bande-Son: 20/20

D’une justesse extrême, avec un choix d’artistes aussi génial que minutieux, c’est le genre de soundtrack qui finit dans nos playlists même une fois le jeu terminé, tant elle regorge de morceaux forts et entêtants.

Durée de vie: 20/20

On nuance un peu : le soft peut être très long à finir, surtout si l’on passe entre 1 et 2h sur chaque tableau (et cette fois il y en a 25 au total, faites le calcul). Le titre propose aussi un mode hard une fois l’intrigue terminée et un éditeur de niveaux est prévu. Entre ces nouvelles possibilités et la volonté de toujours améliorer son score, ce sont de nombreuses heures de jeu qui s’offrent à nous.

Note Globale N-Gamz.com: 17/20

Okay, clairement on note avec le coeur. Entre son efficacité, sa bande-son, ses personnages, son scénario… Hotline Miami 2 est une excellente expérience à vivre et à re(…)revivre pour se défouler un bon coup ou pour essayer de percer le mystère de son scénario.



About the Author

Delilah
Étudiante en journalisme, je conjugue ma passion avec mon parcours scolaire et professionnel. Vous pouvez aussi me retrouver, dans le cadre de ma formation, chez Jeuxvideo.fr comme rédactrice. J’ai commencé à tâter du pixel très tôt, mon père étant lui-même joueur ... Mais mon premier « vrai » jeu a été Pokemon avec qui je continue de vivre une idylle passionnée. J’ai pu m’essayer à plusieurs styles de jeu, mais pour moi, rien ne vaut le RPG, l’action-aventure et … si on sait me convaincre (car je fais un peu la princesse) le FPS. Ne me parlez pas de Survival-Horror, je suis incapable d'y jouer, je prie toujours pour avoir une option générique dès le premier écran car même le menu me fait peur (mon voisin a peu apprécié peu mes hurlements sur Amnesia : The Dark Descent). Mais j'essaye, je retente l'expérience à chaque fois, je persévère !! Mon jeu culte est et restera Red Dead Redemption au point d’avoir un tatouage dédié à John Marston (mais je ne vous dis pas où, muahah), j’ai même arrêté de compter le nombre de fois où je l’ai fini ! Oh et useless fact : j’ai une passion bizarre pour les serial-killers^^.