Review

Pour ceux qui ne le sauraient pas, sachez qu’Ultraman est un super héros nippon des années 70 qui avait la particularité de fusionner avec une entité extra-terrestre pour obtenir une taille titanesque. Digne représentant des Sentai, ces combattants moulés dans des combis en lycra dont seuls les Power Rangers tiennent encore fièrement le flambeau aujourd’hui, le bon vieux défenseur de l’archipel a pris sa retraite depuis belle lurette. Néanmoins, c’était sans compter sur le désir de Kurokawa d’éditer chez nous le reboot de la saga, façon… Evangelion ! Attention, ça démarre fort… mais ça retombe presqu’aussi vite !

Une passation de pouvoir entre deux époques. Pas si simple d'endosser le rôle d'un mythe quand on a que 17 ans!

Une passation de pouvoir entre deux époques. Pas si simple d’endosser le rôle d’un mythe quand on a que 17 ans!

Dans les années 70, un géant de lumière extra-terrestre fusionne avec le jeune Shin Ayata, un membre de la Patrouille Spéciale des Singularités Scientifques (je sais… ça fait PS3, on peut passer maintenant ?), dans le but de se défendre de ses belliqueux poursuivants et sauver la Terre d’une invasion d’aliens pas très amicaux. 32 années se sont écoulées depuis, le monde se souvient encore avec émoi de cet Ultraman et un musée lui est même dédié à Tokyo. Quant à Shin Ayata, il est devenu amnésique lorsque son « parasite » l’a quitté, même s’il a conservé une partie de ses pouvoirs et trône aujourd’hui fièrement au siège de Ministre de la Défense du Japon. Hélas, de récents événements de nature non-humaine vont faire quitter sa retraite à notre homme, clairement amoindri par le poids des âges. Aidé par une « PS3 » toujours active dont la mission est de cacher à l’Humanité le fait que les extra-terrestres vivent depuis des lustres parmi nous, il va malheureusement être contraint de passer le flambeau à son fils : Shinjiro, 17 ans. Ça tombe bien : même si le jeunot ne comprend pas du tout ce qui lui arrive, il est doté d’une résistance et d’une force surhumaines issues de l’ADN même d’Ultraman. Mais sera-t-il à même d’endosser un rôle aussi difficile ?

Le style graphique est excellent pour les scènes d'action, mais proposent un aspect permanent d'inachevé lors des séquences plus posées. Frustrant.

Le style graphique est excellent pour les scènes d’action, mais propose un aspect permanent d’inachevé lors des séquences plus posées. Frustrant.

Techniquement, cet Ultraman « New Age » est clairement particulier. En effet, le trait de Tomohiro Shimoguchi est vraiment nerveux et semble en permanence « non achevé », ce qui donne un look de mouvement perpétuel et une urgence palpable au manga. Le souci, c’est que si cette façon de dessiner se prête à merveille à des séquences d’action rythmées façon blockbuster hollywoodien, clairement épiques ici, il en est tout autrement pour les moments plus contemplatifs où le scénario a besoin de se poser et les décors de s’ancrer dans la réalité. Du coup, on a clairement un sentiment de frustration qui s’accentue au fil des pages, comme si on était extérieur à l’histoire, n’arrivant jamais vraiment à s’immerger dans cet univers qui semble terriblement pauvre visuellement. Pourtant, on se dit que le mangaka pourrait vraiment nous proposer quelque chose de plus poussé, notamment lorsqu’on admire les quelques superbes pages couleurs où il prend le temps de mettre en scène ses personnages de façon plus réfléchien dans de vrais environnements détaillés.

Vous pensiez qu'il n'y aurait qu'un seul Ultraman? Erreur... et pourtant c'était prévisible.

Vous pensiez qu’il n’y aurait qu’un seul Ultraman? Erreur… et pourtant c’était prévisible.

Niveau histoire, ne vous attendez pas à être happé par le destin de Shinjiro imaginé par Eeichi Shimizu, loin de là. Piquant à droite à gauche des idées issues de la concurrence, et pompant notamment allègrement Men in Black pour le binôme entre le fils prodigue et son pseudo « mentor » Moroboshi, enquêtant dans une cité cachée sous terre et grouillant d’E.T., mais aussi et surtout Evangelion dans ses concepts d’armures, de batterie chronométrée, de concurrents potentiels au héros et d’ado à qui on ne demande pas son avis alors qu’il souffre intérieurement (enfin, c’est vite dit, Shinjiro est loin d’égaler Shinji Ikari sur ce point), cet Ultraman ne décolle jamais vraiment et peine à mettre en place ses twists scénaristiques. On sent à des kilomètres l’idylle naissante avec la belle Rena, pop star qui jouera, on s’en doute, un grand rôle dans la suite des événements et dont le père est justement le seul flic de TOUT le Japon à enquêter… sur des crimes extra-terrestres ! Soooooo cliché ! Heureusement, le troisième volume semble lancer une piste intéressante avec le retournement de veste d’un ennemi légendaire.

En conclusion, si le premier tome de cet Ultraman « Next-Gen » avait de quoi nous emballer, la suite est malheureusement peu concluante, souffrant d’un dessin certes ultra dynamique, mais trop nerveux au final et dont le style constant « d’inachevé » empêche un vrai travail sur les décors ou sur les séquences scénaristiques. Du coup, on lit ces trois volumes en moins d’une heure, et on aura tendance à les oublier aussitôt tant l’histoire sent le réchauffé d’œuvres cultes comme Men in Black ou Evangelion. Reste juste à espérer que les dernières pages du troisième épisode, qui incluent un sympathique retournement de situation, permettent vraiment à cette nouvelle série de sortir du lot. En attendant, il vous reste le magazine UltraQlub à la fin de chaque manga, véritable mine d’infos à destination des fans du plus célèbre des Sentais nippons.

Note Globale N-Gamz: 2,5/5



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Neoanderson (Chapitre Sébastien)
Hardcore gamer dans l'âme, la quarantaine depuis peu, je suis le rédacteur en chef autant que le rédacteur de news et le vidéo-testeur de ce site (foncez sur la chaîne YouTube d'ailleurs). Amoureux des RPG nourri aux Final Fantasy, Chrono Trigger, Xenogears et consorts, je suis également fan de survival/horror. Niveau japanim, je voue un culte aux shonens/seinens tels que Ga-Rei, L'Ile de Hozuki, Orphen, Sprite ou encore Asebi. Enfin, je suis un cinéphile averti, orienté science-fiction, fantastique et horreur, mes films cultes étant Star Wars, Matrix, Sucker Punch, Inception et Tenet. N'hésitez pas à me suivre via mon Facebook (NeoAnderson N-Gamz), mon Twitter (@neo_ngamz) et mon Instagram (neoandersonngamz)!