Review
Vous vivez dans le passé ? Pour vous, les années 80 et 90, c’était « y’a pas si longtemps » ? Vous ne pouvez vous empêcher de placer « Gigateuf » ou « Croiser les effluves » dans vos conversations de tous les jours ? Votre jeu de tir de référence ne s’appelle pas Call of Duty mais Duck Hunt ? Rassurez-vous, vous n’êtes pas seul : bienvenue dans le monde de Retro City Rampage, où vos souvenirs d’une époque révolue reprennent vie de manière détonante et déconnante.
Il a fait un bébé tout seul
Imaginez…Vous êtes en train de filer à tout allure au volant de votre sublime voiture de sport, fauchée à un malheureux quelques minutes auparavant. Soudain, quatre tortues coiffées d’un bandana sortent des égouts. Après avoir pris soin de les écraser, vous êtes confronté à quatre « agents tous risques », fraîchement sortis de leur van. Pas le temps de vous attarder, il vous faut rassembler des pièces afin de reconstruire la machine à remonter le temps d’un certain Doc Choc et déjouer les plans de l’infâme Docteur Von Buttnick. Cette vie, c’est celle de Player, bandit notoire et terreur de Theftopolis, et c’est à vous qu’il incombe de le diriger dans ce monde fait d’argent facile et de sonorités désuètes. Ca va chauffer, nom de Zeus !
Vous l’aurez compris : Retro City Rampage s’abreuve de références en tous genres, puisant principalement dans les années 80 et 90 mais pas uniquement. Ainsi, des allusions à des monuments du retro gaming côtoieront des scènes tirées de films plus ou moins récents, comme Ghostbusters et The Dark Knight ou des clins d’œil à des chansons, BD,… Programmée par un seul homme, Brian Provinciano (alias Vblank Entertainment), cette lettre d’amour à la culture geek atterrit sur Xbox 360 en version dématérialisée, quelques longs mois après être sortie sur différents supports. Au passage, cette version intègre de nombreux ajustements (disponibles sous forme de patch sur les autres versions) qui font suite aux critiques émises par certains joueurs et testeurs. Allez hop, en voiture, direction Theftopolis pour une petite visite guidée.
Rétro boulot dodo
GTA-like dans l’âme, Retro City Rampage vous permet de visiter librement la ville en vue du dessus. A vous les joies du vol de véhicules et des attaques à mains armées totalement gratuites. Si les premières minutes font penser au premier opus simpliste de la série de Rockstar, le jeu prend pourtant la peine d’intégrer quelques mécaniques plus modernes, comme un système de couverture et un lock automatique des cibles. Ce dernier étant d’ailleurs assez délicat à utiliser en pleine action, mieux vaut donc se rabattre sur le second stick pour viser et tirer, méthode nettement plus pratique et fun.
Fun, c’est le maître mot du jeu : que l’on soit en train de foncer à toute berzingue en voiture ou de rebondir sur la tête de ses ennemis façon Mario (un des emprunts les plus sympas du jeu), Retro City Rampage se révèle vraiment plaisant à parcourir. Si le scénario n’est qu’un prétexte à passer d’une référence culturelle à une autre, l’envie de découvrir les surprises que nous réserve le soft est omniprésente. Du moins, pour ceux qui adhèreront à son concept de gigantesque fourre-tout pop culture : une bonne connaissance du domaine étant requise pour pleinement apprécier l’humour ultra-référentiel, les différentes blagues tomberont irrémédiablement à plat pour les néophytes, tandis que les plus réfractaires à ce genre de délires risqueront l’overdose de références.
Notons que pour apprécier au mieux les dialogues du jeu, on conseillera vivement aux anglophiles de switcher la console dans la langue de Marty McFly, faute de quoi vous aurez à subir d’innombrables coquilles et fautes grammaticales qui piquent salement les yeux. D’accord, certaines erreurs volontaires sont présentes dans la version originale pour rendre hommage aux traductions bancales typiques des vieux jeux (« all your base are belong to us »,…), mais à ce stade d’amateurisme, ça frôle la crise de nerfs pour les maniaques de l’orthographe.
Les clins d’œil ne se limitent pas aux dialogues et se retrouvent également dans le gameplay, en offrant quelques phases originales inspirés de classiques oldies. Le développeur en profite également pour saluer ses potes de la scène indépendante, en intégrant d’excellents mini-jeux reprenant les univers de Bit.Trip et Super Meat Boy et un long niveau intégrant le gameplay de Splosion Man. Savoureux.
Blip blip blop
Avec ses graphismes typés 8 bits et sa bande-son chiptune du meilleur effet, Retro City Rampage met tout de suite dans l’ambiance et donnera la banane aux nostalgiques et la nausée aux autres. Et histoire de pousser le trip rétro jusqu’au bout, le jeu propose de nombreux filtres graphiques, permettant de simuler une borne d’arcade ou un vieux téléviseur, entre autres. Gadget, envahissant, en un mot : indispensable.
Si la forme est fidèle à l’époque qui a inspiré le soft, le fond l’est tout autant. Oui, le jeu est old school. Et oui, il va souvent vous mettre la pâtée. Proposant un challenge sérieusement corsé sur la fin, il va falloir batailler ferme pour rosser l’infâme von Buttnick (décidément, ce gars, c’est plus fort que toi). Si la courbe de difficulté est parfois très mal gérée, faisant enchaîner des missions tranquilles avec des objectifs au timing hyper serré, Vblank a réussi en grande partie à garder le fun intact en incluant de nombreux checkpoints bien placés et en rendant la mort peu pénalisante, le respawn étant très rapide (pas au même point qu’un Super Meat Boy, mais pas loin). Et une fois le mode scénario bouclé (comptez entre 7 et 8 heures) ou simplement le temps de reprendre des forces, à vous les joies de la destruction gratuite dans le mode libre ou dans la quarantaine de défis arcade, histoire de fracasser du piéton sans trop morfler.
A winner is you !
Avec ses références par gros paquets et son habillage résolument rétro, Retro City Rampage est la déclaration d’amour d’un homme à une culture qu’il vénère et qui l’a façonné. Si on pourra rester de marbre face à cette accumulation de références en tous genres et de mécaniques de jeu éculées, force est de constater que la passion du bonhomme est contagieuse, et que lorsqu’elle est appliquée avec talent, il est difficile d’y résister.
Le Trailer
Le journal des développeurs
Réalisation: 16/20
Savoureux pour les uns, parfaitement hideux pour les autres, les graphismes jouent sur la fibre nostalgique et nous renvoient à l’époque des consoles 8 bits. Si cela ne suffisait pas, les différents filtres graphiques sont là pour enclencher pour de bon la machine à remonter le temps.
Gameplay/Scénario: 15/20
Sorte de GTA à la sauce Nes, le soft procure une grosse dose de fun, malgré quelques manquements au niveau de la jouabilité, comme un système de couverture bancal et un lock peu pratique à utiliser. En plus des missions classiques, il propose également tout un tas de variations de gameplay appréciables. Le scénario n’est qu’un prétexte à l’étalage de tonnes de références, mais se laisse tout de même suivre sans déplaisir, grâce à des dialogues à l’humour peu subtil mais efficace.
Bande-Son: 15/20
Si les bruitages stridents peuvent finir par exaspérer, la bande-son reste un régal pour tous les amateurs de chiptune, qui prendront plaisir à zapper de radio en radio pour découvrir toutes les sonorités que le titre a à leur offrir.
Durée de vie: 14/20
Si l’on pourra trouver le mode principal un peu court, avec ses 7-8 heures au compteur, le jeu se révèle tout de même d’une grande générosité (surtout pour un titre vendu à petit prix), qu’il s’agisse des petits secrets à dénicher dans la ville, des personnages à débloquer pour le mode Libre, des quêtes secondaires scénarisées ou de la quarantaine de défis arcade, qui proposent un classement en ligne. Du pain béni pour les atteints de collectionite aiguë et les obsédés du high score.
Note Globale N-Gamz.com: 15/20
Se destinant principalement aux enfants des années 80 et 90, Retro City Rampage est non seulement un hommage à une époque révolue, mais surtout un jeu fun d’une extrême générosité. Alors, amateurs de trips rétro, qui c’est qu’on appelle ?