Review
Se lancer dans le Diablo-like est un exercice devenu périlleux depuis la sortie du troisième opus de cette saga qui a redéfini le genre hack’n slash initié par Blizzard. Cependant, une certaine catégorie du public fan de l’ambiance et du gameplay du premier Diablo, s’est désintéressée du dernier épisode, jugé trop « grand public ». Wizarbox, développeur français à qui l’on doit notamment Quiz Party sur Wii, a décidé de revenir aux sources du genre pour plaire aux irréductibles gamers qui ne jurent que par le guerrier, le mage et la rôdeuse. Pari gagnant ?
Mais qui gouverne ici ?
Le monde décrit dans R.A.W. est bien mal en point. En effet, après 200 ans d’une guerre atroce entre quatre royaumes représenté par une force élémentaire (eau, feu, vent, terre), le roi du Nord réussi à convaincre ses trois autres compères de signer un traité de paix. Afin de sceller leur alliance, ils se rendent dans un temple mystique, mais le sort semble s’acharner sur eux et ledit Roi du Nord disparaît sans laisser de trace. Les monarques restants sont retrouvés hagards, livides, et même s’ils remontent sur leur trône respectif, ils laissent le continent à l’abandon.
Dix ans plus tard, vous incarnez au choix un mage, une rôdeuse ou un guerrier, qui va se retrouver embarqué malgré lui dans une guerre contre une entité démoniaque, responsable de l’échec du traité. Une seule solution : fusionner avec l’esprit du Roi du Nord, seul à même de remettre en marche les quatre piliers purificateurs du monde. De quoi visiter les points cardinaux et les royaumes y afférents dans votre quête contre le mal utlime !
Non, ce n’est pas un jeu de catch !
Si RAW est l’abréviation d’une célèbre compétition de catch, R.A.W. lui, est un pu r hack’n slash des familles, dans la droite lignée de Diablo 1 et 2. Du premier opus de cette mirifique saga, Realms of Ancient War reprend les trois classes de personnages tant connues des fans du genre, le loot et un monde médiéval fantastique sombre. Par contre, on oublie les points d’expérience à répartir entre différentes caractéristiques à chaque level up, dommage. De Diablo 2, les développeurs ont repris le concept de zones à traverser afin de varier les décors. Ajoutez à cela un arbre de compétence bien fichu et zéro prise de tête, comprenant une vingtaine de pouvoirs upgradables chacun sur trois niveaux, et vous obtenez un titre qui sent bon le old-school, un peu simplifié tout de même, d’autant que la maniabilité au pad a été étudiée pour offrir une grande souplesse. Ainsi, vous avez accès à deux touches de soin et mana rapides, mais aussi à 2 roues de 4 slots de compétences sur simple pression d’une gachette. Rapide et efficace.
L’inventaire, lui, est fourni même si on regrettera l’absence totale de crafting durant le soft. Le jeu offre un système de résurrection via divers checkpoints et la perte d’une pierre de vie. Si vous êtes à sec, c’est le game over assuré. Le gameplay est fluide durant les combats, et le soft affiche sans sourciller des dizaines de monstres dont le seul plaisir est de vous encercler pour vous réduire en bouillie. A ce niveau, l’IA est très agressive, ce qui n’est pas pour déplaire et force à utiliser des techniques de guérilla comme pose un piège à poison, attirer l’ennemi et se rendre invisible au dernier moment pour apprécier le spectacle d’une mort à petits feux. Le jeu à deux est possible en local uniquement, et le deuxième personnage peut intégrer ou disparaître de la partie à tout moment, seul compte l’expérience, la progression et les objets du joueur 1 qui sont sauvegardés. Dommage si l’on compte faire l’aventure de A à Z en coop. Enfin, le soft vous permet d’utiliser à outrance un pouvoir d’incarnation, qui vous fait prendre possession d’un monstre puissant pour annihiler ses frères d’armes. Jouissif.
Le Shine Engine…et la vie brille de milles feux !
Afin de donner vie à tout ce petit monde, les développeurs de Wizarbox ont développé un moteur de jeu maison, le Shine Engine, qui permet d’afficher de jolis effets climatiques et une gestion des lumières convaincante. Les décors sont variés, réussis, et offrent toujours l’un ou l’autre détail pour les rendre moins statiques (scarabées qui rampent sur le sol, feuilles qui volent au vent, …). L’animation ne souffre d’aucune saccade, même à deux, et le rendu des pouvoirs, à leur dernier niveau, est convaincant.
Hélas, les ennemis se confondent trop souvent avec le décor, la faute à une caméra un peu trop lointaine et non paramétrable, mais également à un aspect un peu flou des modèles 3D. Du coup, il arrive parfois que l’on se prenne des coups sans trop savoir d’où ils viennent, surtout dans les décors un peu plus sombres. Le soft offre qui plus est un level design basique, peu propice à l’exploration. Et de fait, aucune carte n’est disponible et une flèche vous indique systématiquement l’objectif à atteindre. Enfin, une certaine redondance s’installe assez rapidement, d’autant que le scénario est agréable mais relativement convenu…
Digne héritier du maître ?
Personnellement, je pense que les développeurs de Wizarbox ont repris à la lettre le cahier des charges d’un sosie de Diablo, en y ajoutant simplement la possibilité d’incarnation. Ce n’est pas un mal en soi, étant donné que le soft est bien réalisé et propose sa dose de fun, mais à aucun moment le titre ne surprend le joueur ni n’arrive à imposer une vraie personnalité. R.A.W. est un hack’n slash correct, respectueux du genre initié par Blizzard, mais qui aurait mérité un peu plus d’originalité ou d’envergure scénaristique. Quoiqu’il en soit, le fait qu’il soit proposé à petit prix en téléchargement peut être un argument de choix pour qui voudrait se laisser tenter, d’autant que les combats sont plus que plaisants. Pas un triple A, mais un bon petit soft qui se laisse jouer.
Le Video-Test
Réalisation: 15/20
Le Shine Engine offre des décors variés et assez jolis, des effets de lumière travaillés et quelques détails destinés à donner vie aux environnements. L’animation ne rame jamais malgré parfois les dizaines de monstres qui vous entourent. Seul un mauvais détourage des ennemis et une vue trop lointaine rendent parfois l’action confuse.
Gameplay/Scénario: 13/20
Le scénario est intéressant, mais prévisible et seulement mis en scène par des écrans 2D. Le gameplay, quant à lui, est calqué sur du Diablo 1 légèrement simplifié mais offre la possibilité de jouer à deux en local et de posséder les monstres. Les compétences sont variées et fun à jouer, de même que la maniabilité a été pensée pour un pad. Bref, pas de défaut majeur, mais rien qui vienne transcender le genre non plus.
Bande-Son: 14/20
Les compositions sont sympathiques et les bruitages agréables, mais on aurait aimé un élan plus épique afin de nous donner vraiment le sentiment de participer à une grande aventure. Niveau voix, le jeu est en anglais sous-titré et les doublages sont corrects, sans plus.
Durée de vie: 15/20
Avec une bonne vingtaine de niveau réclamant quinze à vingt heures de jeu, ainsi que trois classes de personnages à maîtriser, le titre va vous tenir en haleine pendant un petit temps. Dommage qu’une certaine redondance finisse par s’installer…
Note Globale N-Gamz.com: 14/20
R.A.W. nous avait emballé lors de sa preview à la Gamescom, mais force est de constater que sur le long terme le jeu perd un peu en efficacité, la faute à une répétitivité de l’action, un mode deux joueurs un peu bancal et un scénario sans grande envergure. Néanmoins, pour un soft à petit prix, il remplit plus que bien son rôle de défouloir et offre un arbre de compétence soigné et des combats nerveux, ainsi qu’un moteur de jeu très sympathique. Bonne pioche pour qui aime le genre sans trop se prendre la tête.