Review
Avant la sortie prochaine de Mega Man 11, cela faisait huit ans que le Blue Bomber n’avait plus eu droit à des aventures inédites. Cela n’a pas empêché Capcom de capitaliser sur son éternelle vache à lait à coup de diverses compilations. Après Mega Man Legacy Collection 1 et 2 (sortis respectivement en 2015 et 2017), couvrant les épisodes Nes et « neo-retro », voici que débarque la relève avec Mega Man X Legacy Collection 1 et 2, disponibles simultanément. De quoi craquer à nouveau pour le justicier de Capcom ?
Classé X
Attention à ne pas confondre Mega Man, le héros apparu à l’origine sur Nes, et Mega Man X (ou juste X pour les intimes), son successeur prenant la relève sur Super Nes à partir de 1993. S’ils partagent de nombreux points communs, les deux personnages sont bien distincts, les aventures de X se déroulant 200 ans après les périples de son prédécesseur. Qui dit changement de période, dit changement de ton: les aventures de X se révèlent bien plus sombres (et plus bavardes) que par le passé, et voient s’affronter deux camps de robots. Les Réploïdes d’un côté, ayant juré fidélité aux humains; les Mavericks de l’autres, rebelles bien décidés à causer la perte de leurs créateurs.
On ne s’étendra pas plus longuement sur la trame couvrant l’ensemble de la série; sachez seulement que l’univers et les personnages sont étonnamment étoffés pour des jeux d’action-plateforme. Certains jeux se révèlent d’ailleurs bien trop verbeux, et les moins patients auront tôt fait de zapper certains dialogues interminables (lorsque cette option est disponible); signalons au passage que seuls les épisodes 7 et 8 proposent des sous-titres français.
Que le scénario vous parle ou non, l’important dans Mega Man X, c’est le dézingage de robots et les passages de plateforme ardus. Et du challenge, ces deux compilations (vendues séparément ou en pack, sans différence de prix) en proposent à la pelle. Pour le meilleur et pour le pire…
Mega Man X Legacy Collection 1: Jusqu’ici, tout va bien…
Proposant les épisodes 1 à 4, la première compilation représente sans aucun débat possible l’âge d’or de la franchise. Les trois premiers épisodes, parus sur Super Nes, sont des références intemporelles, le premier épisode ayant insufflé un vent de fraîcheur sur une licence que l’on commençait connaître par cœur. Ses graphismes détaillés, sa bande-son du tonnerre et, surtout, sa nouvelle panoplie de mouvements pour le héros (dash et wall jump) insufflant un dynamisme inédit font encore mouche aujourd’hui.
L’un des principaux atouts de la série X, c’est aussi, voire surtout, l’arrivée de Zero, nouveau héros d’une classe folle. Disponible comme personnage optionnel durant le 3e épisode, le bonhomme s’impose une bonne fois pour toutes dans Mega Man X 4 qui se révèle, selon votre serviteur, comme le meilleur opus de la série.
Délaissant la Super Nes au profit de la Playstation, cette quatrième fournée impose une 2D magnifique fourmillant de détails et vous propose, en démarrant la partie, d’opter pour X ou Zero. De ce choix découleront deux narrations distinctes et, surtout, une toute nouvelle approche du gameplay propre à la série. D’un côté, X est fidèle à lui-même et défouraille du Maverick à tour de bras à l’aide de son fidèle Blaster dopé aux améliorations chopées aux différents boss; de l’autre, Zero opte pour du corps-à-corps au sabre laser, changeant radicalement votre façon d’envisager les affrontements. Cette dualité nourrira tous épisodes à venir, mais ceux-ci ont-ils autant d’arguments à faire valoir ?
Mega Man X Legacy Collection 2: Et bardaf, c’est l’embardée !
Cette deuxième compilation regroupe les épisodes 5 à 8. Et c’est là que ça commence à se gâter… Honorables mais sans génie, Mega Man X 5 et 6 font office de suites sympathiques mais hautement dispensables, surfant sur les bonnes idées établies par le passé. Un changement paraissait donc le bienvenu… Et le changement se nomme Mega Man X 7, sorti sur PS2. Réalisé pour la première fois en 3D, le soft a le mauvais goût de proposer des phases de gameplay en 3 dimensions en plus des traditionnels passages vus de côté. Si ces séquences restent jouables malgré une caméra à la ramasse et un manque de précision dans les contrôles, elles dénaturent la série et transforment cet opus en jeu d’action-plateforme lambda, pas entièrement à jeter mais absolument indigne de la réputation de la franchise. Pire encore: en lieu et place de X, jouable uniquement après avoir certain un certain point, vous devrez prendre les commandes Zero et d’Axl, un nouveau venu à la gâchette facile pas vraiment charismatique. Un sacrilège pour les fans.
Petit dernier en date, Mega Man X 8 redresse la barre, sans toutefois atteindre le niveau d’excellente d’autrefois. Optant cette fois pour l’angle de la 2,5D, le jeu renoue avec le dynamisme et la maniabilité d’antan, vous donne le contrôle de X, Zero et Axl d’entrée de jeu et termine la série sur une note positive, à défaut d’être brillante.
Vous l’aurez compris, si vous ne devez opter que pour une seule compile, la première collection s’impose sans aucun débat. Le côté indispensable de la seconde, en revanche, dépendra de votre attachement à cet univers.
Quoi de neuf, Docteur Wily ?
Au-delà des softs, les deux compilations proposent un Musée comprenant l’intégralité de la bande-son de la série, une galerie bien fournie (artworks, biographies de personnages, jouets vintage,…), des trailers américains et japonais d’époque ainsi que le court-métrage d’animation « The Day of Σ (Sigma) », qui fait figure de prequel au premier Mega Man X. Délicate attention au goût amer cependant: l’anime est présent uniquement dans une version doublée en anglais et sans aucun sous-titre, là où on aurait pu espérer les voix japonaises et des textes en français. Carton rouge, Capcom.
Là où l’éditeur se rattrape, c’est avec la présence du mode Challenge, présent dans chacune des compiles (avec des variantes de l’une à l’autre). Vous trouviez les combats de boss trop faciles (vraiment ??) ? Venez donc affronter deux grands méchants à la fois ! Chaotiques mais sacrément fun, ces affrontements valent leur pesant d’or pour les fans, qui pourront choisir trois améliorations (en plus du blaster et du sabre imposés) avant chaque combat afin d’équilibrer la chose. Les moins masochistes pourront toujours s’y atteler en mode facile; un désir d’accessibilité qui s’étend à l’ensemble de ces compilations.
Chaque jeu propose en effet un mode Débutant, réduisant sacrément les dégâts subis tout en décuplant votre puissance, tout en conservant la mort instantanée en cas de chute dans le vide ou sur ces saloperies de pics. Ce mode peut être (dés)activé à volonté, ce qui permet d’aborder ces jeux au challenge relevé en douceur, le temps de prendre ses marques.
En revanche, on regrettera l’absence des slots de sauvegarde rapide à tout moment, pourtant disponibles dans les dernières compilations rapides. Il faudra se contenter des points de sauvegarde prévus à l’origine; et rassurez-vous, il n’est plus nécessaire de conserver vos mots de passe. Ouf.
Quand nostalgie rime avec magie ?
Finissons le tour d’horizon des fonctions propres à ces compilations avec les différents filtres d’image disponibles. On conseillera vivement le rendu d’origine, le lissage manquant vraiment de charme. Vous aurez également l’occasion de jouer au jeu en plein écran (on vous le déconseille) ou entouré d’une bordure au choix, chaque jeu bénéficiant d’une illustration qui lui est propre.
Au rayon bonus, on pourra néanmoins pester sur l’absence de Mega Man X Command Mission, RPG sorti sur PS2 et Gamecube, ainsi que de Maverick Hunter X, le remake du premier opus paru sur PSP. Certes pas indispensables, ces deux ajouts auraient pu faire figure de sympathiques friandises pour les fans.
Ne boudons cependant pas notre plaisir: avec Mega Man X Legacy Collection 1 et 2, Capcom titille notre fibre nostalgique avec bonheur, et l’acquisition du volume 1 est un must pour tout fan d’action-plateforme en 2D, le fun étant toujours au rendez-vous. On sera néanmoins un peu plus prudents concernant la recommandation du deuxième volume, la qualité des jeux y étant proposés en dents de scie. Si la scission de la compilation en deux volets pouvait a priori attiser la haine, elle a au moins le mérite de vous laisser le choix en toute connaissance de cause.
La Bande-Annonce
Réalisation: 16/20
On notera ici la qualité de la conversion, celle des deux épisodes 3D bénéficiant notamment d’un travail évident. Pour le reste, la série a toujours pris soin d’en mettre plein les yeux, certaines séquences étant impressionnantes, compte tenu du support d’origine. On appréciera également la présence de très belles séquences animées, notamment dans l’épisode 4.
Gameplay/Scénario: 15/20
Si le scénario prend énormément de place au fil des épisodes, libre à vous de l’ignorer pour se concentrer sur le gameplay, d’une précision et d’un dynamisme redoutables. Si l’on excepte X 7, le vilain petit canard de la franchise, bien évidemment.
Bande-Son: 14/20
Chaque opus n’est pas logé à la même enseigne, les mélodies inoubliables des premiers épisodes laissant place au fil des épisodes à des thèmes honorables mais peu mémorables, à l’image des jeux qui les hébergent.
Durée de vie: 15/20
Que vous optiez pour la totale ou uniquement l’un des deux volumes, entre les jeux d’origine et le mode Challenge, vous aurez de quoi vous occuper de longues heures, d’autant plus si vous êtes un novice à qui la fierté interdit le mode Débutant.
Note Globale N-Gamz.com: 16/20 pour XLC1 et 13/20 pour XLC2
Amateurs du genre et néophytes curieux, foncez sans hésiter sur Mega Man X Collection 1. Et si votre appétit n’est pas encore rassasié, pourquoi ne pas vous lancer dans la seconde compilation, loin d’être indispensable mais proposant toute de même son lot de moments forts ? En attendant Mega Man 11 (et, soyons fous, Mega Man X 9 ?), c’est l’occasion ou jamais de (re)découvrir pourquoi le fameux robot bleu mérite amplement son statut de légende.