Review
Nitrome. Un nom qui sonne comme une douce mélodie aux oreilles de ceux qui ont suivi attentivement la scène gaming Flash à son apogée (coucou Newgrounds). Ayant fait ses armes via bon nombre d’excellents soft gratuits, le studio s’est ensuite logiquement dirigé vers le jeu mobile avec tout autant de talent. Près de quinze ans après sa création, la boîte londonienne sort son premier « gros » jeu et nous pond le jeu de plate-forme/puzzle Bomb Chicken sur Switch (et prochainement sur Steam). De quoi voler dans les plumes des ténors du genre ?
Ça roule, ma poule ?
Vous vouez déjà une haine inconsidérée aux grandes chaînes de fast food, de par leurs méthodes de fabrication peu ragoûtantes ? Pourtant, vous n’avez encore rien vu: dans Bomb Chicken, vous vous retrouvez chez BFC, fournisseur de délicieux plats à base de poulet et d’une sauce bleue aux propriétés étranges. Fruit d’un accident lié à cette fameuse sauce, vous incarnez un poulet bien dodu, ayant la capacité de pondre des bombes à l’infini (?), pouvoir qui vous sera bien utile pour détruire l’empire BFC, juché tout en haut d’une pyramide (??).
Peu de place au blabla dans Bomb Chicken: seule la statue de poulet géant se trouvant entre chaque niveau et vous permettant d’augmenter votre stock de vies (en échange de précieuses gemmes) est dotée de parole. On n’est de toute façon pas là pour disserter; l’introduction et les divers éléments en arrière-plan, tels que les panneaux publicitaires faisant l’éloge de BFC, suffisent amplement pour planter le décor. Bref, vous êtes un poulet, et vous allez tout faire péter. Faut-il vraiment en dire plus ?
Un héros qui a chaud aux fesses
Résumons le concept de manière simpliste: Bomb Chicken est un jeu de plate-forme/puzzle dans lequel vous ne pouvez pas sauter. Pas de panique cependant, votre poulet explosif pourra déployer et empiler des bombes à l’infini afin de triompher de 29 niveaux de plus en plus corsés. Le volatile aura également l’occasion de projeter les bombes au loin afin d’atteindre ennemis, interrupteurs et autres dangers potentiels. Attention cependant: tout comme Bomberman, votre héros (héroïne ?) est loin d’être immunisé à ses propres armes, et périra instantanément s’il ne s’éloigne pas des explosions.
Si cela commence calmement, le temps de vous familiariser avec le concept, les choses prennent rapidement une tournure pour le moins intense. Certains niveaux présentent un sacré challenge, d’autant plus si vous vous mettez en tête d’explorer tous les passages secrets à la recherche des précieuses gemmes. Aux ennemis peu réactifs des premiers niveaux succèdent des tourelles faisant exploser vos bombes, des fantômes invincibles et autres fourberies en tout genre. Le principe des vies limitées, avec game over et retour au début du niveau à la clé, risquent de fâcher les moins persistants, et il aurait peut-être été judicieux de proposer un mode « Facile » dénué de cette contrainte.
Votre matière grise sera également mise à contribution, le jeu contenant un certain nombre de puzzles bien fichus mais jamais trop complexes. D’ailleurs, malgré certains passages bouffeurs de cœur et le retour à la case départ en découlant, l’aventure se conclut plutôt rapidement, ce qui explique finalement le système de vies dont on parlait ci-dessus; muni d’une réserve de cœurs illimitée, votre volatile aurait sans doute atteint le bout de son périple à la vitesse de l’éclair. Une manière quelque peu grossière d’augmenter la durée de vie, qui s’étale en l’état sur six bonnes heures.
Gloire au pixel !
Fidèle à sa réputation, Nitrome nous sert ici un plat à base de pixel art de toute beauté et d’animations tordantes. Il suffit de voir votre poulet obèse se dandiner pour se glisser dans l’ascenseur de fin de niveau ou tenter péniblement de battre des ailes pour s’y attacher instantanément.
Ses cris y sont aussi pour beaucoup, le bruitage étant ici très soigné. Rien de bien marquant au niveau de la bande originale en revanche, le studio délaissant sa chiptune habituelle au profit de mélodies tropicales trop discrètes.
Bomb Chicken, c’est l’équivalent vidéoludique d’un gros seau de poulet frit made in BFC. Ça cale sur le moment, ça fait du bien par où ça passe, mais au final, on oubliera instantanément ce repas une fois digéré. Pas indispensable, le menu concocté par Nitrome saura néanmoins satisfaire les affamés en attendant d’autres plats plus consistants.
La Bande-Annonce
Réalisation: 15/20
Nitrome est passé maître dans le domaine du pixel art et nous le prouve une fois de plus. Les sprites et les décors sont détaillés, les animations très soignées et la fluidité règne, peu importe le désordre présent à l’écran.
Gameplay/Scénario: 14/20
Le soft utilise intelligemment son concept simple et efficace tout au long de ses 29 niveaux, à la courbe de progression bien gérée mais manquant en revanche de surprises (on aurait pu notamment espérer plus de combats de boss). Le scénario est quasi inexistant, ce qui n’est pas forcément une tare.
Bande-Son: 13/20
Les bruitages du poulet sont parfaits et rendent le personnage attachant au possible; on sera néanmoins plus réservé à propos de la bande-son, trop discrète que pour installer une ambiance sonore mémorable.
Durée de vie: 13/20
Les 29 niveaux filent un peu trop rapidement, et seuls les nombreux game over parviennent à allonger la sauce 6 heures durant. Une fois le périple terminé, mis à part la récolte de toutes les gemmes, il n’y aura rien à débloquer et donc, forcément, pas de vraie raison d’y retourner.
Note Globale N-Gamz.com: 14/20
Pour son premier passage par la case console, Nitrome a conservé ce qui a toujours fait sa force: un concept de gameplay fort enrobé de jolis graphismes tout de pixel vêtus. Pas sûr néanmoins que cela suffise à convaincre les joueurs de débourser la somme nécessaire pour se procurer leur petit dernier; le talent du studio, néanmoins, n’est décidément plus à prouver et on espère sincèrement que ce pari portera ses fruits (ou ses œufs).