Review
Adventure Time a beau être une série animée d’une qualité et d’une richesse incontestables, les adaptations vidéoludiques qui lui ont été consacrées ne sont pour l’instant pas réellement parvenues à faire honneur au petit monde créé par Pendleton Ward. La donne va-t-elle changer avec cette première incursion de Finn et Jake sur consoles new-gen ?
Ooo let the dog out ?
Finn l’humain et Jake le chien magique et élastique décident d’ouvrir une agence de détectives pour venir en aide aux habitants du monde de Ooo et pour honorer leurs parents, détectives de leur vivant. Leur première affaire ? Enquêter sur la disparition mystérieuse d’habitants du Royaume de la Confiserie et faire acquitter le sorcier Abracadaniel, accusé à tort. Filons vers un grand pays magique !
Après le jeu de plates-formes, le Zelda-like ou le jeu de cartes, la franchise s’attaque désormais au jeu d’aventure à l’ancienne, héritier du genre point and click. Un choix qui a le mérite d’être cohérent au vu du titre de la série; reste à voir tout ce que cela donne dans les faits.
L’aventure c’est l’aventure
Pas de surprise pour les habitués du genre: on passera la majeure partie de son temps à dialoguer avec des personnages et à observer, ramasser et combiner divers objets ayant un rapport plus ou moins évident avec l’affaire en cours. Pour se faciliter la tâche, toutes ces actions ne peuvent pas forcément être effectuées sur tous les éléments avec lesquels interagir, les icônes liées aux actions possibles s’affichant à l’approche du personnage. Cela permet donc d’identifier immédiatement sur quels objets expérimenter avec le contenu de son inventaire et de ne pas perdre son temps à utiliser chaque item sur chaque élément du décor en cas de blocage, comme cela pouvait être le cas dans de nombreux point and click.
Globalement, les énigmes ne sont de toute manière pas bien compliquées et, il faut bien le dire, pas bien inspirées. Il s’agira généralement de rendre service à un personnage en lui apportant un objet spécifique, objet que vous aurez fabriqué ou que vous aurez récupéré auprès d’un autre personnage, lui-même vous demandant éventuellement une faveur. Genre oblige, les allers-retours sont nombreux mais pas trop fastidieux, les zones à parcourir n’étant généralement pas très étendues.
Pour diversifier le gameplay, les développeurs ont cru bon d’inclure des phases de combat. Bien mal leur en a pris: brouillons et quasiment tous identiques, les affrontements font office de remplissage mal pensé et forcé. Marteler le bouton d’attaque suffit généralement à l’emporter, et ce ne sont pas les différentes épées possédant chacun leur propre sort et les attaques coopératives avec Jake (pouvant se transformer en toupie, en catapulte, en monstre à pointes ou en costume balèze pour Finn) qui augmentent l’intérêt des joutes. Impossibles à échouer, ces phases ne présentent aucun enjeu et ne provoquent que l’ennui, passé la surprise initiale.
Fidélité et rythme d’escargot
Mais ce qui importe avant tout ici, c’est le soin qui a été apporté à la retranscription d’un univers ô combien particulier. Le passage à la 3D pourra choquer les puristes et il faudra un petit temps d’adaptation pour apprécier le rendu des personnages, certains étant plus chanceux que d’autres à ce niveau. Pas de surprise au niveau vocal cependant, les membres du casting original répondant à l’appel de manière aussi convaincante que dans la série. Les fans de l’excellente version française pourront regretter de devoir se contenter de sous-titres, bien que ceux-ci soient plutôt soignés, quelques coquilles et erreurs grammaticales mises à part, et gardent le vocabulaire imaginé par les adaptateurs de l’animé (« Fantalgébrique », « Mathémagique »,…).
Le rendu visuel est fidèle à la série et les décors colorés sont agréables à parcourir. On regrettera cependant un certain recyclage sur la fin, le dernier chapitre étant entièrement composé d’environnements déjà explorés auparavant. C’est d’ailleurs un des vrais problèmes du soft: découpé en cinq épisodes distincts, la progression manque de panache. Au bout des dix heures de jeu nécessaires pour en voir le bout, on s’attendrait à une certaine montée en puissance, mais le tout s’achève sur un chapitre plutôt plat qui n’a rien du climax que l’on pouvait espérer. L’intérêt des épisodes varie sacrément de l’un à l’autre, et bien qu’aucun ne soit véritablement mauvais, on aurait préféré que le rythme aille en grandissant, ce qui n’est pas vraiment le cas ici.
La série est un modèle de dynamisme et de folie, qu’on ne retrouve pas forcément ici. Durant les dialogues, les personnages sont trop statiques et, faute impardonnable, les textes sont impossibles à accélérer, ce qui oblige le joueur à attendre que les doubleurs aient terminé de parler pour passer à la suite, ruinant d’autant plus un rythme déjà plutôt mou.
À l’aventure, compagnons ?
Malgré ces réserves, entamant sérieusement le plaisir de la découverte, Finn et Jake mènent l’enquête reste un joli cadeau pour les fans d’Adventure Time, une plongé perfectible mais agréable au sein de l’univers qu’ils chérissent. En se débarrassant des affrontements et en améliorant le rythme global, les développeurs pourraient accoucher d’une suite indispensable. En l’état, on conseillera le soft aux aficionados du monde de Ooo, qui trouveront de quoi éponger leur soif entre deux saisons.
La Bande-Annonce
Réalisation: 14/20
Le passage à la 3D ne fera probablement pas que des heureux, mais il faut reconnaître que le pari est globalement réussi, le rendu des personnages restant (pour la plupart) fidèle au modèle et les décors agréables à observer et parcourir.
Gameplay/Scénario: 13/20
Le gameplay façon point and click fonctionne bien, mais on regrettera la banalité de la plupart des tâches à accomplir. On ne s’étendra pas sur les phases de combat, quasiment dépourvues d’intérêt et faisant office de simple remplissage. La qualité du scénario varie d’un épisode à l’autre et si l’ensemble est plutôt bien écrit, on ne pourra que pester contre un vrai manque de rythme et l’absence d’une montée en puissance d’un épisode à l’autre.
Bande-Son: 13/20
Les doubleurs américains originaux sont présents et en grande forme. La bande originale, par contre, est d’une qualité plus contestable et tourne rapidement en boucle.
Durée de vie: 14/20
Dix petites heures sont nécessaires pour venir à bout des cinq chapitres. La rejouabilité est quasi nulle, sauf pour les plus acharnés voulant trouver tous les escargots disséminés dans les décors.
Note Globale N-Gamz.com: 13/20
Adaptation perfectible mais honnête et respectueuse, Adventure Time: Finn et Jake mènent l’enquête n’est peut-être pas le jeu qui imposera la franchise comme une indispensable du monde vidéoludique, mais est bien assez soignée pour convaincre les fans d’y investir un peu de leur temps et de leur argent. Est-ce qu’on en demande vraiment plus à un jeu à licence, finalement ?