Review

Lancé en 2003 au Japon et 2004 sur nos PlayStation 2 européennes, Siren (Forbidden Siren chez nous) fait indubitablement partie de mes jeux d’horreur préférés grâce à la peur qu’il parvient à distiller avec soin tout au long de son scénario fragmenté entre 10 héros et pas moins de 64 épisodes qui ne se suivent pas dans le temps. De quoi se creuser les méninges un bon moment, mais le plaisir était bel et bien présent grâce à un système de jeu totalement fou : la possibilité pour tous vos personnages de voir… à travers les yeux des ennemis ! Terrifiant mais diablement efficace, le titre avait donné lieu à une suite sur la même console puis à un reboot sur PlayStation 3, avant de disparaître de nos écrans. Aujourd’hui, Mana Books a décidé de ressusciter le mythe sous la forme d’un manga scénarisé par Tsutomu Sakai et dessiné par Yukai Asada, le mangaka à qui l’on doit « Woodstock ». Mais adapter un récit aussi éparpillé et profond dans une forme livresque n’était-il pas un exercice trop périlleux ? Venez le découvrir dans ma critique de Siren Rebirth !

« Un cadavre et des jumeaux… tombés du ciel ! »

Village d’Hanuda, au Japon, en 1992. Le prêtre Reiji Makino et la belle Ryoko Minata font route vers la demeure des Kajiro lorsqu’un homme mystérieux tombe littéralement du ciel pour venir percuter leur voiture. Mortellement blessé, il est suivi dans la minute par une automobile et sa conductrice à l’agonie, tenant dans ses mains des jumeaux. L’un, Kei, sera recueilli par Reiji pour devenir le nouveau prêtre d’Hanuda tandis que l’autre, Shiro, sera adopté par Ryoko pour étreindre la carrière de Directeur de l’étrange clinique Miyata, également située à Hanuda. Il faut dire que la bourgade semble dirigée par une mystérieuse prêtresse séculaire et vénère la religion Mana, qui l’oblige à tenir un rituel sacré et mortel pour apaiser le courroux d’un dieu tout puissant. Malheureusement, ce rituel semble avoir échoué en 92, et 13 ans plus tard les jumeaux se retrouvent face à face à cause du suicide de Reiji.

« Une histoire sombre à souhait… mais très (trop?) morcelée »

Deux mondes s’opposent alors, mais ce n’est que le début d’une histoire terrifiante qui nous entraîne ensuite en 2019, à la rencontre de Kyoya Suda, jeune étudiant de 16 ans qui souhaite enquêter sur un mystérieux village dont on dit que les 33 habitants ont été massacrés par un adolescent désaxé, mais aussi de la journaliste occultiste Naoko Mihama, qui enquête sur la même affaire, et de toute une kyrielle d’autres personnages qui vont tous se retrouver à Hanuda, piégés par une étrange malédiction qui va les voir affronter les habitants du lieu, transformés en être machiavéliques et assoiffés de sang : les Shibitos !

Si le scénario du jeu Forbidden Siren fait partie des meilleurs du monde vidéoludique horrifique tant chacun de ses 10 héros possède un background travaillé que le titre prend le temps d’expliquer, le manga de Tsutomu Sakai tend à aller vite, beaucoup trop vite pour que le lecteur qui ne connaît pas le soft originel ne soit pas totalement perdu entre les lignes temporelles qui y sont évoquées (1992, 2019 et le fameux J-1) et le grand nombre de personnages clés qui y sont présentés, parfois en quelques cases à peine hélas, là où le jeu prenait parfois un chapitre d’une heure pour les aborder. C’est là la grande faiblesse de ce premier tome de Siren Rebirth : vouloir reprendre la construction narrative si particulière et « éclatée » du soft au lieu de juste se concentrer sur un héros et vivre tous les événements de son point de vue.

« D’excellents dessins horrifiques, mais des visages un peu bancals »

Niveau dessin, par contre, le dynamisme est bien présent et on ne peut nier que Yukai Asada a du talent quand il s’agit de représenter des décors crédibles. Dommage que les visages de ses protagonistes manquent parfois clairement de finesse. Il n’empêche que le tout passe quand même bien et que l’on retrouve avec plaisir l’ambiance si folklorique et malsaine du village de Hanuda, d’autant que les monstres et les shibitos que le mangaka dessine sont, quant à eux, terriblement réussis !

Vous l’aurez compris, ce premier tome de Siren Rebirth nous laisse un peu perplexe. On adore le fait qu’il respecte vraiment l’histoire du jeu originel mais il aurait du axer sa construction sur une seule figure emblématique. Peut-être que ce sera le cas dans les volumes suivants afin de nous livrer une adaptation intelligente d’un soft horrifique parmi les plus terrifiants qu’il m’ait été donné de jouer dans ma vie de gamer !  Allez, j’ai envie d’y croire donc j’octroie une note pleine d’espoir !

Note Globale N-Gamz: 3,5/5



About the Author

Neoanderson (Chapitre Sébastien)
Hardcore gamer dans l'âme, la quarantaine depuis peu, je suis le rédacteur en chef autant que le rédacteur de news et le vidéo-testeur de ce site (foncez sur la chaîne YouTube d'ailleurs). Amoureux des RPG nourri aux Final Fantasy, Chrono Trigger, Xenogears et consorts, je suis également fan de survival/horror. Niveau japanim, je voue un culte aux shonens/seinens tels que Ga-Rei, L'Ile de Hozuki, Orphen, Sprite ou encore Asebi. Enfin, je suis un cinéphile averti, orienté science-fiction, fantastique et horreur, mes films cultes étant Star Wars, Matrix, Sucker Punch, Inception et Tenet. N'hésitez pas à me suivre via mon Facebook (NeoAnderson N-Gamz), mon Twitter (@neo_ngamz) et mon Instagram (neoandersonngamz)!