Review
Plus de dix ans! Voilà l’âge qu’a Akumetsu, le seinen politico/gore de référence qui offre un rôle de prédilection à Sho, lycéen japonais désireux de semer le chaos dans un Japon contemporain. Pourquoi? Tout simplement pour libérer le pays des chaînes libérales pourries qui l’entravent et l’amènent irrésistiblement vers le fond. Armé d’un esprit de combat sans commune mesure et d’un masque de démon pour faire frémir de peur ses ennemis, notre redresseur de torts va vous dévoiler une âme bien plus sombre qu’il n’y paraît. Attention, oeuvre culte en devenir!
Le Japon va mal, très mal même. Endetté publiquement à hauteur de 5000 milliards d’Euro, subissant de plein fouet une crise structurelle et une inflation record, il est de plus en plus gangrené dans ses hauts niveaux hiérarchiques par des vautours ne cherchant qu’à s’enrichir un maximum avant la chute du pays. Le peuple, lui, est noyé sous les impôts, les crédits impossibles à rembourser et une vague de suicide sans précédent. Une seule personne va se dresser, à sa manière, contre ce système totalement pourri jusqu’à la moelle: Akumetsu! Le jour, Sho est un lycéen comme les autres: gaffeur, cancre mais foncièrement sympathique. La nuit, il endosse le masque de mort du démon vengeur et part éradiquer de la plus immonde des façons le mal qui ronge le Japon. Un bain de sang pour de meilleurs lendemains? Pourquoi pas…
Ce qui frappe le plus, à la lecture d’Akumetsu, c’est l’aspect résolument sombre, voire même parfois gore, de l’histoire. Sho ne fait jamais dans la dentelle quand il s’agit d’éliminer un homme politique ou un chef de police véreux, et chaque exécution est savamment mise en scène pour obtenir la vérité, à n’importe quel prix. C’est un peu comme dans l’adage: « Tu es puni par là où tu as pêché », et on ne s’étonne donc pas de voir le commandant d’une brigade se voir exploser les doigts, un par un, pour chaque motard de gang qui passera une ligne située 500 mètres derrière la victime. C’est trash, malsain, violent, mais également terriblement jouissif grâce à un dessin ultra dynamique et à des répliques qui fusent. Sans parler du mystère qui plane autour du héros, puisqu’il meurt dès la première exécution…pour revenir comme si de rien n’était le lendemain. Du mysticisme à haute dose qui ne peut qu’attirer l’attention sur un seinen totalement décomplexé.
Techniquement parlant, en plus d’un dessin dynamique dont je vous parlais plus avant, Akumetsu offre également un très bon character design et de nombreux détails, que ce soit sur les personnages ou les décors. Seul bémol, un trait un peu grossier par moments, voire même « grossi ». Personnellement, j’aurai aimé quelque chose de plus fin, mais le tout passe néanmoins sans soucis. Par contre, l’encrage est surchargé, ce qui nuit à la lisibilité de certaines scènes, parfois pas toujours optimales à cause d’un découpage qui aurait mérité plus de soin. Espérons que le prochain volume soit un peu mieux maîtrisé à ce niveau.
Quoiqu’il en soit, ce premier tome d’Akumetsu est incroyablement addicitif, de la première à la dernière page! On rentre sans s’en apercevoir au coeur d’un récit qui nous embarque dans les tréfonds de l’âme humaine, et on en ressort totalement à bout de souffle, mais heureux de tenir entre ses mains une oeuvre qui s’annonce déjà pleine de promesses! Si les auteurs abattent lentement mais sûrement leurs cartes et nous offrent des révélations à un rythme équilibré, nul doute qu’Akumetsu devrait nous tenir pas mal de temps en haleine!