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Et si vous n’aviez plus que trois mois à vivre ? Que feriez-vous ? Vous choisiriez de dilapider tout votre argent en drogue, luxure et voitures hors de prix ? Vous viseriez dans le bénévolat pour vous donner bonne conscience ? Vous largueriez femme et enfants pour vous acheter un petit coin tranquille et isolé près des Bermudes ? Et bien non, Inuyashiki, proche de la soixantaine, a décidé de devenir Super Héros ! Et bon sang qu’il a eu raison !!!
Inuyashiki a vraiment une vie misérable. Harassé depuis sa jeunesse entre un boulot ingrat et une femme qui ne l’a épousé que faute de mieux, il paraît 80 ans alors qu’il n’en a que 58 ! Tiraillé entre faire plaisir à sa fille qui le fait honteusement passer auprès de ses copines pour son grand-père ou son fils qui le traite de hobbit tant il est pleutre, le « vieil » homme apprend en plus qu’il est atteint d’un cancer en phase terminale ! Résultat : trois mois à vivre tout au plus… et tout le monde s’en fout ! Cette vie aussi fugace que misérable aurait pu rester lettre morte dans l’Histoire Humaine, si notre brave Inuyashiki n’avait été littéralement pulvérisé par un vaisseau alien miniature s’étant crashé sur notre belle Planète Bleue. Souhaitant effacer toute trace de leur venue chez nous, les extra-terrestres décident de « reconstruire » l’apparence et la psyché du vieil homme en la copiant dans tout ce qui leur reste en stock : un cyborg de combat ultra-puissant ! Un scénario bien barré et un héros en devenir qui ne pourra décidément pas vous laisser insensible !
Last Hero Inuyashiki est dessiné par l’auteur de Gantz, et ça se voit ! Traits réalistes, décors ultra fins, le coup de crayon est inimitable et nous immerge d’emblée dans un univers nippon contemporain qui donne corps au récit. Le découpage est idéal, le héros nous apparaît comme « crevant » littéralement sous le poids de ses années à grands renforts de tremblements et de suées maladives, et les rares séquences d’action donnent d’emblée le ton : Inuyashiki va faire mal, très mal !
Niveau histoire, le personnage principal remporte tous les clichés du grand-père adorable avec son chien comme seul ami… sauf qu’il est père de famille, qu’il n’a que 58 ans et des ados à gérer. Vous imaginez un peu le côté ubuesque de la chose ! Sans compter que, fort de ses nouveaux pouvoirs et d’avoir enfin trouvé un sens à sa vie, le héros se rend compte qu’il a une Nemesis, un ado frappé en même temps que lui sur la colline où il pleurait ses dernières heures à vivre… et que l’auteur parvient à nous faire découvrir sans qu’on s’en rende compte !
Bref, ce Last Hero Inuyashiki est tout bonnement une bombe du Seinen. Un manga travaillé jusque dans ses moindres détails qui n’est pas sans rappeler dans ses traits réalistes, mon œuvre culte : Spirit. Une histoire qui vous prend aux tripes car elle s’intègre directement dans votre quotidien, largement détaillé et mis en valeur par le mangaka grâce à un trait incroyablement fin et précis. On y croit, même si c’est invraisemblable… et c’est là la signature des grands mangas ! A ne pas rater et prochainement culte, à n’en pas douter !