Review
Deadlock est tiré d’un roman-polar écrit par Saki Aida, illustré par Yuh Takashina et publié en 2006 chez Chara Bunko. Au vu de la qualité de l’œuvre, on ne peut que saluer l’excellente idée de la transposer en manga pour une immersion en milieu pénitentiaire qui ne vous laissera pas indifférent !
Yûto Lenix, agent de la brigade des Stups à Los Angeles, est accusé du meurtre de son coéquipier, avec lequel il venait pourtant de démanteler l’un des plus gros réseaux de drogue du coin. Clamant son innocence, le jeune homme est malgré tout envoyé à la célèbre prison de Schelger où il devient la cible d’autres détenus, le pire d’entre eux étant un certain « BB », très désireux de faire de notre héros sa « femme ».
Heureusement pour lui, Yûto se retrouve dans la même cellule qu’un homme plutôt énigmatique, Dick Bumford, qui lui viendra en aide à de maintes reprises. De plus, vous apprendrez bien vite que l’incarcération de notre policier cache un tout autre but que celui de purger une peine pour un meurtre qu’il n’a pas commis. En effet, Yûto doit retrouver un certain Corbus, mystérieux leader terroriste agissant dans l’ombre de la prison. Pour cela, il dispose d’une liste de suspects qu’il va devoir surveiller tout en ne dévoilant pas son identité. S’il mène à bien cette mission à haut risque, il sera… libéré de cet enfer !
Graphiquement, il suffit de regarder la qualité de la couverture pour se rendre compte que l’intérieur de ce manga risque d’être assez exceptionnel. La précision du trait et le design des protagonistes ne peut ainsi que vous faire tomber sous le charme de ces messieurs. Yuh Takashima dispose d’une maîtrise parfaite de l’anatomie masculine qui apporte un côté très mature à l’oeuvre. S’ajoute à cela un traitement des pages compréhensible et net, aussi bien dans l’encrage que dans la technique des trames. Enfin, le tout est sublimé par l’importance accordée aux regards des personnages pour nous procurer un réel plaisir visuel à la lecture de ce premier tome.
L’histoire, quant à elle, nous plonge en plein milieu carcéral, environnement plutôt inhabituel pour un Yaoï mais qui offre un sacré punch au récit. De plus, autant vous prévenir de suite que si vous espérez trouver des scènes érotiques dans ce premier tome… c’est raté ! Et pourtant, on ne ressent aucun manque tant le côté romantique répond à l’appel, se dévoilant avec subtilité au travers des interactions entre les détenus. De fait, il y a une vraie histoire dans Deadlock, avec des héros ayant chacun une identité propre. On apprécie d’ailleurs grandement les liens qui se tissent entre eux dans l’adversité, tentant comme ils le peuvent de s’entraider malgré la noirceur des lieux.
Pour ne rien gâcher, notre chère Saki Aida a pris soin de n’apporter que quelques informations sur la liste de criminels recherchés par Yûto, obligeant le lecteur à se questionner sans cesse sur l’identité de ces derniers, espérant bien entendu que le beau Dick, pourtant présent sur cette liste, ne soit pas le redoutable Corbus ! Cette approche scénaristique vous donnera ainsi l’impression de participer à un excellent polar télévisé. Une réussite !
Bon, je vais être franche : à la lecture du résumé de ce manga, je ne me suis pas montrée plus emballée que ça, me disant qu’il s’agirait sûrement encore d’un énième Boy’s Love comme on en voit des dizaines. Grosse erreur de ma part puisque j’ai pris une véritable claque ! Pourtant, je suis assez critique concernant les Yaoï, mais je dois bien avouer que je tombe totalement sous le charme de ce premier tome de Deadlock, qui vous pousse inexorablement à continuer votre lecture, captivé(e) que vous êtes par un polar rondement mené ! Il s’agit donc clairement d’un manga qui sort de l’ordinaire et constitue une belle réussite pour les éditions Taifu ! Un must-have dont on attend la suite avec impatience !