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Tout le monde connaît Reki Kawahara depuis l’avènement de sa light novel phare inspirée des MMORPG : Sword Art Online. Mais notre homme n’a pas fait que ça. Non, il a surtout commencé son incursion dans le domaine des jeux connectés en réalité virtuelle par un autre récit plus qu’intéressant : Accel World ! Aujourd’hui décliné en manga grâce au trait aguicheur de Hiroyuki Aigamo, l’œuvre nous parvient aux éditions Ototo pour nous faire vivre des émotions… en accéléré !

Petit gros victime de harcèlement, Haru est invisible dans la vie réelle... mais dans le monde virtuel, c'est une autre histoire!

Petit gros victime de harcèlement, Haru est invisible dans la vie réelle… mais dans le monde virtuel, c’est une autre histoire!

2046, après l’avènement des casques de réalité virtuelle (SAO se déroule en 2022, rappelons-le), le neuro-linker a pris le relais et atténué encore un peu plus la frontière entre monde réel et numérique. Tout le monde en a un, greffé sur la nuque, ce qui permet de se « linker » à tout réseau existant, que ce soit celui d’une école, d’un hôpital, ou même au net mondial. Haruyuki Harita fait partie de cette génération interconnectée, et cela lui est plus qu’utile quand il tente de s’évader de son quotidien de lycéen, brimé par ses pairs à cause de sa petite taille et d’un surpoids évident. Dans le monde virtuel, notre héros est doté d’une rapidité hors norme et ne va pas tarder à attirer l’attention de la présidente des élèves de son école, connue dans la RV sous le nom de « Princesse Kuroyuki ».

Cette dernière voit en effet en Haru l’homme de main parfait pour l’aider à atteindre le plus haut niveau de Brain Burst, un jeu de combat légalement interdit, dont chaque victoire octroie au joueur des points lui permettant de décupler temporairement ses capacités physiques et mentales dans la réalité, lui donnant l’avantage sur le reste du monde. Hélas, Haruyuki et son avatar Silver Crow vont très vite attirer les ennemis en nombre, dont certains amis irl. La loyauté de notre héros à sa princesse sera-t-elle suffisante pour mener à bien sa mission ? Quels sont réellement les sentiments de la belle pour lui ? Le Brain Burst peut-il être utilisé à mauvais escient au point de « posséder » un joueur et en faire un monstre sanguinaire ? Autant de questions qui font d’Accel World un manga pas comme les autres !

Le trait du mangaka est précis et sied à merveille aux séquences d'actions rendues ultra dynamiques par un découpage inventif

Le trait du mangaka est précis et sied à merveille aux séquences d’actions rendues ultra dynamiques par un découpage inventif

Techniquement, cet Accel World est vraiment travaillé. Le style graphique d’Hiroyuki Aigamo dépeint à merveille le changement physique qui s’opère entre Haru irl et son avatar dans Brain Burst, le petit rondouillard se transformant en mince freluquet ultra rapide mais toujours aussi maladroit, ce qui a tendance à le rendre attachant (et même parfois un peu énervant). Le découpage est vraiment idéal, surtout lors des séquences de combat qui induisent énormément de mouvements. L’encrage est soigné, les décors bien présents, et on apprécie énormément le chara-design qui donne à chaque personnage une identité propre avant même qu’il se mette à parler. Et puis, pour une fois que le héros d’un shonen est un lycéen qui n’a rien pour lui physiquement, ça nous change des beaux éphèbes à la Kirito/Kazuto! Bref, la technique est au top et propose un vrai spectacle visuel, notamment pour dépeindre les avatars extrêmement différents des joueurs de Brain Burst.

Princesse Kuroyuki voit en Haru un redoutable homme de main... mais l'utilise-t-elle ou ressent-elle quelque chose pour lui?

Princesse Kuroyuki voit en Haru un redoutable homme de main… mais l’utilise-t-elle ou ressent-elle quelque chose pour lui?

L’histoire, quant à elle, peut se résumer en un mot : captivante. Bien loin des considérations pour la survie d’un Sword Art Online, Reki Kawahara nous livre surtout un combat intérieur contre un malêtre persistant, lié à la vision que le héros a de lui-même en pleine période d’adolescence. Silver Crow est l’occasion pour lui de briller, mais le naturel le rattrape trop souvent et Haru devra sans cesse se remettre en question pour avancer dans le jeu… mais aussi dans sa propre vie. On apprécie fortement le fait que des amis irl peuvent être de sacrés ennemis dans Brain Burst, un monde qui sert en fait d’exutoire à des pulsions comme la jalousie, l’arrogance, le désir de supériorité, se matérialisant directement dans les traits de l’avatar (celui de Princesse Kuroyuki étant, à ce titre, terriblement malsain et énigmatique). Par contre, on a énormément de mal à croire en la romance naissante entre la Maîtresse et son loyal Chevalier Servant, la faute justement à une trop grande différence de chara-design entre les deux protagonistes et aux clichés reçus lors de notre propre adolescence (mais si, vous savez : « La Reine du Lycée ne sort pas avec le petit gros de service » et ce genre de bêtises).

Dommage: on a toujours l’impression d’en savoir moins sur le jeu que les héros eux-mêmes

En attendant, cet Accel World nous livre une action trépidante, un univers extrêmement détaillé et qui se tient, ainsi qu’une galerie de personnages vraiment intéressante. Le seul souci vient du fait que Reki Kawahara adore inclure des tonnes d’explications pour que l’on comprenne le monde qui entoure les héros, les règles du jeu, etc… Hélas, il est très difficile d’être aussi prolixe en manga qu’en light novel, et on se retrouve avec des combats parasités par de trop nombreuses notions (pouvoirs antagonistes, level up, points de Burst, résistance à tel ou tel élément, …), ce qui ralentit le rythme des affrontements, et nous frustre car on a toujours l’impression d’en savoir moins sur le jeu que les héros eux-mêmes. Un bon gros tutorial en début de scénario aurait été préférable, quoique plus rébarbatif à l’entame de la lecture.

Il n’empêche, Accel World est définitivement un très bon shônen, avec un héros atypique, une histoire dense et passionnante, une réalisation soignée et un suspense clairement maîtrisé à la fin de chaque volume. Une très bonne pioche pour qui veut entrer un peu plus dans l’œuvre de Kawahara autrement que par la grand-porte « SAO », et découvrir un univers tout aussi intéressant, si pas plus, que l’Aincrad !

Note Globale N-Gamz: 4/5



About the Author

Neoanderson (Chapitre Sébastien)
Hardcore gamer dans l'âme, la quarantaine depuis peu, je suis le rédacteur en chef autant que le rédacteur de news et le vidéo-testeur de ce site (foncez sur la chaîne YouTube d'ailleurs). Amoureux des RPG nourri aux Final Fantasy, Chrono Trigger, Xenogears et consorts, je suis également fan de survival/horror. Niveau japanim, je voue un culte aux shonens/seinens tels que Ga-Rei, L'Ile de Hozuki, Orphen, Sprite ou encore Asebi. Enfin, je suis un cinéphile averti, orienté science-fiction, fantastique et horreur, mes films cultes étant Star Wars, Matrix, Sucker Punch, Inception et Tenet. N'hésitez pas à me suivre via mon Facebook (NeoAnderson N-Gamz), mon Twitter (@neo_ngamz) et mon Instagram (neoandersonngamz)!