Review
A chaque année son Call of Duty, comme le dit le vieil adage. En 2016, c’est donc au tour du studio Infinity Ward de sortir son jeu, trois ans après un Call of Duty Ghosts qu’il avait voulu novateur mais que le public n’avait pas réellement apprécié. Entre l’envie d’apporter du contenu inédit ou le besoin de satisfaire les fans exigeants de la franchise, le développeur pourra-t-il laver son échec et trouver le juste équilibre avec son déjà très décrié Call of Duty : Infinite Warfare ?
A la conquête de l’espace… mais sans savoir pourquoi!

« Fraîchement catapulté capitaine de vaisseau, il va falloir repousser l’ennemi! Pourquoi? Mystère. »
Si pour beaucoup, Call of Duty Ghosts était déjà trop orienté vers l’action futuriste et les nouvelles technologies, arborant fièrement une campagne solo hautement linéaire, Infinity Ward a pris la décision de … s’enfoncer encore plus dans cet univers avec son nouveau bébé ! Que voulez-vous, on ne se refait pas et cet Infinite Warfare prend carrément place à une époque où la race humaine a conquis la galaxie. A vous les armes lasers, les voyages dans l’hyper-espace et les combats en gravité zéro ! De fait, s’il est plutôt comique de voir son ennemi flotter dans les airs après un bon headshot, pas sûr que ce parti pris 100% spatial soit au goût du plus grand nombre.
Dans le classique mode campagne d’Infinite Warfare, vous incarnez le Capitaine Reyes, à la tête d’un énorme vaisseau spatial terrien depuis que son supérieur est mort. Il faut dire que notre planète vit des heures sombres, attaquée qu’elle est par le Front de Défense des Colonies, la réunion des forces de toutes les colonies spatiales souhaitant prendre leur indépendance et vouant une haine sans merci à notre pauvre planète bleue. Pourquoi ? Mystère… N’empêche que dès le début, vous aurez un aperçu de la beauté de l’univers créé par Infinity Ward. Que l’on apprécie ce parti pris futuriste ou non, il est impossible de nier que, graphiquement, les développeurs ont mis le paquet avec des décors à couper le souffle dans leur design artistique (mais pas nécessairement dans leur réalisation technique).

« Incarner un gradé qui ne commande rien face à un méchant sans charisme… bienvenue dans Infinite Warfare! »
Fait inhabituel dans la série des Call of Duty, vous n’incarnez pas un petit soldat mais directement un officier. C’est donc vous qui prenez la tête des opérations. Depuis votre vaisseau, vous pouvez consulter une carte et choisir votre destination, qu’il s’agisse d’une quête annexe sur une planète lointaine ou du chapitre suivant dans le déroulement classique du scénario. Si la ligne directrice et les missions principales ne brillent pas par leur originalité et sont exactement de la même trempe que les précédents opus, les quêtes annexes s’avéreront beaucoup plus intéressantes ; le studio s’est permis d’oser quelque chose de différent, et cela fonctionne.
Niveau récit, on retrouve dans le rôle du vilain, Kit Harrington, connu pour son rôle de Jon Snow dans Game of Thrones, qui prête ici son visage et sa voix au sombre amiral Salen Kotch. Sa première apparition, bien mise en scène, laisse présager un méchant digne de ce nom ! Malheureusement il s’avère plat au final, sans réel background et d’un intérêt très limité tout au long de l’aventure. Un peu comme le mode campagne en fait, qui démarre pourtant sur les chapeaux de roues, et finit bien vite par s’essouffler. Ainsi, malgré un univers artistiquement réussi et de petites nouveautés de gameplay bien pensées, le solo ne restera pas inoubliable, loin de là.
Un multi loin de vous mettre en orbite
Fort heureusement, pour la majorité de la communauté Call of, le mode de jeu le plus exploité est sans contexte le multijoueur. Théoriquement infini, il doit pouvoir offrir des heures et des heures de divertissement aux joueurs, en alliant un gameplay efficace et des maps bien construites. Hélas, on en avait déjà eu un petit aperçu lors de la bêta : ce mode est loin de convaincre ! Les sauts intempestifs et le jeu tout en verticalité, qui avaient déjà déplu depuis Ghosts, sont encore plus accentués ici, rendant les cartes bien trop ouvertes et empêchant le moindre map control.
Vos ennemis peuvent débarquer de n’importe où à n’importe quel moment, vous surprenant et mettant subitement fin à votre série de kills. Rappelons d’ailleurs que ces derniers caractérisent une série de morts qui vous permet de débloquer vos « scorestreaks », et donc d’utiliser des bonus afin de vous récompenser et de vous avantager, tels que les classiques drones pour localiser les ennemis, ou encore le bombardement, qui décimera vos adversaires qui ne se seront pas mis à l’abri. Du coup, avec des adversaires pouvant surgir d’absolument partout, le tout couplé à votre barre de vie très restreinte, vous aurez compris que tout est fait pour vous empêcher d’atteindre ces fameux scorestreaks… ôtant une bonne partie de l’intérêt du multi.

« Trop de verticalité couplée à un gameplay aérien à l’excès et une barre de vie minime nuisent totalement au plaisir du multi »
Justement, avec une jauge de vie minime qui vous vaut de mourir après seulement quelques balles et une régénération trop lente, vous risquer de vous la jouer super prudent, et l’on craint que cette tendance provoque un comportement trop passif, voire de campeur chez les joueurs. Et dire que la communauté Call of est déjà réputée pour posséder trop de gamers de ce type, voilà qui ne va pas améliorer les choses.
Bienvenue à Zombieland
Après ces deux classiques, on retrouve évidemment le mode de jeu Zombie « en bonus », et Infinity Ward a décidé d’opter pour un contexte plutôt original cette fois. Pas de monde post apocalyptique ou de morts-vivants nazis ici. Non, c’est plutôt dans un gigantesque parc d’attractions très 80’s que vous progresserez, comme souvent, accompagné de trois autres joueurs prêts à affronter les nombreuses vagues de cadavres ambulants dans un seul but : survivre !
Bien entendu, ce mode comprend de nombreuses quêtes annexes telles que des armes à constituer ou des items à découvrir. A vous de choisir si vous préférez jouer cette aventure de façon plus posée en dégommant simplement du zombie, ou si vous souhaitez fouiller cet immense map de fond en comble pour en découvrir les moindres secrets.
Niveau personnages, entre la star de foot du collège, le jeune nerd, le rappeur hyper looké et la bimbo qui mâche constamment un chewing-gum, votre équipe promet d’être haute en couleur. On retrouve le même ton décalé parmi les ennemis, et l’on se rappelle à quel point les années 80 furent un moment d’errance pour la mode vestimentaire. Attention, malgré l’ambiance hors norme presque sympathique, ne doutez pas un seul instant que les morts-vivants seront féroces et parfois même… très flippants ! Ainsi, le zombie-clown n’a pas fini de traumatiser les coulrophobes !
Sinon, le changement de moteur 3D, c’est pour quand?
Soyons francs, ce Call of est artistiquement plutôt réussi même si les mauvaises langues diront que cet opus est très largement inspiré d’autres franchises à gros budget comme Star Wars, Battle Star Galactica ou encore Halo. De même, si l’on retrouve également d’autres inspirations dans le gameplay comme les wallruns ou encore les spécialistes tout droit sortis de Black Ops III, on ne peut pas dire que l’impression d’un plagiat soit prédominante. Le studio a su pêcher çà et là des concepts intéressants et les intégrer à son univers. Cependant, si les designs robotiques correspondent tout à fait à l’époque prévue, ils sont parfois difficiles à discerner sur les maps en multijoueur !

« Visuellement, l’espace offre un terrain de jeu artistiquement réussi, mais le moteur 3D est bien en deçà de la concurrence »
Hélas, malgré ce bel univers sur le plan artistique, Infinite Warfare aura parfois du mal à tenir visuellement sur la longueur et certaines textures et modélisations sont clairement en dessous de ce qui se fait chez la concurrence. Les divers effets, telles que les flammes ou encore la fumée, ont tendance à être d’une qualité moindre pour empêcher le framerate de devenir instable, et que dire de ce raz-de-marée totalement raté dans le premier niveau du soft… on revient presque sur PS3 pour le coup. Rien de dramatique dans le feu de l’action, bien sûr, mais pour un soft Next-Gen avec ces prétentions, c’est dommage. Heureusement que la bande-son, sans être aussi épique qu’escomptée, fait le job pour nous immerger un peu plus que les graphismes dans ce blockbuster hollywoodien un peu trop pétri de patriotisme à notre goût.
De plus, c’est avec déception que l’on retrouve de nombreuses mentions « coming soon ». Le jeu, malgré trois ans de développement et la sortie d’une bêta il y a plus d’un mois, n’est toujours pas terminé ! Plusieurs sous-menus, options ou caractéristiques ne sont pas encore disponibles. Oser sortir un soft à ce point incomplet relève presque de l’affront envers le public. Par contre, l’introduction des CoD Points, points que l’on achète avec de l’argent bien réel pour débloquer des coffres, a été faite très tôt bizarrement. Tous les systèmes de micropaiements sont déjà mis en place alors que certaines options sont, elles, complètement laissées à l’abandon. On a comme la désagréable impression d’être pris… pour des portefeuilles ambulants.
C’est pas faute d’avoir été prévenu!
Vous l’aurez compris, nous sommes loin d’une grande réussite avec ce Call of Duty Infinite Warfare. Les idées de départ n’étaient pas mauvaises et le potentiel bien là sur le papier, mais rien n’a été véritablement exploité, ou alors à peine timidement lors des quêtes annexes de la campagne. Du coup, la communauté a rapidement montré son mécontentement. Elle souhaitait un retour aux sources, un Call of « boots on the ground » pur et dur et le reveal trailer officiel, qui dévoilait donc la faible gravité, les sauts en apesanteur et autres originalités, a d’ailleurs été l’une des vidéos les plus dislikées de YouTube. On ne rigole pas avec ses fans et, avec cet opus, on sent que la série s’éloigne de plus en plus de ses propres joueurs qui, si les développeurs n’y prennent pas garde, finiront par aller s’approvisionner en bon FPS chez la concurrence !
Le Vidéo-Test du solo par Neoanderson
Réalisation: 14 /20
La conquête spatiale nous promet des décors sublimes ; après tout, qu’est-ce qui peut être plus majestueux que des corps célestes dans l’immensité de l’univers? Si les décors ou les paysages larges sont réussis et agréables à contempler, on aurait tout de même pu attendre un peu mieux d’un jeu triple A comme Infinite Warfare. De fait et bien que la série des Call of Duty a été à la pointe des graphismes il y a un temps, ce n’est malheureusement plus le cas. Textures au rabais, effets spéciaux bancals et modélisation faciale des personnages en demi-teinte viennent gâcher la fête. Heureusement que, malgré l’aspect trop robotique et peu lisible de certains héros, le framerate reste stable et l’ensemble joli et cohérent… mais sur Next-Gen et quand on voit Battlefield 1, autant dire que le constat visuel n’est pas rempli.
Gameplay/Scénario: 12/20
Le mode campagne, pourtant prometteur, s’avère rapidement être un récit manichéen et sans finesse ni subtilité. Alors qu’il y avait la possibilité d’incarner un personnage réellement intéressant car commandant des hommes, et que le méchant aurait pu être charismatique, on se retrouve encore et toujours avec un scénario très plat où tout est noir ou blanc, sans explications sur les motivations des uns et des autres. Si, dans ce mode solo, le gameplay a au moins le mérite de se montrer efficace et correspond tout à fait aux diverses missions, surtout les annexes très sympathiques, il devient malheureusement vraiment ingérable en multijoueur. La communauté est déjà lassée de ce jeu tout en verticalité et de ces maps complètement ouvertes qui flinguent le principe même des scorestreaks et des bonus y reliés. Seul le mode Zombie tire au final son épingle du jeu grâce à son ambiance so 80’s.
Bande-Son: 12/20
Si, pour leur dernier Call of Duty, le studio Infinity Ward avait fait appel à Eminem pour une bande-originale très réussie, c’est cette fois une chanson de David Bowie, une reprise de Space Oddity version rock, qui a été choisie. Sublime, très space-like, elle colle parfaitement à l’univers d’Infinite Warfare. Pour le reste ; la compositrice officielle a déclaré vouloir retranscrire la solitude liée à l’espace tout en y incorporant la tension des conflits. De fait et même si les mélodies ne resteront pas inoubliables, elles remplissent correctement leur rôle, tout comme les doublages et les bruitages… sans plus.
Durée de vie: 8/20
Avec un mode campagne raisonnable de sept à huit heures et un mode zombie intéressant et fun, on n’était pas très loin d’avoir une bonne durée de vie. Malheureusement, le multi, censé apporter le plus d’heures de jeu, est très loin de convaincre et risque bien de rapidement lasser les foules !
Note Globale N-Gamz.com: 10 /20
Depuis les diverses bandes-annonces et la bêta, on savait que ce Call of Duty Infinite Warfare allait recevoir un accueil plutôt mitigé. De fait et malgré de bonnes idées, pas toujours bien exploitées, on a réellement l’impression que le joueur est pris pour un pigeon dont on n’écoute pas les remarques et demandes. C’est ainsi que, tout naturellement, Infinite Warfare nous réitère un gameplay multi détesté par les gamers lors de Ghosts et passe à côté d’un bon mode campagne à cause d’un scénario linéaire et manichéen au possible, le tout sans parler d’un moteur 3D qui souffre diablement de la comparaison avec le Frostbite de Battlefield 1. Heureusement que le mode zombie et le pack avec Modern Warfare Remastered (une perle en test juste ici) sont là pour redonner un peu de fun à cet ensemble plat et bien trop scolaire.