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De tous les super-héros de comics, Superman est sans doute le plus difficile à adapter à l’écran car il est souvent jugé trop naïf et trop lisse. Bien entendu c’est aussi ce qui fait son charme et sa renommée mondiale, mais il faut bien reconnaitre que les films -épatants à l‘époque!-  joués par Christopher Reeves ont bien mal vieilli et que les adaptations suivantes « Superman returns » de Bryan Singer ou la série « Smallville » se sont révélées plutôt décevantes… Superman semblait donc condamné à rester le grand oublié de la mode actuelle de remise au goût du jour des super-héros.  Jusqu’à ce qu’un réalisateur atypique et n’ayant pas froid aux yeux décide de faire entrer l’homme de fer dans le XXIème siècle. Qu’en est-il donc de ce « Man of Steel » réalisé par le visionnaire Zack Snyder?

Man of Steel: l’homme de fer épousseté

Jor-El (Russel Crowe) pris dans la tentative de coup d’état du général Zod

Face à l’imminente destruction de la planète Krypton, le scientifique Jor-El décide d’envoyer son nouveau-né, Kal-El, ainsi que le mystérieux « Codex » vers la planète Terre. Bien des année plus tard, son fils (Henry Cavill) est devenu un nomade anonyme devant partir dès qu’il cède à son besoin d’aider autrui grâce à ses incompréhensibles pouvoirs. Un homme sombre, hanté par cette différence qui l’éloigne des autres et incapable de l’enfouir totalement en lui. Jusqu’à ce qu’il découvre un vaisseau extra-terrestre qui lui révèle enfin le secret de ses origins, qu’il fasse la connaissance de la courageuse journaliste Loïs Lane, et que la survie de l’humanité soit mise dans la balance avec le Codex par le terrible général Zod, ancien chef des armées de Krypton considéré comme renégat…

Sous la férule de Zack Snyder (300, Sucker Punch) et la plume de David S. Goyer (Dark city, la nouvelle trilogie du Dark Knight) le super-héro extra-terrestre qu’est Superman se modernise radicalement. Exit son caractère un peu simpliste et son costume tombé en désuétude à en frôler le ridicule. Désormais le collant bleu électrique laisse place à une armure bleu sombre, le slip rouge retrouve sa place logique (en-dessous là où ne le voit pas) et le célèbre « S » sur la poitrine devient un symbole krypton en signifiant « espoir ». Celui d’un père pour l’avenir de son fils, celui d’un citoyen conscient des erreurs de son peuple pour l’avenir de celui-ci.  Un espoir d’autant plus brillant que le film est nettement plus sombre que ses prédécesseurs, avec ce personnage central désespérément en quête d’une identité qui lui apporterait enfin les réponses à ses trop nombreuses questions et lui permettrait de choisir sa voie, pris comme il l’est entre ses aspirations à utiliser se pouvoirs pour faire le bien et la conviction, qu’avait son père adoptif, que le monde n’est pas prêt pour ça.

Superman (Henry Cavill) et Loïs Lane (Amy Adams) aux prises avec la terrible guerrière Faora-Ul (impressionnante Antje Traue)

Une dualité omniprésente dans le film où chaque élément trouve son contraire, ce qui est au final un des coups de génie de « Man of steel ». Il y a bien entendu la dualité entre Clark Kent et Kal-El. Mais celle-ci n’est que la plus évidente, également marquée par son déchirement entre les philosophies a priori opposées de ses deux pères La dualité se Remarque aussi quand notre Super Héros doit choisir entre soutenir les derniers survivants de son monde d’origine et protéger la planète qui l’a recueilli, tout comme elle se manifeste à travers Zod, qui tente désespérément de sauver son monde grâce au Codex, sans réaliser qu’il répète les erreurs qui ont condamné Krypton.

Impossible de parler de ce « Man of steel » sans s’attarder sur Zod d’ailleurs, tant ce personnage a gagné d’intensité dans le processus de modernisation et tant il est magistralement joué par Michael Shannon. On est loin désormais du méchant rebelle ambitieux de « Superman II ». Zod est ici un chef militaire profondément dévoué à sa mission de protection de Krypton. Trop dévoué sans doute car génétiquement créé pour ce rôle et par là-même incapable d’en dévier ou d’envisager des options contournées. Son entêtement est celui d’un robot bien programmé. A ceci près que ses émotions sont aussi réelles et intenses que la pureté de ses intentions, aussi implacables soient-elles. Difficile d’ailleurs de ne pas voir dans l’ultra-spécialisation des kryptoniens une critique sociale de notre propre humanité qui ne cesse de se spécialiser jusqu’à perdre de vue l’ensemble…

Le général Zod (Michael Shannon) véritable titan des temps modernes

Mais si Zod dame le pion aux autres personnages de par sa richesse, il serait injuste de les oublier pour autant.Loïs Lanegagne elle aussi énormément dans cette modernisation. Terminé l’enquiquineuse qui fourre toujours son nez où il ne  faut pas et tourne au véritable boulet de par son inutilité et son besoin incessant d’être sauvée! Si le personnage interprété par Amy Adams doit encore être secouru quelques fois, ce n’est pas faute d’aider le héros de façon efficace. Intelligente, courageuse et ferme, elle fait également preuve de jugeote et de cœur. Nul doute que Jor-El serait très satisfait de ses liens avec son fils; un Jor-El dont on profite nettement plus longtemps qu’il n’est de coutume car il a copié son esprit dans un ordinateur et apparaît de temps à autre pour conseiller Superman. 

Si on ajoute une incroyable séquence d’entrée sur Krypton, une mise en scène nerveuse (la caméra bougeant beaucoup pour donner une vue subjective de certaines situations, ce qui est autant un biais pour plonger dans le film qu’un défaut pour certains), des effets spéciaux vraiment spectaculaires et une BO prenante, nul doute que « Man of steel » est un des films de l’année, à ne manquer sous aucun prétexte et auquel on pardonnera volontiers quelques menus défauts ici et là, somme toute bien peu importants face à la générosité absolue du spectacle. « Man of steel » est bel et bien le long métrage auquel tous les films de super-héros devraient ressembler! 
 

Note Globale N-Gamz: 4,5/5

LA BANDE-ANNONCE



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Almathea
Recette de l'Almathea. Prenez 30 années à regarder, aimer et défendre la japanimation. Mélangez avec autant d'années de cinéphilie orientée vers le fantastique et l'horreur. Ajoutez une pincée de cosplay, une bonne louche d'attrait pour le yaoi plutôt pas mignon, 200 kilos de mangas et un grand zeste de vampires. Enfin, faites mijoter le tout dans une casserole de regard critique sur le monde pendant au moins 37 ans. Bon appétit :D Mes opinions ne sont pas universelles, aussi ne serons-nous pas toujours d'accord. Mais je suis toujours partante pour un débat constructif dans la bonne humeur. Alors n'hésitez pas ;)